Le carnet du CFC
Le Petit Train du Parc Floral d'Orléans-La Source - 1/11
MAD
La région orléanaise est un vaste espace de culture florale, un véritable catalogue de fleurs et de plantes vivantes et variées dont les couleurs embellissent la nature.
Les professionnels horticoles, fleuristes, jardiniers, pépiniéristes, paysagistes regroupés en association sous le
houlette du Département du Loiret et de la Ville d'Orléans vont organiser en 1967 une grande
exposition internationale horticole dans le Parc de la Source1.
Un vaste chantier s'ouvre alors : 17 kilomètres d'allées, 30 000 tonnes de terre, 300 tonnes de rochers vont être manipulés, 15 000
m2 de serres sont construits pour que cet espace deviennent, l'espace
de six mois
"le jardin du monde".
320 exposants, 12000 places de parking, un camping de 10 hectares et une desserte ferroviaire en voie étroite vont compléter cet ensemble
festif de lumières et de couleurs du 22 avril au 15 octobre 1967.
Avec 2,3 millions de visiteurs, Orléans deviendra, pour cette période, la "Capitale de la rose".
- Le Parc de la Source
Le
parc de la Source doit son nom à la Source du Loiret, une résurgence de la
Loire qui prend naissance à une cinquantaine de kilomètres en amont (village
de Guilly).
Propriété du Département et de la Ville d'Orléans depuis les années 60, un
projet de "ville nouvelle"2
vit le jour avec la création d'un campus
universitaire et la création d'un parc floral de 35 hectares.
Carte postale
Pour desservir
l'exposition florale, les organisateurs ont prévu dès le début l'installation
d'un petit train à voie étroite (60 cm) comme cela se faisait depuis la
grande Exposition universelle de 1889 à Paris dans laquelle le petit train
Decauville remporta un vif succès avec le transport de 6 342 000
voyageurs.
Un circuit de trois kilomètres longeant une partie de la rive Sud du Loiret
depuis sa résurgence3
jusqu'à l'extrémité Ouest du parc où un tunnel en courbe et en rampe (2,1 à
3 %) permet de gravir la dénivellation entre la rive et le
coteau sur lequel le château a été construit en 1633.
En 1966, l'Association du Musée des Transports de Pithiviers (AMTP) est créée
pour préserver une partie du patrimoine du Chemin de fer de Pithiviers
à Toury. Les fondateurs de l'AMTP obtiennent la sauvegarde d'une partie de la
ligne à voie de 60 et d'une
partie de son matériel.
Il est certain que les bénévoles qui se sont impliqués dans cette aventure
qui précède d'une année la création du Parc floral ont été sollicités, voire
consultés pour l'établissement de la ligne.
La ligne construite
en voie Decauville de récupération (ex. TPT) mesure environ trois kilomètres de
longueur et forme le long de la rivière Loiret une boucle allongée dont une
partie sur la rive et l'autre sur le coteau. Trois stations sont établies : la gare de départ
de Rocailles à l'entrée Gobson, une station au Pont-Blanc avant l'entrée du tunnel et la
gare haute sur le Plateau de Sologne, terminus pour les voyageurs.
D'avril à octobre 1967, les Floralies ont accueilli 2 300 000 visiteurs.
Document Serge Vassal
Document Serge Vassal
- L'Étude de l'A.M.F.C.
Dans cette étude et les nombreux documents échangés, on retrouve nombre d'éléments concernant l'exploitation et des prescriptions qui font office de règlement intérieur.
L'Association de Modélistes ferroviaire du Centre4, a pour but de
Il accueille dans cette optique des amateurs débutants ou confirmés pour partager la passion commune du modélisme ferroviaire par construction de maquettes.
Dans les année 60, Pierre Schwaederle, le Président de A.M.F.C. s'est montré très actif et coopératif dans les conseils techniques et la recherche de matériels ferroviaires pour le montage et la construction du chemin de fer en voie de 60 du Parc floral de la Source sous la houlette de l'Association Florale Orléanaise (A.F.O.).
Dès le mois de novembre 1965, deux ans avant la création du Parc de la
Source, le Président de l'A.M.F.C. (Association des Modélistes Ferroviaire du
Centre) proposait une "Étude et suggestions concernant l'installation
dans le parc floral d'un chemin de fer destiné au transport des visiteurs".
Cette étude, argumentée, fut présentée à son tour au Président du
S.E.M.E.P.O et au Comité floral. Ce moyen de transport étant en mesure de
véhiculer le plus grand nombre de visiteurs avec le minimum de personnel d'exécution.
Il évoque le problème de la voie et du choix de son écartement, étant donnée
sa destination, vouée au transport des voyageurs. L'étude propose la voie de
60 qui a fait ses preuves lors de diverses expositions internationales et si
cette solution était retenue, il serait envisagé d'acheter de la voie au Tramway
de Pithiviers—Toury (T.P.T.), voie supportant une charge de 5 à 7 tonnes par essieu et montée sur traverses en
bois ou en fer.
La SNCF serait susceptible de pouvoir donner des conseils de pose. Voie
solide et stable avec le moins possible d'appareils de voie.
L'étude du tracé, les courbes et les dévers, les déclivités, la vitesse
pratiquée y sont évoqués.
Au chapitre traction, les divers engins : locomotive à vapeur,
locotracteur diesel, locotracteur à essence, traction électrique sont passés
en revue avec pour chacun les avantages et inconvénients. Le problème de
l'acquisition auprès de firmes chevronnées "Decauville" ou
revendeurs est également évoqué. Une étude approfondie sur le mode de
traction sera alors proposé au moment de la réalisation.
Des quatre modes, la vapeur et le diesel semblent avoir les avantages
privilégiés pour l'exploitation d'un tel chemin de fer. En tout état de
cause, les engins devront être en mesure de tracter des charges de 7 à 8
tonnes à une vitesse maximum de 15 Km/h.
Quant au matériel remorqué, il doit être simple, solide, offrant aux voyageurs
une parfaite sécurité. Des baladeuses ouvertes de 24 ou 32 places assises,
offriraient aux passagers une vue complète et un confort acceptable. Les poids
à vide et en charge sont abordés, ainsi que le nombre de baladeuses par rame.
Vient ensuite le problème du remisage et de l'entretien du matériel. Si les
voitures ne nécessitent qu'un abri sommaire des intempéries, l'entretien et les
réparations supposent la construction d'un dépôt clos avec machines-outils et de
l'outillage. Certains travaux pouvant être réalisés par les ateliers de la Ville
d'Orléans.
Concernant l'exploitation, les frais et recettes, une autre étude traitera du
sujet.
Il s'agit dès maintenant de réunir des documents, devis, recherche de
matériel, il ne reste que quinze mois avant l'ouverture des Floralies et la
partie préparatoire est toujours longue.
Dans ce document du 25 novembre 1965, le président de l'A.M.F.C. Pierre
Schwaederle reste disponible.
Archives départementales Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Suite à l'étude précédente, une réunion à la mairie d'Orléans est organisée. Y participent MM. Schwalderle, Président de A.M.F.C., M. Goussu, Chef de de bureau de la Mairie d'Orléans, M. Poyet Ingénieur divisionnaire et M. Clappier Secrétaire administratif de l'AFO, des noms que nous retrouverons souvent dans les textes et signatures des documents d'archives. Un compte-rendu mentionne les thèmes abordés : locomotives, voie, installation.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Ce
document est un chiffrage des coûts d'achats de matériel : locomotives, wagons,
rails aiguillages, ballast, matériels divers, transport, réparations et
transformation et une estimation du coût de l'exploitation.
Le total s'élève à 500 000 francs.
Dans le deuxième chapitre est évoqué le crédit.
Une fois définie la capacité des trains estimée à 408 voyageurs, les calculs
sont faits sur la base de un franc par personne, sur l'amplitude d'ouverture de
l'exposition et la cadence des trains sachant que trois trains sont possibles simultanément.
Trois périodes sont envisagées : grande foule, affluence et affluence moyenne
ou faible et pour chaque un chiffre est donné dont le total s'élève à 912 000
francs pour 100 000 transportés sur 2 millions de visiteurs.
En conclusion la rentabilité est largement assurée.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Ensuite un troisième document du 15 avril 1967 prévoit le règlement intérieur rédigé en 13 articles qui définissent dans :
Le parcours circulaire dans un
seul sens comprend deux gares : La grande Rocaille et Pont Blanc
plus le Terminus.
On a donc deux sections dans l'ordre unique du sens de marche du train.
L'accès au train est moyennant l'achat d'un billet pour une ou deux sections.
Le billet de deux sections permet aux voyageurs de descendre à Pont Blanc
et reprendre le train ultérieurement. Les billets sont délivrés à la grande
Rocaille pour une ou deux sections et à Pont Blanc pour une seule
section Pont Blanc—Terminus.
Le prix est fixé à un franc par section soit deux francs pour le parcours
complet.
Aucune réduction n'est consentie sauf pour la gratuité pour les enfants de
moins de quatre ans voyageant sur les genoux des personnes qui les accompagnent.
Tout contrevenant est passible de poursuites judiciaires sur procès verbal
dressé par l'agent assermenté, chargé du contrôle.
Des éléments de sécurité sont à respecter (monter ou descendre en marche,
voyager sur les marche-pieds ou les attelages), l'AFO (Association Florale
Orléanaise) décline toute responsabilité en cas d'accident imputable à la
non-observation de ces prescriptions.
L'accès aux machines est formellement interdit à toute personne étrangère au
service des trains.
Il est interdit de décrocher les chaînes des compartiments en cours de route
et cela est passible de sanctions.
Les visiteurs se déplaçant à pied ont interdiction de marcher sur la voie et
doivent prêter attention à la croisée à niveau de la voie ferrée. La
surveillance des enfants est de leur ressort.
L'allée allant de Pont blanc à la Gare à bateaux est occupée
sur toute sa longueur par la voie et est par conséquent interdite aux piétons
sous peine de sanctions.
Aux heures d'affluence, il est recommandé aux visiteurs de ne pas gêner à
l'approche des gares ni la distribution des billets, ni l'accès au train.
Les conducteurs sont tenus de ralentir la vitesse du convoi pendant la
traversée de la terrasse du Château dont l'accès est interdit aux visiteurs.
Enfin l'AFO compte sur l'esprit compréhensif des visiteurs pour que
l'exploitation du chemin de fer se déroule dans les meilleures conditions.
Le présent règlement est communiqué à tout le personnel et mis à
disposition dans chacune des gares.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Dans de document du 10 avril
1967, sont consignées les instructions à l'attention du personnel du petit
train.
Tout d'abord des généralités sur le service à assurer : situation des gares
fonctionnement de la billetterie (billets de couleur selon les sections, un
franc ou deux francs) et remise des billets au terminus.
Archives
départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Note aux mécaniciens
recommandant :
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Document probablement daté du 13 décembre 1966, signé de Pierre Schwarderle, président de l'A.M.F.C. précisant quelques recommandations sur l'exploitation du chemin de fer du parc floral concernant :
Le document préconise de faire passer une annonce dans le journal La Vie du Rail en vue de recruter du personnel, ce journal étant tiré à 300 000 exemplaires et lu par de nombreux cheminots.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Lettre de l'A.M.F.C. du 17
janvier 1966 proposant un projet d'exploitation du chemin de fer du Parc floral.
Le premier point abordé concerne les attributions du Chef d'Exploitation5
qui
dirige le réseau en exerçant son autorité sur l'ensemble du personnel.
Ensuite vient la définition des postes :
Il est à noter que certains visiteurs remontent la rivière Loiret en bateaux et arrivent à la gare des Edelweiss d'où son nom.
Quatre sections sont envisagées, chacune étant tarifée à 0,50 francs. Les billets sont délivrés au guichet de la Gare principale et par le Contrôleur chef de train aux points d'arrêt. Description du fonctionnement des billets numérotés avec exemple. Chaque section est de 0,50 francs soit 2 francs pour les quatre de la ligne. Les enfants de moins de quatre ans sont transportés sur les genoux. Tarifs spéciaux pour les militaires en tenue, les personnes économiquement faibles sur présentation de leur carte (billet de couleur différente).Projet de dépliant intitulé : Comment utiliser le Train des Floralies
NdlR Document non retrouvé dans les archives.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Le document suivant propose :
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Texte non daté, précisant le
détail du mouvement et
composition des trains, rédigé par le chef d'exploitation. Il est un peu
différent du précédent mais dans le même esprit. Par exemple, on trouve 45
mètres pour la longueur des rames au lieu de 40 mètres, etc.
L'utilisation de la sonnerie à la gare de Pont Blanc annonçant
l'arrivée de son train à celle de la Grande Rocaille est décrite,
permettant à cette dernière d'envoyer le deuxième convoi en marche à
vue.
Dans le cas de circulation à trois convois, la troisième rame, jugée nécessaire,
sera amenée de son garage à la gare principale de la Grande Rocaille.
Une fois le deuxième convoi, arrivé à Pont Blanc et après utilisation
de la sonnerie, ce troisième convoi sera envoyé en ligne.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Le 13 avril 1967, une lettre est envoyée à M. Clappier, Secrétaire administratif de l'AFO sur l'utilisation des deux machines à vapeur pour la remorque des trains, utilisation qui implique certains impératifs :
Suit ensuite un
chiffrage des poids des tonnages des matériels, des places offertes et des
poids moyens des voyageurs.
Il est observé qu'un troisième train amènerait une "pagaille au moindre
incident", d'autant qu'à la gare de
Grande Rocaille il n'est pas prévu de voie de d'évitement pour le
garage d'une deuxième rame, ce qui est regrettable.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
En date du 20
février 1967 une série de dessins représentent les gares et points d'arrêt
avec ou sans surcharge à l'encre rouge semblant indiquer les flux.
Ces dessins sont signés P.S., probablement Pierre Schwaederle.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
et une signalétique tarifaire selon les sections.
En revanche, aucun tracé de la ligne n'a été retrouvé.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Le 9 juillet 1967, un incident est survenu à la gare de Grande Rocaille nécessite la mise en place d'une signalétique claire à l'attention des voyageurs leur interdisant la montée dans le train à contre voie qui fait sans doute référence à la surcharge en rouge du dessin
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Le 11 juillet, l'installation de panneaux a été faite aux deux extrémités du quai. S'en suit la situation de la déclaration d'accident que l'on ne retrouve si auprès de l'officier de police, ni auprès du chef du personnel.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Sur le même style de papier quelques réflexions sur la tarification des billets du petit train, sur la forme à leur donner et l'usage que l'on en fait, à savoir si le voyageur peut descendre du train et le reprendre plus tard avec le même billet, etc.
Toujours au sujet des billets quelques propositions et/ou suggestions.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Tout se précise, l'ouverture du Parc floral approche et la presse en parle. Voici quelques exemples de coupures dont je n'ai pas, pour l'un, retrouvé l'origine et la date des journaux.
La
République du Centre (non daté sur la coupure).
Dans cet article, on apprend que la ligne mesure 2,8 kilomètres, que deux
machines acquises auprès de la carrière de Luzy (Nièvre) (carrière
Léon Gaty) et un locotracteur non pas 020 mais 130 Decauville-Renault (le LT1
du TPT) tracteraient les trains et que leur état de fonctionnement est très
bon. Leur aspect embelli leur donneront bonne figure.
Les wagons, eux aussi récupérés, seront transformés en baladeuses.
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50
Dans cet autre article, les mêmes idées sont, en partie, reprises.
La revue "La Vie du Rail" n°1099 du 4 juin 1967 a consacré six pages sur le
petit train
touristique des Floralies.
La première de couverture montre une vue globale des Floralies avec au premier plan le train à vapeur
: la locomotive Henschel suivie d'une voiture à bogies Pershing et d'une autre à
essieux Decauville (ex. Maizy) dite "Cadoux".
Les six pages écrites par Gérard Piot sont parues quatre semaines après l'ouverture des Floralies qui a eu lieu le
22 avril 1967 et déjà 600 000 visiteurs ont parcouru les allées de Parc floral.
Mais pour le lecteur amateur de chemin de fer : déception. Le train ne figure que dans un court encart par rapport à la description détaillée des plantes, par rapport au village gaulois (Astérix est né en
1959 et est en très grande vogue en 67), par rapport à la magnificence de l'exposition.
On aurait, de la part de la revue, pu s'attendre à plus de lignes sur le sujet. C'est d'ailleurs
un reproche général de M. Schwaederle évoque dans sa lettre du 13 janvier 67.
À part la page de garde et trois photographies, dont une en couleur, où le train, ou seulement la voie apparaît, pas plus de détail qui laisse le lecteur amateur sur sa faim.
Le paragraphe consacré au chemin de fer du Parc Floral.
La Vie du Rail n°1099
Notes
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