Le carnet du CFC

Le Petit Train du Parc Floral d'Orléans-La Source - 7/11

MAD

L'accident du 6 août 1967

Infortunément le 6 août 1967, un accident se produisit à la suite duquel une jeune fille décéda.

Dans son rapport du jour même, le 6 août 1967, M. Marcel Turbat consigne que vers 13h45, une rame tirée par le locotracteur1 arrivait au terminus2 où tous les voyageurs habituellement descendent du train. Pour une raison non expliquée, le train ne marqua pas l'arrêt, continua sur la courbe en déclivité et dévala à une allure assez vive la pente que le serre-frein de la dernière baladeuse n'a pu enrailler. Le déraillement qui a suivi a eu pour effet d'éjecter plusieurs personnes de certaines voitures et une petite jeune fille est décédée alors qu'une quinzaine de personnes furent blessées sans donner de signes d'inquiétude.
Neuf blessés ont été gardés à l'hôpital d'Orléans. La Croix Rouge, le Service de Santé, les ambulanciers et les secouristes du Loiret sont intervenus spontanément. Une enquête de police est en cours pour en déterminer les causes.

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 6 août 1967, M. Turbat, Président de l'AFO écrit son rapport relatif à l'accident survenu au Parc floral.
Tout se passait normalement avec la circulation de deux trains lorsqu'à 13h45 l'accident s'est produit dans les circonstances suivantes.
Une rame de cinq voitures, tractées par un locotracteur arrivait à faible allure à son terminus. C'est là qu'habituellement les voyageurs descendent du train. 
Pour une raison indéterminée, le convoi ne s'est pas arrêté et a continué à rouler à faible allure avec des voyageurs à bord. Arrivé à la déclivité située au Sud-Est du parc, la rame a dévalé la pente à une allure assez vive et malgré le freinage exécuté par le serre-frein du dernier wagon, en arrivant en bas, à 100 mètres de la gare de la Rocaille, dans la partie rectiligne, deux wagons sont sortis des rails après un mouvement latéral d'assez forte amplitude. Le déraillement a provoqué l'arrêt du train et plusieurs personnes ont été éjectées.
Une petite jeune fille est décédée et une quinzaine de personnes ont été blessées. Neuf sont gardées à l'hôpital d'Orléans : trois hommes, quatre femmes et deux enfants.
Le Service de Santé, la Croix rouge les ambulanciers et les secouristes du Loiret par la spontanéité de leur intervention, leur sang froid ont participé avec zèle à l'évacuation des blessés avec l'aide des ambulances de la ville et des pompiers.
Une enquête de police est en cours pour déterminé les causes de l'accident.   

La presse en relate les faits dans La République du Centre des 7 et 10 août 1967.
L'édition du 7 août 1967

 

Pour la facilité de la lecture, voici le bon ordre du texte de cet article

parc-floral_192f.jpg (42718 octets) 

L'édition du 10 août 1967  

Pour la facilité de la lecture, voici le bon ordre du texte de cet article

Le Comité des Floralies va prendre en charge toutes les dépenses liées aux funérailles de la petite Brigitte et au remboursement des divers soins et détériorations de vêtements et autre objet personnels.

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 7 août 1967, le président du Comité des Floralies écrit au directeur des Pompes Funèbres Générales d'Orléans pour l'informer que l'Association florale orléanaise prend à sa charge, les frais de fournitures et de service concernant le décès de Melle Brigitte Andrusiow âgée de 13 ans. 

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 7 août 1967, le Président du Comité d'organisation des Floralies M. Turbat écrit à un groupe de 18 destinataires que la mise en bière de Melle Brigitte Andrusiow aura lieu le 9 août à 11h45 au Centre hospitalier d'Orléans. Le corps sera transféré ensuite à Sourdun (77) pour l'inhumation qui aura lieu vers 14h30.

 

 

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 7 août 1967, le Sieur J. Laversanne écrit au Secrétaire général des Floralies pour apporter des remarques aux sujets :

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 9 août 1967, M. Turbat, Président de l'AFO écrit à M. André Belair, directeur des Éditions "Détective - Nuit & jour" pour lui dire qu'il regrette que le reporter envoyé à Orléans n'ait pas pris de contact avec lui. Il l'aurait reçu avec satisfaction et lui aurait fourni les éléments demandés.
Faute de cette information venue officiellement du Comité d'organisation des Floralies, il souhaite que ses sources soient dignes de foi.
L'AFO ne manquerait pas d'intervenir énergiquement dans le sens qu'exigerait les circonstances, si par suite d'inexactitudes dans le compte-rendu de l'accident, elle y serait contrainte.
Il précise que son attaché de presse se tient à sa disposition pour communiquer tout renseignement utile à la confection de l'article.

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Brouillon de lettre non datée, faisant référence à une lettre des Établissements Cadoux du 28 avril 1967.
L'Ingénieur Divisionnaire M. Poyet écrit au juge d'instruction pour préciser que les termes de la lettre des Établissement Cadoux ont été portés à la connaissance de l'Entreprise Margueritat5 lors des réunions de coordination. Cette lettre attirait l'attention du Comité sur les travaux en cours concernant la voie. Aussi l'ingénieur provoquait une réunion avec les responsables des deux entreprises spécialisées dans ce genre de travaux particuliers. Lors de cette visite, ont été abordées les techniques de pose de la voie de 60 en rapport avec le matériel acheté et entreposé sur le lieu même de la discussion.
Il confirme n'avoir aucun souvenir d'une lettre du Président Schwalderle.

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 9 août 1967, le juge d'instruction écrit à M Turbat, président du Comité des Floralies au parc de la Source à Orléans pour lui confirmer que les experts ont proposé l'utilisation du petit train des Floralies en tenant compte de diverses conditions de sécurité :

Par ailleurs, à l'avenir le train circulera avec une rame de trois wagons à bogies dont le dernier avec frein, les wagons à essieux ne devant pas être remis en service jusqu'à nouvel ordre.
Par ailleurs la saisie des deux wagons à essieux qui ont déraillé est maintenue. 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50  

Le 9 août 1967, le président du Comité des Floralies M. Turbat écrit au docteur Dolle pour son intervention immédiate et le féliciter pour le zèle qu'il a déployé pour faire face à la situation et donner aux blessés les soins nécessaires à leur état.

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 9 août 1967, M. Turbat, Président de l'AFO écrit au Docteur Faugoin, Directeur départemental de la Croix rouge pour lui exprimer toute sa gratitude et ses félicitations en son nom et en celui du Comité d'Organisation. 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50    

Le 10 août 1967, M. Turbat, Président de l'AFO écrit au Directeur de la protection civile pour lui exprimer toute sa gratitude et ses félicitations en son nom et en celui du Comité d'Organisation. 

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50  

Le 14 août 1967, le directeur des Pompes Funèbres Générales d'Orléans envoie une lettre à l'Association Florale Orléanaise, lui indiquant le montant de la facture des obsèques s'élevant à 1471,90 francs.

 

 

 

 

 

Ensuite suivent quelques lettres de blessés pour informer l'AFO que leur rétablissement s'accomplit et que les remboursements de frais sont effectifs.

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 15 août 1967,  

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 15 août 1967,  

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50

Le 18 août, 1967, Mme Raymonde Terryn, Chef Hôtesse des Floralies adresse une lettre à l'attention de MM. Turbat, Bergeron, Autran, Clappier, Mallard les informant :

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 22 août 1967, lettre de la famille Andrusiow adressée à M. Clappier, Secrétaire administratif de l'AFO pour l'informer que la famille a été touchée par les termes de sa lettre et le remercier de sa sympathie.
Elle le remercie pour le remboursement des factures. Elle précise qu'elle va voir deux fois par semaine son fils Michel gravement atteint et hospitalisé à Garches où il a été opéré récemment. Son état va aussi bien que possible.
L'absence de la petite Brigitte se fait tristement ressentir et le temps effacera un peu leur peine.   

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 25 août 1967, M. Marcel Gombert, Maire adjoint d'Orléans assure le Comité d'Organisation des Floralies de ses sentiments attristés à l'occasion du pénible accident et se joint à la Municipalité pour transmettre ses condoléances aux familles éprouvées et aux parents de la petite Brigitte.

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 3 avril 1968, Maître. Henri Meunier, Huissier de Justice, à la requête de Monsieur le procureur de la République donne assignation à MM. Robert Lécuyer et M. Gaspard Ginon et par copie séparée à M. Marcel Turbat, président de l'Association Florale Orléanaise, civilement responsable à comparaître le 29 avril 1968 à l'audience par devant le tribunal correctionnel d'Orléans.
Le 6/8/1967, en tout cas dans le ressort du Tribunal depuis temps non prescrit :

Par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements  

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 9 octobre 1967, présentation d'une facture en vue de remboursement d'une veste perdue lors de l'accident.

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 13 octobre 1967, remise d'effet perdu lors de l'accident du 6 août en vue de remboursement.

 

 

 

 

 

 

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Octobre 1967, Mme Daligault, victime de l'accident présente à l'Association Florale Orléanaise présente une liste d'effets hors d'usage, de vêtements à nettoyer et de vêtements perdus.

Nombre d'autres documents de même teneur ont été retrouvés dans cette liasse.

 

 

 

La presse relate le procès qui a eu lieu au Tribunal correctionnel d'Orléans. Le conducteur et son chef sont condamnés devant le tribunal correctionnel d'Orléans qui a rendu son jugement sur l'accident du 6 août 1967. Le conducteur Robert Lécuyer, 53 ans, retraité de la SNCF et son chef M. Gaspard Ginon ont été inculpés. L'Association Florale Orléanaise était citée en tant que partie civile. Après un rapide rappel des faits : non arrêt à la station terminus, où le règlement oblige les voyageurs à descendre du train puis la vitesse excessive dans la pente amenant à la gare de la Grande Rocaille qui causé le déraillement et entraîné la mort de Melle Brigitte Andrusiow et les blessures d'une dizaine de voyageurs, le tribunal a retenu que les déclarations de M. Robert Lécuyer ont été nettement infirmées par les contrôles et les essais techniques. Seul, la maladresse ou le défaut d'attention de M. Lécuyer explicables vu la quantité d'alcool contenue dans le sang (1,84 gr par litre) a été retenue.
Le prévenu fréquentait les débits de boissons et négligeait de se soigner manquant ainsi aux conditions de sursis probatoire que le Tribunal lui a accordé le 6 juillet 1966 à la condamnation à 2 mois de prison pour blessures involontaires.
En conséquence, il fut condamné à un mois de prison et 500 francs d'amende, peine qui révoque son sursis précédent.
Pour sa part M. Ginon a été condamné à 500 francs d'amende. Le tribunal a retenu contre lui son absence après avoir dit aux autres employés de veiller à ce que M. Lécuyer ne conduise pas et que s'il avait été présent, il aurait veiller lui-même à l'exécution de cet ordre. 
La responsabilité civile de l'Association Florale Orléanaise a été quant elle condamnée à verser au titre de dommage et intérêt la somme de 20 000 francs aux parents Andrusiow et 200 francs à Michel Andrusiow pour ses blessures et alloue à ce dernier 7 000 francs de provision en attendant les résultats de l'expertise médicale.
Le jugement a été rendu le 20 mai 1968.

Dans un autre article, on apprend que M. Lécuyer était tenu pour un bon mécanicien. À 4 heures du matin, il venait entretenir les feux des machines. Il était très utile.

Enfin arrive l'heure du jugement devant le tribunal correctionnel. Au terme d'une longue enquête, l'affaire avait amené l'inculpation pour homicide et blessures involontaires du conducteur du train M. Robert, 53 ans, retraité de la SNCF, demeurant 190 rue de la Barrière St-Marc et son chef M. Gaspard Ginon, 64 ans, également retraité de la SNCF demeurant 147 route de St-Mesmin à Orléans. L'AFO était citée comme civilement responsable.

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Les faits sont rappelés : le 6 août, le petit train grillait sa gare terminus et fut entraîné dans la pente qui commence quelques mètres plus loin. Emporté par la vitesse, il dérailla et causa la mort d'un fillette et des blessures dont une grave à son frère.
M. Lécuyer déclara devant le tribunal " J'ai débraillé le moteur et j'ai freiné mais cela n'a pas répondu ", ce qui a été infirmé par les essais techniques, une légère action du frein à air comprimé suffisait à arrêter le train.
Le Tribunal a retenu que seuls, la maladresse ou le défaut d'attention de M. sont en cause. D'ailleurs ils sont explicables par la quantité d'alcool contenu dans le sang (1,84 g/l) relevée juste après l'accident.
Il a été retenu contre le conducteur, le délit de blessures involontaires, en conséquence M. Lécuyer a été condamné à un mois de prison et 500 francs d'amende. M. Ginon pour sa part a été condamné à 500 francs d'amende. Il lui a été reproché son absence après avoir dit aux autres employés que M. Lécuyer ne conduise pas le train et que par sa présence, son autorité aurait pu suffire à faire respecter cet ordre. En ce qui concerne l'AFO, responsable civilement, l'association a été condamnée à verser à titre de dommage la somme de 20.000 francs aux parents Andrusiow et 200 francs pour les blessures occasionnées à ses enfants. le tribunal alloue, en outre 7.000 francs de provision à Michel Andrusiow en attendant les résultats de 'expertise médicale.

  

 

Archives départementales du Loiret, cote 1848 w 50 

Le 26 octobre 1968, le président Marcel Turbat écrit au Président de la Cour d'appel d'Orléans pour être substitué par Maître Lemaignen pour représenter l'Association Florale Orléanaise.

 

 

 

Notes :

1 Il s'agit du locotracteur Decauville-Renault de 1931 révisé par les Établissement Cadoux à Saint-Denis-de-l'Hôtel et sur lequel un frein à air comprimé a été installé.

2 Le règlement d'exploitation prévoyait bien que tous les voyageurs descendent à cette gare terminus et que train devait impérativement aborder la pente sans voyageurs justement à cause du risque d'accident

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