Historique - La Mouette |
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La Mouette (canot
à vapeur)
Un document de la Brigade Fluviale intitulé "Ancienne Mouette canot à
vapeur", note de Monsieur Vaillant, archives de la Brigade
Fluviale 1920 nous renseigne sur la brève carrière de la "première"
Mouette canot à vapeur devisé auparavant "Iris", acheté à Monsieur Védrine
constructeur et essayé le 23 décembre 1903 au Bassin de Neuilly-Courbevoie en
présence de :
Le canot a une longueur de 8 m
de tête en tête, 1,6 m au maître bau, et son tirant d'eau est de 0,55 m. La coque résistante a été construite pour la mer. Elle
est armée d'une chaudière Field 1, timbrée à 8 Kg et d'une machine à un
cylindre de 6 HP avec condensation. Sa vitesse est de 16 Km/h. Contenance 8 à 10
personnes.
Un cabanage protège les policiers à l’arrière du canot et un toit-abri en tôle épaisse est construit au-dessus de la chaudière pour protéger l’équipage des jets de projectiles.
En 1905 des problèmes de chaudière et de coque apparaissent dans les rapports
et malgré des travaux entrepris par les gardiens de la Brigade Fluviale, elle
est désarmée un an plus tard.
Le canot à vapeur la Mouette
n'a eu qu'une existence de moins de 3 ans au sein de la Brigade Fluviale. Elle
aura effectuée 258 sorties.
Les essais ont eu lieu à
partir du ponton de la Préfecture de Police, quai des Orfèvres vers le pont d'Austerlitz. Après avoir effectuées diverses manœuvres (changement de
vitesse, marche arrière), elle est rentrée à son poste d'amarrage. Pilote
Lespinasse, mécanicien Rouzet 3.
L'équipage de la Mouette 14 janvier 1904
Le tenue vestimentaire des pilote et mécanicien.
Le journal de bord jusqu'en 1920
Ce que l'on apprend par la presse
Entre l'écluse de la Monnaie et le Pont des Arts.
La revue municipale p. 1172 article non date mais im
médiatement postérieur au 18 juin puisqu'il fait référence à l'article de la "Nature" paru à cette date.La Patrie - 21 septembre 1903
Cet
article intéressant, parce qu'antérieur à la possession de la Mouette par la
Brigade Fluviale, nous renseigne sur le mode d'acquisition de canot par la
Préfecture.
Le Préfet Lépine, assisté de M. Guillemin Inspecteur de la navigation invita
plusieurs constructeurs de canots automobiles (les canots à vapeur se
propulsant par eux-mêmes étaient considérés alors comme
"automobiles") à soumettre un canot pour la future Brigade
Fluviale.
Entrèrent en lisse trois canots : le Lutin, la Mouette et Rapée
II qui se présentèrent à l'heure dite à l'écluse de la Monnaie.
Le Lutin eut un accident au moment d'appareiller et Rapée II
appartenant à monsieur Tellier ne justifiait sa présence que pour montrer au
préfet que les 30 kilomètres par heure sur la Seine était possible et sans
danger. Son propriétaire n'ayant nullement l'intention de céder son canot dont
le prix était d'ailleurs hors concours.
Le Préfet et l'inspecteur de la navigation prirent place à bord de la Mouette
appartenant monsieur Védrine qui le conduisit pendant une demi-heure à la
vitesse d'environ 12 km/h, vitesse largement suffisante pour donner la chasse
aux braconniers habiles au maniement des avirons.
Ce canot participa à la grande course de canots automobiles de Paris à la mer
organisée par le Vélo.
Pendant ce temps M. Tellier aux commandes de Rapée II évoluait à 32
km/h avec grande facilité.
Après consultation du prix qui s'élevait à 4000 francs et requête d'un rouff
destiné à abriter les agents contre la pluie (c'est surtout contre le
caillassage que le rouf abrita les gardiens de la paix), le marché fut conclu,
La Mouette devint le premier canot de la Brigade Fluviale.
Le journal du 22 octobre 1903
D'après le
Bulletin
municipal du 26 décembre 1903, Le conseil municipal a voté un budget de 4000
Francs pour l'achat d'un canot à vapeur La Mouette
pour le service de la police fluviale. Le terme de Brigade fluviale n'est
pas encore employé par les journalistes.
Sa mission, la surveillance des berges de la Seine, le jour et la nuit pour
assurer la sécurité des utilisateurs du fleuve. De son côté, le Conseil Général de la Seine
acquit un autre canot automobile à pétrole, la Vigie. 10.
Le Bulletin Municipal du 26 décembre 1903
Première sortie de la Mouette, les agents ont surpris trois braconniers en flagrant délit de pêche entre les ponts de l'Alma et Iéna.
Le Matin du 27 décembre 1903
La flottille de la Préfecture qui ne comprenait qu'un seul canot (la Mouette) vient augmenter son parc avec la récente acquisition d'un second canot avec un moteur à pétrole. Ce sont de véritables forces navales qui vont opérer sur la Seine et pour accueillir cette flotte une rade sera établie derrière la Préfecture de Police entre le Pont St Michel et le Petit-Pont.
Le Matin du
2 janvier 1904C'est la troisième sortie du petit canot à vapeur de la Préfecture. Découverte de plusieurs bachots de braconniers à Ivry-sur-Seine contenant non seulement le fruit de leur braconnage, mais encore des madriers de bois des îles volés sur les bords de Seine.
Le Matin du 10 janvier 1904
Le Journal du 11 janvier 1904
Le
s Nouvelles illustrées du 14 janvier 1904Il s'agit d'un nouvelle capture de cambrioleurs qui ont dérobé une quantité de charbon sur une péniche.
Le
Journal du 15 janvier 1904Le Matin du 17 janvier 1904
Trois mois après sa mise en
service, le Petit Parisien du 24 janvier 1904 rappelle au lecteur que ce
canot est le premier du Préfet Louis Lépine et dont la mission est de faire la
chasse aux "ravageurs de la Seine et autres malandrins".
Après un rappel des caractéristiques du canot et la description de la tenue
vestimentaire de l'équipage, on apprend qu'un rouff a été construit à
l'arrière du bateau, ainsi qu'un toit abri en tôle épaisse au dessus de la
chaudière afin de protéger l'équipage des jets de pierres.
Les résultats satisfaisants déjà obtenus incitent le syndicat des pêcheurs
à voir évoluer un second bateau sur la Seine si toutefois les ressources
budgétaires ne s'y opposent pas.
1904 sera l'année de l'acquisition de ce second canot (la Vigie) pourvu d'un
moteur à pétrole.
Pour accompagner cette flottille, pas moins de neuf pilotes et six mécaniciens
tous "commissionnés pour bateau à vapeur de commerce et ayant
d'excellents états de service".
C'est monsieur Guillemin, Inspecteur général de la navigation et des ports qui
dirige l'organisation et la surveillance de ce service.
Le Petit Parisien du 24 janvier 1904
Nouvelle
prise de bateaux par la Brigade Fluviale aux dépends des braconniers. Ces
"prises de guerre" seront remises à la fourrière dont le
directeur est "fort embarrassé de ces bateaux" qui prennent de
la place dans son établissement qui n'était pas prévu lors de sa construction.
Ils sont ensuite vendus au profit de qui de droit et dans les délais légaux.
Le Matin du 27 janvier 1904
Petit Carnet
Nouvelle ronde de la Mouette sur la Seine suivi d'une arrestation d'individus de l'ancienne "Bande Rouge" par la brigade Fluviale.
le
Matin du 29 janvier 1904Peu
de temps après les détracteurs se font entendre. L'article précédent est
tourné en dérision. Sûrement parle-t-on trop de la flottille du préfet et
que pour la vanter, alors ne faut-il pas déverser quelque venin sur ce qui est
dit ? C'est en fait dans cet article dans lequel la Mouette est
passablement ridiculisée. Canot lent et instable c'est du moins la preuve
qu'elle en a donnée lors d'une épreuve sportive l'été précédent 9
(alors que ses premiers essais eurent lieu le 23 décembre 1903 au Bassin de Neuilly-Courbevoie).
Tournée en dérision, le "transatlantique de 5 m 50" (décidément
l'auteur de l'article est bien mal renseigné) ne fait que 6 nœuds à l'heure,
tout au plus 11 km et il faut une heure et demie, voire deux heures pour la
mettre en pression, plus de temps qu'il ne faut aux ravageurs pour agir.
Bien sûr ce canot n'était pas la panacée, on s'en rend compte aujourd'hui
avec la Vigie nouvellement restaurée, mais le journaliste oublie qu'avant 1900,
il n'y avait que "de frêles bachots à rames" pour surveiller
la Seine et que la Brigade Fluviale au sens où le Préfet Lépine l'avait
organisée n'existait pas.
Patrie 31 janvier 1904
En 1906 dans son article sur la
Brigade Fluviale l'auteur constate que la Mouette a vieilli, que sa vitesse
n'est plus d'actualité. Les progrès des moteurs thermiques ayant supplanté la
machine à vapeur.
La Mouette sera donc mise en vente et remplacée par une vedette plus imposante,
plus rapide, silencieuse et aussi plus confortable.
Le Journal du 9 septembre 1906
La
Mouette 2
La devise "Mouette" a été conservée pour le
deuxième canot qui a succédé au premier dont l'existence n'a duré un
peu moins de trois ans. Pour la clarté nous l'appellerons la Mouette 2 tout
comme la Mouette 3, le troisième canot de la Brigade Fluviale portant
également cette devise.
Ce qu'en dit la presse d'après les renseignements de la Brigade Fluviale.
Une note écrite par M. Vaillant de la Brigade Fluviale en 1920, nous renseigne sur ce qu'était cette "deuxième" Mouette (canot à pétrole).
Le canot à pétrole la
Mouette 2 a été construit par M. Rouzet et les gardiens spécialistes de la
Brigade Fluviale dans les chantiers de la Compagnie des bateaux parisiens, à
Auteuil, sous la direction d'Alphonse Tellier 1, architecte naval,
52 quai de la Rapée à Paris qui en a dessiné les plans. Ce canot est
destiné à remplacer le canot à vapeur désarmé et mis en vente.
Des modifications sont prévues par rapport au modèle original : protection des drosses du gouvernail et cloison séparant la chambre du moteur de la partie des personnes (1906).
Alphonse Tellier vers 1910
d'après l'Illustration.
En 1907, le conseil municipal vote les crédits nécessaires pour l’ajout d’une moto-pompe Fariot pour le sauvetage des bateaux.
Moto-pompe de la Vigie semblable à celui de la Mouette 2 dont on n'a pas de photo. | Le Moniteur 13 novembre 1915 |
Caractéristiques de ce canot :
Longueur de tête en tête | 12 m |
Largeur au maître bau | 2,40 m |
Creux | 1,30 m |
Tirant d'eau à vide | 0,60 m |
Tirant d'eau en charge | 0,95 |
Épaisseur des tôles oeuvres vives | 3 mm |
Épaisseur des tôles oeuvres mortes | 2 mm |
Charge maximum | 3 tonnes (pour un tirant de 1,10 m). |
Hauteur de flottaison avant | 1 m |
Hauteur de flottaison arrière et milieu | 0,60 m |
Contenance | 40 personnes 4 |
La Mouette
2 est munie d'une
cabine et initialement d'un moteur Panhard 5
de 24 CV. En 1908 ce moteur est
remplacé par un moteur Filtz à quatre cylindres de 50 CV.
Le 9 avril 1906 par délibération du conseil municipal, des travaux sont votés
pour la Mouette.
Moteur | 6800 Francs |
Tôles de la coque, cornières | 1500 Frs |
Bois, menuiserie, charpente | 500 Frs |
Divers | 500 Frs |
Les dépenses se sont élevées à 7249 Francs dont 4500 pour le moteur.
Le journal de bord jusqu'en 1920
Première remonte | 15015 m/h | 16300 m/h mauvais allumage |
Descente | 17500 m/h | |
Deuxième remonte | 16600 m/h | 18000 m/h allumage régulier |
Descente | 19400 m/h |
Les sorties de La Mouette
1906 | 51 | 1911 | 27 | 1916 | 25 |
1907 | 33 | 1912 | 40 | 1917 | 13 |
1908 | 29 | 1013 | 29 | 1918 | 23 |
1909 | 19 | 1914 | 25 | 1919 | 17 |
1910 | 26 | 1915 | 20 | 1920 | 16 au 7 octobre |
La chronologie de La Vigie s'arrête en 1920. Ensuite plus aucune trace de ses états de services ont été retrouvées dans les archives à l'exception des articles de journaux conservés aux Archives de la Préfecture de Police et du Service des Canaux de Paris que nous produisons.
Ce
qu'en dit "Le Journal" en juin 1906. Article signé R.L. |
Retranscription
manuscrite de l'article à la Brigade Fluviale. |
La
Mouette 3
La devise "Mouette" a été attribuée à une troisième embarcation
de la Brigade Fluviale succédant au canot à pétrole désarmé à une date
inconnue.
La Mouette 3 est un bateau Seyler
11
équipé d'un moteur à essence de 10 cv qui consomme 7 litres à l'heure. Son
autonomie est de 3 heures, sa vitesse de 25 Km/h. La date de sa construction n'est pas connue précisément mais le plus ancien cliché date de 1954. © Préfecture de Police. Tous droits réservés. |
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La
Mouette 3 en 1954. Ce petit bateau était exploité à 2 agents, un barreur-mécanicien et un gardien de la paix. © Préfecture de Police. Tous droits réservés. |
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Le moteur Johnson (et son
réservoir d'essence) qui équipait la Mouette 3 et aussi le Cormoran en 1955. © Préfecture de Police. Tous droits réservés. |
Cette Mouette 3 a été
construite à une date inconnue (vraisemblablement en 1954). On ne sait pas si comme les précédentes elle
a été achetée d'occasion par la Brigade Fluviale ou acquise neuve auprès des
Établissements Seyler au Perreux.
Ce bateau semble être un petit dinghy de 3,60 m. appelé "Seyler 54". Il sort des ateliers Georges Seyler Aîné Quai de l'Artois au Perreux.
D'après le catalogue de l'époque, ce bateau date effectivement de 1954 et ses caractéristiques sont :
Bordé cèdre véritable du Canada sur membrures larges en
frêne de qualité, doublé rivetage cuivre.
Pont avant cèdre ceinturé acajou, 2 banquettes, tableau arrière renforcé et ceinture pouvant recevoir un moteur de 7 à 10 CV.
On ne sait pas ce qu'est devenue cette petite vedette motorisée qui ne
fait plus partie de l'effectif de la Brigade Fluviale.
© Préfecture de Police. Tous
droits réservés.
Les
trois "Mouette",
à gauche le canot à vapeur de la Préfecture de Police, au centre le canot à moteur et à droite le bateau
Seyler.
Trois canots différents qui on reçu la même devise.
Notes :
Alphonse Tellier
installé à la gare d'Ivry en 1857 (source Frédéric Delaive), puis
à partir de 1868 au 52 quai de la Rapée à Paris. Tellier Fils (Alphonse) (1879-1928) et Gérard lui succède vers 1905. En 1900, Tellier équipe ses canots de moteurs à explosion : il est devenu un spécialiste de vitesse sur l’eau et remporte des courses de canot à moteur. Il travailla avec Louis Blériot et Gabriel Voisin sur les hydravions et détermina la puissance nécessaire à un moteur pour propulser une machine volante (hydravion) dont la masse est connue. Voir le site histoire-bateaux-aviron et celui des hydravions Alphonse Tellier. 5 Panhard, constructeur d'automobiles dont la production industrielle commença en 1891. 6 Le premier bateau à vapeur, exploité par la Compagnie des Bateaux à Vapeur de Paris à Saint-Cloud date de 1837. Du Madeleine-Bastille à Meteor, histoire des transports parisiens, 6 Marc Gaillard - p. 86 En 1901 il construit un moteur de 30 HP pour le Bonnet-Labranche n°1. Il a aussi construit un moteur rotatif à vapeur. C'est à une occasion semblable que l'idée germa dans l'esprit de Louis Lépine d'acquérir un canot motorisé pour la brigade fluviale. Pour ce qui concerne la Mouette 3 il s'agit probablement d'une construction Georges (jeune) Seyler, (le petit fils du fondateur Georges Seyler). Sites à visiter : |