Mémoire de la ligne
La ligne Port-Marly—Marly-le-Roi (ligne 59)
1,935
Km.
Marc André Dubout
La ligne 59 au gré des archives et au fil des cartes postales
La Génèse
L'histoire de cette courte ligne remonte à 1878 mais les projets de
construction sont antérieurs et liés au "Chemin de fer Américain"
de Rueil-Gare à Port-Marly concédé au Vicomte de Mazenod.
Sans revenir sur le détail de l'histoire du "Chemin de fer
Américain" système Loubat, le Sieur Proust se substitue au Vicomte de Mazenod le
1er février 1860. En effet fortement déficitaire le tramway de Rueil à Port-Marly n'était plus exploitable. Ce changement entraîna immédiatement une
augmentation des tarifs, condition indispensable pour sa survie. M. Proust prévoyait également une extension de la ligne de Port-Marly à
Marly-le-Roi en prolongeant la voie de 1,9 Km en accotement de la
route de St Germain à Versailles. À cela s'ajoutait un projet de règlement (mars 1867) et une amélioration concernant le matériel roulant avec des
voitures d'au moins 50 places dont 6 de coupé, 24 d'intérieur, 20 d'impériale. Il s'engageait aussi
à favoriser la commune de Rueil en mettant à sa disposition une voiture supplémentaire de 25 places entre
Rueil-Gare et Rueil-Ville sans compter l'augmentation de capacité les dimanches et jours de fêtes
à la faveur desquels les parisiens découvraient, avec le chemin de fer et maintenant le jeune tramway,
les plaisirs de la campagne.
M. Proust s'entoure de M. Francq1 comme directeur technique de la compagnie.
Léon Francq est Ingénieur chez Cail grand constructeur de locomotives. C'est
lui qui introduisit en
France, en la perfectionnant notablement, la machine sans foyer mise en
service par le docteur Émile Lamm1 sur les tramways de la Nouvelle-Orléans à
Carrolton.
M. Francq est l'inventeur d'un procédé de moteur à vapeur pour locomotive
fonctionnant à la vapeur comprimée. Il
était par ailleurs concessionnaire des tramways de Versailles.
Il participa aussi aux études du métropolitain de Paris.
Mais le tramway malgré ces améliorations ne donnait pas satisfaction aux
populations des communes traversées par la ligne et qui se plaignaient auprès de leur
maire respectif.
C'est ce qui nous vaut ce brouillon de lettre du 26 mars 1869 écrit par le maire de Marly-le-Roi, certifiant que les
trains complémentaires du tramway à vapeur de Rueil à Marly n'étant pas
arrivés en gare de Marly à 6h15 et à 8 heures, il a prévenu le Préfet et
la brigade de gendarmerie qui s'est rendue à Port-Marly. Le service, à la
lecture difficile de ce brouillon, semble défectueux et on apprend même que
M. Francq ne paient pas toujours les employés qui ont renoncé à prendre leur
service. Le maire détaille les dus de la Compagnie à ses employés.
Archives de Marly-le-Roi
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Le 28 juin 1876, paraît cet
article de "La France Financière" dans lequel est écrit que
M. Tarbé des Sablons ne fait plus partie de la Compagnie Générale de
Tramway à vapeur. La Compagnie formée en Société anonyme possède sa
complète autonomie. La construction du chemin de fer se poursuit. Le signataire en profite pour demander au maire de Marly-le-Roi le nombre d'obligations qu'il doit lui réserver. Archives de Marly-le-Roi |
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![]() ![]() ![]() Le député a parcouru toute la ligne à pied de Port-Marly à Marly-le-Roi mais les travaux ne sont pas aussi avancés qu'à Rueil8. Archives de Marly-le-Roi |
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Archives de Marly-le-Roi |
En prolongeant la ligne, l'objectif était de mettre le chef lieu de canton
Marly-le-Roi en correspondance avec le Chemin de fer de l'Ouest à la gare
de Rueil, bien que
Marly-le-Roi ait également une gare propre depuis 1884 (ligne St Lazare—St
Nom-la- Bretèche). L'approbation du projet remonte au 20
novembre suivant et l'expropriation des terrains pour cause d'intérêt public a
été prononcée le 18 mai 1876. Ce prolongement, par conséquent, ne
connaîtra pas la traction hippomobile mais pendant
cette période de reconstruction tout va mal pour l'exploitation du chemin de fer
américain : mauvais état de la voie et du matériel roulant, insuffisance du
nombre de chevaux, défaillance du service émeuvent le Conseil municipal enclin
à suspendre le service dans sa séance du 12 novembre 1875 et M. Tarbé des
Sablons déclaré déchu de la concession et tenu d'installer un service de
remplacement par omnibus.
Le 26 novembre 1876, le maire de
Marly-le-Roi écrit au Procureur de la République retraçant l'historique et la
situation financière de la Compagnie Générale des Tramways à Vapeur entre
Rueil et Marly-le- Roi. Il reprend le contenu de la lettre que le maire de Rueil
a transmis au Préfet selon lequel M. Tarbé des Sablons pourrait
être déchu de sa concession en cas de manquement à l'exécution des travaux.
Le détail du contenu de la lettre.
S'ensuit une correspondance entre le maire de Marly-le-Roi et le député de Seine &
Oise sur les sommes versées ou à verser pour l'exécution des travaux.
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Au point où il en est "M. Tarbé des Sablons
est bien incapable d'achever les travaux et de mettre son chemin de fer en service
dans le délai d'une année qu'il lui a été donné à cet effet à partir de
l'approbation de ses plans". Archives de Rueil-Malmaison |
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En effet semble-t-il M. Tarbé des Sablons a eu du mal à se faire livrer
les terrains nécessaires à la construction du prolongement. De plus ce court
tronçon n'apparaît pas d'une utilité évidente pour les deux localités
qu'il dessert et d'aucune pour les autres. |
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Le Conseil municipal de
Rueil lui reproche par ailleurs de ne pas avoir commencé les travaux à partir
de Rueil en direction de Marly et que le tronçon
Port-Marly—Marly-le-Roi ne peut être comme un commencement suffisant
d'exécution ni comme un gage sérieux pour l'avenir.
Entre temps M. Eugène Tarbé des Sablons décède (le 20 novembre 1876) Archives de Rueil-Malmaison |
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Lettre du 13 mars 1877 | |
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Le 5 juillet 1877, l'inspecteur
des Travaux Publics informe le maire de Marly-le-Roi qu'il a adressé un rapport au préfet pour être
transmis au Ministre des Travaux Publics et qu'il il y lieu de croire qu'une solution sera
donnée à cette affaire. Archives de Marly-le-Roi |
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![]() ![]() ![]() ![]() Ses héritiers légitimes sont M. Edmond Tarbé des Sablons, son frère, et Madame Tarbé des Sablons, sa mère qui ont accepté la succession sans bénéficier d'inventaire. Le bénéfice d'inventaire fait que l'héritier n'est pas tenu au paiement de dettes de la succession jusqu'à la concurrence de la valeur des biens qu'il a (illisible). Il peut même de décharger du paiement des dettes en abandonnant tous les biens de la succession aux créanciers, ses biens personnels n'étant pas confondus avec ceux de la succession contre laquelle il a droit de réclamer le paiement de ses créances. L'héritier bénéficiaire est chargé d'administrer les biens de la succession à la condition de rendre compte de son administration à ses créanciers sans être contraint sur ses biens personnels qu'après avoir été mis en demeure de présenter son compte et faute d'avoir satisfait à cette obligation. Après l'apurement des comptes, il ne peut être contraint sur ses biens personnels que jusqu'à concurrence des sommes dont il se trouve reliquataire. Heureusement grâce à l'autorité, au pouvoir suprême du Ministre des Travaux Publics, il appartient à ce dernier soit par dissolution, soit par décret de transmettre, à tous compétiteurs digne de son choix, la concession Tarbé devenue caduque, à moins qu'il juge plus utile de prononcer la déchéance encourue et de poursuivre l'adjudication des travaux exécutés. Le Ministre des Travaux Publics a le droit incontestable de pourvoir à la vacance de la concession qui a cessé d'être avec la vie du concessionnaire décédé. Le vœu du conseil municipal de Marly-le-Roi qui demandait la mise en activité immédiate de la section de la voie ferrée comprise entre l'Abreuvoir de Marly-le-Roi et Port-Marly n'est pas réalisable. Cette partie de la voie qui a été réalisée depuis si longtemps a été établie d'une manière défectueuse :
Ces infractions
sont graves et il importe de les signaler à l'administration. |
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![]() Il attire l'attention du préfet sur la rampe excessive qui demande des machines d'une grande puissance. Archives de Marly-le-Roi |
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Le 17 août 1877, M Herbette informe le maire de Marly-le-Roi qu'il vient de saisir le Ministre des Travaux publics, afin que celui-ci prenne les dispositions pour le prompt achèvement des travaux et la mise en exploitation du tramway. |
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Le 21 août 1877, le Ministre des Travaux
Publics informe que par suite du jugement qui a relevé la succession de M.
Tarbé (Eugène) de la faillite prononcée contre elle, il a demandé à son héritier M. Edmond Tarbé
de prendre d'urgence les mesures
nécessaires pour l'achèvement des travaux et espère un prompt
résultat. Archives de Marly-le-Roi |
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![]() Archives de Marly-le-Roi |
![]() ![]() Archives de Marly-le-Roi |
Le texte de la lettre
de M. Herbette, adressée au Ministre des Travaux Publics. Avant le tramway à vapeur, l'omnibus à chevaux de Port-Marly à Marly-le-Roi avait été concédé à M Mazenod puis cédé à Tarbé des Sablons qui demande une substitution de tramway à vapeur par décret du 28 août 1874. Deux plus tard M. Tarbé des Sablons décède laissant son entreprise inachevée et à peine commencée, l'acquisition des terrains ayant été réalisée par ses héritiers (sa mère et son frère Edmond) qui n'ont accepté la succession qu'après inventaire et cette mesure de précaution s'est trouvée bientôt justifier par la mise en faillite d'Eugène Tarbé des Sablons. Les héritiers sont décidés, sur leurs fonds personnels, à continuer l'établissement de la voie ferrée pour leurs intérêts et celui du public. Or semble-t-il les P & C leur ont enlevé qualité pour continuer, ce qui produit une situation intolérable qui fait l'objet de cet exposé. Par ailleurs, le tramway à traction par chevaux de Rueil à Port-Marly est dans un tel état de délabrement (voie, matériel et cavalerie) que la municipalité de Rueil a demandé la cessation de l'exploitation et la déchéance de M. Tarbé des Sablons de sa concession. La situation du tramway à vapeur est guère plus reluisante, les travaux interromps présentent des dégradations des trottoirs de droite de la Route Nationale 13, rendue impraticable aux promeneurs et aux riverains par le stockage de rails, ainsi que des cloaques formés à cause du mauvais écoulement des eaux. De plus l'abattage d'arbres magnifiques, laissent les habitants de Bois Préau sans abri du soleil et de la poussière. Cette situation désastreuse s'aggravera avec la mauvaise saison si des mesures énergiques et promptes ne sont pas prises or le syndic de cette faillite ne terminera jamais les travaux qui exigent plusieurs centaines de milliers de Francs sans compte l'achat du matériel roulant et des frais d'installation. Donc à courte échéance il n'y aura plus de tramway du tout, ni à chevaux, ni à traction de locomotives. Tel est le plaidoyer de M. Herbette en faveur des populations dont il vient remettre les intérêts entre les mains du Ministre en lui réclamant de prononcer la déchéance immédiate de la concession de M. Tarbé des Sablons et d'ordonner la mise en adjudication de cette concession. |
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Le 31 août 1877,
Monsieur Herbette, notaire à Rueil près Paris écrit au maire de Marly-le-Roi que le préfet lui
annonçait que le Ministre des travaux publics résoudrait dans un bref délai
la question de confirmation aux
héritiers de la mise en adjudication de la concession dans les délais les
plus brefs. Archives de Marly-le-Roi |
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Le 8 septembre 1877, le préfet annonce au maire de Marly-le-Roi que M. Edmond
Tarbé des Sablons et sa mère viennent d'être reconnus concessionnaires de
la voie ferrée de Rueil à Port-Marly par décision du Ministre des Travaux
Publics. Rien ne s'oppose plus à le prompte exécution des travaux de la
ligne qui sera livrée le 30 novembre prochain.
Archives de Marly-le-Roi |
Le 29 août 1877, la lettre du Ministère Public contre M. Housay condamné à payer la contravention due aux encombrements de l'avenue de l'Abreuvoir (manque le deuxième feuillet) et l'annexe de l'architecte Fauconnier chargé de constater et d'évaluer. | |
![]() ![]() ![]() ![]() Archives de Marly-le-Roi |
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Le 24 septembre 1877,
M. Housay est désigné officiellement syndic provisoire de la faillite de feu
M. Eugène Tarbé des Sablons, de son vivant concessionnaire de la ligne des
tramways à vapeur de Rueil à Marly-le-Roi. Archives de Marly-le-Roi |
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Le 23 novembre 1877,
préfet écrit au maire de Marly-le-Roi pour lui indiquer les stations du
tramway et lui envoie l'affiche de l'arrêté qui prescrit la mise à
l'enquête d'utilité publique Archives de Marly-le-Roi |
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Le 12 décembre 1877, le
préfet écrit au maire de Marly-le-Roi pour l'informer qu'il l'a été nommé
le 23 novembre dernier comme membre d'une commission
appelée à donner son avis sur les projets d'emplacement des stations
à établir sur le tramway à vapeur de Rueil à Marly-le-Roi Archives de Marly-le-Roi |
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Le
14 décembre 1877, M. Herbette, notaire à Rueil près Paris, est appelé à
faire partie d'une commission chargée de définir l'emplacement des stations
à établir pour le tramway à vapeur de Rueil à Marly-le-Roi et demande à
M. Louis Maziau maire de Marly-le-Roi de lui faire part de ses observations sur le
sujet. Archives de Marly-le-Roi |
![]() ![]() ![]() Le concessionnaire supporterait les frais de démontage de la voie actuelle et la reconstruction de la nouvelle voie telle qu'elle a été demandée par la commune. Les travaux précités s'élèverait pour la commune à 1 500 F. et seront confié à l'entreprise Berneront Entrepreneur. cette charge est lourde pour la commune mais une série de dons volontaires allègera le fardeau. Archives de Marly-le-Roi |
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![]() ![]() En revanche restera à la charge de la commune : - la démolition du pavage et de la bordure pour l'enlèvement de la voie actuelle - la réfection dudit pavage et de la bordure - la démolition et la reconstruction des pavages pour le nouvel emplacement de la voie. Ces travaux se feront sous sa direction et sous sa surveillance. Archives de Marly-le-Roi |
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Notes :
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