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            ...de Suzanne et la descente de l'Oise de Longueil-Annel à Conflans Sainte Honorine 1/6

Marc André Dubout

Cette année nous avons projeté de descendre l'Oise de Longueil-Annel à Conflans Sainte Honorine, soit 104 kilomètres de la rivière navigable, depuis l'écluse de Janville, jusqu'au confluent.
Tout a commencé avec la sortie de l'eau de Suzanne le samedi 16 juin 2012 à 9 heures.

Sous la grue du Club Nautique de Rueil, Suzanne est sortie de l'eau et mise sur sa remorque. 

 Arrivés en fin de matinée à Longueil, un petit comité nous attend dont le directeur du Musée de la Batellerie1.

Cette fois c'est un Manitou Miniscopic qui va se charger de la manutention de la Belle. L'opération se fait en un temps record, avec une précision remarquable. Merci Josian.
C'est toujours un moment d'émotion et d'inquiétude que de la voir ainsi suspendue au palonnier entre air et eau.
Et elle retrouve bien vite son élément naturel.
Par hasard, nous passons devant la petite gare bien désolée de Longueil-Annel où s'arrêtent encore les trains de la ligne de Noyon.

Encore le temps de la préparer pour le voyage. Pose de la cheminée et des tuyaux d'évacuation des soupapes, petit coup d'œil sur le niveau et la machine, rangement, déchargement du bois dans une menuiserie marine de l'autre côté de la rue et nous rentrons sur Chatou pour rendre le camion.

Lundi 18 juin 2012
Avec Jean-Jack et Marie-Pierre, nous nous retrouvons à 6 heures du matin à la gare d'eau, direction Longueil-Annel par l'autoroute. Nous arrivons un peu avant 8 heures comme prévu. Patrick P. nous a rejoint. La rue est déserte. Sur la trentaine de bistrots qui égayaient la petite ville il n'en reste que très peu dont un en face de l'écluse, c'est dire si la batellerie a bien changé à l'image du reste. 

Suzanne est amarrée entre la péniche musée et un bateau stationné en cours d'aménagement intérieur. 
Nous allumons la chaudière après les vérifications d'usage et chargeons le bois. Entre temps Isabelle, venue par le chemin de fer, nous a rejoints et le menuisier nous fait la visite de son chantier fort instructif. Du coup, il est venu avec nous jusqu'à Compiègne.

Longueil-Annel2 est une cité de tradition batelière. Ici les gens vivent sur des bateaux, leurs enfants y grandissent et parfois le fils reprend le métier. Pour les mariniers, les autres sont les "gens d'à terre" et bien souvent ces gens de la terre sont d'anciens mariniers à la retraite qui ne peuvent rompre le lien avec la rivière. À Longueil-Annel, le canal a été construit en 1830 pour supplanter la rivière Oise qui n'avait pas assez d'eau tout au long de l'année pour assurer la navigation. Et pour joindre les deux on a construit l'écluse autour de laquelle toute une série de petits commerces se sont installés donnant de la vie à la ville. Il y eut jusqu'à une centaine de péniches et 40 000 mariniers. C'est donc devenu une ville étape entre Conflans Sainte-Honorine et le Nord.
Chaque année "le Pardon" est l'occasion d'une grande fête des mariniers où est célébrée la Vierge Marie avec la présence d'un bateau chapelle et d'un curé qui vient bénir tous les bateaux.

L'écluse qui ouvre ses portes sur le réseau Nord des canaux. Un seul bateau passe alors qu'il y en a des centaines.
À en juger par le nombre de péniches, le trafic sur l'Oise devait être important.
Café et voie de halage le long de la voie d'eau.

9h30 la pression est à 10 bars, tout est prêt

9h48 nous larguons les amarres, débordons, la machine a déjà tourné, nous quittons le rivage sous le regard des passants étonnés. Nous prenons l'île de Janville sur la droite.
10h02 Nous nous approchons du pont suspendu de Clairoix au PK 101. Déjà trois kilomètres parcourus sous un ciel menaçant. Les imperméables sont à porter de la main. 
Tout le monde est content. Patrick est à la barre.
Tout de suite après le pont de Clairvoix, c'est l'usine Englebert et ses bâtiments industriels en briques rouges. Une autre époque.
10h13, PK 99,5, nous passons au confluent de l'Oise et de l'Aisne, ici vue en direction de Soissons.
10h21 PK 99,8 Pont rail de la ligne Compiègne—Soissons. Le ciel s'éclaircit, du bleu apparaît.
10h30 PK 97 nous passons sous le Pont de Compiègne qui relie la ville (à gauche) à sa voisine, Marigny-lès-Compiègne (à droite). (10 Kg de bois).
Très en avance sur nos prévisions, nous poussons jusqu'à l'écluse puis revenons faire un tour dans le petit port de plaisance de Compiègne.
et devant la piscine abandonnée.
Nous arrivons enfin au SNC Aviron où nous pique-niquerons ou plutôt "sortirons le repas du panier".
C'est là que les rameurs de Yévé et Gibbon nous ont rejoints pour continuer la descente. Après l'apéro, ce sont les sandwichs confectionnés par Edmond qui retiendront toute notre attention stomacale.
Avec Isabelle M. la Secrétaire de l'A.B.V. 
Il paraît que ...
Photo Marie-Pierre Tricart
Non loin du club il y a la pompe à feu de Compiègne installée en 1810 et qui servait à monter l'eau de l'Oise jusqu'au château à l'aide d'une machine à vapeur alternative. Malheureusement, hormis le fronton et la cheminée rien ne fut visible et d'après les gens du pays, c'est assez difficile de visiter. Il faudra que je revienne.
Patrick devant Yévé prêt à ramer cet après-midi.
14h05 départ de Suzanne, Yévé et Gibbon.
14h33
nous attendons le passage de l'écluse de Vennette 1 mécanisée. (20 kilos de bois).
 Et ça rigole fort à la proue.
14h51 sortie de cette première écluse douce au rattrapage de la dénivellation (1,40 m.).
15h05 PK 94 (30 Kg de bois)
L'écluse de Compiègne avec un remorqueur "Guêpe" et son train de péniches.

Compiègne est une ville de passage (gué) entre Bauvais et Soissons.. Au XVIIè S. elle abritait l'administration royale. Ville étape du chemin de Compostelle, la ville referme nombre de monuments, églises, châteaux qui en font un centre patrimonial civil et religieux important. En 1850 avec l'arrivée du chemin de fer, Compiègne devient un centre important de commerces et d'industries.

Compiègne, le pont rive droite sur l'Oise. Rien n'a bien changé sinon que les industries ont disparu laissant sur les rives des friches industrielles fantômes.
L'écluse de Venette en 1904.


Nous passons devant une huilerie
au charme désuet. Ce sera bientôt une image de notre passé industriel.

15h21 PK 92, le village de Jaux que nous longeons sur la rive droite.

Après un court arrêt technique, c'est reparti.
Marie Sophie et Patrick.
15h47 PK 90  nous abordons la petite île d'Armencourt. Vue côté aval.
15h56 PK 89 (40 Kg de bois).
16h10 PK 88,5 Pont suspendu de la Croix ST Ouen
16h17 Nous passons devant une magnifique demeure de style Louis XIII sur la rive gauche de la rivière. Les volets sont fermés, pas de signe vie, la maison garde ses secrets. Chut ! Nous filons silencieusement.
16h46 PK 83,5 Pont-rail SNCF près de la sablière. Les nuages sont revenus en force mais pas de pluie, on continue.
et encore des usines
16h52 PK 83 (50 Kg de bois) nous approchons de l'écluse de Verberie.
Notre arrivée à Verberie photographiée par Marie-Pierre Tricart.
Photo Marie-Pierre Tricart
Ça siffle fort à chaque fin d'étape.
Photo Marie-Pierre Tricart
L'écluse de Verberie (village des bergeries) son histoire remonte à l'époque gauloise. Charlemagne y fit construire un superbe palais.
L'écluse de Verberie avec un remorqueur à vapeur, image habituelle jusque dans les années 50.
17h26 Arrivée au C.A.M.P. où Pierrick Moreau nous accueillera chaleureusement.
Verberie est le terme de notre première journée. Nous y planterons la tente pour passer la nuit (enfin quelques uns, les autres iront à l'hôtel à Creil) mais avant "l'apéro du club" et un repas pris dans un restaurant dans la petite bourgade.
120618_045.jpg (72138 octets) Yévé et Gibbon sont sortis de l'eau pour la nuit.
Photo Marie-Pierre Tricart
Préparation du dispositif de nuit. Les ronfleurs dormiront sous la grande tente.

 

Bilan de la journée :
  • 6 heures de navigation,
  • 22 Km, 
  • 50 kg de bois

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Notes :
  • 1 Le Musée de la Batellerie
  • 2  Annel vient de aulne, arbre très présent dans cette partie de la Picardie.

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