Les Mariniers de Vitry au Débord de Loire

Marc André Dubout

Jeudi 1er Juin 2023
Le programme des journées : Récap Fluvial
9H30 : Arrivée des bateaux à Mauves
14h - 17h30 : Animations sur l'eau
18h : Briefing sécurité pour les équipages à Mauves Balnéaire
À partir de 18h45 : Concerts à Mauves Balnéaire
De 20h à 22h : Repas des équipages à Mauves Balnéaire.

Notre bateau est déjà à poste, et la matinée est libre. Avec Jean-Claude, nous allons sur les quais où quatre unités sont amarrées : le Bélem, dont le port d'attache est Nantes, le Corentin, un bateau de pêche de Quimper, Le Français, et l'Oosterschelde un bateau néerlandais et le Maillé-Brézé, un escorteur d'escadre de la Marine nationale, le seul rescapé de cette série de 18, d'après guerre.

Le Bélem
Le Bélem est sorti des chantiers Dubigeon
1, à Nantes, en 1896. C'est un navire de commerce jusqu'en 1914. Acquis par un particulier il sera transformé en navire de plaisance sous pavillon britannique puis italien. Il redevient français et sera restauré en 1980. La fondation éponyme décide d'en faire un navire vecteur de transmission d'histoire et de savoir-faire.
C'est lui qui transportera la flamme olympique d'Athènes à Marseille en 2024.

 

 

 

Le Français
Ce Trois Mâts barque (coque en bois) a été construit au Danemark en 1948 pour la Royal Greenland Trading Company. Sa mission était le ravitaillement du Groenland en vivres. En 1983, il subit une restauration et apparaît dans une quinzaine de productions cinématographiques. En 2018, il est racheté par France Armement et devient "Le Français" en hommage au navire utilisé par J.B. Charcot lors de sa première expédition en Antarctique en 1903.

 

 

L'Oosterschelde
Cette goélette à trois mâts a été construite en 1907 aux Pays-bas pour le fret. Sa riche histoire sur le transport des marchandises à la voile en a fait un bateau emblématique.
Elle
a été restaurée en 1990. C'est le dernier trois mâts hollandais qui a visité les cinq continents et sillonné les mers pendant plus de 50 ans.

 

 

Le Corentin
Le Corentin est une réplique de bateau ancien construite en 1990 à l'occasion des fêtes de Brest. C'est un lougre, réplique de l'Aimable Irma, un caboteur destiné au transport des marchandises sur les cotes bretonnes au XIXème S. Basé à Quimper, il propose des initiations au métier de marin et est classé Bateau d'intérêt patrimonial (BIP) en 2007.

 

 

Le Maillé-Brézé
Le Maillé-Brézé fait partie d'une série de 18 escorteurs d'escadre, type Surcouf, construits dans les années 1950. C'est le seul conservé
D’une longueur de 132,65 mètres, pour une largeur de 12,70 mètres et un tirant d’eau de 5,80 mètres, son déplacement à pleine charge est de 3 900 tonnes. Il est servi par un équipage de 277 hommes dont 17 officiers, 100 officiers mariniers et 160 marins. Sa puissance est de 63 000 chevaux lui permettant d’atteindre une vitesse de 33 nœuds avec un rayon d’action de 4 100 nautiques (soit 6 600 Km).
En 1967-68, il est transformé en bâtiment de lutte anti-sous-marine (voir son sonar photo de droite) et fut affecté à l’Escadre de l’Atlantique à Brest.
Depuis 1991, il est Musée Naval et Monument historique. C'est un des éléments majeurs du patrimoine maritime à Nantes

Pendant ce temps Gérard, Martine, Denis, Vincent, P'tit Vincent, Kam, Dom et Jacques vont voir le Grand Éléphant, une célébrité unique et insolite de Nantes.

Le Grand Éléphant
Le grand
Éléphant mesure 12 mètres de hauteur, 8 mètres de largeur et 21 mètres de longueur. Son poids est de 48 tonnes. Il est construit en acier et en bois. Pour le mettre en mouvement il ne faut pas moins de 2 500 litres d’huile hydraulique qui actionnent 46 vérins hydrauliques, les autres sont à gaz et pneumatiques.
Dans ses entrailles, un salon intérieur et une terrasse sont accessibles par un escalier. Il se déplace à la vitesse de 3 Km/h. et propose plusieurs parcours aux visiteurs.
Il participa à divers événements festifs dans le cadre d'un projet artistique insolite.
 

Rendez-vous à midi au logement pour un départ en groupe et avec la gamelle, vers Mauves-sur-Loire2 car nous avons prévu de déjeuner sur le Balbuzard. Arrivés à Mauves, Pierrot et Claudie nous rejoignent pour passer la journée avec nous.
Nous arrivons assez tard, la marée est basse et des bancs de sable empêchent le bateau d'accéder à la rive. Après le repas une navigation en aval du pont a lieu. Nous rejoignons Mauves-sur-Loire pour préparer le bateau. D'autres unités continuent à arriver sur le site pour l'animation de la seconde partie de journée. Nous déjeunons sur le Balbuzard et l'après-midi nous faisons des rotations au niveau du pont de Mauves.

La préparation du déjeuner (montage des tables), la tablée et la visite de l'équipe de secours de la FFSS.

 

Mais voilà t'y pas que l'idée de passer sous le pont passe dans les esprits. Je suis avec Vincent sur la rive regardant l'évolution du bateau. En effet les cousins de Gérard, qui nous ont rendu un grand service en gardant le 4*4 et la remorque sur leur terrain pendant ces journées, sont montés à bord et le nombre maximal de passagers est de 10 personnes.

Avec les deux Vincent, nous regardons le Balbuzard se rapprocher du tablier et bien évidemment, ce qui attire notre attention, c'est le tirant d'air : le girouet va-t-il passer ? On sent qu'à bord l'équipage hésite, le bateau ralentit à contre-courant, il s'engage et paf ! L'axe se casse et le girouet tombe dans l'eau. Une autre fois il était tombé sur la tête d'un équipier, le mât fait pas loin d'une dizaine de mètres et le girouet a un poids non négligeable.
Bon le bateau est passé en amont du pont et navigue sur un plan d'eau offert au vent généreux mais aussi capricieux. D'ailleurs peu de temps après on voit la voile s'affaler.
Bien vite il revient et nous nous mettons en œuvre pour réparer le girouet.

 

 

Quelques photos de la préparation

 


En fin de journée une dernière photo avec Pierrot et Claudie avant leur départ, d'anciens Vitryologiens mais toujours "Mariniers de Vitry".

Le Pont de Mauves-sur-Loire
En 1873, le conseil général lance une étude pour construire un pont entre Nantes et Ancenis. En 1876, sur les 24 communes candidates Thouaré et Mauves sont retenues. Les travaux commencent en 1879 et se terminent en 1882.
Par deux fois, il est détruit pendant la guerre de 1939-45 par les Français et par les Allemands. Depuis cette époque la circulation n'a cessé de croître si bien qu'en 2013 le Conseil Général lance une étude pour le moderniser. Cette rénovation a débuté en 2020 et se terminera en 2024. La ligne de pont est constituée de 2 ouvrages, séparés par une bande de terre de 280 m. Au nord, le « Grand pont » franchit le bras principal de la Loire sur une longueur de 482 m. et compte 11 travées. Au sud, le « pont de la Pinsonnière » franchit sur le bras mort de la Loire sur 90 m de longueur. Il ne compte que deux travées.
Le pont de Mauves-sur-Loire vu d'aval à gauche et d'amont à droite.

Le soir, c'est le dîner des équipages qui a lieu sur la rive, en bord du fleuve avec une vue sur les bateaux amarrés aux corps morts.
À cet endroit le fleuve subit encore des marées dont il faut tenir compte pour la navigation.
À la nuit tombée, nous rentrons à Nantes dans notre logement, une ancienne usine transformée en loft.

 

 

 

 

 

Notes :
  • 1 Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, Nantes est le premier constructeur de navires marchands. Dans ce contexte, Julien Dubigeon crée, en 1760, son premier chantier à la Chézine (quelques mètres en amont de l’emplacement actuel du Maillé-Brézé ). Le chantier est transféré dans le milieu du XIXème siècle à Chantenay où est construit, en 1896, le Bélem , dernier rescapé de cette époque. En 1916, une mésentente des héritiers conduit au rachat du chantier par les Chantiers de la Loire. Plusieurs fusions se font au XXème siècle pour maintenir une activité de construction navale sur Nantes. Ainsi, le chantier devient le chantier Dubigeon-Normandie après sa fusion avec les ateliers et chantiers de Bretagne où ont été construits, entre 1952 et 1956,  trois escorteurs de la même série que le Maillé Brézé. Après 1969, le Chantier Dubigeon-Normandie, situé sur l’Île de Nantes à la Prairie aux Ducs, s’étend sur quatorze hectares et lance, le 3 octobre 1986, le dernier navire pour la marine nationale construit à Nantes : le Bougainville.
    Ce sont plus de 2300 bâtiments qui ont été conçus et réalisés par les chantiers navals de la ville dont de nombreux navires à vocation militaire : Escorteurs rapides, bâtiment de soutien, et sous marins.
    C'est cette histoire de la construction navale à Nantes et en particulier des trois Escorteurs d'Escadre semblables au « Maillé-Brézé »  : le Cassard, le Tartu, et le Guépratte.
     
  • 2 Le nom de Mauves se réfère à la couleur mauve d'une plante, la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), qui poussait autrefois en abondance dans la Prairie de Mauves, sur les bords de la Loire.

Päge 3