Images de la ligne
La ligne
Rueil-Gare—Port-Marly devenue Paris—St Germain-en-Laye puis ligne 58
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Marc André Dubout
La ligne avait une longueur de 6,3 Km et construite à l'écartement inhabituelle de 1,52 m comme celle de la concession Loubat. Le dépôt-écurie était situé au terminus de Rueil. L'exploitation se résumait à quatre voitures longues de 5,40 m. tirées par un seul cheval et offrant une capacité de 16 voyageurs dont 4 debout sur les plate-formes. Le parcours durait 45 minutes. Le prix des billets trop peu élevé fut la cause du déficit précoce.
Construit par M. Mazenod dans les conditions que nous venons de voir le "chemin de fer américain" fut exploité jusqu'au 1er février 1860, date à laquelle M. Proust lui fut substitué par décret impérial. Une voie de garage fut établie ultérieurement à la station de la Jonchère.
Le
Sieur Proust continua l'exploitation grâce à l'augmentation du prix des
billets.
En tant que substitut de
Monsieur Mazenod et accepté par lui, M. Proust est tenu envers la ville de
Rueil de toutes les obligations générales et spéciales imposées à Monsieur
Mazenod par le cahier des charges du 14 juillet 1854, le tout jusqu'à
l'expiration de la concession en 1884.
Le service spécial entre Rueil-Ville et Rueil-Gare sera maintenu pendant toute
la durée des travaux, ainsi que celui entre Rueil-Ville et Le Port-Marly.
Le concessionnaire annonce l'intention de prolonger la ligne de Porte-Marly à
l'Abreuvoir (1856) sans en donner date pour l'exécution des travaux.
Dans un projet de règlement du 28 mars 1867 qu'il propose sont évoqués
:
les aspects de la propreté,
la présence des chiens sur les impériales sous conditions,
les voyageurs porteurs d'un fusil,
l'interdiction de fumer, de chanter ou de jouer du corps de chasse ou du cornet à piston tant dans le coupé que sur l'impériale,
L'article 2
aborde le matériel roulant et tout d'abord le nombre de voitures que la
Compagnie s'engage à mettre en circulation. Les jours ordinaires et en toute
saison : une voiture d'au moins 50 places dont 6 de coupé, 24 d'intérieur
(plateforme2
comprise) et de 20 d'impériale. La commune de Rueil sera spécialement
desservie par une voiture supplémentaire de 25 places. L'heure des départs est
également fixée en tenant compte des trains de la ligne de chemin de fer de
Paris à St Germain3.
Les dimanches et fêtes, en été et jour d'affluence, ce sont 100 places(12 de
coupé, 48 d'intérieur et 40 d'impériale) qui devront être mises à la
disposition du public avec deux trains par heure. Des voitures supplémentaires
assureront la réserve en cas de besoin les samedis soirs et veilles de fête.
De même à Bougival, une voiture sera tenue en disponibilité les lundis matins
prête à partir vers Rueil à la demande de cinq voyageurs. Et pour ne pas
simplifier les choses : "S'il pleut le soir un supplément sera aussi
obligatoire, du 1er mai au 1er octobre, les lundi, et
jeudi, pour les départs de 8h45 et de 9h45 du soir au départ de Bougival,
allant vers Paris"... et "pour les jours de pluie, le public ne
pourra pas exiger de voitures supplémentaires au delà du chiffre de 80
places"4.
Au départ de la gare les voyageurs munis de billets de coupé et
d'intérieur seront admis en priorité puis ceux munis de billets d'impériale.
Les voyageurs sans billet le seront en dernier.
Sans rentrer dans le détail des articles du projet, on voit dès les premières
lignes que la billetterie était relativement compliquée.
Service ordinaire en toute saison, service à faire les jours d'affluence,
service en temps de pluie et enfin l'ordre dans lequel les voyageurs ont accès
aux voitures, tout y est décrit de façon détaillée afin qu'aucune
ambiguïté ne puisse entraîner des réclamations de la part des voyageurs.
Même les chiens tenus par leur maîtres auront le droit de voyager sur
l'impériale à condition qu'ils ne gênent pas la circulation des voyageurs qui
montent et descendent.
Le service de la voiture spéciale de Rueil ne peut être déterminé d'une
manière absolue ; il doit être laissé à l'appréciation du concessionnaire.
On sait qu'elle doit être toujours prête mais l'affluence des voyageurs ne se
produit pas tous les jours dans le même sens.
L'exploitation de cette voiture fait l'objet d'instructions spécifiques aux
employés de la compagnie à savoir : En semaine elle part du bureau de
Rueil-Ville jusqu'à la gare en même temps que celle venant de Port Marly et de
là revient haut-le-pied à l'heure plus 17 minutes après l'arrivée en gare du
train de St Germain à Paris dont elle peut ramener les voyageurs. De 11 heures
et jusque y compris 9 heures du soir, elle part du bureau à l'heure et 55
minutes desservant les trains allant vers St Germain et elle ramène au retour
le voyageurs venant de Paris.
En été, le service du soir est modifié et dure jusqu'à 11 heures.
Les dimanches matin, elle stationne à la gare et ne revient qu'avec les trains
de Paris, desservant au retour et jusqu'à 5 heures du soir les trains allant
vers St Germain. Le reste de la soirée, de 8 heures à 11 heures, elle part du
bureau de Rueil-Ville en même temps que la voiture venant de Port Marly à la
gare, ramenant au retour aux heures et 19 minutes messieurs les voyageurs
arrivés par le train de St Germain à Paris. Les jours d'affluence quand il y a
des trains directs, de 11 heures du matin à 4 heures du soir, elle part du
bureau de Rueil-Ville à l'heure et 45 minutes pour ramener à Rueil les
voyageurs arrivant par les trains supplémentaires.
Comme on peut le constater, c'est loin d'être simple, sans compter que certains
jours son service est irrégulier, la compagnie la portant dans la direction où
l'affluence est la plus importante. Et le concessionnaire de revendiquer
pour ces jours la liberté de l'utiliser pour transporter le maximum de
voyageurs.
Ce
rapport signé du Sieur Proust date du 28 mars 1867.
La Guerre de 1870 réquisitionna d'une part les chevaux pour les besoins militaires en conséquence de quoi le service fut suspendu et d'autre part engendra des destructions de la voie et des bâtiments importants portant un préjudice notoire à la compagnie. Après la Guerre C'est M. Tarbé des Sablons qui reprit l'exploitation comme décrit dans le livre des délibérations de la Ville de Rueil.
26 mars 1869 le maire de Marly-le-Roi. Archives municipales de Marly-le-Roi |
Le 28 août 1874, le décret de concession d'un tramway à vapeur est concédé à M. Tarbé des Sablons et l'approbation du projet remonte au 20 novembre suivant et l'expropriation des terrains pour cause d'intérêt public a été prononcée le 18 mai 1876
Pendant cette période de transition tout va mal pour l'exploitation du chemin de fer américain : mauvais état de la voie et du matériel roulant, insuffisance du nombre de chevaux, défaillance du service émeuvent le conseil municipal enclin à suspendre le service dans sa séance du 12 novembre 1875 et M. Tarbé des Sablons fut déclaré déchu de la concession et tenu d'installer un service de remplacement par omnibus. Au point où il en est "M. Tarbé des Sablons est bien incapable d'achever les travaux et de mettre son chemin de fer en service dans le délai d'une année qu'il lui a été donné à cet effet à partir de l'approbation de ses plans".
Détail de la transition douloureuse
Reconstruit en voie de 1,44 m. et à traction à vapeur le chemin der fer connut une deuxième vie.
Notes
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Sources :
Sites :
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