Images de la ligne
La ligne
Rueil-Gare—Port-Marly devenue Paris—St Germain-en-Laye puis ligne 58
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Marc André Dubout
La ligne bien connue du Paris—St Germain est une extension de la ligne initiale de Rueil-Gare à Port-Marly concédée en 1854 au Vicomte de Mazenod et mise en service un an plus tard. L'objectif était de relier Port-Marly au Chemin de fer de l'Ouest pour ensuite accéder à la capitale.
Le chemin de fer américain du Vicomte de Mazenod
Le
tramway américain |
Dimanche 26 mars 1854, Monsieur le maire de Rueil donne lecture d'une lettre de M. le Vicomte de Mazenod qui demande à être appuyé le conseil dans le projet qu'il a formé d'établir de la station de Rueil à Bougival sur le chemin n°39 et sur la route impériale n°13, un chemin de fer selon le système Loubat et servi par des chevaux.
Le rapport concerne un chemin
de fer secondaire sur le bas côté des routes impériale et départementale
de la station de Rueil à Marly-le-Roi par le système Loubat. Convaincu
des avantages du chemin de fer système Loubat, Monsieur Mazenod
propriétaire de Vert-Bois a l'intention de créer une société par actions
afin de mettre son projet à exécution. Monsieur Loubat, dont le chemin
de fer installé aux Champs Élysée a reçu la marque de confiance du
Gouvernement, a récemment reçu l'autorisation d'ouvrir une ligne de
Sèvres à Vincennes, en conséquence de quoi Monsieur Mazenod se bornera à
en indiquer le tracé et montrer le rapport avantageux pour les
différentes localités desservies. L'intérêt du "rail creux à fleur de
terre" ne gênera nullement la circulation dans les chaussées
étroites, là où le chemin de fer ordinaire nécessiterait la démolition
d'une foule de maisons.
M. Mazenod s'est entendu avec M. Loubat qui lui a cédé le droit
d'appliquer son système de rail et avec la compagnie du Chemin de
fer de St Germain qui a grand intérêt à faciliter son projet qui
amènerait des voyageurs en gare de Rueil.
Le tracé cité dans ce rapport part de la station de Rueil, dessert
Rueil-Ville, Bougival, La Celle St Cloud, Louveciennes, Port Marly.
Il remplacera ainsi les omnibus du Chemin de fer de St Germain qui ne
suffisent pas aux besoins des localités. Le système Loubat offre
incontestablement plus de confort, une vitesse supérieure à celle des
omnibus.
Le Conseil à l'unanimité engage M. Mazenod à construire son chemin de
fer après avoir rempli les formalités voulues.
Détail du rapport
Archives municipales de Rueil-Malmaison
"Le 15 juillet 1854 un décret impérial autorisait le Vicomte de Mazenod à placer sur la voie publique entre la station de Rueil (Chemin de fer de Paris à St Germain) et Port-Marly, en suivant le tracé qui serait fixé par l'Administration, des voies ferrées desservies par des chevaux et à y établir un service d'omnibus, le tout aux clauses et conditions du cahier des charges arrêté le 14 juillet précédent par le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics". |
La création du chemin de fer de Paris à Saint-Germain en
1837 entraîna l'abandon de quelques services de transport entre Paris et
Saint-Germain. Ainsi la
circulation des Berlines remplacée par le service des Accélérées ne
propose plus que trois voyages quotidien. Alors quoi de mieux que
d'établir une ligne, pourquoi pas ferrée, de Rueil (la gare la plus
proche) à Bougival et Port-Marly pour compenser cette insuffisance.
C'est donc à cette date que commence la construction du chemin de fer dit "Américain" de Rueil au Port-Marly décrit dans les 35 articles du cahier des charges. Il est écrit que la voie sera simple (unique) à l'exception des localités où il sera nécessaire de construire des gares d'évitement. Le détail de la construction (largeurs de l'emprise, position des bouches d'égout, position des conduites d'eau et de gaz, etc.) sera déterminé par l'Administration. Les trottoirs et chaussées empierrées seront aux frais du concessionnaire qui sera tenu d'établir toujours à ses frais les écoulements d'eau qui seraient entraver par les travaux. Concernant les voitures qui servent au transport des personnes, elles seront de deux classes dont les mesures seront arrêtées par l'Administration. La durée de la concession est de trente années à dater de l'achèvement des travaux et le prix des places est également validé par l'Administration.
Les bagages et paquets
susceptibles d'être portés et dont le poids n'excéderait pas dix kilos
seront admis, les autres seraient soumis à un tarif fixé par
l'Administration.
Le concessionnaire s'engage à transporter les voyageurs avec soin,
exactitude et célérité et pour cela entretenir un nombre de voitures et
de chevaux suffisant pour assurer le service. Aucune indemnité ne pourra
être réclamée par le concessionnaire, ni à raison des dommages que
pourrait entraîner un roulage ordinaire, ni à raison de l'état de la
chaussée, ni à raison de l'ouverture de nouvelles voies de
communication. En cas de défaillance de l'exploitation l'Administration
pourra se substituer au concessionnaire et à ses propres frais. Enfin la
déchéance pourrait intervenir au delà d'un délai de trois jours
d'interruption si le concessionnaire ne justifie pas l'arrêt
d'exploitation. En cas de litige entre le concessionnaire et
l'Administration, c'est le Conseil de la Préfecture du Département de
Seine & Oise qui trancherait sauf recours au Conseil d'État.
Une délibération du Conseil Municipal en date du 26 mars
1854 fait état d'un projet d'embranchement à l'église de Rueil. Cet
embranchement aurait pris naissance au niveau de la rue Maurepas que la
voie suivrait jusqu'au tournant de la rue St Denis (aujourd'hui Paul
Vaillant Couturier) qui devra être élargie. Le plan du tracé dans
l'intérieur de Rueil était adressé par une lettre du 18 mai 1855. Le
projet a été abandonné et la raison donnée fut l'impossibilité de
stationner et faire tourner les voitures longues de six mètres. De plus
la courbe de la rue St Denis était trop serrée. Un autre tracé par le
boulevard du Cimetière et la rue St Pierre fut également abandonné. Mais
ne s'agissait-il pas davantage de convenances que de besoins de
communication ?
De Rueil à Bois Préau M. Mazenod proposait d'établir la voie sur
l'accotement gauche de la route impériale mais le maire repoussa cette
proposition arguant que les propriétés bâties le long de la route
impériale étaient situées sur le côté gauche, côté où aboutissent le
plus grand nombre de routes et de chemins dont deux importantes : la
route n°19 de St Cloud à Rueil et celle de Versailles à Bougival. Placée
sur le côté droit la voie serait moins exposée aux accidents. C'est ce
qui fut réalisé
Le 18 mai 1855, M. Leblanc envoie une lettre au Maire de Rueil concernant le tracé à l'intérieur de la commune abandonnant le premier projet de rejoindre la place de l'église en suivant la rue Maurepas jusqu'au carrefour de la rue St Denis (aujourd'hui rue Vaillant Couturier) trop exiguë pour pouvoir stationner et tourner les voitures de six mètres de longueur. Aussi propose-t-il un nouveau tracé par le boulevard du Cimetière jusqu'à la rue Saint Pierre. Le conseil maintient la première décision de faire atteindre la place de l'église comme les voitures de l'omnibus le faisaient mais, en attendant, la station de chemin de fer restera en place sur la route de Paris (n°13) au coin du chemin n°39 (avenue Albert Premier).
Quant à l'exploitation, elle
a fait l'objet de maintes plaintes et réclamations de la part des
usagers de la ligne, presque toutes se rapportant au territoire de
Rueil. Il s'agissait du prix des places, du nombre insuffisant de
voitures et leur mauvais état, ce qui obligea les administrations
municipale et préfectorale à intervenir de façon répétée.
Quelques exemples de réclamations
Les rappels à l'ordre de la préfecture arrivent dans le bureau de la compagnie, allant du remplacement des stores à l'intérieur des voitures au rechargement de la chaussée dans l'entre-voie sur la route impériale n°13 en passant par le recrutement de "cochers sobres et assez habiles pour éviter les déraillements". Enfin de réparer la station de Rueil-Gare et tenir en bon état les abris et stations.
Et
les déraillements
À en croire certains rapports circonstanciés,
les déraillements n'étaient pas rares sans doute parce que les
rails étaient fixés sur des longerines non entretoisées et
aussi à cause de l'absence d'éclisses reliant les rails.
Si dans les mines les déraillements avaient lieu ce n'était
pas grave, on re-enraillait et le service continuait mais
concernant une exploitation voyageurs, cela faisait plutôt
mauvaise impression. |
En 1867, après avoir délibéré, le conseil demande à ce
que le nom de la rue de Chatou (chemin n°39 n'étant pas assez explicite
et entraînant de trop nombreuses méprises sur la direction à prendre
pour les voyageurs descendant à la station de Rueil soit désormais rue
du Chemin de fer. Le conseil autorise la dépense pour apposer les
plaques nécessaires à ce changement.
Archives municipales de Rueil-Malmaison
Notes :
Sources :
Sites :
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