Mémoire de la ligne
La ligne
Pontoise-Poissy 1/10
22 Km.
Marc André Dubout
*
Sommaire |
La ligne de
chemin de fer reliant Pontoise à Poissy en Seine-et-Oise, était une ligne
secondaire à voie unique et à écartement de 1,44 m., longue de 22
kilomètres, exploitée par la Compagnie des Chemins de fer de Grande Banlieue
(CGB)
Elle a été construite en 1912, et fermée dans un premier temps en 1933 puis
complètement en 1948. Cette ligne avait un trafic voyageurs notable, environ 53
000 par an au début des années 30 (31-32). À partir de 1928, le trafic était
assuré par la route, seul un A-R les dimanches et fêtes était mis en œuvre
par une automotrice.
Cette ligne était l'artère principale du trafic maraîcher qui alimentait les
Halles de Paris via Poissy, Saint-Germain, Rueil, Neuilly, et Paris-Les Halles.
On a enregistré 1722 tonnes de marchandises "petite vitesse" en
1931-2 pour 330 t. en "grande vitesse".
Le Département de Seine-et-Oise n'a pas été précurseur en
matière de voies ferrées d'intérêt local. En effet, alors que la loi de 1865
autorisait, aux départements, la construction de voies ferrées sous le contrôle
de l'Administration départementale des Ponts et Chaussées, hormis les incursions
de tramways parisiens en Seine-et-Oise, il n'y avait pratiquement pas ou peu de
lignes cohérentes à l'intérieur même du département pour former un réseau de
transports de voyageurs et de marchandises.
En ce qui concerne la ligne de Pontoise à Poissy d'une longueur de ??
kilomètres, son inauguration date seulement du 2 décembre 1912, à la veille de
la Grande Guerre.
Dès 1901 des échanges entre le communes desservies, le Conseil général et la
Préfecture commencèrent à élaborer un projet de chemin de fer d'intérêt local
dans le Département de Seine-et-Oise.
Ainsi dans sa séance du 16 mars le Maire de Cergy expose au Conseil municipal
des vœux émis et des délibérations prises en faveur de la création d'une ligne
de chemin de fer dans la vallée de l'Oise qui relierait la Sous-Préfecture de
Pontoise à Poissy, en suivant le cours de la rivière, desservant un groupe de
communes à vocation agricole, à la fois étendues et fertiles et surtout utile
pour approvisionner Paris en maraîchage.
Ces demandes ont reçu la bienveillance du Président et du Rapporteur de la
Commission chargée d'étudier l'établissement d'un réseau (pas seulement d'une
ligne) dans le Département de Seine-et-Oise.
Les communes sont appelées à délibérer sur le moyens à prendre pour que cette
ligne puisse être exécutée.
La Conseil général dans sa délibération extraordinaire de mois de février 1901 a
décidé cette construction pour venir en aide aux populations déshéritées du
département en prenant en charge les trois quart de la garantie d'intérêt
calculée à 4fr50 % du capital pour la construction de ces nouvelles
voies ferrées, laissant aux communes traversées le soin de réunir les sommes
constituant le quatrième quart de la garantie d'intérêt.
Le tracé retenu comprend en fait deux lignes :
- Pontoise—Poissy et
- Pontoise—Sagy—Meulan,
réclamées par les délibérations de communes intéressées.
Le défaut de communication dans cette région a favorisé l'engouement du projet
qui ne peut qu'offrir un essor considérable, vu les ressources agricoles,
carrières, industries, auxquelles se joindrai le trafic voyageurs aboutissant à
chaque extrémité, côte Pontoise, au Chemin de fer du Nord et du côté Poissy à
celui de l'Ouest, menant tous deux à Paris.
Aussi après délibérations tendant vers le même objectif, il est admis de faire étudier par les services compétents les deux tracés desservant la commune de Cergy en établissant au plus près possible le coût du kilomètre et la répartition la plus équitable de la valeur des centimes incombant à chaque chaque commune intéressée.
Si le Département de Seine-et-Oise a été tardif à réaliser son réseau ferré d'intérêt local, il en a d'autant moins profité puisque vingt-et-une années plus tard, en 1933 son déclin confirmé, entraîna sa fin. Ainsi il eut seulement deux décennies d'existence, laissant pour " l'œil averti " nombre de témoins de son existence dont son tracé pratiquement complet est toujours en place en site propre ou dans les rues et routes empruntées.
La ligne et la voie
Ouvrages d'art sur la ligne sur la commune de Carrières-sous-Poissy
Archives départementales des Yvelines
La ligne a été construite avec un souci d'économie mais avec
le sérieux et des normes très acceptables pour un chemin de fer d'intérêt
local.
La ligne à voie unique était à l'écartement standard de 1,44 m. type
tramways en dite propre ou sur un côté de la chaussée, un gabarit de 2,05
mètres. Les rampes de 5 %o représentaient 56% de la
ligne et la plus forte était de 15 %o. Le rayon minimal
des courbes était de 30 m.
La voie, en site propre ou en chaussée, était armée en rails Vignole de 23
Kg/m. ou rail Marsillon et/ou contre-rail selon les traversées. Seule la
section Pontoise-Maurecourt fut posée pour admettre la circulation type
"grands réseaux."
Toutes les stations étaient construites, en pierre meulière, sur le même plan. Chacune comprenait au rez-de-chaussée : un bureau, une salle d'attente de 20 m2et une cuisine donnant sur la voie et un logement à l'étage composée de deux chambres totalisant 37 m2. La halle à marchandises était attenante au bâtiment et possédait un quai avec accès en rampe.
Le matériel roulant
Les locomotives à vapeur
Les locomotives Pinguely
Au nombre de 16, cette série de 130T, construite pour les CGB,
en 1909 était numérotée de 263 à 278. Leur étroitesse due au gabarit de
2,05 m. obligeait à placer les cylindres à l'intérieur du châssis, ce qui
leur donnai une allure inhabituelle compacte. Elles étaient à double expansion
avec une distribution Walschaerts. Les deux bielles motrices intérieures
attaquaient le deuxième essieu dépourvu de mentonnet. À l'extérieur une
bielle d'accouplement entraînait les essieux extrêmes.
La chaudière était en acier et le foyer en cuivre. Leur puissance était de
200 à 240 Cv.
Le tamponnement "grand réseau" fut ajouté en 1930 suite à l'autorisation de circulation des wagons GR sur le CGB. Cette série était répartie entre le réseau Nord et le réseau Sud CGB.
Caractéristiques :
Longueur | 6,980 m. |
Diamètres des roues motrices | 0,900 |
Diamètres des roues porteuses | 0,600 |
Empattement total | 3,500 |
Empattement des roues porteuses | 2,000 |
Hauteur tamponnement | 0,680 |
Largeur | 2,050 |
Diam. Chaudière | 0,920 |
Long. Chaudière | 4,700 |
Diam. des Cylindres HP | 0,355 |
Diam. Cylindre BP | 0,530 |
Course pistons | 0,400 |
Surface de grille | 0,83 m2 |
Surface de chauffe | 42,80 m2 |
Timbre | 12 Kg |
Effort de traction | 3 360 Kg |
Poids à vide | 19,5 t. |
Poids en ordre de marche | 25,4 t. |
Volume soute | 3 m3 |
Soutes à charbon | 0,880 m3 |
Frein | Westinghouse |
Les locomotives Schneider
(Wikipédia)
La troisième série de huit locomotives 030T Schneider fut étudiée par la
S.T.C.R.P. Il s'agit de locomotive-tramway bi-cabine utilisées pour les trains
des Halles. Elles étaient adaptées aux rails Broca dont la gorge n'avait que
29 mm. de largeur et 40 mm. de profondeur e devait s'inscrire dans des courbes
de 25 m et même une de 20 m. de rayon (sans dévers). L'essieu central était
dépourvu de mentonnet. La configuration bi-cabine était exigée par la
Préfecture de police qui voulait que le mécanicien ait une vue directe sur la
voirie en chaussée. En revanche si le mécanicien avait vue sur la route, les
chevaux n'avaient pas vue sur l'embiellage car des couvre-mouvement cachaient
les bielles pour ne pas les effrayer. la cheminée pare-étincelle étaient
aussi de rigueur pour la circulation dans Paris intra-muros.
La vapeur résiduelle d'échappement réchauffait l'eau des soutes. Entrées en
service en 1926 aux CGB, elles portaient les numéros 4319 à 4326 et aux CGB
101 à108
Elles étaient équipées du double attelage et double tamponnement.
Ce furent les meilleures locomotives des CGB et après la disparition de la
Compagnie certaines furent mutées sur la ligne de Chars-Magny-en-Vexin la 103 a
roulé ainsi jusqu'en 1963 puis elle fut sauvegardée.
Caractéristiques :
Longueur | 8,600 m. |
Largeur | 2,050 |
Hauteur | 3,500 |
Empattement | 3,200 |
Diamètres des roues motrices | 1,000 |
Surface de grille | 1,3 m2 |
Surface de chauffe | 67,75 m2 |
nombre de tubes | 145 |
Long. Chaudière | 5,351 |
Diam. Chaudière | 1,119 |
Diam. des Cylindres inclinés | 0,400 |
Course pistons | 0,500 |
Poids à vide | 26 t. |
Poids en ordre de marche | 32 t. |
Effort de traction | 9600 Kg |
Côte de calage | 1,392 |
puissance | 468 CV |
Frein | Westinghouse |
Locomotive
Schneider (CGB) passant devant l'Arc de Triomphe de nuit pour emmener son train
aux Halles.
(Collection R Hulot)
Les automotrices
Les automotrices Pieper
Les trois automotrices Pieper du nom de leur inventeur Henri
Pieper 5 prirent la relève du
service en 1911 et jusqu'en 1924 avec la gestion de la ligne par les chemin de
fer de Grande Banlieue.
Ces automotrices Pieper sont des automotrices hybrides, thermique-électriques
ou pétroléo-électriques. Initialement à deux essieux, d'autres suivront
d'une capacité plus importante et seront construites à bogies. De nombreuses
motrices ont été commandées par la SNCB (Chemins de fer belges). En 1910, une
automotrice à bogies est envoyée en France sur le tramway Saint-Germain—Poissy
pour essai. Ces automotrices ne donnèrent pas satisfaction avec des pannes
répétées à cause de courts-circuits.
L'automotrice Pieper à deux essieux à l'arrêt de ?? dans la forêt entre
Saint-Germain et Poissy.
Noter l'attelage CGB à tampon central et le chasse bœuf.
L'automotrice Pieper à bogies rue Notre-Dame, le long du dépôt du tramway à
Poissy.
(Archives
municipales de Poissy)
L'automotrice Pieper à bogies avenue de la République.
Schéma de l'automotrice Pieper à bogies du tramway Saint-Germain—Poissy
Une automotrice Pieper à Bogies, place du Château.
La revue la Nature n°2179 du 3 juillet 1915 livre un article sur la traction
électro-thermique avec une automotrice Pieper comme exemple.
Les automotrices Renault-Scemia
Automotrice
Renault-Scemia RS4 AB150 avec le sigle CGB (chemin de fer de Grande Banlieue),
garée Place Maurice Bertaux à Saint-Germain en attente de départ pour Poissy.
Cette automotrice, livrée en 1924 resta en activité jusqu'en 1949. Cette
automotrice dispose d'un embrayage Ferodo avec une boîte de quatre vitesses
plus une marche arrière, d'une transmission par cardans, de freins sur les
quatre roues et un frein de secours sur la transmission. Son poids est d'environ
9 t, et 13 t en charge. L'empattement était de 3,6 m.
La RS4 disposait de deux compartiments première et deuxième classe. Selon la
demande de l'acheteur, elle pouvait avoir une ou deux cabines de conduite, un
compartiment fourgon et/ou postal. Sa puissance était de 64 chevaux (RS4).
Noter l'attelage CGB à tampon central et le chasse-bœuf.
Les voitures
Il y avait deux types de voitures voyageurs sur réseau CGB :
Les voitures à essieux B1 à B2 de deuxième classe construites par la Société
Longueur | 7,27 m. |
Empattement | 2,20 m. |
poids | 5,20 t |
Nb places | 32 |
Longueur | 11,510 m. |
Largeur | 1,980 m. |
Entr'axe des bogies | 6,200 m. |
poids | 9,880 t |
Nb places | 50 |
Longueur | 11,590 m. |
Largeur | 2,050 m. |
Entr'axe des bogies | 6,200 m. |
Empattement des bogies | 1,200 m. |
poids | 9,800 t |
Nb places | 47 |
Les wagons de marchandises
Les wagons étaient des couverts de 5,6 m. le long, des plats et des tombereaux, tous construits par La Buire et Énergie. En outre, il y avait des wagons aptes à circuler sur les grands réseaux. Ceux-ci possédaient le double tamponnement. (couverts JK 1020 à 1024) construits par Fauvet et pouvant charger 15 tonnes.
Il y avait en plus de ce matériel à usage des marchandises une dizaine de fourgons à essieux et une plate-forme d'extrémité et deux portes coulissantes. Un compartiment poste était disponible. Ces wagons reçurent le double tamponnement.
Des wagons spéciaux à essieux radians pour le transport des produits maraîchers.
La ligne était exploitée de trois natures différentes :
- Le trafic voyageurs a fonctionné de 1912 à 1933 avec des
trains puis encore quelques années jusqu'en 1934 avec une automotrice les
dimanches et jours de fête.
C'étaient principalement des machines vapeur 030T Pinguely qui assuraient ce
service.
À partir de 1927, des automotrices à essence Renault-Scemia prirent le relai.
Ces dernières ne réduisaient pas le temps de parcours, en revanche, elles
étaient d'un confort supérieur et plus économique.
- Le trafic marchandises était assuré uniquement à l'aide de
trains à vapeur, toujours avec des 030T Pinguely. Sur le réseau CGB, la
composition des trains n'étaient pas systématiquement définie, outre la
locomotive, il y avait un fourgon un ou deux wagons de marchandises et une ou
deux voitures de voyageurs.
La charge autorisée était de 50 tonnes par train sur cette ligne et de 40 t.
par mauvais temps. Les marchandises transportées se limitaient aux engrais et
aux gadoues dont le tonnage ne dépassait guère 1700 tonnes en 1931.
- Le trafic maraîcher, qui existait à cette époque sur
l'Ouest et le Sud parisien (l'Arpajonnais), est en fait la vraie raison de
l'existence de cette ligne. En effet, il s'avère que Carrières-sous-Poissy,
Cergy sont des centres maraîchers majeurs, tout comme Chambourcy, Montlhéry,
Flins, Orgeval, pour l'alimentation des Halles centrales de la capitale. Comme
la ligne à partir de 1912 est raccordée à celle du tramway de Poissy à
Saint-Germain, elle-même en correspondance avec celle du Tramway de Paris à
Saint-Germain (PSG) et les Halles centrales, il devient aisé à partir de
1923,d'acheminé les produits agricole au centre de la capitale. C'est après
concertation des syndicats agricoles et des administrations (n'oublions pas que
cela concerne deux départements (la Seine et la Seine-et-Oise) que l'on pu
transporter les fruits et légumes de ces régions au centre de Paris.
Ce ne furent pas les locomotives Pinguely jugées trop faibles qui tirèrent les
lourds trains de nuit, mais des locomotives bi-cabines plus puissantes, capables
de franchir les rampes de Saint-Germain, de l'avenue de la Grande Armée, qui
furent imposées par la Préfecture de la Seine.
Il faudra attendre 1926 pour voir alors apparaître des locomotives Schneider,
munies de cheminée pare-escarbilles obligatoire pour la traversée de la
forêts de Saint-Germain. À ces machines un parc important de "wagons
maraîchers" s'ajouta pour former des trains composés en général de
4 ou 5 wagons d'une charge totale de 45 tonnes maximales.
Ces wagons étaient chargés à Cergy et Carrières-sous-Poissy la journée et
tractés vers la capitale la nuit selon l'horaire théorique suivant :
Aller | Saint-Germain | 23h16 | 23h21 | 23h41 | 23h46 |
Les Halles de Paris | 01h10 | 01h15 | 01h30 | 01h35 | |
Retour | Les Halles de Paris | 02h00 | 02h15 | 02h30 | 02h45 |
Saint-Germain | 04h15 | 04h30 | 04h45 | 05h00 |
Ce tableau théorique était souvent remplacé par des départs
sur autorisation dans entre 0h30 et 5 h du matin.
Pour emprunter les voies parisiennes, les trains acquittaient un péage de 0,023
franc par tonne kilométrique. En 1931, le maraîchage était de 3370 tonnes.
La vitesse était en général comprise entre 10 et 30-35
Km/h. selon les sections de la voie (accotement ou chaussée). Comme il n'y
avait que peu de passages à niveau, le train actionnait alors une cloche pour
avertir les usagers de la route.
La durée du parcours était de 1h15 soit une moyenne de 17 Km/h.
Il y avait 3 trains quotidiens dans chaque sens à l'ouverture de la ligne en 1912 et le nombre de voyageurs annuel était de l'ordre de 5 000, alors que celui du tramway de Poissy à Saint-Germain atteignait 220 000. Le train avait surtout un intérêt de dessertes des localités traversées pour acheminer les passagers vers les deux villes de Pontoise et de Poissy, elles, desservies par le grand chemin de fer.
Quelques horaires pour les trains de voyageurs :
6h30 | 12h15 | 17h05 | départ | Poissy CGB | Arrivée | 9h11 | 15h45 | 20h30 |
6h44 | 12h31 | 17h19 | Carrières s/P. | 9h11 | 15h32 | 20h17 | ||
6h56 | 12h43 | 17h31 | Andrésy | 8h58 | 15h19 | 20h04 | ||
7h01 | 12h49 | 17h37 | Maurecour | 8h45 | 15h13 | 19h58 | ||
7h06 | 12h54 | 17h42 | Vincourt-N. | 8h40 | 15h07 | 19h52 | ||
7h11 | 12h59 | 17h47 | Jouy-la-F. | 8h30 | 15h01 | 19h46 | ||
7h17 | 13h05 | 17h53 | Vauréal | 8h25 | 14h56 | 19h44 | ||
7h23 | 13h11 | 17h59 | Gency | 8h19 | 14h49 | 19h34 | ||
7h24 | 13h18 | 18h06 | Arrivée | Gergy | départ | 8h13 | 14h43h | 19h28 |
7h41 | 13h30 | 18h18 | Pontoise | 8h00 | 14h30 | 19h15 |
Il y avait en outre six arrêts facultatifs et une halte.
Les horaires de la S.T.C.R.P. en 1930 - (Document F.A.C.S.)
La région parisienne d'avant-guerre n'était desservie que par
le chemin de fer. Les localités oubliées par les grandes Compagnies étaient
desservies par des chemins de fer secondaires construits plus économiquement,
de moindre importance mais qui avaient la vertu de rapprocher les villages d'une
ville plus importante. C'est le cas du Département de Seine-et-Oise qui entoure
celui de la Seine et qui, de très loin, est beaucoup plus rural. Ainsi,
voyageurs et marchandises sont un peu, à l'écart, délaissés.
Le Conseil général, attentif aux intérêts ruraux, comme les autres
départements de France, se devait de tisser une réseau de chemin de fer
secondaire atteignant un maximum de localités en attente de désenclavement. De
plus, les cultures céréalières et betteravières associées aux produits
maraîchers, agricoles et fruitiers, devaient pouvoir être transportés par des
lignes pouvant se raccorder au réseau urbain du Département de la Seine
déjà dense. C'est une des raisons pour laquelle les lignes CGB ont été
construites à l'écartement normal, compatibles avec le chemin de fer et les
tramways parisiens. C'est surtout au Sud et à l'Ouest, Nord-Ouest que ce
réseau à la fois économique et politique1
s'est étendu en tenant compte des "blancs" de la carte.
Malheureusement les recettes ne couvrirent jamais les dépenses. En 1939, le
dernier tronçon de la ligne Maurecourt—Gency est fermé avec 8 000 francs de
recettes et 35 000 frs de dépenses.
Le dernier train circula en 1935... "pour accompagner la disparition des tramways parisiens".
Les diverses compagnies exploitant en Seine-et-Oise
Dessins
René Hulot (FACS)
Alors
que le Département de Seine-et-Oise connut le premier tramway français :"l'Américain"
de Rueil à Port-Marly (1853), devenu le Paris—Saint-Germain, il prit, par la
suite, du retard par rapport aux autres départements pour constituer son
réseau départemental. La configuration en couronne autour du département de
la Seine et le caractère agricole fortement prononcé fit de la Seine-et-Oise
le grand pourvoyeur en produit céréaliers, betteravier et maraîcher de la
capitale. Dès le début du XXème Siècle, le Conseil général se
préoccupa de développer un réseau de chemin de fer d'intérêt local,
cohérent et en complément des lignes en étoile issues des grande gares
parisiennes. Par ailleurs, comme le réseau des tramways de la capitale était
dès le XIXème Siècle, construit en voie normale, les jonctions
entre les deux départements voulaient se faire et c'est ce standard qui devait
être retenu.
Aussi une convention du 16 janvier 1907 fut passée entre le Préfet de
Seine-et-Oise et les Sieurs Monod et Seydoux prévoyant deux réseaux : Nord et
Sud intéressant pour l'un :
- les lignes de Saint-Germain—Meulan, Meulan—Magny-en-Vexin, Pontoise—Condécourt
et Pontoise—Vauréal—Poissy, et pour l'autre ;
- les lignes de Arpajon—Étampes—Saint-Martin-d'Étampes,
Étampes—Maisse—La
Ferté-Alais et Maisse—Milly-la-Forêt—Corbeil.
Cette liste étant en possibilité de s'étendre.
Cette convention prévoyait un délai de 10 ans pour les expropriations, pour la
construction des voies et bâtiments, aux frais du département et de
l'acquisition du matériel roulant, et mobiliers annexes à ceux des
concessionnaires.
Le cahier des charges était
conforme à celui annexé à la loi de du 11 juin 1880, relative à
l'établissement des chemins de fer départementaux. Les points importants
concernent :
- la voie à l'écartement de 1,44 m., armée de rails de 23 Kg au mètre et
traverses espacée de 0,55 m. (où 0,85m.), entrevoie de 1,05 m., largeur des
accotements 0,40 m., épaisseur du ballast 0,35 m. et largeur de 2,10 m.
- gabarit mu matériel roulant de 2,05 m. de largeur pour 3,50 m. de hauteur
- déclivité de 0,35 %o
- rayon minimal de courbes > 80 m. pouvant descendre à 35 m. dans les
agglomérations
- normalisation des bâtiments de stations avec service de marchandises, haltes
voyageurs et marchandises et arrêts sans abri.
- matériel roulant
- nombre de trains dans chaque sens
- durée de la concession de 50 ans, etc.
La Société concessionnaire
retenue fut les "Chemins de fer de Grande Banlieue (CGB) au capital de 2
millions de francs mais les travaux n'avaient pas beaucoup avancé avant la
guerre de 14-18 avec seulement la ligne Arpajon—Étampes
terminée fin 1911 sur le réseau Sud. La ligne Pontoise—Gency—Poissy fut
ouverte en 1912, suivit la ligne Meulan—Magny-en-Vexin en 1913 et à la veille
de la guerre, il ne restait que celle de Bouville—La Ferté-Alais à terminer.
En revanche autour de Luzarches, Survilliers, Gonesse, Écouen
rien ne fut entrepris et resta abandonné après la guerre.
Par le décret du 22 août 1911, les Chemins de fer de Grande Banlieue se
substituèrent à la Société des tramways de Paris et du Département de la
Seine (TPDS) comme rétrocessionnaire de la ligne de Saint-Germain à Poissy
exploitée par les TPDS. La ligne, ainsi que le dépôt de Poissy furent donc
rattachés aux CGB. Le remplacement du PN avec la ligne Saint-Germain-Ouest—Saint-Germain-Grande-Ceinture
ne fut pas remplacé par un passage supérieur ou inférieur et la traction par
locomotive fut remplacée par des automotrices Pieper pétroléo-électriques.
Dessin
(FACS)
Pendant
la Guerre, de nombreux prélèvements de rails et de matériels laissaient le
réseau amputé et en 1916 les CGB abandonnèrent toute exploitation et furent
mis sous séquestre.
Après guerre plus rien ne fonctionnait. La reconstruction fut entreprise en
1921, à l'occasion d'une grande réorganisation des transports en commun, c'est
la Société des Transports en Communs de la Région Parisienne (S.T.C.R.P.) qui
reprit l'ensemble des moyens de transports des Départements de la Seine et de
la Seine-et-Oise (1923). Des tronçons entiers furent complètement abandonnés,
d'autres furent repris par des services d'autobus, nombre de lignes ne
proposèrent plus que deux aller-retour quotidiens qui sonnèrent le glas à ces
lignes.
Enfin
en 1926 les services maraîchers (ouverture le 15 8bre) du réseau
Sud (Montlhéry, Arpajon) et du réseau Nord (Gergy, Carrières-sous-Poissy,
Chambourcy, Saint-Germain) prirent une grand importance insoupçonnée car les
trains ravitaillaient la capitale de nuit, entre 23 heures et 5 heures. Des
commandes de matériel (8 locomotives Scheider et 11 automotrices à essence)
accompagnèrent cette nouvelle activité et le dépôt de Poissy se vit
attribuer des automotrices AB 100 et AB 150, qui furent vite remplacées par des
autobus PY à cause des encombrements qu'elles engendraient dans Saint-Germain.
Une tentative de mettre les voies CGB aux normes des grands réseaux fut
envisagée, ainsi que divers raccordements aux lignes P.O., P.L.M. et Ouest mais
trop de voies en accotement de route, et de traversées d'agglomération firent
obstacle à ce projet pourtant acté par le décret du 5 mars 1930. Certains
embranchés purent néanmoins bénéficier de raccordements directs aux grandes
lignes. C'est à cette occasion qu'en 1930 la voie, le long du chemin de halage
entre Carrières-sous-Poissy et Andrésy, fut refaite. En revanche le PN de la
forêt de Saint-Germain de la ligne Saint-Germain-Ouest—Saint-Germain-Grande-Ceinture
et la ligne Saint-Germain—Poissy ne fut jamais modifié.
Malgré ces améliorations notables, le Conseil général décida de retirer à
la S.T.C.R.P. ce qui restait d'exploitation des réseaux Nord et Sud de la
Seine-et-Oise.
Le ligne Pontoise—Poissy, quant à elle, n'était plus utilisée que par les
trains maraîchers à l'exception d'automotrices les dimanches et jours de fête
et ce jusqu'en 1935.
Le 1er janvier
1933, La Société générale des Chemins de fer Économiques3
(SE) bénéficia d'une convention d'affermage (1932). Le service d'autobus des
ligne Saint-Germain—Poissy, Poissy—Pontoise et Versailles—Les Mureaux lui
furent rétrocédées.
Suite à de nombreuses protestations de la part des automobilistes, les rails
furent déposés dans les agglomérations en novembre 1936.
Notons une demande du maire de Versailles de desservir les halles communales par trains de nuit comme cela se faisait à Paris mais le matériel brisa une boîte d'aiguillage de la voie tramway et la tentative fut abandonnée4.
Au milieu des année trente, les lignes de tramway de Paris intra-muros
disparaissaient les unes après les autres. C'est en 1933 (31 décembre) que la
desserte des Halles centrales fut définitivement supprimée pour le CGB et le
PA (Paris—Arpajon). Cette suppression entraîna celles des ligne Saint-Germain—Poissy
et Poissy—Maurecourt de la ligne Pontoise—Poissy. Suppression confirmée par
la crue de 1934 qui submergea le chemin de halage qu'empruntait le tramway à
Denouval. La voie fut déposée en 1935, après refus par la SE de la
reconstruire.
Parallèlement le 3 octobre 1936, le tronçon Saint-Germain-Ouest—Saint-Germain-Grande-Ceinture
fut fermé par le Ministère des Travaux publics.
Le 28 juillet 1939, l'Ingénieur des Ponts et Chaussée proposait le
déferrement de Saint-Germain—Poissy et de Poissy—Gency.
Le tramway qui avait ravi à ses débuts, n'était plus aduler. En 20 ans, il passa de la nouveauté à la désuétude et disparut.
Les Chemins de fer de Grande Banlieue
Le Réseau des Chemins de fer de Grande Banlieue (1879-1953) était le réseau des chemins de fer d'intérêt local
du l'ancien Département de Seine-et-Oise qui entourait celui de la Seine et dont la Préfecture était
Versailles.
Diverses études ont été éditées sur le sujet, dans le revue "Rail et
Route" sous la plume de P. Brayer dans
"Les tramways parisiens" de Jean Robert, dans les numéros de la FACS en 1967-68.
Les sources sont celles des archives de Seine-et-Oise et celles de la "Société des Chemins de fer économiques"
(SE) devenue CFTA, enrichies de la nombreuse documentation des passionnés de chemin de fer qui nous ont
précédés : A. Artur, J. Chapuis, E. Duclos. J. Robert, Fenino, A. Rambaud, etc.
C'est la loi Migneret du 12 juillet 1865 qui permit aux départements, aux communes ou aux concessionnaires
(en
accord avec l'Administration) de construite des voies ferrées d'intérêt local (VFIL) en site propre ou le long
des routes, ce qui excluait les expropriations longues et coûteuses.
Les premières lignes furent :
- le tramway de Saint-Germain à Poissy (1896), construit par les "Tramways Mécaniques des Environs de Paris"
(TMEP) :
- le tramway de Versailles à Maule, première concession en 1879, puis en 1899, concession à la "Compagnie du
Tramway de Versailles à Maules (TVM) ;
- le tramway de Versailles à Épône.
Toutes
ces lignes furent réunies dans un petit réseau départemental déclaré d'utilité publique par
le décret du 25 juin 1907.
Puis en 1911, elles furent intégrées aux C.G.B. qui exploitait les réseaux Nord-Ouest, Nord et Sud de la Seine-et-Oise et
qui était connectés au réseau des tramways parisiens. C'est pour cette raison
que les voies avaient été construites à l'écartement normal (1,44 m.) avec des sections de voies pouvant admettre la
cote de calage des wagons des grands réseaux.
Les C.G.B. exploitaient 7 lignes au total :
- Saint-Germain—Meulan
- Poissy—Pontoise
- Maule—Magny-en-Vexin
- Gency—Sagy
- Arpajon—Étampes
- Étampes—Saint-Martin
- Étampes—Maisse—Milly—Corbeil.
D'autres lignes devant compléter le réseau ne virent jamais le jour.
En 1927 les C.G.B. furent rachetés par le Département qui exploitait ces lignes avec l'aide de la "Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (STCRP) créée en 1921.
Dessin René
Hulot (FACS)
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