Mémoire de la ligne
La ligne de
tramway Saint-Germain-en-Laye—Poissy - 6/9
5,4 Km.
Marc André Dubout
La ligne de tramway Saint-Germain-en-Laye—Poissy au gré des archives
(Bibliothèque
Nationale)
Le 5 février 1898, déclaration d'UP.
Archives
municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 20 mai 1898, M. le Maire expose que la Cie du tramway de
Saint-Germain à Poissy a présenté un projet modifiant l'emplacement de
certaines haltes dans la forêt.
Le Conseil à l'unanimité adopte le projet de modification.
À propos de ce tramway, M. D. demande comment, il se fait que les militaires
paient place entière.
M. le Maire se renseignera.
M. L. rappelle aussi la question de l'abri réclamé à la station terminus de
la rue de la République.
M. de M. ne pense pas que la Cie fasse quelque chose avant d'avoir
obtenu le prolongement jusqu'à la place du Château. Il annonce que le rapport
de la Commission sera déposé prochainement.
Archives
municipales de Poissy
Le 26 mai 1898, M. le Maire donne lecture d'une lettre qu'il a reçu de la Cie
des tramways concernant la création prochaine de billets urbains à 0f,10c
et vaut copie ci-après.
Paris le 13 mai 1898 à Monsieur le Maire de la Commune de Poissy.
Monsieur le Maire, à la suite de votre demande et soucieux de donner au public
les facilités qui sont réalisables, nous avons créé des billets urbains
spéciaux en deuxième classe, allant de votre station de Poissy au Boulevard du
Nord, au prix de 0,10 centimes. Nous les mettons en circulation aussitôt
l'impression terminée.
Veuillez agréer Monsieur le Maire l'assurance de notre considération
distinguée.
L'administrateur délégué
signé illisible.
Sûrement à la Cie de tramways.
M. L. exprime le vœu suivant : il demande l'établissement d'un abri en forêt
à moitié chemin de Poissy et de Saint-Germain c'est à dire à la hauteur de
la Croix de Montchevreuil par exemple.
Ce vœu sera transmis à la Cie des tramways.
M. le Maire regrette de n'avoir pas reçu l'un des exemplaires du traité
définitif concernant ce service.
Il le communiquera à la première séance.
À ce sujet, M. P. fait remarquer que ces jours derniers, le service de voitures
a été insuffisant eu égard au nombre de voyageurs et prie M. le Maire de se
préoccuper de cet incident.
Archives
municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 15 juillet 1898, lecture est donnée du procès-verbal de la dernière
séance. M. D. exprime le désir que le Conseil municipal de Poissy soit invité
à émettre un vœu conforme à celui de Saint-Germain concernant l'admission
des militaires à demi place par la Cie du tramway de Saint-Germain
à Poissy.
Le procès-verbal est ensuite adopté à l'unanimité de M. M. nommé
secrétaire.
Archives
municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 19 août 1898, M. le Président expose au Conseil municipal que
l'établissement d'une ligne de tramway entre Neuilly et Maisons-Laffitte vient
d'être autorisée.
Les communications entre cette dernière localité et Saint-Germain étant
devenues insuffisantes surtout depuis la suppression de plusieurs parcours de
l'omnibus, il demande si le prolongement de cette ligne jusqu'à Saint-Germain
ne serait pas avantageux pour les intérêts de notre collège, de notre
commerce local et d'une manière générale pour mettre en relation plus
directe deux localités du canton avec leur chef-lieu.
L'Administration municipale de Maisons-Laffitte consultée paraît être
favorable à la réalisation de ce projet, il en est de même de la majorité du
Conseil d'administration du tramway qui certainement réaliserait de plus grands
bénéfices si le point terminus de la ligne qu'il va exploiter était plus
éloigné.
Il propose donc la délibération suivante :
Le Conseil,
- Après avoir pris connaissance de l'exposé de M. le Président, relativement
à la création d'une ligne de tramway de Neuilly à Maison-Laffitte ;
- considérant que le prolongement de cette ligne jusqu'à Saint-Germain
mettrait en relation plus directe Maisons-Laffitte et Mesnil-le-Roi avec le
chef-lieu de canton ;
- considérant que le service actuel d'omnibus est absolument insuffisant
entre ces différentes localités ;
- émet le vœu que la ligne de tramway de Neuilly à Maisons-Laffitte soit
prolongée jusqu'à Saint-Germain et charge à l'administration municipale de
faire les demandes les plus pressantes auprès de l'autorité supérieure pour
qu'une solution satisfaisante intervienne à bref délai.
Cette délibération est prise à l'unanimité.
Le même jour le rapport de la Commission d'enquête sur le doublement de la voie du tramway de Paris à Saint-Germain était abordé.
Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 4 novembre 1898, M. M. donne lecture du rapport de la Commission du tramway
de Saint-Germain à Poissy
Rapport de la Commission du prolongement du tramway de Poissy
Messieurs
La Commission à laquelle vous avez bien voulu confier l'examen de la question
du prolongement du tramway de Poissy à Saint-Germain a l'honneur de
vous présenter son rapport.
Cette Commission composée de etc., si elle vient, si tardivement, vous apporter
le résultat de ses travaux, c'est qu'elle a tenu avant de se prononcer, à se
renseigner aussi complètement que possible à entendre les partisans et les
adversaires du projet, à peser et discuter les arguments mis en avant de part
et d'autre.
Tout d'abord, il n'est peut-être pas inutile de rappeler en quelques mots
l'historique de l'établissement du tramway de Saint-Germain à Poissy, qu'on
semble avoir un peu oublié.
En 1892, M. Léon Francq a demandé à l'État
la concession d'un tramway à traction mécanique à construire entre deux
localités. Le tracé de l'avant-projet qui accompagnait la demande comportait
deux variantes :
La 1ère partant de Saint-Germain de la place Royale, par soudure
avec la ligne du tramway de Paris à Saint-Germain et suivant dans la traversée
de notre Ville la rue de Paris, la place du Vieux Marché et la rue de Poissy.
La seconde, partant de la place du Château, à droite de l'église et suivant
les rues de la Paroisse, de la République et de Poissy.
Le 1er tracé a été repoussé par la Ville de Saint-Germain ainsi
d'ailleurs que par l'Union du Commerce.
Les ingénieurs consultés par le Ministère des Travaux publics ont de leur
côté formulé diverses objections en ce qui concerne la partie des deux
tracés qui a trait à la traversée de Saint-Germain et ils ont indiqué comme
possible et pratique une 3ème combinaison, consistant à emprunter
la voie de raccordement des gares de l'Ouest et de Grande-Ceinture, à partir de
son croisement avec la route de Poissy jusqu'à la gare de Saint-Germain-Ouest.
Le dernier projet ayant reçu l'approbation du Conseil général des Ponts et
Chaussées et l'adhésion de la Compagnie de l'Ouest fut mis à l'enquête. Mais
la Ville de Saint-Germain le repoussa et réclama le tracé par la rue de la
République. Son opposition finit par triompher et une nouvelle enquête eut
lieu sur la 2ème variante du projet primitif, qui finalement
fut adoptée.
Il convient ici de ne pas oublier que si ce projet n'a pas été intégralement
exécuté ; si le point terminus a été reporté de la place du Château à
l'angle de la rue des Bûcherons, c'est uniquement parce que la Ville de
Saint-Germain n'a pas cru devoir s'engager à réaliser dans un délai de 3 ans
l'élargissement de la rue de la République, condition mise en acceptation
par les services compétents du Ministère des Travaux publics. Rappelons
également que si l'on s'est alors contenté de cette solution incomplète,
c'est pour ne pas amener de nouveaux retards et à titre purement provisoire,
avec l'espérance que le Ministère serait par la suite moins exigeant
relativement au terme fixé pour l'exécution de l'élargissement de la rue de
la République ou qu'une combinaison financière rendrait ce travail possible à
brève échéance.
En 1895, le Conseil général de Seine-et-Oise a fait une demande tendant à ce
que les rétrocessionnaires du tramway de Saint-Germain à Poissy soient
autorisés à prolonger la ligne dans la première de ces villes, de la rue des
Bûcherons jusqu'à la place du Château, prolongement ayant pour objet de
mettre ledit tramway en contact immédiat avec celui de Paris à Saint-Germain,
ainsi qu'avec le chemin de fer de L'Ouest.
Le 25 janvier 1896, le Ministre des travaux publics a informé le Préfet de Seine-et Oise que le Conseil général des Ponts et Chaussées avait émis l'avis
qu'il y avait lieu de prendre en considération la demande de concession
formulée par le Département et qu'il venait d'approuver cet avis par une
décision en date du même jour.
La seule condition posée avant que la mise à exécution soit autorisée était
toujours l'élargissement de la rue de la République. La question fut alors
soumise au Conseil municipal. Depuis deux ans les choses en sont là. Il serait
grandement temps de prendre une résolution. L'affaire est si simple au fond
qu'on peut à bon droit s'étonné qu'il ait fallu plusieurs années pour la
terminer. Nous sommes certainement tous d'accord sur la nécessité d'élargir le
plus tôt possible la partie de la rue de la République compris entre la rue des
Bûcherons et le carrefour de la rue au Pain. C'est là un projet qui n'est pas
neuf et qui aurait déjà été miss à exécution si nos finances l'avaient
permis. La méfiance manifestée par le Conseil général des Ponts et
Chaussées n'est donc en aucune façon justifiée. La Ville de Saint-Germain est
trop soucieuse des intérêts de ses habitants, elle sait trop les avantages
pouvant résulter de cette amélioration pour qu'il soit nécessaire de lui
imposer un délai donné.
Du moment que les ingénieurs du Contrôle admettent qu'un tramway peut
provisoirement circuler dans ladite rue et que nous reconnaissons de notre
côté la nécessite d'agrandir cette voie, pourquoi nous imposer un terme fixe
Nous avons tout lieu de croire en présence de la prise en considération du
projet de prolongement, que le Ministre de Travaux publics de refuserait pas de
revenir sur cette condition; si la Ville en faisait la demande. Les objections
sans conditions du projet n'eut du reste qu'une valeur relative. Dans sa partie
la plus étroite, la rue de la République n'a que 6m32 mais cette
faible largeur n'existe que sur un point seulement par suite de l'angle sortant
que forme un des côtés de la propriété de Mme C. qui n'est pas à
l'alignement des autres. Partout ailleurs la largeur est plus grande et va
jusqu'a 8m et plus à certains endroits. La largeur du matériel roulant étant
de 2m15, et la largeur exigée pour le croisement ou le stationnement
des voitures ordinaires étant de 2m60, si nous ajoutons à ces
chiffres 0m50 pour la revanche entre le matériel roulant et la
bordure du trottoir, on arrive à un total de 5m05 pour la chaussée.
Il reste par conséquent l'ensemble des deux trottoirs 1m27 et cela
sur un point unique du parcours, en donnant 0m80 au trottoir qui sera
côtoyé par le tramway, ce qui avec le 0m70 de revanche porterait à
1m10 la distance minimum entre le matériel roulant et les maisons, il reste
pour l'autre trottoir 0m47 dimensions qui n'atteignent pas les
trottoirs actuels dans une partie de la rue. Il convient d'ajouter que le
Conseil général des Ponts et Chaussées a autorisé la création du tramway à
traction mécanique dans des endroits bien moins favorables et où la
circulation est beaucoup lus considérable qu'à Saint-Germain.
Ainsi à l'entrée de la rue de Roubaix, de Lille la chaussée sur laquelle est
établie la voie du tramway de Lille à Roubaix n'a que 4m80 de
largeur, c'est à dire 0m15 de moins que dans la partie la plus
rétrécie de la rue de la République. Il s'agit pourtant d'un lieu bien
autrement passager Il y a mieux encore, dans la banlieue de Paris, la ligne de
Saint-Maur et Mourier passe par une rue dont la largeur descend à 5m95
soit 0m37 du moins qu'à Saint-Germain, en cet endroit, les 2
trottoirs n'ont ensemble que 0m95 tandis que nous avons 1m27.
Au surplus il n'est pas besoin d'aller chercher des exemples si loin, la ligne
de Saint-Germain à Poissy ne passe-t-elle pas dans la traversée de cette
dernière ville, rue de Paris un endroit où cette rue n'a que 6m35 de largeur
et où les trottoirs n'ont qu'une largeur totale de 0m60. Au mois
d'août au maximum de circulation de la rue de la République à la place du
Château, la circulation est de 177 colliers et 101 bicyclettes alors qu'elle est
à Lille de 1230 colliers à Saint-Maur de 632 et à Paris de 643.
Ces quelques exemples suffisent. Ils montrent que les conditions si imposées
par le Conseil général des Ponts et Chaussées ne sont pas toujours aussi
rigoureusement observées et qu'il n'y a aucune impossibilité matérielle,
aucun inconvénient même à ce qu'un tramway soit établi et fonctionne pendant
un temps plus ou moins long dans la portion de la rue de la République frappée
d'alignement. Le passage du tramway ne pourrait en tous cas que hâter
l'exécution des travaux d'élargissement.
À Saint-Germain le projet qui nous occupe a rencontré quelques opposants.
Examinons quelles sont les raisons sur lesquelles, ils basent leur opposition,
nous verrons ensuite celles qui font valoir les partisans du projet.
Au mois d'août 1897, le Conseil d'administration de l'Union du Commerce et de
l'Industrie a fait une prestation contre l'établissement des points terminus du
tramway de Poissy, place du Château ou le long de l'église. Les motifs mis en
avant sont :
1. - l'encombrement de la place du Château par le tramway de Paris et les deux
chalets qui y ont été construits ;
2. - l'inconvénient qu'il pourrait avoir à restreindre l'entrée de la Ville
par la rue de la Paroisse ;
3. - le tort que pourrait faire subir au commerce local le rapprochement des
diverses lignes en empêchant les voyageurs de s'arrêter.
Il est facile de répondre à cette dernière objection. Les intérêts du
commerce local ne sont pas par un plus grand nombre de déplacements. Il y aura
certainement avantage pour les commerçants de Saint-Germain à ce que les
populations des environs prennent l'habitude de passer par cette ville.
Quant à l'encombrement de la place du Château, il n'est nullement question de
l'augmenter puisque la Compagnie du tramway a elle-même renoncé à la variante
de l'avant projet qui reportait le point terminus jusqu'à la grille du parterre
entre la gare de l'Ouest et le fossé du Château.
Reste le second point, l'encombrement de la rue de la Paroisse. À cet égard les
craintes du Conseil d'administration de l'Union du Commerce nous semblent
exagérés. Dans le projet soumis à votre commission par les Ingénieurs de la
Compagnie le point terminus est placé le long de l'église, ce qui nécessite
dans la rue de la Paroisse l'établissement de deux voies : une pour le
stationnement des trains, l'autre pour la manœuvre de la machine. La rue de la
Paroisse a dans sa partie la plus étroite 10 mètres de largeur. Si nous
comptons 2m15 pour le matériel roulant de chacune des voies 0m50
d'écart entre la voitures et 0m30 en revanche entre ledit matériel et
la bordure du trottoir, il reste encore 2m10 de trottoirs et 2m80
de chaussée libre. Mais ce n'est là qu'un minimum dont la durée ne
dépasserait pas une minute par demi-heure le dimanche car la voie destinée aux
manœuvres ne serait occupée que juste le temps de faire passer la machine d'un
bout à l'autre du train. La voie de stationnement elle-même ne serait occupée
que pendant quelques minutes à chaque train, le temps nécessaire pour laisser
et prendre les voyageurs. Les trains devant par raison d'économie effectuer le
trajet d'aller et retour en une heure, il serait impossible de séjourner plus
longtemps à la station terminus. La rue sera donc presque constamment
entièrement libre. Il n'y a par suite aucun encombrement à craindre Le passage
du tramway ne causera pas beaucoup plus de dérangement que celui d'une voiture
ordinaire
Dans la partie de la rue de la Paroisse qui avoisine la place du Château, le
trottoir qui est contre les murs de l'église a plus de 3 m. de large, ce qui
permettrait l'établissement d'un abri fort utile pour les voyageurs attendant
les départs et réclamé depuis longtemps.
Enfin, on a aussi parlé du danger qu'il pouvait y avoir dans le passage par le
carrefour de la rue de Paris. Cette crainte purement imaginaire, si l'on tient
la main à ce que les précautions que s'engagent à prendre la Compagnies
soient strictement observées. Le passage d'un tramway mécanique allant au pas,
muni de freins puissants et précédé d'un pilote, dont la direction est
assurée par les rails est incontestablement bien moins dangereux que celui
d'omnibus ou de voitures automobiles dont la piste n'est pas fixe.
Bien autrement nombreuses et sérieuses sont les raisons qui militent en faveurs
du prolongement.
L'accès du tramway sur un point en vue de la station de l'Ouest et de la
station du tramway de l'Étoile
permettrait d'assurer la correspondance et de régler un service d'attente.
Dans ces conditions, les habitants de la réserve Pereire pouvaient utiliser le
tramway de Poissy. La compagnie serait toute disposée à établir au besoin un
service spécial tous les quart d'heure ou toutes les 20 minutes entre la place
du Château et la place Vauban. Cela favoriserait le développement de la
terrasse de Poissy dont les habitants auraient avantage à venir s'alimenter à
Saint-Germain et à emprunter la ligne de Saint-Germain à Paris qui procure de
nombreux trains directs et autres. Enfin les populations de la Vallée de la
Seine, de Mantes à Poissy auraient bénéfice à passer par Saint-Germain au
lieu d'Achères et détermineraient ainsi un courant qui serait profitable au
commerce de notre ville, courant qui ne peut s'établir que si il y a une
correspondance directe.
Le prolongement demandé avoisinerait en outre les voyages circulaires entre
Paris, Saint-Germain et Poissy. Les voyageurs de cette catégorie nouvelle qui
seront entraînés par le bas prix de ces voyages s'arrêteront à Saint-Germain
pour y prendre tout au moins un repas dans la journée. Il y a là une cause
nouvelle d'amélioration pour le commerce.
D'autre part, il n'est pas possible de nier que la terminaison de la ligne à la
rue des Bûcherons ne présente de multiples et sérieux inconvénients. On n'y
trouve ni abri, ni voitures, ni commissaires. Les voyageurs sont par
conséquent exposés à toutes les intempéries et à des ennuis de toutes
sortes. Lorsqu'ils ont des bagages, ils sont obligés de les laisser dans la rue
le temps nécessaire pour aller chercher une aide ou de les transporter
péniblement jusqu'à la place du Château. S'il fait mauvais temps, s'il y a de
jeunes enfants, des vieillards, des infirmes, le transbordement dans
Saint-Germain n'offrira rien d'agréable. Est-il juste que le public continue à
souffrir d'un semblable état de choses pour la seule satisfaction de quelques
commerçants qui comprennent mal leurs intérêts.
Au point de vue de la Défense du camp retranché de Paris, si le tramway venait
à la place du Château, il suffirait en cas de guerre de poser quelques rails
pour faire passer les trains militaires de Paris aux ateliers de Puteaux, du
Mont-Valérien au port de Poissy. En ce qui concerne le passage de la troupe on
ne peut pas sérieusement objecter le danger que les rails présentent pour les
chevaux car dans nombre de villes de garnison comme Paris, Lyon Lille, Grenoble,
Nancy, Valenciennes, etc. il y a beaucoup de tramways et beaucoup de cavalerie
sans que l'administration de la guerre ait jamais eu à s'en plaindre.
Du reste le Ministre de la Guerre a lui-même approuvé la jonction des diverses
lignes sur la place du Château.
Une grande partie de la population de Saint-Germain verrait avec plaisir la
réalisation du projet qui vous est soumise. Des pétitions demandant que la
Compagnie soit autorisée et même invitée à prolonger la ligne de Poissy
jusqu'à la place du Château ont été couvertes de nombreuses signatures. Deux
pétitions de Saint-Germain portent 531 noms parmi lesquels nous relevons ceux de
près 150 commerçants et 50 propriétaires, tous les commerçants et tous les
propriétaires sont donc loin d'approuver les ordres du jour votés par l'Union
du Commerce et l'Union des propriétaires. Les pétitions signées à Poissy
contiennent 704 noms de cette localité ou des environs, soit en tout un total
de 1235 signatures.
Une question comme celle qui nous occupe n'intéresse pas seulement
Saint-Germain, elle intéresse également toute la région. Aussi nous faut-il
tenir compte des désirs manifestés par les communes voisines et par le
Département. Or un certain nombre de ces communes ont émis des vœux en faveur
du prolongement. Je ne citerai que les suivantes pour lesquelles il y a des
extraits des registres des délibérations des conseils municipaux (Poissy 2
juillet 1897), Meulan (4 août 1897), Bougival (7 août 1897),
Carrières-sous-Poissy (18 août 1897), Andrésy (même date) Les Mureaux (4 7bre
1897).
Le Conseil général de Seine-et-Oise à plusieurs reprises a tout dernièrement
encore approuvé des vœux semblables.
En résumé, si nous nous plaçons au point de vue élevé de l'intérêt
général nous n'avons vraiment pas de raisons sérieuses de repousser un projet
dont la réalisation est si légitimement, si unanimement réclamée. Et même
au point de vue plus étroit, plus égoïste des intérêts particuliers de
notre ville, nous avons certainement plus à gagner qu'à perdre en offrant aux
voyageurs toutes les facilités, toutes les commodités qui peuvent les engager
à prendre les lignes qui desservent Saint-Germain.
Votre commission vous propose donc de demander à
l'Administration supérieure la mise à l'enquête du projet de prolongement du
tramway de Poissy à Saint-Germain jusqu'à la rue de la Paroisse.
Le rapporteur signé A. de M., B. et G.
La suite de cette séance du 4 9bre 1898 concerne la pétition contre
le prolongement du tramway de Poissy.
M. le Président donne ensuite lecture d'une pétition protestant contre le
prolongement du tramway jusqu'à la place du Château.
A M. le Maire et MM. les Conseillers municipaux de Saint-Germain-en-Laye.
Les soussignés, habitants de Saint-Germain-en-Laye ont l'honneur de prier M. le
Maire et MM. les Conseillers municipaux de s'opposer formellement au
prolongement du tramway de Poissy de la rue des Bûcherons à la place du
Château.
Les nombreuses protestations déjà soulevées par ce projet n'ont rien perdu de
leur valeur ; l'intérêt seul de l'administration du tramway est en jeu et ne
peut être défendu en dehors que par les voyageurs étrangers à la Ville
désirant cette modification dans un simple but de commodité personnelle.
Dans le projet mentionné, le tramway pour continuer son parcours rue de la
République ne laisserait aux piétons qu'un espace de 0m40 environ
quant une voiture viendrait à le croiser, d'où un danger de circulation
signalé d'ailleurs par l'administration des Ponts et Chaussées.
Cet inconvénient ne serait pas le seul ; veuillez songer à l'exiguïté de la
place de la Paroisse où s'ouvrent la rue de la République, la rue au Pain et
la rue de Pontoise : l'entrée de la rue au Pain, entre autres, deviendrait non
seulement dangereuse mais impraticable et certainement les voitures
délaisseraient cette voie.
Enfin le doublement de la voie pour la nécessité des manœuvres rue de la
Paroisse à hauteur de la rue de la Surintendance empêcherait le mouvement si
intense des voitures, des automobiles et des bicyclettes, sans parler des
piétons qui eux aussi ont bien droit à la circulation.
La Municipalité est trop soucieuse de notre vie et de nos affaires pour laisser
réussir ce plan doublement funeste puisqu'il menace à la fois la sécurité
des habitants et le succès du commerce.
Il ne peut être oublié que la prospérité de la Ville dépend en grande
partie de l'importance numérique de la population estivale si les voitures ne
peuvent plus circuler sans heurter à droite ou à gauche des tramways, adieu
l'espoir de voir s'accentuer le mouvement en avant pourtant si nécessaire.
Nous ne voulons pas toutefois paraître opposer un refus systématique à toute
solution en faveur d'un prolongement qui est-ce qui empêcherait de continuer la
ligne depuis la place Saint-Pierre par les rues de Poissy, du Vieux Marché, de
Paris et Louis IX jusqu'à la place Thiers ?
Confiant dans votre sollicitude, nous vous prions M. le Maire et Messieurs le
Conseillers municipaux de vouloir bien par avance agréer l'expression
respectueuse de notre entière reconnaissance.
Saint-Germain le 4 9bre 1898.
(suivent le signatures)
M. le Président dit que la question de danger ne paraît pas sérieuse puisque
l'administration supérieure a autorisé provisoirement le passage du tramway
rue de la République.
M. M. trouve que la pétition renferme des inexactitudes, le "mouvement
intense" signalé à l'angle de la place de la Paroisse a été contrôlé
au mois d'août au moment de la villégiature, on a compté une moyenne de 177
colliers par jour, à son avis le passage par la rue de Paris serait plus
dangereux ; ce projet a du reste été repoussé deux fois par la Ville et par
l'Union du Commerce en 1875 et en 1895.
M. D. demande l'impression du rapport.
M. G. ne votera pas les conclusions du rapport, non parce qu'il est opposé, au
contraire il ne le trouve pas assez étendu ; il propose d'obliger la compagnie
du tramway de ne faire qu'une voie mais de la prolonger par la rue de la
Paroisse, rue Louis IX, rue de Paris, rue de Poissy.
M. de M. croit que la seule solution contre l'inconvénient des deux voies
serait le raccordement avec la Compagnie de l'Étoile.
La pétition et la proposition de M. G sont renvoyées à la Commission du
tramway.
Le Conseil décide l'impression du rapport qui vient d'être lu et qui sera
discuté à une prochaine séance.
Archives
municipales de Poissy
Le 6 novembre 1898, M. le Maire rappelle au Conseil l'utilité que pourrait
avoir pour les habitants de Poissy et de Saint-Germain, la création d'une boîte
aux lettres adaptées aux voitures du tramway.
Sur accord entre le Directeur des Postes du Département et M. Francq, la Ville
de Saint-Germain et celle de Poissy, pourrait s'établir et donner des
résultats satisfaisants pour la promptitude de correspondance entre nos
localités. Il a ajouté qu'il a vu la municipalité de Saint-Germain qui est
favorable à cette création et il propose au Conseil de faire les démarches
nécessaires pour y parvenir.
Le Conseil adopte.
Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 16 décembre 1898, M. le Maire donne lecture d'une lettre de M. Nave1
informant le Conseil qu'il venait de modifier son projet de tramway de Nanterre
à Maisons Laffitte par son prolongement jusqu'à la Porte Maillot et par
l'adjonction de deux embranchements partant du pont de Chatou et aboutissant,
l'un à Montesson et l'autre à Suresnes
Sur la demande de M. C., ce projet est renvoyé à la Commission de
l'électricité.
Archives
municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 23 décembre 1898, Lecture d'une délibération du Conseil municipal de
Poissy relative à l'établissement d'un service postal par le tramway de
Saint-Germain à Poissy.
Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de la Ville de
Poissy.
Séance du 9 novembre 1898.
Le Conseil municipal dûment convoqué par M. le Maire s'est assemblé au lieu
ordinaire de ses séances sous la présidence de M. M. Maire.
Liste des présents et des absents.
M. le Maire fait connaître que conformément au désir précédemment exprimé
par le Conseil, il a vu MM. les adjoints de Saint-Germain en l'absence du maire
momentanément éloigné des affaires par son état de santé.
Ceux-ci au nom des intérêts qu'ils représentent étant disposés à voir se
réaliser le désir exprimé par le Conseil municipal de Poissy ; M. le maire a
cru devoir faire certaines démarches auprès de M. le Directeur de la Cie
du tramway comme aussi auprès de M. le Receveur des postes de Poissy ; lequel
s'est mis en rapport avec son collègue de Saint-Germain.
De ses deux démarches il en résulte :
- 1er février, Départ de la boîte aux lettres pour Saint-Germain
par les tramways de 10h42, 2h53, 6h53,
Retour pour Poissy par les tramways de 12h14, 4h14.
- Frais totaux 410 fr, (voir détail dans le document).
Quant à la participation de la dépense entre les deux communes, quelques
conseillers estiment qu'elle pourrait être ventilée au prorata de la
population.
Une discussion s'engage et finalement, le Conseil décide d'accepter deux
cinquièmes de la dépense. Trois cinquièmes restant à la charge de la Ville
de Saint-Germain.
Il invite M. le Maire à terminer au plus tôt cette amélioration.
M. G. dit qu'un service semblable se fait par le tramway de l'Étoile,
mais gratuitement, on donne simplement une gratification de 40 fr aux employés
chargés de relever la boîte ; il trouve que le service de Poissy n'est pas
aussi important
La question est renvoyée à une prochaine séance.
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