Mémoire de la ligne

La ligne de tramway Saint-Germain-en-Laye—Poissy - 6/9
5,4 Km.

Marc André Dubout

La ligne de tramway Saint-Germain-en-Laye—Poissy au gré des archives

(Bibliothèque Nationale)
Le 5 février 1898, déclaration d'UP.

Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 20 mai 1898, M. le Maire expose que la Cie du tramway de Saint-Germain à Poissy a présenté un projet modifiant l'emplacement de certaines haltes dans la forêt.
Le Conseil à l'unanimité adopte le projet de modification.
À propos de ce tramway, M. D. demande comment, il se fait que les militaires paient place entière.
M. le Maire se renseignera.
M. L. rappelle aussi la question de l'abri réclamé à la station terminus de la rue de la République.
M. de M. ne pense pas que la Cie fasse quelque chose avant d'avoir obtenu le prolongement jusqu'à la place du Château. Il annonce que le rapport de la Commission sera déposé prochainement.

Archives municipales de Poissy
Le 26 mai 1898, M. le Maire donne lecture d'une lettre qu'il a reçu de la Cie des tramways concernant la création prochaine de billets urbains à 0f,10c et vaut copie ci-après.
Paris le 13 mai 1898 à Monsieur le Maire de la Commune de Poissy.
Monsieur le Maire, à la suite de votre demande et soucieux de donner au public les facilités qui sont réalisables, nous avons créé des billets urbains spéciaux en deuxième classe, allant de votre station de Poissy au Boulevard du Nord, au prix de 0,10 centimes. Nous les mettons en circulation aussitôt l'impression terminée.
Veuillez agréer Monsieur le Maire l'assurance de notre considération distinguée.
L'administrateur délégué
signé illisible.
Sûrement à la Cie de tramways.
M. L. exprime le vœu suivant : il demande l'établissement d'un abri en forêt à moitié chemin de Poissy et de Saint-Germain c'est à dire à la hauteur de la Croix de Montchevreuil par exemple.
Ce vœu sera transmis à la Cie des tramways.
M. le Maire regrette de n'avoir pas reçu l'un des exemplaires du traité définitif concernant ce service.
Il le communiquera à la première séance.
À ce sujet, M. P. fait remarquer que ces jours derniers, le service de voitures a été insuffisant eu égard au nombre de voyageurs et prie M. le Maire de se préoccuper de cet incident.

Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 15 juillet 1898, lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance. M. D. exprime le désir que le Conseil municipal de Poissy soit invité à émettre un vœu conforme à celui de Saint-Germain concernant l'admission des militaires à demi place par la Cie du tramway de Saint-Germain à Poissy.
Le procès-verbal est ensuite adopté à l'unanimité de M. M. nommé secrétaire.

poissy-tw_339-1.jpg (15196 octets)Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 19 août 1898, M. le Président expose au Conseil municipal que l'établissement d'une ligne de tramway entre Neuilly et Maisons-Laffitte vient d'être autorisée.
Les communications entre cette dernière localité et Saint-Germain étant devenues insuffisantes surtout depuis la suppression de plusieurs parcours de l'omnibus, il demande si le prolongement de cette ligne jusqu'à Saint-Germain ne serait pas avantageux pour les intérêts de notre collège, de notre commerce local et d'une manière générale pour mettre en relation plus directe deux localités du canton avec leur chef-lieu.
L'Administration municipale de Maisons-Laffitte consultée paraît être favorable à la réalisation de ce projet, il en est de même de la majorité du Conseil d'administration du tramway qui certainement réaliserait de plus grands bénéfices si le point terminus de la ligne qu'il va exploiter était plus éloigné.
Il propose donc la délibération suivante :
Le Conseil,
- Après avoir pris connaissance de l'exposé de M. le Président, relativement à la création d'une ligne de tramway de Neuilly à Maison-Laffitte ;
- considérant que le prolongement de cette ligne jusqu'à Saint-Germain mettrait en relation plus directe Maisons-Laffitte et Mesnil-le-Roi avec le chef-lieu de canton ;
- considérant que le service actuel d'omnibus est absolument insuffisant entre ces différentes localités ;
- émet le vœu que la ligne de tramway de Neuilly à Maisons-Laffitte soit prolongée jusqu'à Saint-Germain et charge à l'administration municipale de faire les demandes les plus pressantes auprès de l'autorité supérieure pour qu'une solution satisfaisante intervienne à bref délai.
Cette délibération est prise à l'unanimité.

Le même jour le rapport de la Commission d'enquête sur le doublement de la voie du tramway de Paris à Saint-Germain était abordé.

Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 4 novembre 1898, M. M. donne lecture du rapport de la Commission du tramway de Saint-Germain à Poissy
Rapport de la Commission du prolongement du tramway de Poissy

Messieurs
La Commission à laquelle vous avez bien voulu confier l'examen de la question du prolongement du tramway de Poissy à Saint-Germain a l'honneur de vous présenter son rapport.
Cette Commission composée de etc., si elle vient, si tardivement, vous apporter le résultat de ses travaux, c'est qu'elle a tenu avant de se prononcer, à se renseigner aussi complètement que possible à entendre les partisans et les adversaires du projet, à peser et discuter les arguments mis en avant de part et d'autre.
Tout d'abord, il n'est peut-être pas inutile de rappeler en quelques mots l'historique de l'établissement du tramway de Saint-Germain à Poissy, qu'on semble avoir un peu oublié.
En 1892, M. Léon Francq a demandé à l'État la concession d'un tramway à traction mécanique à construire entre deux localités. Le tracé de l'avant-projet qui accompagnait la demande comportait deux variantes :
La 1ère partant de Saint-Germain de la place Royale, par soudure avec la ligne du tramway de Paris à Saint-Germain et suivant dans la traversée de notre Ville la rue de Paris, la place du Vieux Marché et la rue de Poissy.
La seconde, partant de la place du Château, à droite de l'église et suivant les rues de la Paroisse, de la République et de Poissy.
Le 1er tracé a été repoussé par la Ville de Saint-Germain ainsi d'ailleurs que par l'Union du Commerce.
Les ingénieurs consultés par le Ministère des Travaux publics ont de leur côté formulé diverses objections en ce qui concerne la partie des deux tracés qui a trait à la traversée de Saint-Germain et ils ont indiqué comme possible et pratique une 3ème combinaison, consistant à emprunter la voie de raccordement des gares de l'Ouest et de Grande-Ceinture, à partir de son croisement avec la route de Poissy jusqu'à la gare de Saint-Germain-Ouest. Le dernier projet ayant reçu l'approbation du Conseil général des Ponts et Chaussées et l'adhésion de la Compagnie de l'Ouest fut mis à l'enquête. Mais la Ville de Saint-Germain le repoussa et réclama le tracé par la rue de la République. Son opposition finit par triompher et une nouvelle enquête eut lieu sur la 2ème variante du projet primitif, qui finalement fut adoptée.
Il convient ici de ne pas oublier que si ce projet n'a pas été intégralement exécuté ; si le point terminus a été reporté de la place du Château à l'angle de la rue des Bûcherons, c'est uniquement parce que la Ville de Saint-Germain n'a pas cru devoir s'engager à réaliser dans un délai de 3 ans l'élargissement de la rue de la République, condition mise en acceptation par les services compétents du Ministère des Travaux publics. Rappelons également que si l'on s'est alors contenté de cette solution incomplète, c'est pour ne pas amener de nouveaux retards et à titre purement provisoire, avec l'espérance que le Ministère serait par la suite moins exigeant relativement au terme fixé pour l'exécution de l'élargissement de la rue de la République ou qu'une combinaison financière rendrait ce travail possible à brève échéance.
En 1895, le Conseil général de Seine-et-Oise a fait une demande tendant à ce que les rétrocessionnaires du tramway de Saint-Germain à Poissy soient autorisés à prolonger la ligne dans la première de ces villes, de la rue des Bûcherons jusqu'à la place du Château, prolongement ayant pour objet de mettre ledit tramway en contact immédiat avec celui de Paris à Saint-Germain, ainsi qu'avec le chemin de fer de L'Ouest.
Le 25 janvier 1896, le Ministre des travaux publics a informé le Préfet de Seine-et Oise que le Conseil général des Ponts et Chaussées avait émis l'avis qu'il y avait lieu de prendre en considération la demande de concession formulée par le Département et qu'il venait d'approuver cet avis par une décision en date du même jour.
La seule condition posée avant que la mise à exécution soit autorisée était toujours l'élargissement de la rue de la République. La question fut alors soumise au Conseil municipal. Depuis deux ans les choses en sont là. Il serait grandement temps de prendre une résolution. L'affaire est si simple au fond qu'on peut à bon droit s'étonné qu'il ait fallu plusieurs années pour la terminer. Nous sommes certainement tous d'accord sur la nécessité d'élargir le plus tôt possible la partie de la rue de la République compris entre la rue des Bûcherons et le carrefour de la rue au Pain. C'est là un projet qui n'est pas neuf et qui aurait déjà été miss à exécution si nos finances l'avaient permis. La méfiance manifestée par le Conseil général des Ponts et Chaussées n'est donc en aucune façon justifiée. La Ville de Saint-Germain est trop soucieuse des intérêts de ses habitants, elle sait trop les avantages pouvant résulter de cette amélioration pour qu'il soit nécessaire de lui imposer un délai donné.
Du moment que les ingénieurs du Contrôle admettent qu'un tramway peut provisoirement circuler dans ladite rue et que nous reconnaissons de notre côté la nécessite d'agrandir cette voie, pourquoi nous imposer un terme fixe Nous avons tout lieu de croire en présence de la prise en considération du projet de prolongement, que le Ministre de Travaux publics de refuserait pas de revenir sur cette condition; si la Ville en faisait la demande. Les objections sans conditions du projet n'eut du reste qu'une valeur relative. Dans sa partie la plus étroite, la rue de la République n'a que 6m32 mais cette faible largeur n'existe que sur un point seulement par suite de l'angle sortant que forme un des côtés de la propriété de Mme C. qui n'est pas à l'alignement des autres. Partout ailleurs la largeur est plus grande et va jusqu'a 8m et plus à certains endroits. La largeur du matériel roulant étant de 2m15, et la largeur exigée pour le croisement ou le stationnement des voitures ordinaires étant de 2m60, si nous ajoutons à ces chiffres 0m50 pour la revanche entre le matériel roulant et la bordure du trottoir, on arrive à un total de 5m05 pour la chaussée. Il reste par conséquent l'ensemble des deux trottoirs 1m27 et cela sur un point unique du parcours, en donnant 0m80 au trottoir qui sera côtoyé par le tramway, ce qui avec le 0m70 de revanche porterait à 1m10 la distance minimum entre le matériel roulant et les maisons, il reste pour l'autre trottoir 0m47 dimensions qui n'atteignent pas les trottoirs actuels dans une partie de la rue. Il convient d'ajouter que le Conseil général des Ponts et Chaussées a autorisé la création du tramway à traction mécanique dans des endroits bien moins favorables et où la circulation est beaucoup lus considérable qu'à Saint-Germain.
Ainsi à l'entrée de la rue de Roubaix, de Lille la chaussée sur laquelle est établie la voie du tramway de Lille à Roubaix n'a que 4m80 de largeur, c'est à dire 0m15 de moins que dans la partie la plus rétrécie de la rue de la République. Il s'agit pourtant d'un lieu bien autrement passager Il y a mieux encore, dans la banlieue de Paris, la ligne de Saint-Maur et Mourier passe par une rue dont la largeur descend à 5m95 soit 0m37 du moins qu'à Saint-Germain, en cet endroit, les 2 trottoirs n'ont ensemble que 0m95 tandis que nous avons 1m27. Au surplus il n'est pas besoin d'aller chercher des exemples si loin, la ligne de Saint-Germain à Poissy ne passe-t-elle pas dans la traversée de cette dernière ville, rue de Paris un endroit où cette rue n'a que 6m35 de largeur et où les trottoirs n'ont qu'une largeur totale de 0m60. Au mois d'août au maximum de circulation de la rue de la République à la place du Château, la circulation est de 177 colliers et 101 bicyclettes alors qu'elle est à Lille de 1230 colliers à Saint-Maur de 632 et à Paris de 643.
Ces quelques exemples suffisent. Ils montrent que les conditions si imposées par le Conseil général des Ponts et Chaussées ne sont pas toujours aussi rigoureusement observées et qu'il n'y a aucune impossibilité matérielle, aucun inconvénient même à ce qu'un tramway soit établi et fonctionne pendant un temps plus ou moins long dans la portion de la rue de la République frappée d'alignement. Le passage du tramway ne pourrait en tous cas que hâter l'exécution des travaux d'élargissement.
À Saint-Germain le projet qui nous occupe a rencontré quelques opposants. Examinons quelles sont les raisons sur lesquelles, ils basent leur opposition, nous verrons ensuite celles qui font valoir les partisans du projet.
Au mois d'août 1897, le Conseil d'administration de l'Union du Commerce et de l'Industrie a fait une prestation contre l'établissement des points terminus du tramway de Poissy, place du Château ou le long de l'église. Les motifs mis en avant sont :
1. - l'encombrement de la place du Château par le tramway de Paris et les deux chalets qui y ont été construits ;
2. - l'inconvénient qu'il pourrait avoir à restreindre l'entrée de la Ville par la rue de la Paroisse ;
3. - le tort que pourrait faire subir au commerce local le rapprochement des diverses lignes en empêchant les voyageurs de s'arrêter.
Il est facile de répondre à cette dernière objection. Les intérêts du commerce local ne sont pas par un plus grand nombre de déplacements. Il y aura certainement avantage pour les commerçants de Saint-Germain à ce que les populations des environs prennent l'habitude de passer par cette ville.
Quant à l'encombrement de la place du Château, il n'est nullement question de l'augmenter puisque la Compagnie du tramway a elle-même renoncé à la variante de l'avant projet qui reportait le point terminus jusqu'à la grille du parterre entre la gare de l'Ouest et le fossé du Château.
Reste le second point, l'encombrement de la rue de la Paroisse. À cet égard les craintes du Conseil d'administration de l'Union du Commerce nous semblent exagérés. Dans le projet soumis à votre commission par les Ingénieurs de la Compagnie le point terminus est placé le long de l'église, ce qui nécessite dans la rue de la Paroisse l'établissement de deux voies : une pour le stationnement des trains, l'autre pour la manœuvre de la machine. La rue de la Paroisse a dans sa partie la plus étroite 10 mètres de largeur. Si nous comptons 2m15 pour le matériel roulant de chacune des voies 0m50 d'écart entre la voitures et 0m30 en revanche entre ledit matériel et la bordure du trottoir, il reste encore 2m10 de trottoirs et 2m80 de chaussée libre. Mais ce n'est là qu'un minimum dont la durée ne dépasserait pas une minute par demi-heure le dimanche car la voie destinée aux manœuvres ne serait occupée que juste le temps de faire passer la machine d'un bout à l'autre du train. La voie de stationnement elle-même ne serait occupée que pendant quelques minutes à chaque train, le temps nécessaire pour laisser et prendre les voyageurs. Les trains devant par raison d'économie effectuer le trajet d'aller et retour en une heure, il serait impossible de séjourner plus longtemps à la station terminus. La rue sera donc presque constamment entièrement libre. Il n'y a par suite aucun encombrement à craindre Le passage du tramway ne causera pas beaucoup plus de dérangement que celui d'une voiture ordinaire
Dans la partie de la rue de la Paroisse qui avoisine la place du Château, le trottoir qui est contre les murs de l'église a plus de 3 m. de large, ce qui permettrait l'établissement d'un abri fort utile pour les voyageurs attendant les départs et réclamé depuis longtemps.
Enfin, on a aussi parlé du danger qu'il pouvait y avoir dans le passage par le carrefour de la rue de Paris. Cette crainte purement imaginaire, si l'on tient la main à ce que les précautions que s'engagent à prendre la Compagnies soient strictement observées. Le passage d'un tramway mécanique allant au pas, muni de freins puissants et précédé d'un pilote, dont la direction est assurée par les rails est incontestablement bien moins dangereux que celui d'omnibus ou de voitures automobiles dont la piste n'est pas fixe.
Bien autrement nombreuses et sérieuses sont les raisons qui militent en faveurs du prolongement.
L'accès du tramway sur un point en vue de la station de l'Ouest et de la station du tramway de l'Étoile permettrait d'assurer la correspondance et de régler un service d'attente.
Dans ces conditions, les habitants de la réserve Pereire pouvaient utiliser le tramway de Poissy. La compagnie serait toute disposée à établir au besoin un service spécial tous les quart d'heure ou toutes les 20 minutes entre la place du Château et la place Vauban. Cela favoriserait le développement de la terrasse de Poissy dont les habitants auraient avantage à venir s'alimenter à Saint-Germain et à emprunter la ligne de Saint-Germain à Paris qui procure de nombreux trains directs et autres. Enfin les populations de la Vallée de la Seine, de Mantes à Poissy auraient bénéfice à passer par Saint-Germain au lieu d'Achères et détermineraient ainsi un courant qui serait profitable au commerce de notre ville, courant qui ne peut s'établir que si il y a une correspondance directe.
Le prolongement demandé avoisinerait en outre les voyages circulaires entre Paris, Saint-Germain et Poissy. Les voyageurs de cette catégorie nouvelle qui seront entraînés par le bas prix de ces voyages s'arrêteront à Saint-Germain pour y prendre tout au moins un repas dans la journée. Il y a là une cause nouvelle d'amélioration pour le commerce.
D'autre part, il n'est pas possible de nier que la terminaison de la ligne à la rue des Bûcherons ne présente de multiples et sérieux inconvénients. On n'y trouve ni abri, ni voitures, ni commissaires. Les voyageurs sont par conséquent exposés à toutes les intempéries et à des ennuis de toutes sortes. Lorsqu'ils ont des bagages, ils sont obligés de les laisser dans la rue le temps nécessaire pour aller chercher une aide ou de les transporter péniblement jusqu'à la place du Château. S'il fait mauvais temps, s'il y a de jeunes enfants, des vieillards, des infirmes, le transbordement dans Saint-Germain n'offrira rien d'agréable. Est-il juste que le public continue à souffrir d'un semblable état de choses pour la seule satisfaction de quelques commerçants qui comprennent mal leurs intérêts.
Au point de vue de la Défense du camp retranché de Paris, si le tramway venait à la place du Château, il suffirait en cas de guerre de poser quelques rails pour faire passer les trains militaires de Paris aux ateliers de Puteaux, du Mont-Valérien au port de Poissy. En ce qui concerne le passage de la troupe on ne peut pas sérieusement objecter le danger que les rails présentent pour les chevaux car dans nombre de villes de garnison comme Paris, Lyon Lille, Grenoble, Nancy, Valenciennes, etc. il y a beaucoup de tramways et beaucoup de cavalerie sans que l'administration de la guerre ait jamais eu à s'en plaindre.
Du reste le Ministre de la Guerre a lui-même approuvé la jonction des diverses lignes sur la place du Château.
Une grande partie de la population de Saint-Germain verrait avec plaisir la réalisation du projet qui vous est soumise. Des pétitions demandant que la Compagnie soit autorisée et même invitée à prolonger la ligne de Poissy jusqu'à la place du Château ont été couvertes de nombreuses signatures. Deux pétitions de Saint-Germain portent 531 noms parmi lesquels nous relevons ceux de près 150 commerçants et 50 propriétaires, tous les commerçants et tous les propriétaires sont donc loin d'approuver les ordres du jour votés par l'Union du Commerce et l'Union des propriétaires. Les pétitions signées à Poissy contiennent 704 noms de cette localité ou des environs, soit en tout un total de 1235 signatures.
Une question comme celle qui nous occupe n'intéresse pas seulement Saint-Germain, elle intéresse également toute la région. Aussi nous faut-il tenir compte des désirs manifestés par les communes voisines et par le Département. Or un certain nombre de ces communes ont émis des vœux en faveur du prolongement. Je ne citerai que les suivantes pour lesquelles il y a des extraits des registres des délibérations des conseils municipaux (Poissy 2 juillet 1897), Meulan (4 août 1897), Bougival (7 août 1897), Carrières-sous-Poissy (18 août 1897), Andrésy (même date) Les Mureaux (4 7bre 1897).
Le Conseil général de Seine-et-Oise à plusieurs reprises a tout dernièrement encore approuvé des vœux semblables.
En résumé, si nous nous plaçons au point de vue élevé de l'intérêt général nous n'avons vraiment pas de raisons sérieuses de repousser un projet dont la réalisation est si légitimement, si unanimement réclamée. Et même au point de vue plus étroit, plus égoïste des intérêts particuliers de notre ville, nous avons certainement plus à gagner qu'à perdre en offrant aux voyageurs toutes les facilités, toutes les commodités qui peuvent les engager à prendre les lignes qui desservent Saint-Germain.

Votre commission vous propose donc de demander à l'Administration supérieure la mise à l'enquête du projet de prolongement du tramway de Poissy à Saint-Germain jusqu'à la rue de la Paroisse.
Le rapporteur signé A. de M., B. et G.

La suite de cette séance du 4 9bre 1898 concerne la pétition contre le prolongement du tramway de Poissy.
M. le Président donne ensuite lecture d'une pétition protestant contre le prolongement du tramway jusqu'à la place du Château.
A M. le Maire et MM. les Conseillers municipaux de Saint-Germain-en-Laye.
Les soussignés, habitants de Saint-Germain-en-Laye ont l'honneur de prier M. le Maire et MM. les Conseillers municipaux de s'opposer formellement au prolongement du tramway de Poissy de la rue des Bûcherons à la place du Château.
Les nombreuses protestations déjà soulevées par ce projet n'ont rien perdu de leur valeur ; l'intérêt seul de l'administration du tramway est en jeu et ne peut être défendu en dehors que par les voyageurs étrangers à la Ville désirant cette modification dans un simple but de commodité personnelle.
Dans le projet mentionné, le tramway pour continuer son parcours rue de la République ne laisserait aux piétons qu'un espace de 0m40 environ quant une voiture viendrait à le croiser, d'où un danger de circulation signalé d'ailleurs par l'administration des Ponts et Chaussées.
Cet inconvénient ne serait pas le seul ; veuillez songer à l'exiguïté de la place de la Paroisse où s'ouvrent la rue de la République, la rue au Pain et la rue de Pontoise : l'entrée de la rue au Pain, entre autres, deviendrait non seulement dangereuse mais impraticable et certainement les voitures délaisseraient cette voie.
Enfin le doublement de la voie pour la nécessité des manœuvres rue de la Paroisse à hauteur de la rue de la Surintendance empêcherait le mouvement si intense des voitures, des automobiles et des bicyclettes, sans parler des piétons qui eux aussi ont bien droit à la circulation.
La Municipalité est trop soucieuse de notre vie et de nos affaires pour laisser réussir ce plan doublement funeste puisqu'il menace à la fois la sécurité des habitants et le succès du commerce.
Il ne peut être oublié que la prospérité de la Ville dépend en grande partie de l'importance numérique de la population estivale si les voitures ne peuvent plus circuler sans heurter à droite ou à gauche des tramways, adieu l'espoir de voir s'accentuer le mouvement en avant pourtant si nécessaire.
Nous ne voulons pas toutefois paraître opposer un refus systématique à toute solution en faveur d'un prolongement qui est-ce qui empêcherait de continuer la ligne depuis la place Saint-Pierre par les rues de Poissy, du Vieux Marché, de Paris et Louis IX jusqu'à la place Thiers ?
Confiant dans votre sollicitude, nous vous prions M. le Maire et Messieurs le Conseillers municipaux de vouloir bien par avance agréer l'expression respectueuse de notre entière reconnaissance.
Saint-Germain le 4 9bre 1898.
(suivent le signatures)
M. le Président dit que la question de danger ne paraît pas sérieuse puisque l'administration supérieure a autorisé provisoirement le passage du tramway rue de la République.
M. M. trouve que la pétition renferme des inexactitudes, le "mouvement intense" signalé à l'angle de la place de la Paroisse a été contrôlé au mois d'août au moment de la villégiature, on a compté une moyenne de 177 colliers par jour, à son avis le passage par la rue de Paris serait plus dangereux ; ce projet a du reste été repoussé deux fois par la Ville et par l'Union du Commerce en 1875 et en 1895.
M. D. demande l'impression du rapport.
M. G. ne votera pas les conclusions du rapport, non parce qu'il est opposé, au contraire il ne le trouve pas assez étendu ; il propose d'obliger la compagnie du tramway de ne faire qu'une voie mais de la prolonger par la rue de la Paroisse, rue Louis IX, rue de Paris, rue de Poissy.
M. de M. croit que la seule solution contre l'inconvénient des deux voies serait le raccordement avec la Compagnie de l'Étoile.
La pétition et la proposition de M. G sont renvoyées à la Commission du tramway.
Le Conseil décide l'impression du rapport qui vient d'être lu et qui sera discuté à une prochaine séance.

Archives municipales de Poissy
Le 6 novembre 1898, M. le Maire rappelle au Conseil l'utilité que pourrait avoir pour les habitants de Poissy et de Saint-Germain, la création d'une boîte aux lettres adaptées aux voitures du tramway.
Sur accord entre le Directeur des Postes du Département et M. Francq, la Ville de Saint-Germain et celle de Poissy, pourrait s'établir et donner des résultats satisfaisants pour la promptitude de correspondance entre nos localités. Il a ajouté qu'il a vu la municipalité de Saint-Germain qui est favorable à cette création et il propose au Conseil de faire les démarches nécessaires pour y parvenir.
Le Conseil adopte.

Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 16 décembre 1898, M. le Maire donne lecture d'une lettre de M. Nave1 informant le Conseil qu'il venait de modifier son projet de tramway de Nanterre à Maisons Laffitte par son prolongement jusqu'à la Porte Maillot et par l'adjonction de deux embranchements partant du pont de Chatou et aboutissant, l'un à Montesson et l'autre à Suresnes
Sur la demande de M. C., ce projet est renvoyé à la Commission de l'électricité.

Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye
Le 23 décembre 1898, Lecture d'une délibération du Conseil municipal de Poissy relative à l'établissement d'un service postal par le tramway de Saint-Germain à Poissy.
Extrait du registre des délibérations du Conseil municipal de la Ville de Poissy.
Séance du 9 novembre 1898.
Le Conseil municipal dûment convoqué par M. le Maire s'est assemblé au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de M. M. Maire.
Liste des présents et des absents.
M. le Maire fait connaître que conformément au désir précédemment exprimé par le Conseil, il a vu MM. les adjoints de Saint-Germain en l'absence du maire momentanément éloigné des affaires par son état de santé.
Ceux-ci au nom des intérêts qu'ils représentent étant disposés à voir se réaliser le désir exprimé par le Conseil municipal de Poissy ; M. le maire a cru devoir faire certaines démarches auprès de M. le Directeur de la Cie du tramway comme aussi auprès de M. le Receveur des postes de Poissy ; lequel s'est mis en rapport avec son collègue de Saint-Germain.
De ses deux démarches il en résulte :
- 1er février, Départ de la boîte aux lettres pour Saint-Germain par les tramways de 10h42, 2h53, 6h53,
Retour pour Poissy par les tramways de 12h14, 4h14.
- Frais totaux 410 fr, (voir détail dans le document).
Quant à la participation de la dépense entre les deux communes, quelques conseillers estiment qu'elle pourrait être ventilée au prorata de la population.
Une discussion s'engage et finalement, le Conseil décide d'accepter deux cinquièmes de la dépense. Trois cinquièmes restant à la charge de la Ville de Saint-Germain.
Il invite M. le Maire à terminer au plus tôt cette amélioration.
M. G. dit qu'un service semblable se fait par le tramway de l'Étoile, mais gratuitement, on donne simplement une gratification de 40 fr aux employés chargés de relever la boîte ; il trouve que le service de Poissy n'est pas aussi important
La question est renvoyée à une prochaine séance.

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