Images de la ligne
Les lignes 62, 62 bis & 63 - Neuilly—Maisons-Laffitte 2/6
Marc André Dubout
L'exploitation
Quelques documents nous renseignent sur l'exploitation de la ligne.
Toujours au sujet de
l'exploitation, l'administration interdisait la présence de voyageurs sur les
plate-formes des voitures qui circulaient sur la ligne, ce qui entraîne de
facto une diminution de capacité. La compagnie informe le maire de Bezons dans
une lettre du 26 janvier 1901 qu'elle oeuvre pour
faire lever cette interdiction que rien ne justifie et est contraire à la
pratique des autres réseaux en France.
La compagnie demande de surcroît l'intervention du
maire de Bezons pour abonder dans son sens.
Certaines cartes de circulations étaient
octroyées aux personnels officiels comme les gardes champêtres, agents
communaux, etc.
Comme
le montre ce tableau à double entrée, l'amplitude des tarifs étaient de 15 et
10 centimes à 80 centimes et 55 centimes pour chacune des deux classes. La
ligne était divisée en 9 sections.
La Garenne-Bifurcation était communément appelée "l'Embranchement"
La concurrence
La concurrence routière était déjà présente avant la première guerre comme
l'atteste cette lettre de 1908 adressée au maire
de Bezons par la Société des Trains Renard de Seine & Oise 1
qui propose ses services. D'ailleurs les maires ne manquaient pas de
communiquer leur information comme l'atteste cette lettre
du maire de Montesson adressée à un de ses collègues au sujet des Trains
Renard assurant des services de voyageurs dans la région de Chantilly et sur
une partie du territoire de Seine & Oise. Cette Société semblait briguée
les projets non aboutis comme celui de la ligne du Pecq à Argenteuil.
La Compagnie Départementale de Transports Automobiles envoie elle aussi en 1905
une lettre au maire de Bezons pour présenter son
projet d'exploitation de cette ligne Le Pecq—Argenteuil, lors d'une réunion
rassemblant les maires des différentes communes traversées.
Les horaires de différentes lignes de l'Oise (Chantilly—Luzarches, Luzarches—Persant)
sont transmis servant d'exemples.
Les accidents
Archives
du service
Archives-Documentation de
Houilles
La
ligne ne fut pas à l'abri des accidents dont certains entraînèrent les pires
conséquences comme celui de cette femme de 58 ans qui a eu les jambes broyées
entre Bezons et Houilles.
Moins grave cette voiture de laitier qui traversait la voie du tramway sur
la commune de Houilles à la minute même où il ne le fallait pas.
Exemple de rapport détaillé d'accident avec
croquis à l'appuis
Les tracés
La ligne 62 (et
ses dérivées) a subi des modifications de tracés et d'exploitation au gré des
acquisitions des différentes compagnies.
Au début (en 1901),
la ligne appartenait aux T.M.E.P.
et était numérotée 1. Le terminus était situé à la Porte Maillot. Elle
empruntait l'avenue de la
Révolte, l'avenue du Roule, la rue du Château, puis le boulevard Bineau et traversait
la Seine au pont de Courbevoie.
Ensuite l'itinéraire
reste inchangé.
En 1920, l'indice de la ligne devint ML MO pour Maisons-Laffitte—Porte Maillot. Le terminus est reporté porte Champerret, le tracé emprunte le boulevard Bineau de la ligne B des T.P.D.S. déjà existante jusqu'au pont de Courbevoie.
Dans Courbevoie et la Garenne-Colombes. |
Dans Bezons, Houilles Sartrouville et Maisons-Laffitte. |
Entre 1921 et 1925 le tracé de la ligne fut remanié dans Courbevoie. C'est à
cette époque que la possibilité de double traction vit le jour ainsi que
l'augmentation de la vitesse commerciale.
Sur la ligne 62 bis on voit apparaître l'exploitation à un seul agent. 14
voitures anciennes type 150 - CNF furent modifiées pour ce nouveau mode. Le
nombre de voyageurs augmenta sensiblement suite à diverses améliorations.
L'ancien tracé GN
MO a son terminus à la Garenne-Bezons, en correspondance avec la
ligne ML MO de Maisons-Laffitte.
Le
8 février 1930, le président du Conseil général écrit au
Directeur de la S.T.C.R.P. pour l'informer qu'il a reçu une délégation
accompagnée du Maire d'Argenteuil, d'un Conseiller général, du Président des
commerçants, venus défendre les intérêts des usagers de Bezons.
Et voici les questions qu'ils l'ont chargé de transmettre à la
Société.
1. - Ligne 61
Cette ligne, construite avec la participation de Seine-&-Oise, est frappée
d'un tarif plus élevé que toutes les autres puisque pour deux sections, il est
perçu 1,20 Fr. au lieu de 0,90.
Sur la même ligne, les billets aller-retour ne sont valables que dans la partie
comprise entre Bezons et la place du 11 novembre.
Quelle grosses difficultés y aurait-il à donner satisfaction sur ces deux
points ?
2. - En ce qui concerne les ligne 62 & 63 il est demandé de
rétablir la section Bezons-Grand Cerf—Gare de la Garenne.
Avec le nouveau sectionnement fixé à la Maison de Nanterre, il est payé 0,90
Fr. au lieu de 0,60 Fr., c'est-à-dire que sur cette ligne, comme sur quelques
autres, les usagers ont eu à subir une double augmentation, celle résultant de
l'augmentation du tarif et celle résultant d'une modification du sectionnement.
En ce qui concerne les lignes de Seine-&-Oise, les propositions de la
S.T.C.R.P. de la Région parisienne, approuvées par l'Administration
départementale avaient été plus sévères, puisque le Département de
Seine-&-Oise ne participe pas au déficit des transports.
Puisque l'entreprise des transports est devenue pratiquement
inter-départementale, - et presque régionale - et que les usagers ne peuvent
pas comprendre les raisons administratives et financières d'appliquer des
règles variables pour le sectionnement et la tarifications des lignes, il
semble que ces problèmes comme celui de la desserte de Longjumeau, doivent
faire l'objet d'une étude générale et que par exemple, il y aurait utilité
à réunir la Sous-Commission du Comité consultatif, où sont représentés les
intérêts de Seine-&-Oise.
Le moment est venu de négocier avec le Conseil général voisin pour établir,
sinon une convention, du moins un modus vivendi en attendant que la
"région parisienne" devienne une réalité administrative.
Il conclut en lui demandant d'étudier surtout les points de détail soumis plus
avant de telle sorte que les représentants puissent, soutenir une discussion en
Commission.
En post scriptum il évoque la question que pose la disparition du tramway 64
entre la place du 11 novembre, à Argenteuil et le boulevard de Valmy, à
Colombes. Ce point mériterait également d'être évoqué avec les affaires
indiquées ci-dessus.
Archives de la RATP
La ligne 62 fut supprimée le 19 août 1935 et remplacée par un autobus. Les
élus qui réclamèrent le tramway le firent aussi disparaître.
Dans un extrait du registre des délibérations du conseil municipal de
Houilles dans sa séance du 3 décembre 1932, on peut lire : "La
circulation , intensive, présente de gros dangers pour les habitants
de Houilles qui ont à traverser cette route nationale et même pour les usagers
de cette route". Et plus loin : "La circulation routière est
rendue difficile et dangereuse par la place excessive réservée à un moyen de
transport incommode, lent et onéreux.
Et le texte se termine par : Qu'il serait en conséquence conforme à
l'intérêt général de supprimer la ligne 62... et de la remplacer par un
autobus moderne".
Dès 1932, une
enquête sur la consistance du réseau et du service des trains de la
région parisienne est lancée et un dossier est déposé auprès de chacune des
mairies. La fin des tramways se profile à l'horizon des rails. Archives municipales de la ville de Puteaux |
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Début des années
trente, la suppression plane dans les salles de conseil municipal et les
maires transmettent leur avis au directeur de la compagnie. Trois ans plus
tard ils auront vu leur vœu exhaussé. Archives du service Archives-Documentation de Houilles |
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Mais avant de déclasser on reporte le terminus de la Porte Maillot au Rond
point de la Défense, ce qui oblige les voyageurs à une rupture de voyage. Cette stratégie a également été
mise en oeuvre pour la ligne 58 Porte Maillot—St
Germain-en-Laye. Archives municipales de la ville de Puteaux |
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D'ailleurs le
déclassement de la ligne 62 passe inaperçu dans les bureaux de la
compagnie en regard à toutes les autres lignes, dix-huit au total. Autant
dire que c'est la fin du tramway. C'est la fin des tramways dans l'ensemble des villes qui en possédaient un. Archives du service Archives-Documentation de Houilles Détail de la notice explication sur le déclassement des lignes de tramway. |
Notes
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