Mémoire de la ligne

La ligne 44 - Porte Maillot—Val d'Or

Marc André Dubout

La ligne 44 au gré des archives

Les projets non réalisés
Le premier projet de tramway à traction animale reliant Suresnes (Pont) à Paris (Trocadéro) remonte à 1877. La demande en concession avait été demandée par MM. Frigério & Van Imschoot-Roos. La ligne devait passer par le Bois de Boulogne pour aboutir au pont de Suresnes rive gauche. Le projet resta dans les cartons de la Préfecture.
En 1882 le Préfet annonçait un grand projet de desserte de la banlieue par tramway 1 de la gare de Lyon à Puteaux (rue des Bas-Roger, gare des marchandises). Le projet fut également abandonné.
En 1897 un autre projet : le "Chemin de fer du Bois de Boulogne" prévoyait une liaison entre la Porte-Maillot et la gare de Suresnes-Longchamp, avec prolongement vers l'hippodrome de St Cloud où trois embranchements proposaient un terminus à la Porte Jaune, un autre à Rueil et le troisième vers la Celle St Coud puis Versailles. Trop ambitieux ce projet ne vit jamais le jour.

Enfin un tramway
La Compagnie du Chemin de fer du bois de Boulogne (CFBB) est fondée le 25 mars 1898. Le 1er juin 1900 la ligne du "Chemin de fer du Bois de Boulogne" est ouverte de la porte Maillot à la station de Suresnes-Longchamp. L'ancien pont de Suresnes trop étroit interdisait le passage du tramway les jours de courses et de revue de 12h30 à 14h30 et le soir entre 4h. et 6h. les voitures stationnaient alors à côté de la Cascade. La porte Maillot étant dans le domaine des fortifications, l'autorité militaire interdisait de construire des bâtiments pour abriter les bureaux. De simples baraques en bois étaient alors édifiées et elles devaient disparaître sur ordre de l'Armée. Le prix des billets était de 0,45 F. en première classe et 0,30 F. en seconde. En 1904 le "Chemin de fer du Bois de Boulogne" transporta 28 000 voyageurs. Alors que les "tractrices" étaient fermées, les baladeuses étaient ouvertes et par conséquent appréciées l'été mais détestées pendant la saison d'hiver. Le contrôle des billets se faisait par les longs marche-pieds qui couraient tout le long des baladeuses. De nombreuses réclamations se firent entendre à partir de 1908. Il faut remarquer que la traversée du Bois de Boulogne n'offrait pas beaucoup de mouvement de voyageurs ce qui est contraire à l'équilibre financier d'une telle exploitation. En 1910 les inondations ont gravement endommagé la ligne et les installations et en 1911 la ligne fut équipée du fil aérien. Cette année la ligne est prolongée jusqu'à Montretout à St Cloud et l'année suivante jusqu'à la Porte Jaune à Garches. Ce service sera abandonné après la guerre. 
La guerre favorisa les relations entre l'Arsenal de Puteaux et les Docks de Rueil desservis par une ligne de chemin de fer par la suite raccordée à la ligne Paris-St Lazare St Cloud à la station du Val d'Or lors de la disparition de l'arsenal de Puteaux.
Ce sympathique chemin de fer du Bois de Boulogne sera appelé aussi familièrement le "Tramway du Val d'Or" puis deviendra la ligne 44 en 1921 sous l'administration de la S.T.C.R.P.

Le 24 juillet 1897, action de jouissance au porteur du Chemin de fer du Bois de Boulogne (Paris—Suresnes).
Société Historique et Artistique de Suresnes.

 

Juillet 1897, délégation  de dividendes au porteur du Chemin de fer du Bois de Boulogne (Paris—Suresnes).
Société Historique et Artistique de Suresnes.

 

 

 

 

Le 7 janvier 1898, Tramway de Neuilly à Suresnes Projet d'exécution.
Le Conseil, vu le décret du 24 juillet 1897 portant déclaration d'utilité publique d'une ligne de tramway à traction mécanique entre Neuilly porte Maillot et Suresnes, ensemble la convention et le cahier des charges annexés audit décret ;
- vu le projet d'exécution avec plans et profils dudit tramway sur le territoire de Suresnes, ainsi que d'une voie de service, ensemble les rapports de M. l'Ingénieur ordinaire de l'arrondissement Nord-Ouest et l'Ingénieur en chef au Département,
- vu le rapport de l'Architecte voyer communal lequel propose un avis favorable moyennant les réserves ci-dessous formulées par les ingénieurs,
- sur la conclusion de sa Commission de voirie
- est d'avis,
- qu'il y a lieu d'approuver le projet d'exécution susvisé moyennant les réserves suivantes :
1.- l'accotement spécial sur lequel doit être établie la voie du tramway sera séparé du trottoir par une bordure du coté des maisons ; un caniveau pavé sera établi le long de cette bordure.
2. - Le concessionnaire devra exécuter à ses frais les bouches et branchements de bouches nécessaires pour assurer l'écoulement des eaux en tous les points où cet écoulement sera entravé par la voie sur accotement.

Parcours dans Suresnes, abri pour les voyageurs.
Le Conseil vu sa délibération en date de ce jour portant avis favorable au projet d'exécution du tramway de la porte Maillot à Suresnes sur le territoire de Suresnes,
- sur le rapport de sa commission de voirie
- délibère
- le concessionnaire du tramway sera invité à établir au point terminus, vers la gare de Suresnes-Longchamp un abri clos et chauffé à l'usage des voyageurs.
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Le 4 mars 1898, la Commission de voirie prend connaissance d'une pétition de divers commerçants du boulevard de Versailles demandant que le tracé du tramway de la porte Maillot à Suresnes projeté sur le coté gauche du boulevard soit fixé suivant l'axe de la voie, en vue de concilier leurs intérêts avec ceux de leurs concurrents, sans nuire à l'établissement normal dudit tramway.
La Commission après examen et discussion reconnaît le bien fondé de la pétition et propose qu'elle soit transmise à l'administration préfectorale avec l'avis le plus favorable, en demandant que la modification soit seulement appliquée à la section comprise entre le pont de Suresnes et la rue de Saint Cloud sur une longueur de 220 mètres environ.
M. F. donne lecture d'une proposition tendant à faire dévier la ligne du tramway au sortir du pont par le quai et de là par la rue Wuillaumez à 13 mètres par l'acquisition d'une surface non bâtie en bordure de cette voie.
À la suite d'un échange d'observations entre M. le Maire et M. F. la proposition est renvoyée à la Commission de voirie
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Le 13 mai 1898, déviation du tracé par la rue Willaumez, avis défavorable.
Les Commissions examinent un projet de déviation par la rue Willaumez du tracé du tramway de la porte Maillot à Suresnes, projet présenté par l'administration départementale.
Elles remarquent que la demande des commerçants qui a motivé la présentation du projet précité avait uniquement pour but d'obtenir un léger déplacement de la ligne sur le boulevard de Versailles, entre le pont et la rue Willaumez, de manière à partager également entre riverains la gêne pouvant résulter de l'établissement de la ligne et non pas une déviation dont les très graves inconvénients sont les suivants :
1. - Son tracé qui suit d'abord le coté aval du pont coupe en biais la tête de ce pont et le boulevard, emprunte une partie du quai, qui occupée par deux lignes de tramways6 deviendra difficultueuse pour la circulation des voitures, coupe également le quai et la rue Willaumez après avoir rasé l'angle du trottoir à l'angle de ces deux dernières voies et rejoint ensuite le tracé approuvé ; il n'est pas douteux qu'un danger permanent ne soit créé par ces divers croisements comportant uniquement des courbes à rayons très réduits et que les voitures automobiles, etc. devront franchir sous des angles très ouverts.
2. - D'après les profils en longueur joints au dossier, le quai de Suresnes présente une pente de 0m03 par mètre et la rue Willaumez une rampe de 0m03 par mètre ; ces déclivités en sens contraire ne pourraient être gravies par les trains venant soit d'une direction soit de l'autre qu'en donnant au moteur une très vive impulsion, se traduisant nécessairement par une vitesse plus grande dans les courbes précitées qui devraient être franchies avec une vitesse réduite ; il en résulterait un nouveau danger sérieux qu'il convient d'éviter.
 3. - Quant à l'argument tiré du système de locomotion à trolley pouvant amener une note discordante dans l'esthétique des abords du pont, les Commissions observent que ce système ne paraît pas encore définitivement adopté, la Ville de Paris l'ayant rejeté pour la traversée du Bois de Boulogne ; dans tous les cas, elles estiment que, le cas échéant, il conviendrait de sacrifier la question de symétrie à la sécurité générale qui serait constamment menacée par l'adoption de la variante.
4. - L'accès au ponton des Bateaux Parisiens deviendrait dangereux et les nombreuses voitures chargées qui desservent le port éprouveraient les plus sérieuses difficultés à suivre des voies coupées en tous sens par des rails qui dans les courbes présenteraient des dévers d'au moins 0m20.
En conséquence, le projet de délibération ci-après est présenté par les Commissions après un vote auquel prennent part les membres suivants : (liste des membres).
M. le Maire annonce au Conseil qu'il va mettre aux voix le projet de délibération présenté par les Commissions des travaux et de voirie.
M. R. Membre de la Commission de voirie déclare que s'il avait pu assister aux séances des Commissions il aurait voté avec la majorité contre la déviation par le rue Willaumez.
La délibération proposée est adoptée dans les termes suivants :
Le Conseil, vu la lettre de M. le Préfet de la Seine du 25 mars 1898 demandant que le Conseil municipal se prononce sur une modification du tracé du tramway de la porte Maillot à Suresnes et sur la mise à la charge de la commune de la dépense devant résulter de l'élargissement de la rue Willaumez par suite de cette modification,
- vu le rapport de M. l'Ingénieur en chef du Département en date du 11 mars, ensemble les plans et profils de la modification projetée,
- sur les conclusions des Commissions de la voirie et des travaux,
- considérant que la déviation par la rue Willaumez du tracé de la ligne du tramway de la porte Maillot à Suresnes créerait de sérieux dangers à la circulation,
- considérant en outre que cette déviation n'a pas été sollicitée par les commerçants intéressés dans la question.
Manque la fin de la délibération.
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Le 3 février 1899, fixation du tracé entre le pont de Suresnes et le rue de Saint Cloud.
M. le Maire de Suresnes expose que malgré les délibérations antérieures et catégoriques du Conseil municipal, l'administration préfectorale ne paraît pas disposée à fixer le tracé du tramway de la porte Maillot à Suresnes dans l'axe du boulevard de Versailles, entre le pont et la rue de Saint Cloud. Il a enjoint à la Société concessionnaire d'arrêter ses travaux au-dessus de la rue de Saint Cloud si elle ne se croyait pas suffisamment autorisée à placer le tramway dans l'axe même du boulevard entre le points précités. Les travaux sont, par suite, arrêtés et il convient de ne les laisser reprendre qu'avec la certitude qu'il sera donné une satisfaction à la demande si justifiée du Conseil.
En conséquence, la Commission est d'avis que le Conseil municipal prenne une nouvelle délibération, maintenant très énergiquement celles déjà prises à ce sujet, en faisant remarquer qu'une nouvelle enquête, si elle était reconnue nécessaire, rencontrait l'adhésion unanime des habitants de Suresnes et n'apporterait aucun retard dans l'ouverture de la ligne dont l'exploitation ne pourra être faite, sur le territoire de Suresnes, qu'après l'achèvement des travaux d'élargissement du Pont en cours, c'est à dire vers la fin de 1899.
Ces conclusions sont approuvées et le conseil prend la délibération suivante :
Le Conseil vu l'exposé de M. le Maire concernant l'installation du tramway sur le boulevard de Versailles,
- considérant que par ses délibérations précédentes, le Conseil a insisté pour que le tracé du tramway soit placé dans l'axe même du boulevard entre la rue de Saint Cloud et le pont de Suresnes,
- considérant que les travaux ont été arrêtés au-dessus de la rue de Saint Cloud et qu'il convient de ne les laisser reprendre qu'avec la certitude qu'il sera donné une satisfaction à la demande si justifiée du Conseil.
- sur le rapport de la Commission de voirie,
- délibère
- sont maintenues très énergiquement les délibérations antérieures du conseil demandant que le tracé du tramway emprunte l'axe du boulevard de Versailles entre la rue de Saint Cloud et le pont de Suresnes.
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Le 7 avril 1899, fixation du tracé à l'entrée de Suresnes.
M. le Maire de Suresnes a donné connaissance à la Commission d'un plan qui lui a été adressé par le services vicinal en vue de l'établissement des voies du tramway par le quai et la rue Willaumez et il a expliqué que ce nouveau tracé ne donnerait lieur à aucune emprise de terrain dans les propriétés voisines.
La Commission après examen et discussion constate que les motifs qui ont déterminé les délibérations antérieures du Conseil municipal de Suresnes existent toujours, notamment ceux qui s'appliquent aux difficultés et aux dangers qui seraient créés à la circulation générale et propose, en conséquence, le maintien des décisions déjà prises, c'est à dire l'établissement des voies dans l'axe même du boulevard de Versailles entre le pont de Suresnes et la rue de Saint Cloud. Incidemment elle fait remarquer que l'enquête à laquelle donnerait lieu le léger déplacement de voies demandé par le Conseil ne retardera pas plus l'exécution des travaux que l'enquête qui s'appliquerait à la déviation de tracé par le rue Willaumez.
M.S. prie le Conseil de tenir compte des intérêts très légitimes des commerçants qui protestent à bon droit contre le passage en accotement. Quant au passage dans l'axe même du boulevard que le Conseil avait demandé et que la Commission propose de nouveau, il paraît ne pas devoir être adopté par l'administration. La principale objection  faite par le passage par le rue Willaumez, la dépense d'expropriation qu'on voulait imposer à la Ville disparaît avec le projet modifié. Il n'y a donc lieu, pour ménager les intérêts en présence, de se rallier au tracé proposé par le service vicinal.
 M. G. parle dans le même sens.
 M. le Maire fait connaître au Conseil les démarches qu'il a faites à la Préfecture pour fair prévaloir le tracé indiqué dans les délibérations antérieures du Conseil.
 Devant la résistance de la Préfecture à passer par l'axe il a pris l'initiative d'un nouveau tracé par le quai se rapprochant davantage de la Seine et pouvant passer en tangent rue Willaumez sans nécessiter d'emprise sur les propriétés riveraines. La situation est donc toute différente, c'est pourquoi M. le Maire a insisté auprès de la Commission pour l'adoption du nouveau projet et il pris le Conseil de le voter.
À la suite 'observations de MM. le Maire, D., J. et P. qui propose d'étudier l'élargissement du quai pour faciliter l'établissement de la courbe, M. le Maire met aux voix la délibération suivante :
- Le Conseil
- vu le projet de tracé présenté par le Conseil vicinal pour le passage du tramway de Suresnes à la porte Maillot par la rue Willaumez et le quai,
- considérant qu'il y a avantage pour la sécurité publique à adopter le tracé par la rue Willaumez, sous cette condition que la Ville ne sera pas tenue aux dépenses d'expropriation,
- vue l'urgence,
-délibère,
- est approuvé le tracé du tramway par la rue Willaumez et le quai de Suresnes conformément aux dispositions du plan dressé par le service vicinal.
À la suite de ce vote, M. le Maire donne connaissance au Conseil de la correspondance échangée entre lui et les concessionnaires au sujet de l'installation des poteaux du trolley.
Sur la proposition de M. S., le Conseil vote la délibération suivante : 
Le Conseil, vu l'exposé de M. le Maire et la correspondance relative à l'établissement d'un trolley dans l'intérieur de Suresnes pour le tramway de Suresnes à la porte Maillot ;
- considérant que le Conseil n'a jamais été consulté sur cette disposition et qu'il y a lieu de protester contre l'aspect disgracieux qui en résultera dans l'intérieur de la Commune à la porte du Bois de Boulogne ;
- considérant que la Compagnie a établi le tramway en dehors de Suresnes par contact inférieur7 et qu'il lui est facile d'appliquer le même procédé de traction au delà du pont,
- délibère
l'administration préfectorale est invitée à s'opposer à l'établissement d'une trolley dans l'intérieur de Suresnes pour le tramway de Suresnes à à porte Maillot.
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Cette ligne à a création n'était pas raccordée aux autres lignes du réseau de la capitale et de la région parisienne. La Compagnie du Chemin de fer du Bois de Boulogne (C.F.B.B.) était alors indépendante. En 1921, elle fut ensuite affermée à la S.T.C.R.P. qui exploitait également la ligne 38 (Porte de Neuilly—Puteaux-Marché). 

Le 12 juillet 1899, le tracé par le rue Willaumez, protestation.
La Commission de voirie a examiné une protestation formée par MM. L.,C., M. contre la réduction à 1m10 de la largeur du coté gauche de la rue de Willaumez, résultant du tracé suivi par la Cie pour le passage du tramway dans cette rue.
La Commission fait remarquer que ce travail a été adopté par le Conseil après avoir été repoussé par la Commission et qu'il y avait lieu de le soumettre à l'enquête. L'omission de cette formalité n'incombe qu'à la Préfecture.
Le Conseil municipal de Suresnes n'a pas à intervenir.
Cette opinion est combattue par M. D. qui déclare que le Conseil en votant le tracé par la rue Willaumez n'a pas été informé qu'il y aurait emprise sur le trottoir. La responsabilité de cette emprise sur le domaine municipal incombe selon lui à M. le Maire qui aurait pris l'initiative de ce tracé.
M. le Maire conteste ce dernier point. Il a pris part à une conférence à la Préfecture où le nouveau tracé a été indiqué et recommandé comme n'entraînant aucune dépense d'expropriation pour la Ville. Si le Conseil a eu toutes les pièces sous les yeux et a statué en connaissance de cause. C'est maintenant à la Préfecture qu'il appartient de procéder à l'enquête et il n'y a plus qu'à en attendre les résultats.
À la suite d'observations de M. G. qui insiste pour que le Conseil proteste contre l'exécution de ce tracé et réclame la mise à l'enquête, l'incident est clos.
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Le 8 septembre 1899, la Commission de voirie soumet au Conseil les résultats de l'enquête sur la déviation du tracé du tramway de Suresnes à la porte Maillot. Il a été fait 101 dépositions dont 19 favorables, 80 défavorables et 2 d'un caractère spécial.
Après l'échange de quelques observations, la Commission, sans prendre aucune décision laisse prendre au Conseil municipal, le soin de donner l'avis qui lui est demandé par M. le Préfet, à la suite de l'enquête.
M. le Maire rappelle qu'il a transmis à M. le Préfet, en l'appuyant, la délibération par laquelle le Conseil a demandé que cette portion du tramway, fut établie dans l'axe du boulevard de Versailles. C'est pour faire respecter cette délibération qu'il a donné aux entrepreneurs l'ordre d'interrompre les travaux lorsqu'ils sont arrivés à la rue de Saint Cloud. Un Membre du Conseil a incriminé ses actes en les qualifiant d'agissements secrets. Ce sont des accusations dépourvues de base. À la suite de cette interruption des travaux, la Préfecture a provoqué une réunion des ingénieurs et du président de la Compagnie, à laquelle le Maire de Suresnes a été convoqué, ainsi que le Conseiller général du Canton et le Directeur des affaires départementales et à cette réunion, M. Genevois. Président de la Compagnie déclara à M. le Maire que le tracé par le boulevard entraînerait à la charge de la Compagnie des accidents fréquents et qu'il n'en serait pas de même par la rue Willaumez.
M. le Préfet, s'adressant à M. Genevois, lui dit que, puisque la Compagnie demandait le passage par la rue Willaumez, ce serait à ses risques périls qu'elle l'exécuterait et qu'elle en supporterait toutes les conséquences. Quant à l'enquête, M. le Préfet déclara que la Préfecture prendrait les instructions de M. le Ministre des Travaux Publics. À cela s'est bornée la conférence. M. le Maire, ne peut dès lors que repousser toute accusation fondée sur son attitude, laquelle a été logique, franche et loyale.
M. G. répond que les dires du représentant de la Compagnie à l'enquête contredisant l'explication qui précède, il en résulterait que le tracé par la rue Willaumez a été proposé par le Maire.
M. G. fait remarquer que la Préfecture en pris à son aise avec la Ville de Suresnes. Dans la pensée du Conseil général, le tracé primitif prenait l'axe du boulevard  ; mais on ne retrouve pas de trace de l'enquête. Le passage en accotement paraît avoir été adopté pour diminuer les frais d'installation à la charge de la Compagnie. D'autre part la Compagnie n'avait été autorisée que jusqu'au pont des Moulineaux, et elle a prolongé son tracé jusqu'à l'usine sans aucune autorisation. M. G. proteste contre toute cette procédure qui a été très nuisible au pays.
À la demande de M. le Maire, M. F secrétaire donne lecture de l'ordre du jour de M. G.
À la suite d'un débat entre divers membres cet ordre du jour mis aux voix est rejeté.
M. S. dit qu'en présence de la résistance de l'administration au passage dans l'axe du boulevard, il fallait opter entre l'accotement et la rue Willaumez. La circulation des deux tracés n'est pas comparable. Le passage par la rue Willaumez permet l'établissement d'une station, et l'on pourra faciliter ce passage en élargissant le quai.
M. M. parle dans le même sens. M. le Maire propose de renvoyer la question à la Commission de voirie qui sera chargée de rédiger les termes de l'avis demandé au Conseil.
Cette proposition est adoptée.

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Le tracé

Le tracé d'origine y compris le prolongement sur Montretout. Sur ce plan d'avant guerre l'antenne vers les Docks de Rueil n'existe pas encore de même que n'y figure pas l'embranchement grand réseau à partir de la gare du Val d'Or.
(Archives
du service Archives-Documentation de Houilles)

L'origine de la ligne était située Porte Maillot. À double voie sur une plate-forme indépendante, elle longeait le Bois de Boulogne jusqu'au pont de Puteaux où elle suivait cette fois la Seine, desservait l'hippodrome de Longchamp puis continuait jusqu'au Pont de Suresnes qu'elle traversait en voie unique située en accotement. 

Le tracé dans la ville de Suresnes.

Dans Suresnes, elle longeait l'avenue de Versailles toujours en accotement et se terminait au Val d'Or à l'intersection de l'avenue de Versailles et du boulevard Louis Loucheur où passait la ligne des Docks de Rueil.
La ligne fut mise en service le 20 janvier 1900. La traction était électrique dès l'origine assurée par un fil aérien interrompu aux portes du Bois de Boulogne où il était remplacé par des plots système Vedovelli à distributeurs. Ces plots furent remplacés l'année suivante par des plots Dolter. En 1910, les inondations endommagèrent ces derniers qui furent remplacés par un fil aérien l'année suivante.
En 1911 la ligne fut prolongée jusqu'à Montretout puis l'année suivante jusqu'à la Porte Jaune à Garches. Sa longueur atteint alors 9 Km.

Le terminus de Montretout et celui du Val d'Or.
(Archives du service Archives-Documentation de Houilles)

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En 1933, quelques années avant sa suppression et son remplacement par une ligne d'autobus, il avait été prévu de lui faire suivre la rive gauche de la Seine entre les ponts de Puteaux et de Suresnes à l'occasion de la suppression de la ligne 38.
Archives de la RATP

Imgp2277.jpg
Cette modification du tracé doit entraîner deux raccordements de voie au pont de Puteaux et au pont de Suresnes avec la ligne 75.
Archives de la RATP
Le raccordement des voies du 38 et du 75 au pont de Puteaux.
Archives municipales de la ville de Puteaux
Le raccordement des voies du 44 et du 75 au pont de Suresnes.
Archives municipales de la ville de Puteaux

Le 16 juin 1900, M.H. présente quelques observations sur les inconvénients que présente la déviation du tramway par la rue Willaumez.
Archives municipales de Suresnes

Le 13 octobre 1900, ajournement du projet d'élargissement rue Willaumez.
Les Commission de la voirie et des travaux, à raison des modifications devant être apportées dans la direction du tramway dit "Chemin de fer du Bois de Boulogne " sont d'avis de n point donner suite au projet d'élargissement de la rue Willaumez empruntée par ce tramway.
M. le Maire dit que la Compagnie du
Chemin de fer du Bois de Boulogne  lui a, en effet, fait connaître sont intention de faire passer la ligne dans l'axe du boulevard de Versailles en abandonnant le tracé de la rue Willaumez, qui serait repris par la Compagnie du tramway de Garches. De plus les évitements existant sur le boulevard de Versailles seraient déplacés et augmentés. Il y aura lieu pour le conseil municipal de reprendre la question des trottoirs de la rue Willaumez en réclamant leur rétablissement à qui de droit;
L'ajournement est prononcé.

Archives municipales de Suresnes

Le 15 décembre 1900, la Commission a été saisie de diverses plaintes au service du tramway de Suresnes à la porte Maillot et elle propose au Conseil de réclamer diverse améliorations, au sujet des quelles, après avoir entendu M. le Maire et M. B. le Conseil statue comme suit :
Le conseil
vu les plaintes adressées à M. le Maire par divers habitants concernant le service du tramway de Suresnes à la porte Maillot dit " Chemin de fer de Bois de Boulogne" sur le rapport de la Commission de voirie,
délibère
Il y  lieu de demander les améliorations suivantes au service des voyageurs sur le tramway de Suresnes ) la porte Maillot :
1. - Des billets d'aller et retour seront mis à la disposition des voyageurs dans l'intérieur des voitures ;
2. - Entre le pont de la ligne des Moulineaux et la station de la rue Willaumez le prix de billets d'aller et retour sera le même qu'à cette station ; 
3. - LA station établie dans le Bois de Boulogne près de l'étang de l'abbaye de Longchamp sera supprimé, toutes les voitures venant de la Porte Maillot devront traverser le pont et conduire les voyageurs dans l'intérieur de Suresnes ;
4. - La Compagnie sera invitée à installer un bureau définitif avec abri pour les voyageurs et à supprimer la guérite de surveillance actuellement installée à titre provisoire rue Willaumez.

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Le 26 janvier 1901, installation d'abri pour les voyageurs.
Le Conseil municipal de Suresnes, vu les réclamations adressées à M. le Maire par plusieurs habitants et récemment par M. R tendant à ce que la Compagnie du "Chemin de fer du Bois de Boulogne" installe à proximité des ses stations sur le territoires de Suresnes et à l'entrée du Bois de Boulogne des abris destinés à préserver des intempéries les voyageurs qui attendent le passage du tramway. 
Sur le rapport de sa Commission des travaux, délibère, M. le Préfet de la Seine est invité à enjoindre à la Cie du "Chemin de fer du Bois de Boulogne" l'établissement d'abris à proximité des stations suivantes :
1. - boulevard de Versailles, viaduc de la ligne des Moulineaux
2. - rue Willaumez
3. - entrée du Bois de Boulogne, près des bureaux d'octroi de la Ville de Paris

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Le 16 mars 1901, tramway de Suresnes à la porte Maillot, prolongement dans Paris.
Conformément aux conclusions de la Commission des travaux, le Conseil municipal de Suresnes s'associe à un vœu du Conseil municipal de Puteaux tendant au prolongement de la ligne de Suresnes à la porte Maillot, jusqu'au massif qui fait face à le tête de ligne du petit tramway du jardin d'acclimatation.
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Le 26 avril 1901, la Commission des finances communique au Conseil un rapport du Service du Contrôle des tramways au sujet des améliorations précédemment demandées par le Conseil. D'après ce rapport la distribution des billets d'aller et retour dans les voitures serait impossible. L'égalisation des prix des billets d'aller et retour aux stations du pont des Moulineaux et de la rue Willaumez sera l'objet d'une étude après publication du décret de concession de la ligne de Suresnes à garches. La Compagnie sans s'engager à supprimer la station de Longchamp annonce qu'elle desservira prochainement à raison de quatre trains par heure dans chaque sens, le parcours complet de la porte Maillot au Val d'Or. Enfin l'installation d'une station abri rue Willaumez serait subordonnée à la question du tramway de Suresnes à Garches.
La Commission propose de donner acte à l'administration de cette communication et de maintenir en les renouvelant les demandes d'amélioration précédemment formulée par le Conseil.
Les conclusions sont adoptées.

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Le 25 mai 1901, Chemin de fer du Bois de Boulogne, allongement de garage.
Le Conseil municipal de Suresnes sur la proposition de la Commission de travaux, 
- vu la demande de la Société du Chemin de fer du Bois de Boulogne, tendant à allonger son garage situé près du pont de chemin de fer des Moulineaux,
- considérant que la Société à toujours répondu évasivement ou par une fin de non recevoir aux demandes que le Conseil municipal a adressé à l'administration supérieure en vue de l'amélioration du service,
- considérant, en outre, que la Société exploite sans autorisation, la portion de sa ligne située au-dessus du Chemin de fer des Moulineaux,

- est d'avis qu'aucune concession ou autorisation ne soit accordée, avant qu'il n'ait été donné satisfaction aux principaux desiderata formulés par le Conseil, notamment :
1. - l'établissement d'une nouvelle voie, en rails non saillant placés au milieu de la chaussée du boulevard de Versailles entre le pont et la rue de Saint Cloud :
2. - L'enlèvement de la voie actuelle placée dans la rue Willaumez qui devra être rétablie en son état primitif ;
3. - l'atténuation du prix de transport entre la porte Maillot et Suresnes ;
4. - et l'installation d'un abri pour les voyageurs à la halte de la rue Willaumez.
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Le 19 juillet 1901, acte est donné de la Commission de deux lettres de M. le Préfet de police relatives à l'interruption du service du tramway de la porte Maillot à Suresnes, le 14 juillet, l'autre au maintien des horaires réglementaires arrêtés par M. le Préfet de police le 8 avril dernier.
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Le 4 octobre 1901, le Conseil municipal de Suresnes,
- vu la lettre de M. F., Conseiller général, en date du 18 septembre 1901, relative à une convention soumise à l'acceptation de M. le Ministre des travaux Publics par les Sociétés concessionnaires des tramways de la porte Maillot à Suresnes et de Garches.
Sur le rapport de sa Commission de Voirie.
considérant que l'application de cette convention serait préjudiciable aux intérêts des habitants de Suresnes et que le projet qu'elle comporte d'utiliser d'une part la rue Willaumez pour le tramway de Garches et d'autres part le bas du boulevard de Versailles pour celui de la porte Maillot serait une nouvelle cause de gêne pour la circulation très intense qui règne aux abord du pont ;
- émet les avis suivants :
1. - La rue Willaumez, élargie de 6 mètres aux frais des concessionnaires, devra être seule affectée au passage des deux tramways :
2. - Quelles sue soient les conventions particulières que pourront se consentir mutuellement les deux compagnies, celle su tramway de la porte Maillot à Suresnes devra rester seule responsable de tout ce qui se rapporte à la ligne qui lui a été concédée et à son prolongement jusqu'au chemin de fer de Paris à Versailles 
3. - La prolongement de la concession entre les chemins de fer des Moulineaux et de Versailles ne devra être accordée que sous la réserve expresse d'une abaissement notable des tarifs actuels entre la porte Maillot et Suresnes.

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Le 8 mars 1902, le Conseil municipal de Suresnes adoptant les conclusions de la Commission des travaux prend en considération une pétition de M. F. signalant les nombreuses défectuosités du service du tramway de Suresnes à la porte Maillot et décide qu'un exposé des plaintes auxquelles donne lieu ce service sera adressé à l'administration supérieure.
Le Conseil demande que le service du tramway de Saint Coud à Pierrefitte ne s'arrête qu'à 11 heures 30 du soir au lieu de 9h20. 

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Le 7 juin 1902, le Conseil municipal de Suresnes, vu les réclamations adressées à la Mairie par la ligue des voyageurs du tramway électrique de Suresnes à la porte Maillot dénommé "Chemin de fer du Bois de Boulogne";
Sur le rapport de sa Commission des travaux, délibère M. le Préfet de police est prié de bien vouloir prescrire les mesures suivantes :

 1. - le service devrait être assuré sur toute la longueur de la ligne par départs fixés régulièrement toutes les demi heures, même et surtout les jours de course à Longchamp, le dégagement sur le pont de Suresnes étant suffisant depuis son élargissement récent ;
2. - création d'abris à la station terminus de Suresnes-longchamp et particulièrement vers le quai, en vue de la correspondance avec le tramway de Saint-Cloud à Pierrefitte. Cette création a été rappelée maintes fois : l'emplacement de abris a été indiqué sur place à la Société qui prétend ne pouvoir obtenir l'autorisation qui doit lui être donnée au préalable par l'administration supérieure ;
3. - délivrance dans les voitures des billets aller et retour ;
4. - suppression, sur les voitures des mots St Cloud qui mettent souvent dans l'erreur le voyageurs désirant utiliser la ligne St Cloud—Pierrefitte ;
5. - autorisation aux voyageurs en seconde de prendre les places non occupées des premières ainsi que cela se pratique sur les lignes de chemin de fer ;
6. - annoncer les départ 30 secondes à l'avance par une sonnerie aux stations terminus ;
7. - arrêt de 30 secondes à la rue Willaumez et annoncer les départ comme aux stations terminus :
8. - éclairage électrique, aux frais de la Société et au moyen de lampes électriques, des carrefours formés à la rencontre de la ligne du tramway et des rues des Écoles, de St Cloud et de Willaumez.
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Notes :
  • 1 Gare de Lyon, Boulevard Richard-Lenoir, rue Réaumur, Opéra, rue de Rome, boulevards extérieurs, Étoile, avenue de la Grande Armée, Bois de Boulogne, Pont de Puteaux, Bas-Rogers (gare des marchandises).
    C'était déjà le Grand Paris.

  • 2 Après les divers "bachots" et "galiotes" qui n'allèrent guère plus loin que la ville de St Cloud, la "Compagnie des omnibus" (compagnie Plansson de Lyon) emmenait le "voyageur-promeneur-rêveur" de Paris jusqu'à Suresnes depuis l'Exposition Universelle de 1837. Cette compagnie fut remplacée par celle des "Hirondelles parisiennes" en 1874 puis par la "Compagnie des bateaux express" en 1885. Enfin la "Compagnie des bateaux parisiens" en 1886 fusion de toute les précédentes. Elle-même fut rachetée par la S.T.C.R.P.
  • 3 La S.T.C.R.P. Société des Transports en Commun de la Région Parisienne était une société formée en 1921 qui regroupait et réorganisait les différentes compagnies pour exploiter les lignes pour le compte du département. Elle englobait ainsi six réseaux : C.G.O., T.P.D.S., C.G.P.T., Est-Parisien, C.F.N. et Rive-Gauche.
  • 4 Le Chemin de fer des Docks fut exploité jusqu'à la seconde Guerre avec des motrices G et une remorque A.
  • 5 Ce système défectueux fut remplacé de 1902 à 1910 par le système Dolter
  • 6 L'autre ligne est le tramway de Saint Cloud à Pierrefitte qui suit la route nationale n°187.
  • 7 Il s'agit de l'alimentation par plots

Sources :

  • Les tramways parisiens 2è Édition - Jean Robert - 1959.
  • Histoire des moyens de transport entre Suresnes et Paris - René Sordes - Bulletin de la Société historique et artistique de Suresnes. Tome 2 n°8 - 1937
  • Les petits trains et Les tramways des Yvelines et de l'Ouest parisien du 19ème siècle aux années 2000 - Claude Wagner - Valhermeil - 1997.
  • Les tramways de chez nous - Leaderich - MDM - 1998.
  • Société Historique et Artistique de Suresnes.
  • Archives municipales de Suresnes
  • Archives municipales de la ville de Puteaux

Sites :

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