Mémoire de la ligne
La ligne 44 - Porte Maillot—Val d'Or
Marc André Dubout
La
ligne 44 au fil des cartes postales
Côté Paris, le deuxième terminus, construit avant la guerre de 14, était donc situé à la Porte Maillot
non loin du
petit train du Jardin d'Acclimatation.
La ligne traversait ensuite le Bois de Boulogne jusqu'au pont de Puteaux. Dans le bois de Boulogne au début de l'exploitation le fil aérien était interdit pour des raisons d'esthétique ou tout simplement parce sous l'administration de la ville de Paris, il a fallu attendre le début du XXème Siècle pour l'autoriser. C'est un système de plots qui alimentait les motrices appelées aussi "tractrice".
puis le pont de Suresnes qu'elle traversait en accotement gauche. À la traversée du Pont de Suresnes et à la barrière du Bois de Boulogne, ainsi que le long de la Seine, le fil aérien n'avait pas été autorisé, aussi les motrices étaient alimentée par des plots système Védovelli5 dérivé du système Claret-Vuillemeunier.
Le pont de Suresnes rive droite
Sur le pont de Suresnes
Pont de Suresnes avec une rame se dirigeant vers le terminus du Val d'Or. | |
Vue
similaire, mais montrant la halte des bateaux de la Compagnie des bateaux
parisiens 2 À gauche l'octroi. |
|
Pont
de Suresnes, vu en direction du Bois de Boulogne. Noter l'amorce de la courbe de la voie en vue de s'engager dans la Boulevard de Versailles. |
Le pont de Suresnes rive gauche
Le boulevard de Versailles
La ligne montait le
long du Boulevard de Versailles en direction du Val d'Or. La rampe était de 42
%o.
La Gare de
Suresnes-Longchamp
Quelques centaines de mètres plus loin, boulevard de Versailles se trouvait la
gare desservie par la ligne St Lazare—Issy-lès-Moulineaux
La ligne poursuit le boulevard de Versailles.
Le boulevard de Versailles après la gare de Suresnes-Longchamp. Vue en direction du Val d'Or. Bien qu'en accotement de la route la ligne est en site propre. |
Le dépôt
Le dépôt était situé au croisement du boulevard de Versailles et
de la rue de la Tuilerie dans l'espace laissé entre le boulevard de
Versailles et la ligne de St Cloud. Un raccordement dans les deux sens donnait
accès à la ligne.
Le terminus du Val d'Or et l'embranchement sur la ligne des docks
Jusqu'en 1936 un train de matériel reliait, matin et soir, les Docks de Rueil à l'Arsenal de Puteaux et une voiture réservée aux ouvriers les amenait jusqu'à l'usine des Docks le matin et les ramenait le soir.
Saint Cloud et la Porte Jaune
La vie du tramway
L'exploitation
Le trafic était
très irrégulier avec des pointes le matin dans le sens Val d'Or—Paris et retour le soir. Les dimanches de
courses on enregistrait jusqu'à 50 000
voyageurs, ce qui est un record. Imaginons
ce qu'il aurait fallu d'autobus et de voitures particulières pour évacuer ce
nombre important de turfistes ! L'exploitation était à l'équilibre
financier.
Avant la guerre de 14 le terminus qui était à l'entrée du Bois de Boulogne
fut déplacé à la Porte Maillot où une boucle de retournement fut installée
près de 'avenue de Neuilly. Toujours avant la guerre, en 1910 la ligne fut prolongée du Val d'Or à Garches
par la Compagnie du Tramway Suresnes—Garches (S.G.).
La section St Cloud—Garches se révéla déficitaire et fut abandonnée
en 1916. Le terminus fut alors ramené à St Cloud (Montretout).
Le trajet coûtait 45 centimes en première et 30 centimes en seconde classe.
Les allers-retours n'étaient vendus que pour les voyageurs partant de Suresnes.
Le contrôle des billets se faisait en marche, le contrôleur évoluant le long
du marche-pied.
À chaque terminus, une plaque tournante permettait le retournement de la
motrice. En 1908, une boucle fut construite à Porte Maillot, évitant ainsi une
manœuvre fastidieuse pour les agents et une perte de temps pour les voyageurs.
Quatre ans après sa mise en service le tramway transportait 28 000 voyageurs le
jour du Grand Prix. Deux ans plus tard il fallut instaurer un service au quart
d'heure.
En 1906 la ligne fut prolongé de Suresnes-Longchamp au Val d'Or.
À partir de 1920 la fin de la concession approchant la voie et le fil aérien
moins bien entretenus se dégradèrent et moins d'une décennie plus tard, des
arrêts fréquents eurent lieu. Par ailleurs une augmentation importante du
coût de la vie a entraîné une hausse des tarifs du chemin de fer.
En 1922, la compagnie fut rachetée par la S.T.C.R.P. 3.
Le Chemin de fer du Bois de Boulogne perdit son statut de chemin de fer
pour devenir la ligne de tramway n°44. L'ensemble du matériel pris
alors les caractéristiques de la S.T.C.R.P. avant d'être réformé en 1931. Il y perdit aussi en charme
puisque la S.T.C.R.P. remplaça les baladeuses ouvertes par les voitures
fermées des tramways parisiens bien moins agréables. À Suresnes la ligne 44
était raccordée au chemin de fer des Docks 4
et jusqu'en 1930
un train ouvrier desservait les Docks de Rueil matin et soir et jusqu'en 1936 un
train de matériel reliait les Docks de Rueil à l'arsenal de Puteaux dont ils
dépendaient. La ligne de tramway 44 disparut à son tour en 1937, le 2 janvier exactement pour être remplacée par
un autobus.
Le matériel roulant
À l'ouverture de la ligne, les huit premières motrices étaient munies de deux moteurs T3 de 30 CV, un à chaque extrémité. Chaque motrice avait une plate-forme d'accès à chaque bout qui encadrait deux compartiments munis de banquettes longitudinales en bois pour les secondes classes et en velours pour les premières. Elles avaient un seul poste de conduite qui était ouvert à tout vent et le wattman était par conséquent exposé aux intempéries. De plus à cause de cette configuration, il fallait les retourner aux terminus ce qui entraînait une perte de temps importante.
Les motrices
Les premières motrices Fives-Lille ABM 1 à 8,
à essieux radiant fatiguaient énormément la voie. Aussi furent-elles
abandonnées pour les suivantes à bogies. Elles avaient un empattement de 3,80 m.
et un poids de 13,1 t. L'attelage était du type chemin de fer et la prise de
courant se faisait par archet. Ces motrices de première génération
contenaient 44 personnes dont 20 assises sur les bancs placés en longueur
En 1907 apparurent les baladeuses type "jardinières" ouvertes fort appréciées des voyageurs en été. En revanche en hiver c'étaient plutôt les motrices fermées qui étaient prisées. Elles subsistèrent jusqu'en 1930.
Le nombre des motrices passa
à vingt trois en 1911. La série des motrices Hanquet 9 à 13 apparut en 1911.
Ces motrices avaient une longueur de 11 m. et pesaient 15, 7 t. Vestibulées aux
extrémités elles pouvaient accueillir 45 voyageurs dont 22 assis (10 en 1ère
classe et 12 en seconde).
Elles étaient équipées de moteurs Jeumont TC 95 de 50 CV.
Motrice
Hanquet à bogies 9 à 13 avec plate-forme d'accès à chaque extrémité.
Photo prise au dépôt de Val d'Or. On reconnaît la maison dans
l'enceinte des emprises. (Photo livre de Jean Robert) |
Les motrices ABM 14 à 16 avaient une longueur de 11,80 m. et pesaient 13 t. Elles pouvaient accueillir 50 voyageurs dont 27 assis. Elles étaient équipées d'un moteur T3.
Motrice
à bogies 14 à 16 avec plate-forme d'accès centrale. (Photo livre de Jean Robert) |
Les motrices 17 à 22 avaient été rachetées au tramway Vanves—Champs de Mars en 1907.
Les motrices Peckham 23 à 28 mises en service en 1912 étaient plus modernes. À bogies, elles avaient une longueur de 10,080 m. Les voyageurs accédaient par une plate-forme centrale
.Motrice
à bogies 23 à 28 avec ses deux baladeuses ouvertes.
Photo Blanchart (livre de Jean Robert) |
D'autres véhicules avaient été construits dans les ateliers du Val d'Or.
Les
remorques
Les remorques ABM 51 à 56 étaient à bogies avec un entr'axe de 9,20m. Leur
longueur était de de 12,6 m. et pouvaient accueillir 51 voyageurs.
Remorque
ABM à bogies. (Photo livre de Jean Robert) |
Il y avait également 38 remorques J à essieux, ouvertes et fermées.
Les "jardinières" J ont été réformées en 1914.
Les baladeuses J au terminus de la Porte Maillot. | |
Une baladeuse J vue par l'arrière. Noter l'attelage chemin de fer avec tamponnement central et le marche pied le long du châssis. |
La Voie
De construction tardive, le C.F.B.B. était à l'écartement standard des
tramways du début de siècle, c'est à dire 1,435 m. Le rail était du type Broca dont
la gorge était creusée à même le champignon. C'était le rail classique pour
les tramways ayant à partager la chaussée avec les automobiles. Les rails
étaient éclissés et leur écartement maintenu par des entretoises placées
dans le pavage.
Rail Broca utilisé dans la chaussée du pont de Suresnes. |
Aujourd'hui c'est le 144 et le 244 qui assurent ce service de la Porte Maillot jusqu'à la gare RER de Rueil-Malmaison. Hormis dans le Bois de Boulogne et après le Val d'Or le tracé est à peu près le même. Le dépôt a disparu pour laisser place a un groupe d'immeubles et bien sûr le charme s'est évanoui.
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Notes
:
Gare
de Lyon, Boulevard Richard-Lenoir, rue Réaumur, Opéra, rue de Rome,
boulevards extérieurs, Étoile, avenue de la Grande Armée, Bois de
Boulogne, Pont de Puteaux, Bas-Rogers (gare des marchandises). C'était déjà le Grand Paris. Sources :
Sites : |
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