Mémoire
Le Pecq - les projets inachevés
Marc André Dubout
Le projet H. de Persin
Le mémoire de M. H. de Persin, architecte à Paris 29 cité des Fleurs (avenue de Clichy) à Paris est à l'appui du projet de Nanterre port de radoub et de marchandises, raccordé au projet de Paris port de mer1 de M. Bouquet de la Gaye avec réseau de chemin de fer, de tramway économique utilisant le prolongement de l'avenue de Neuilly depuis La Défense à Courbevoie jusqu'à Nanterre bourg et bord de la Seine.
Autre projet de prolongement de la Défense à la forêt de St Germain Prost 1934 |
Exposé
L'initiative des communes de Nanterre et de Courbevoie avec leur prolongement de
l'avenue de Neuilly jusqu'à Nanterre nous a permis avec le projet de M. Bouquet
de la Gaye (Paris port de mer) de modifier heureusement un projet de réseau de
tramway que nous avions à l'étude depuis longtemps déjà dans les
départements de la Seine et de la Seine & Oise que nous allons déposer en
demandant la concession qui en fait l'objet. Avant de développer le tracé des
lignes du réseau projeté et de nous étendre sur les considérations
générales et relatives, nous nous arrêterons à Nanterre que nous
favoriserons tout particulièrement par l'ensemble du projet d'établissement du
port de radoub et de marchandises avec magasins généraux ou docks, au sujet
desquels nous avons fait des études d'avant projets après entente préalable
avec M. Bouquet de la Gaye.
Avec ce projet d'ensemble bien combiné, nous pensons obtenir le concours des
communes intéressées et surtout celle de Nanterre à laquelle nous demandons
le privilège de droit de passage sur l'avenue de Neuilly prolongée pour
l'établissement des quelques kilomètres de ligne qui feront de Nanterre un
point de raccord étant donné l'établissement du port et des magasins
généraux concurremment à celui du réseau économique.
Considérations
générales
Tout le monde sait ce que sont les localités de banlieue qui avoisinent Paris,
nous serons donc très brefs sur ce sujet, la nécessité de desservir par des
moyens nouveaux des points ne le sont pas ou presque pas étant donné le sentiment de chacun, nous nous contenterons de dire que les 16
localités reliées comme le fait notre plan d'ensemble verrait chaque jour
augmenter leur prospérité, conclusion qui du reste est partout constatée là
où des moyens de locomotions faciles sont organisés.
Dans le cas qui nous occupe deux raisons majeures sont en présence et comme on
va le voir, elles mobilisent en faveur de l'établissement des lignes
sus-visées.
La première est l'isolement où sont ces bourgs du chef-lieu de canton comme
Argenteuil qui n'a d'accès pour Paris que par les gares St Lazare et du Nord
aussi bien que Nanterre avant d'être favorisée par le tramway de l'Étoile à
St Germain, par contre les autres bourgs Montesson, Carrières St Denis,
Houilles, Bezons et les bords de la Seine depuis Bezons à Argenteuil et Enghien-les-Bains
sont privés de communications dans cette direction. Enfin parallèlement à la
Seine notre ligne partant de Chatou relie utilement toute la zone comprise entre
le circuit de la Seine ; l'Ile St Denis sur laquelle nous trouvons Colombes et
Gennevilliers.
La deuxième raison est celle de la réussite de "Paris port de mer" qui semble
réunir toutes les chances de succès.
Celle-ci est grosse d'intérêt et comme définition convaincante nous renvoyons
au plan d'ensemble, où on voit que la coupure de Sartrouville à Nanterre
prépare à une grande prospérité la plaine enclavée entre le Vésinet et
cette coupure aux alentours de Montesson et Carrières St Denis tout en reliant
St Germain à "Paris port de mer".
De l'autre côté de la coupure, c'est Sartrouville, Val Notre Dame, Houilles,
Bezons, Argenteuil, enfin Nanterre qui quoique actuellement éloignée de deux
kilomètres du passage du chenal se trouve rapprochée par l'ouverture de la
nouvelle avenue et par la ligne de tramway de Chatou aux docks et à l'Ile St
Denis et aussi par les nouvelles constructions qui forcément seront créées
aux abords de la nouvelle avenue qui n'est distante que de un kilomètre à
peine des docks projetés. Elle devient donc on peut le dire le trait d'union du
bourg de Nanterre aux docks au pont de Bezons à Argenteuil, au rond-point de
Courbevoie, et à Paris Étoile.
Quant à Gennevilliers et à la plaine qui l'entoure, "Paris port de mer" lui
assure un avenir des plus sérieux qui à l'inverse de zones que nous
préconisons, vers Houilles, Sartrouville, Bezons et Nanterre sera toute
industrielle tandis que les parages précités sans rester étrangers au
commerce et à l'industrie conserveront un caractère de promenade fort
séduisant pour les amateurs de villégiature de campagne qui auront à leur
porte le petit chemin de fer économique pour les conduire au centre de Paris
sans être astreints aux heures des trains des grandes lignes, quelques uns des
bourgs sus-nommés et à de certaines heures seulement.
Port
de radoud, docks, magasins généraux
L'établissement de port
de radoub et de marchandises avec docks et magasins fera de Nanterre un centre
commercial d'une grande importance par l'installation d'atelier de construction
et de réparation navale.
Quant aux docks et magasins généraux, leur propreté ne peut être mise en
doute si l'on considère leur établissement extra-muros en étant soudés au
canal maritime tout en se trouvant au milieu d'une population extrêmement dense
qui s'élève pour la banlieue dans la zone comprise entre St Denis et St
Germain.
Pour l'ouverture de la nouvelle avenue appuyée des lignes à établir et du
port, son avenir ne peut être mise en doute.
Toutes ces considérations font partie de nos divers projets réunis en un seul
et
assurent ensemble à la commune de Nanterre une transformation complète et une
place dans le commerce de Paris et de la banlieue.
Nous nous bornons à cet exposé général sommaire le faisant service de
l'exposé du réseau et au développement de ses lignes formant ensemble un
total approximatif de 43,6 kilomètres.
Exposé du réseau, développement des lignes
Total
: 43,600
Km.
Ces lignes desservant 16 localités, bien connues, bien habitées, riches et
isolées les unes des autres aussi bien que de Paris où plusieurs n'y
aboutissent que par des grandes lignes.
Notre petit réseau bien modeste et sans grande prétention apporte à toutes
les localités qu'il traverse des facilités nouvelles, les relie toutes entre
elles et les fait converger sur le centre de Paris par l'avenue de Neuilly où
on rencontre tous les moyens de locomotion faciles.
En résumé, nous les relions directement à Paris.
Telles sont les bases de notre projet général que nous avons l'honneur de
porter à votre connaissance, dressés et présentés par les ingénieurs
sous-signés.
Archives municipales
de Chatou et
Archives
municipales du Vésinet
Le 4 novembre 1890, M. H. de Persin adresse au maire du Vésinet ainsi qu'aux
membres du Conseil municipal un plan d'ensemble et un mémoire représentant un
projet très important qui intéressent les départements de la Seine et de la
Seine & Oise et particulièrement certaines communes dont Le Vésinet.
Il résume le projet tel qu'on vient de le voir et dont il est demandeur en
concession suivant le tracé général du plan annoncé. Il demande un avis sur
son projet et prie le maire et ses conseillers de prendre une délibération au
sujet des lignes à établir sur le territoire du Vésinet. Il informe ce
dernier qu'il demande aux départements de bien vouloir lui accorder par
application de la loi de du 11 juin 1880 soit une garantie, soit une
subvention kilométrique ferme.
Signée de Persin et Cie.
Archives
municipales du Vésinet
Ces quelques lettres nous donnent une idée de la date de ce projet dont le document le plus ancien remonte à 1876.
Notes
:
"Paris
port de mer". Cette idée ne remonte-t-elle pas à l'héraldique de
notre capital qui affiche avec force un navire. Déjà à l'époque de
Fulton on parlait de "Paris port de mer" mais les projets sérieux
apparaissent avec Bérigny qui en 1926 proposait un projet de canal latéral
à la Seine à allant de la mer à Paris et pouvant offrir un tirant d'eau
de 6 mètres et traversant six fois le fleuve. Après lui M. Flachat
sollicitait la construction d'un canal avec entrepôts généraux, docks et
douanes entre Rouen et Paris tirant d'eau 3,50 m. Le "Paris port de mer" qui intéresse note étude remonte à 1887 Rouen—Clichy qui ne se préoccupe pas de la Seine maritime. Sa longueur 185,6 Km. avec deux raccourcissements l’une à Tourville, et l'autre à Sartrouville à travers la plaine de Croissy taillée dans le calcaire. À propos de "Paris Port de mer" ces documents de septembre 1912 trouvés aux Archives des Canaux de Paris Ce qu'en dit Wikipédia Après un démarrage réticent, dû aux inepties d'illustres académiciens, savants politiciens, le chemin de fer se développa et le rail couvrit la France de ses réseaux. Cependant des espaces restèrent non desservis et la voie normale ne put atteindre certains endroits peu accessibles, montagnes, campagne, usines avec des coûts raisonnables. Le coût du chemin de fer se divise en deux parts : ce qu'il faut payer à la compagnie et ce qu'il faut payer pour l'atteindre. On résolut le problème en établissant "des chemins de fer sur route à traction à vapeur transportant des voyageurs et des marchandises". Bien que cette solution fut accueillie avec des éclats de rires par de sages ignorants, le type de chemin de fer fut arrêté par M. de Freycinnet ministre des travaux Publics qui déposa au Sénat en 1878 un projet de loi destinant à régler le mode de concession pour ces "chemins de fer établis sur route". Et après une double discussion à la Chambre et au Sénat, elle fut votée, ratifiée et promulguée le lendemain, le 11 juin 1880 au Journal Officiel. Dans son chapitre 2, la Loi relative "aux chemins de fer d'intérêt local et aux tramways", (sans vouloir en relater le détail, retenons que l'article 27) règle les concessions qui pourront être accordées. des communes dont la voie doit traverser le territoire, seront entendus lorsqu'ils ne leur appartiendra pas de statuer sur la concession. L'utilité publique est déclarée et l'exécution est autorisée par décret délibéré en conseil d'État sur le rapport du ministre des Travaux Publics après avis du ministre de l'Intérieur". L'unité nationale est ainsi reconstituée, c'est le Conseil d'État qui déclare l'utilité publique des tramways et en autorise l'exécution après avis du ministre de l'Intérieur. C'est aux auteurs de projets de se soumettre aux règles et de proposer des projets parfaitement étudiés et justifiés, les autorités compétentes se chargeant de les instruire. Reste à régler le problème de la garantie de l'État qui pouvait légitiment douter de l'abus qu'on pourrait en faire. Et c'est précisément l'article 36 qui donne satisfaction et garantie à tous les intérêts en jeu : "Lors de l'établissement d'un tramway desservi par des locomotives et destiné au transport des voyageurs, l'État peut d'engager en cas d'insuffisance du produit et cinq pour cent par an du capital d'établissement, tel qu'il a été prévu par l'acte de concession et augmenté, s'il y a lieu, des insuffisances constatées, pendant la période assignée à la construction par ledit acte, à subvenir, à condition qu'une partie au moins équivalente sera payée par le département ou la commune avec ou sans le concours des intéressés. La subvention de l'État sera formée :
En aucun cas, la
subvention de l'État ne pourra élever la recette brute au-dessus de six
mille cinq cents francs par an. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58157198 Sources :
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