Le Chemin de fer de l'Exposition universelle de 1889
Les chemins de fer à l'Exposition universelle de 1889
Marc André Dubout
Sommaire |
Le matériel de l'Artillerie
Dans cet article assez complet de la Revue technique de l'Exposition
universelle, le rédacteur nous livre aussi une description de la ligne et
du matériel roulant qui y circule, le tout se termine par quelques chiffres éloquents
qui nous donnent une idée de l'importance qu'a eu ce chemin de fer militaire.
Les locomotives du système
articulé Péchot ont été étudiées par le capitaine Péchot, avec le
concours de M. Ch. Bourdon, ingénieur, et rappelle comme dispositions
d'ensemble, les machines Fairlie. Ces locomotives comportent deux bogies à deux
essieux moteurs sur lesquels repose une chaudière au milieu de laquelle se
trouvent deux foyers latéraux. Elles pèsent 10 tonnes à vide et 13 à 14
tonnes en charge, soit au maximum 3t,5 par essieu.
Les voitures à voyageurs sont montées sur deux bogies à deux essieux ; elles
sont ouvertes, avec abri léger, ou comportent des caisses fermées.
Les wagons à marchandises sont également sur bogies à deux essieux ; ils
peuvent porter habituellement 10 tonnes et pèsent en moyenne 3500 kilogrammes,
soit 350 kilogrammes par tonne transportée.
Les bogies portent en leur milieu une cheville ouvrière qui les relie aux châssis
des voitures ou wagons ; ils portent, en outre, à leur partie supérieure, une
voie circulaire qui est concentrique à la cheville ouvrière et qui sert de
chemin de roulement aux galets dont sont munis les châssis. Les appareils de
chocs qui servent en même temps à la traction et qui se trouvent situés dans
l'axe des bogies, sont également reliés à la cheville ouvrière. Ces
dispositions facilitent le passage des véhicules dans les courbes et sur les
plaques tournantes.
Pour
le transport des fardeaux de grandes dimensions qui sont assez rigides pour se
soutenir eux-mêmes, tels que troncs d'arbres, longs bois, canons, etc., on
emploie deux trucs accouplés et pourvus de supports pivotants ; les barres
d'accouplement sont formées de tubes ou de fers profilés coulissant l'un dans
l'autre, de manière à pouvoir régler leur longueur suivant celle du fardeau
à transporter ; les supports pivotants sont munis de galets reposant sur des
chemins de roulement circulaires.
Les dispositions de ce matériel ont été étudiés par M. le capitaine Péchot.
Il existe des trucs à : 2, 3, 4, 6 et 8 essieux qui, accouplés peuvent porter,
sans dépasser la charge de 3t,5 par essieu : 12, 18, 24, 36 et 48
tonnes et pèsent 2200, 3300, 4500, 6500, 8800 kilogrammes soit par tonne
transportée : 183, 183, 188, 181, et 183 kilogrammes.
Les trucs à 2 essieux ne sont autres que des bogies d'un wagon de 10 tonnes.
Les
trucs à 3 et 4 essieux sont d'un type spécial. Les trucs à 6 et 8 essieux
sont formés de deux trucs à 3 et 4 essieux réunis au moyen d'un châssis,
sous lequel ils peuvent pivoter.
Comme on le voit les trucs à 6 et 8 essieux sont articulés.
À l'esplanade des Invalides se trouvait exposé le chargement d'un canon de 48
tonnes sur deux trucs articulés à 8 essieux.
Tous les véhicules dont nous venons de parler peuvent circuler dans les courbes
de 7m,63 de rayon ; ils peuvent aussi passer sur les plaques
tournantes de 1m,30 de diamètre à l'exception, toutefois des wagons
formés de trucs 4 ou 8 essieux qui exigent un diamètre de 1m,70.
L'application
la plus remarquable de la voie Decauville a été réalisée à l'Exposition même,
pour le petit chemin de fer qui faisait le service des voyageurs entre
l'esplanade des Invalides et la Galerie des Machines, en suivant le quai d'Orsay
jusqu'à l'extrémité du Champ de Mars, où il s'infléchissait à angle droit
pour longer l'avenue de Suffren.
Ce chemin de fer avait une longueur totale de 3 kilomètres.
Il traversait l'esplanade des Invalides, l'avenue de Latour-Maubourg et l'avenue
de La Bourdonnais, et passait en souterrain sous la place du pont de l'Alma
et au droit du pont d'Iéna
Les passages à niveau avaient d'abord été munis de barrières, mais comme
elles exigeaient trop de temps pour être manœuvrées, on les a bientôt
remplacées par des cordes, ce qui a permis de n'intercepter chaque passage à
niveau que pendant 45 secondes pour laisser passer un train.
La ligne était à deux voies, sauf, toutefois dans l'étendue de la traversée
à niveau de l'esplanade des Invalides, où ne régnait qu'une seule voie1, par mesure de précaution, à cause de l'affluence des visiteurs en ce
point.
Le tracé comportait en pleine voie des déclivités de 0m,025 et 0m,028
et des courbes de 30 et 42 mètres de rayon ; une partie en courbe et
contre-courbe de 30 mètres de rayon se trouvait située sur une déclivité de
0m,028 ; une courbe de 42 mètres de rayon développant une quart de
circonférence coïncidait avec une déclivité de 0m,025.
Les gares étaient au nombre de 5 :
Les deux gares
extrêmes étaient pourvues de voies de garage reliées entre elles au moyen
d'appareils de changement de voie au rayon de 20 mètres ; les trois gares
intermédiaires ne comportaient que les deux voies principales.
Pendant les six mois qu'a fonctionné les chemin de fer Decauville à
l'exposition, du 6 mai au 6 novembre 1889, les deux voies principales ont
supporté chacune, sans altération que l'usure normale du champignon des rails,
le passage de 21 250 trains marchant à une vitesse moyenne de 23
kilomètres à l'heure. L'usure du champignon a été de quatre à cinq dixième
de millimètre en pleine voie et d'un millimètre et deux dixième dans les gares
où les voies se trouvaient soumises à l'action des freins.
La voie unique de l'esplanade des Invalides qui a supporté le double de ce
trafic, soit un passage de 42 500 trains et les appareils de changement de
voie dont quelques-uns ont été franchis par 100 000 trains ou machines se
sont également bien comportés.
Les locomotives employées du type Mallet, pesant 11t,5 en ordre de marche soit
2t,9 par essieu.
On a fait aussi usage d'une locomotive articulée système Péchot-Bourdon.
Revue technique de l'Exposition universelle
Livre
d'or de l'exposition - Tome 1 - Huart - 1889
Livre
d'or de l'exposition - Tome 1 - Huart - 1889
L'Exposition universelle de 1889 - Grand ouvrage illustré, historique, encyclopédique,
descriptif - Émile Monod - Paris, 1890
Les trains sanitaires2
Les malades et les blessés qui n'ont pas d'hémorragies graves ni d'affections
contagieuses et dont l'état n'exige pas une opération immédiate et le repos
absolu, sont, par les soins du service de l'hôpital de campagne, transportés
à la gare du chemin de fer la plus prochaine, remis au service des étapes, qui
assure leur retour en France, par les trains sanitaires permanents ou improvisés
dont les types figuraient à l'esplanade des Invalides.
Les trains sanitaires sont très confortablement aménagés, et ils constituent
un véritable hôpital ambulant ; ils se composent normalement de vingt-et-un
wagons de chirurgie, pharmacie et lingerie, d'un wagon cuisine, d'un wagon
refermant les provisions, la vaisselle et le verrerie, d'un wagon pour les médecins.
Toutes ces voitures sont reliées entre elles par une plate-forme avec garde-fou.
Les cahiers des charges des compagnies de chemins de fer obligent ces compagnies
à transformer, en cas de mobilisation, leurs voitures pour le service des
trains sanitaires et à organiser ces trains.
L'installation des trains sanitaires improvisés est rapide. Les wagons à
marchandises sont réquisitionnés et munis immédiatement des appareils Bry ;
des brancards sont suspendus d'une façon aussi peu mobile, et le train
sanitaire improvisé peut être constitué en très peu de temps et remplacer,
quoique imparfaitement, le train sanitaire permanent.
Et si le train sanitaire permanent, les wagons pour faire des trains sanitaires
improvisés et les locomotives pour tirer les wagons font défaut, on réquisitionne
des voitures qui assurent le transport des malades et des blessés.
Ces voitures peuvent être munies d'appareils de suspension très simples et qui
supprime presque totalement la trépidation.
Livre
d'or de l'exposition - Tome 1 - Huart - 1889
Notes
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Sources :
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