Le carnet du CFC
En visite au Muséo Train de Semur-en-Vallon
MAD
Tous les dimanches de juin à septembre et tous les jours en
juillet et août, le Muséo Train de Semur-en Vallon ouvre ses portes au
public et ce dimanche de Pentecôte fut l'occasion d'y faire un tour pour voir
depuis ma dernière visite les innovations récentes. Et j'ai été surpris par
l'immense travail accompli par l'association.
C'est Pierre Pottier, le fils de Christian (Président de l'association) qui
aujourd'hui accueille le public et présente l'aventure de ce chemin de fer
entièrement créé à partir de rien sur l'espace de prairie sur lesquelles
broutaient des simples vaches.
Tout
a été créé par des bénévoles. C'est en 1972, avec le plan d'eau communal
situé près de la gare qu'a été créé le site et c'est en 1981 après
l'acquisition de 6,5 hectares qu'est apparu le chemin de fer. Robert Pottier,
président fondateur, m'avait accueilli, il y a bien longtemps et déjà ce
petit chemin de fer bien organisé m'avait séduit.
Construit à l'écartement de 60 cm sur des voies Decauville de récupération
ce chemin de fer a voulu conserver la mémoire du chemin de fer portatif, en
allant jusqu'à reproduire l'usine et l'arche métallique de l'entrée bien
connue des cartes postales d'époque.
Non loin de là se trouve l'entrée du musée qui retrace l'activité du site
industriel et présente plusieurs scènes ferroviaires à la fois techniques,
historiques et anecdotiques. La scénographie d'excellente qualité (certains
musées devraient s'en inspirer) met en oeuvre des petits films, des projections
une trentaine de scènes interactives.
La visite est libre mais un(e) bénévole est présent(e) pour répondre à vos
interrogations. L'accès se fait par le train qui part de la gare de départ
toutes les 30 minutes et qui au terme de la visite ramène les voyageurs à leur
point de départ.
En voiture s'il vous plait !
La
gare de départ qui offre avant son accès un parking confortable qui fait
gagner du temps.
Le bâtiment voyageur (BV) est construit sur le type des petites gares des
chemins de fer secondaires qui sillonnaient autrefois nos campagnes avec
maçonnerie d'angle en briques de deux couleurs, ouvertures cintrées et tuiles
Montchanin Lozangé et de pignons ouvragées.
La place de la gare permet au visiteur d'apprécier, d'un coup d'œil, les
divers édifices, une ancienne halle couverte reconstitutée et équipée pour
le pique-nique, le château d'eau et des petits édifices de cantonniers que
l'on voyait au bord des voies secondaires.
L'intérieur
présente trois voies à quai, un quai muni d'une marquise, un édifice de
cantonnier, qui sert d'abri voyageurs et une cloche.
Le train stationne sur la voie 1 au droit du BV. c'est lui qui emmènera les
voyageurs au musée.
Un passage pour piétons permet de traverser les voies à niveau pour accéder
au quai central. Celui en amont de la gare est accessible depuis la place et
séparée des emprises par une barrière roulante.
L'accueil du public se fait dans une construction en bois traditionnelle que l'on traverse pour accéder au quai principal où stationne le train.
Mais
c'est bientôt l'heure du départ, les voyageurs accueillis par Pierre sont
montés dans les trains et après une dernière vérification et le train
s'ébranle en crissant dans la courbe de sortie.
J'ai pris place dans la dernière voiture et dans la courbe j'ai vue sur la
voiture construite pour recevoir les personnes à mobilité réduite accessible
également au public.
La voie de 9,5 Kg au mètre est posée et fixée sur des traverses béton entre les traverses fer et ballastée avec du sable de verre recyclé provenant d'une entreprise située à une vingtaine de kilomètres.
Dès la sortie de la gare, vu le nombre d'aiguillages, on comprend que le réseau bien pensé peut présenter divers itinéraires.
Une dernière vue sur la gare et le train s'enfonce en alignement dans la forêt.
Les voitures construites par les bénévoles sont à gabarit étroit pour la voie de 60 et peuvent accueillir 4 ou 6 personnes.
Juste avant d'arriver au musée, la voie
quitte l'environnement champêtre pour entrer dans le monde industriel, propice à la suite de la visite qui nous fera découvrir celui de la construction du chemin de fer.
Sur l'une des photos, on peut observer un chevalement, emblème de la mine. La Sarthe possédait en effet des mines d'anthracite desservies par des réseaux en voie de 60. L'association du "Train de Semur" et ses bénévoles projettent de recréer l'ambiance de cette activité aujourd'hui disparue.
Puis le train traverse une allée encadrée de murs d'usines et nous arrivons sur le site industriel recréé avec ses bâtiments ses voies et aiguillage dans tous les sens, ses toits en dents de scie, ses bidons, ses lorries, ses stocks de matériels.
Sans oublier l'arche métallique de l'entrée N°2 des ateliers Decauville Aîné.
Puis
le train s'arrête à la gare Decauville, munie d'une vaste et claire marquise
abritant les deux voies à quai.
Ce jour là un curieux autorail rouge était garé. C'est un "fac similé"
de l'autorail Decauville pour voie métrique. Il vient d'une entreprise
d'Auxerre.
Tous les voyageurs descendent du train pour visiter le musée qui abrite entre autres, la collection des Amis du Musée Decauville (anciennement CEMNAD), association qui a disparu et dont le Petit Train de Semur a eu l'intelligence de préserver et de présenter la collection au public.
La visite du Muséotrain
À quelques pas de la gare se situe le Musée. Les précédents visiteurs
reprennent la rame qui stationne quelques minutes puis les ramène à la gare.
Une demi-heure pour l'amateur averti n'a rien de trop tant la richesse des
présentations est grande et attrayante mais ce n'est pas grave, il y a un train
toutes les 30 minutes.
La visite commence par moulte informations sur l'entreprise
Decauville créée en 1875 par Paul Decauville (1846-1922), constructeur de
matériel ferroviaire, de manutention, de cycle et même d'automobile (la voiturelle
1898).
Connu dans le monde entier à partir de 1880, c'est le porteur Decauville,
exporté sur les cinq continents qui a fait de cet industriel un fleuron de
l'industrie française.
Il est le fils de Amand Decauville (1821-1871), agriculteur à Bois Briard
(Commune de Courcouraonne), spécialisé dans la culture de la betterave
sucrière et de la distillerie.
Les bâtiments de cette ferme de Bois Briard existent toujours et le CFC avait
participé à une représentation théâtrale “Rêve d’une nuit d’été",
organisée en 2008
et 2009
par l’Association “Le Lac en Fête”.
Puis
on découvre dans une vitrine quelques objets des Amis du Misée Decauville dont
une assiette des 10 Ans du Chemin des Fer des Chanteraines (Collector).
Non loin de là une video présente les activités de l'usine Decauville.
Cette
première salle expose aussi le premier porteur Decauville en voie de 40, un des
wagonnets qui a peut-être servi à débarder les 9000 tonnes de betteraves en
cet hiver pluvieux de 1875.
C'est de ce besoin de transporter ce stock des champs à l'usine que l'idée du
porteur Decauville a germé dans l'esprit d'Armand Decauville. et que
l'invention de ce petit chemin de fer portatif a vu le jour avec la fabrication
de voie composée de rails et de traverses fer, formant un élément et de
wagonnets capable de rouler dessus sans grand effort de traction.
Ensuite les mines, usines, carrières, armée ont donné un champ d'application
pour ce type de manutention et plus les charges étaient lourdes, la traction
humaine a laissé place à la traction hippomobile, puis par locomotives.
La brouette et le tombereau avait vécu.
Des maquettes illustre au visiteur les diverses applications du chemin de fer Decauville des les industries jusqu'au transport des personnes lors de l'Exposition universelle de 1889 qui lui valut une médaille d'or cette année-là.
Le
Chemin de fer Decauville de l'Exposition universelle de 1889 fut une attraction
unique. Il transporta entre les Invalides et le Champs de Mars quelques
6 342 446 voyageurs payants (ça fait rêver le CFC !) sur les 3
Km de ligne provisoire.
Il desservait 5 stations et passait sous deux tunnels dont un de 106 m (Tour
Eiffel). Aucun accident ne fut déploré.
Le transport des voyageurs par chemin de fer à vie étroite fut, dès lors,
accepté par le Ministère des Transports.
On peut voir également un maquette en cours de construction de
l'entreprise Carel & Fouché (1904), 55 rue d'Amsterdam à Paris, fournisseur
des grands réseaux des chemins de fer et grande administrations en
France et à l'étranger.
L'usine Carel & Fouché était située au Mans a pourvu le département de
la Sarthe de matériel ferroviaire pour son réseau départemental des Tramways
de la Sarthe (TS) mais aussi d'autres réseaux secondaires et grand chemins de
fer.
L'usine du Mans cessera ses fabrications en 1991.
Dans
la salle suivante la plus importante et spectaculaire par sa scénographie, on
découvre tout d'abord un poste d'aiguillage manuel avec ses leviers et serrures
de sécurité. Une petite video montre un spectacle que les plus jeunes n'ont
pas connu, les manœuvres à la butte avec le dur et dangereux métier de
saboteur ou enrayeur.
Le travail de l'enrayeur consistait à poser sur le rail un sabot pour freiner
le wagons qui descendait de la butte par gravité à une distance précise pour
qu'il termine sa course au bon endroit sans percuter le wagon qu'il allait
tamponner.
Puis
l'on voit l'évolution de téléphone moyen de communication indispensable au
chemin de fer.
Du premier téléphone de A. Bell (1876) au portable en passant par le minitel,
toute une série d'appareil sont présentés en ordre chronologique.
Téléphone manuel, téléphone automatique, téléphone mobile tout y est. Le
volume de chaque appareil est inversement proportionnel à son technologie
Un tableau présente tous les profils et tous les poids de rail du plus petit 4,5 Kg au mètre jusqu'au rail TGV de 60 Kg.
Rail à double champignon, rail Vignole, rail à gorge, rail
Broca, rail tramway, rail de grue, etc.
Ce panneau a été offert par Laurence Patry.
La
visite se poursuit par la voiture De Dietrich '1898) qui présente de scènes e
la vie à bord du chemin de fer.
Cette voiture transformée dans les années 50 en voitures de cantonnement qui
déplaçait au gré des chantiers et dans laquelle les ouvriers de la voie
étaient.
On
le voit mal, la photo est sombre.
Ce petit plateau-Decauville manœuvrait dans l'Établissement Clause S. A.
filiale de RP à Brétigny où je faisais des formations lorsque je travaillais
chez Rhône-Poulenc.
Bien sûr tous ceux que je connaissais savaient que j'était passionné de
chemin de fer et un jour le directeur de l'époque me l'a proposé pour un Franc
symbolique. J'ai tout de suite eu l'idée de le proposer à l'association des
Amis du Musée Decauville (Ex. CEMNAD) pour y être préservé. C'est ainsi
qu'il y a quelques années en visitant le CF de Semur, j'ai revu avec plaisir ce
petit locotracteur de 12 tonnes intitulé Plateau type TE de 1950.
Il mérite une meilleure photo.
Plus élégante et destinée aux passagers aisés, cette voiture piano-bar CIWL de 1925 qui a été tractée par la célèbre train "La Flèche d'Or" Paris—Londres par le ferry nous montre tout le raffinement du voyage des hommes d'affaire. Dans le petit salon on peut écouter une conversation d'un industriel avec une chef d'entreprise.
Le
Musée possède une salle de réunion bellement équipée avec tout le matériel
moderne de projection. Elle peut accueillir une trentaine de personnes.
Au fond une draisine rappelle que nous sommes dans l'univers du chemin de fer.
Sur
le fronton à l'extrémité de la salle on peut admirer une pièce unique, le
"Médailler de Decauville", un tableau regroupant toutes les
médailles reçues par la Société Nouvelle des Établissement Decauville
Aîné (Petit Bourg - France).
Le 149 médailles sont visibles sur une borne tactile.
En
continuant, on peut entre à l'intérieur de l'ancien tramway de Laon qui date
de l'Exposition universelle de 1889 et construit par Decauville pour rejoindre
les parties basse et haute de la ville.
Ce tramway à crémaillère est présenté par une video ancienne dans laquelle
on le voit évoluer sur sa voie unique à crémaillère.
Il a fonctionné jusqu'en 1971.
La
motrice Sprague de la RATP avec son intérieur bien typique et que les plus
vieux ont bien connu.
Je me souviens le dernier train du soir ramassait les sacs de la recette à
chaque station.
La première travée de la motrice, immédiatement après la cabine de conduite
était consignée par une simple chaîne et le receveur entassait les sacs
contenant la recette du jour.
Imaginez çà aujourd'hui !
Divers accessoires chariots, matériel d'entretien de la voie : pelles, battes, pioches, sableuse, boule (pour tester les traverses) sont présentés en situation.
Un
peu plus loin le petit locotracteur de l'usine Decauville de Corbeil et son
wagonnet sont présents. Modif pour la voie de 50 ce locotracteur était
utilisé depuis 1928 dans les fours à chaux de Ballancourt-sur-Essonne.
Vers 1960, il fut revendu à l'usine Decauville qui l'utilisait comme enseigne,
perché sur le toit du bureau de la bascule.
Il a été sauvegardé par l'AMD.
On
le voit ici à la 2ème Exposition sur la mémoire industrielle à
Corbeil-Essonnes du 3 mars au 8 avril 2007 à la Commanderie St Jean de
Corbeil-Essonnes.
Il possédet un moteur à essence Ballot. C'est un des quatre rescapés d'une
série de 80 engins.
Voir l'article
Enfin le dernier locotracteur à voie normale sorti des ateliers Decauville dans les années 50.
Il est impossible de tout rapporter, tant l'exposition du musée
est riche en matériel, information, iconographie.
En effet il propose 4 allées de 30 mètres, 12 matériels à voir, 28 boutons
actifs, 13 vidéos, 4 films et 3 espaces sons.
Notre propos est davantage de "donner envie" que d'en faire un propos
exhaustif.
Le matériel CEMNAD acheté et conservé pour le futur Musée Decauville qui vit le jour à Semur-en-Vallon est arrivé à bon port à l'exception de la locomotive 030 Decauville de 1917 (ex St Eutrope) qui a disparu.
Mais reprenons le train pour retourner à la gare
Un
dernier coup d'œil en attendant le train rouge qui ne tarde pas et nous
replongeons dans la scénographie industrielle avec ses voies, ses bâtiments,
son charme du XIXème S. industriel.
L'autorail
rouge est toujours stationné en gare.
De l'autre côté de la gare une voie en impasse avec un pont tournant et une
voie en courbe serrée qui s'échappe dans le nature.
Nous prendrons celle de droite que rejoint la voie d'évitement.
Le
train arrive déversant ses nouveaux voyageurs qui visiteront le musée. Moi je
remonte dans le dernier wagon, il me plait bien avec sa guérite de queue et le
train repart et nous replonge dans la nature. Des aiguillages et des voies qui
mènent on ne sait où. Sur le réseau les impressions de "déjà vu"
sont possibles pour le visiteur d'une première fois. Quand on le connaît on se
rend compte qu'on est passé par là mais sur la voie qu'on croise.
Et puis il y a des matériels garés bien alignés sur des voies en attente
d'un nouveau destin.
Et enfin le train arrive de nouveau à la gare en attaquant la boucle par la gauche.
Et la journée est finie il ne me reste plus qu'à remercier Christian et
Pierre pour leur accueil très amical et reprendre la route pour le Loiret.
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