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            ...de Suzanne 

La réparation du passavant tribord

Marc André Dubout

À l'occasion d'un carnage complet au printemps 2020, installés un peu à l'étroit sous le auvent, Suzanne a malencontreusement basculé sur tribord un peu violemment, suffisamment pour casser le passavant tribord sur près de deux mètres.

3 septembre 2020
Roger, Yves, Jean-Paul et MAD se sont penchés sur le berceau de Suzanne. Notre chère chaloupe s'est cassée un bras ou plutôt le passavant tribord.
Une fois posée sur une ligne de tins1 et maintenue par les "bois de justice" la Belle attendait son intervention... chirurgicale.

En effet la fracture, de près de deux mètres de longueur, est assez spectaculaire. Le passavant est largement fissuré et les deux parties du plat-bord, coté hiloire2 et coté liston3 ne sont plus alignées dans le même plan. La partie extérieure est à environ 10 millimètres au-dessus du liston qui lui même a été déplacé par le choc.

Cette différence de niveau était due à l'arrachement des vis qui fixaient le passavant4 à l'extérieur sur le bordé et en son milieu sur la serre-bauquière5.
Les vis ne retombant plus exactement dans leur logement le plat-bord était dix millimètres plus haut que le liston.

Dans un premier temps, nous avons, à l'aide d'un maillet vigoureux et d'un martyr absorbant, redescendu le plat-bord qui a, de ce fait, retrouvé sont alignement mais la fracture subsistait.
À l'aide de trois serre-joints et de martyrs, nous avons rapproché fermement les deux parties du plat-bord qui sous la pression ont repris leur place initiale. Et la fissure s'est atténuée sans pour autant disparaître complètement
Mais là nous savions ce qu'il fallait faire pour réparer.
Ceci nous a indiqué que les deux faces portantes s'accordaient pour reprendre leur position harmonieuse. Nous avons alors gratté la peinture du plat bord jusqu'à atteindre le bois pour voir où se situaient les vis d'ancrage dans le but ultérieur d'en consolider la structure.
Nous avons eu alors l'idée de recoller ces deux parties avec de la colle époxy.
Dans un premier temps nous avons ouvert (en l'accentuant franchement), la fracture en utilisant des tournevis de proche en proche et avons maintenu cette ouverture par de petites cales biaises.
Ensuite nous avons posé de chaque coté de la fissure du ruban adhésif afin que la colle époxy ne se répande pas intempestivement sur le plat-bord.
Un fois la magique mixture élaborée, Roger et moi l'avons fait pénétrer sans coup férir dans la fissure béante.
Puis une fois la colle étalée, une série de serre-joints a fait l'affaire pour maintenir très fermement les deux parties du plat-bord en place.
Mais l'histoire ne se termine pas là.  Nous avons repéré l'espace des vis du plat-bord dans le bordé et dans la
serre-bauquière et nous devions pour consolider l'affaire remettre des vis intermédiaires afin de maintenir solidement le tout.
Il ne restera par la suite qu'à enduire et peindre. Une couche, puis une deuxième et ainsi de suite...
                                                                                                                                                           ...À SEQUANA on ne lésine pas.
8 septembre 2020
Aujourd'hui pose des vis de fixation du plat-bord avec le bordé et la serre-bauquière.
Roger commence à percer le plat-bord avec un forêt et muni d'une fraise de manière à laisser pénétrer la tête de vis qui sera ensuite masquée par un tapon6.
Ensuite on introduit la vis en faisant disparaître sa tête dans la partie fraisée.
Enfin avec de la colle à bois on a introduit les tapons y compris sur le liston qui lui aussi a été consolidé.
Une fois la colle prise, il ne restait plus qu'à scier la partie débordante du tapon. C'est Yves qui s'en est chargé.
Les morceaux d'acajou à partir desquels les tapons ont été débités.
Pour combler le déficit de niveau entre la partie poncée et le niveau réel du plat-bord, Yves a appliqué au pinceau de la colle époxy agrémentée de microbilles.
Il ne restera plus qu'à poncer et à peindre.
Pendant ce temps, Roger a consolidé l'hiloire, vissée sur le plat-bord.

 

Notes :

  • 1 Une ligne de tins est une série de pièces de bois (tins) sur laquelle repose la quille d'un navire dans une forme de radoub ou dans un dock flottant. Dans le cas présent la quille est posées sur la ligne de tins et suspendue aux bois de justice par ses sangles de lavage.

  • 2 Une hiloire désigne à l'origine un élément d'architecture d'un navire : un renfort longitudinal principal, situé sur ou sous un pont1, il est perpendiculaire à un barrot, qui lui est situé dans le sens transversal du navire, et court sur la longueur du ou des ponts. Il s'avère que le mot est utilisé de nos jours différemment, le terme désigne également le surbau d'une cale.

  • 3 Longue bande de bois protectrice qui, au dessus de la ligne de flottaison, s'étire sur toute la longueur de la coque d’une embarcation ou d'un navire.

  • 4 Plat-bord qui fait communiquer l'avant et l'arrière d'un navire.

  • 5 C'est une planche plus ou moins épaisse qu'on applique à l'intérieur de la coque, au-dessus des membrures pour lier ses membres entre eux et faire le revêtement interne du bateau.

  • 6 Tapon petit morceau de bois cylindrique qui vient se coller dans la partie fraisée du plat-bord dans le but de masquer la tête de vis.

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