La Bouillote
Dimanche 04 Mars 2001
Comme beaucoup, ce jour-là, j'étais à Soisy-sous-École pour cette vente fabuleuse de matériel en voie de 60 de feu
Jean-Bernard Mervaux. Les jours précédents, j'avais pris connaissance des divers
matériels qui allaient être l'objet de cette cession. Tout d'abord ce fût, la vente des
wagons, puis celle des locomotives garées soigneusement sous le hangar. Mon intention
n'était pas de venir en acheteur potentiel, mais plutôt en badaud pour voir, pour avoir
accès à cette fabuleuse collection dont je connaissais l'existence pour avoir
fréquenté longuement Jean-Bernard, et qui a du en faire rêver plus d'un. D'ailleurs,
c'est précisément là que résidait le talent de Jean-Bernard : avoir réuni une
collection extraordinaire par la variété des pièces, la variété des lieux
d'acquisition et la durée. Le fruit de toute une vie de recherche.
À Soisy-sous-École sortie de la Bouillote du hangar avant le chargement. |
Ce fût donc au tour des locomotives. Les acquisitions se faisaient au fil des enchères, puis de fût au tour de la Bouillote "lot 18" et je me suis senti troublé. Jean-Bernard m'en avait parlé en 1985 lorsque nous sommes allés chez Gaumont pour acheter le Campagne. Mise à prix 20 000 francs, première enchère 25 000, puis 30 000 à 75 000, Borie lève le bras puis immédiatement derrière lui, à mon tour dans un réflexe je lève la main sans trop savoir pourquoi, comme, un flash dans la tête, une force extérieure, puis le temps fût suspendu... un silence dans l'assistance, une fois, deux fois, trois fois, et le commissaire priseur se précipite vers moi pour prendre mes coordonnées. La Bouillote, me revenait comme une rencontre, ça devait se faire, c'était comme ça. La Bouillote est venue à moi comme moi à elle.
Lundi 15 Mars 2001
Arrivée de la Bouillote et de la 030T O&K.
Ca y est, elle est au CFC. Dommage, je ne suis pas là pour voir son arrivée et le déchargement. | Le Plymouth l'accompagne sur la voie 1. |
Quelques jours plus tard, grâce aux soins de Vincent, Daniel, Jean-Pierre et les autres, elle arrivait avec d'autres matériels sur le CFC. J'avais reçu des images avant de l'avoir vue en vrai sur notre réseau. La rampe du camion et sa position inclinée puis sur la voie 1 vers le fond du tiroir garée en attendant la manutention de l'O&K.
Samedi 17 Mars 2001
J'allais tôt au CFC pour voir la machine,
que somme toute, je n'avais pas plus que ça regardée dans le détail. Les attelages
manquaient, un graisseur aussi, il avait été volé entre temps. Je vis les attelages
posés sur un chariot avec leur boulonnerie, je commençais à regarder la machine de plus
près, une tentative d'apprivoisement en quelque sorte.
Puis ce furent les vacances de Pâques.
Le temps a passé. Elle était plus présente en moi par la pensée que par la réalité,
un peu comme un butin que l'on vient d'acquérir et qu'on ne veut pas voir sur le champ
pour mieux le contempler ultérieurement.
Sur la fosse pour l'examiner plue en détail. Elle est belle ! | Il ne manque aucune pièce sauf un graisseur qui a été volé. |
Samedi 12 mai 2001
Après un mois de sommeil et profitant des
ponts de cette période, j'ai commencé à m'intéresser à la Bouillote arrivée sur le
CFC le 15 mars.
Je nettoie la machine avec le projet de l'allumer le lendemain. Le besoin de savoir. Un
tube à fumée est bouché, mais je n'insiste pas avec le ringard Il n'y a pas de fuite
alors... Un coup de fuel sur l'ensemble de la mécanique, graissage des axes et parties
mobiles, un air de propreté en sorte. Demain, je l'allume.
Je la mets à la pression de l'eau 6 bars pour voir s'il y a des fuites. L'eau coule par les purgeurs, le régulateur ne doit pas bien fermer, mais il n'y a pas de fuites aux tubes, ni aux rivets, quant aux entretoises, elles sont masquées par les crinolines, on ne les voit pas.
Préparation et propreté de la machine avant allumage. |
Après un nettoyage extérieur au Karcher en vue de la préparation des journées Portes-Ouvertes, nous lui avons passé un chiffon avec un mélange dosé d'huile et de gas-oil pour rehausser la peinture et lui donner un petit air de présentation. Ramonage des tubes et du foyer, nettoyage des bielles et des roues, enfin une petite toilette de printemps somme toute.
Puis ce fût le remplissage de la
chaudière et le verdict des fuites aux tubes. J'ai noté qu'un tube du haut était
physiquement bouché.
Jauge du bas, puis jauge du haut, le faisceau tient bon côté foyer et côté boîte à
fumée. Puis l'eau monte dans le petit dôme et la robinetterie et le sifflet se révèle
inefficace, mais surtout, l'eau coule par les purgeurs ce qui signifie qu'il y a une fuite
importante à la tête du régulateur 607. Je démonte le dôme, le joint est bon, il
manque un goujon, et là je m'aperçois que la prise de vapeur est branlante. En effet, la
bride qui fixe la prise de vapeur à la pipe d'admission est complètement desserrée. Il
faut démonter l'ensemble. Je l'ai déjà fait sur la 020T-3 et la 030T-6. Pas compliqué
en théorie, 4 écrous pour la glace du régulateur et 2 pour la bride qui se trouve juste
au dessus du faisceau tubulaire, mais en pratique, ces putains d'écrous pourtant pas trop
rouillés, résistent et bien sûr tout se passe à l'intérieur du dôme dont le
diamètre est très limité .
Enfin le régulateur est démonté et bien sûr une douille et un cardan sont tombés dans la chaudière (un problème supplémentaire à régler), mais on verra plus tard. Il faut chauffer au chalumeau. Je n'ai pas mis moins d'une heure par écrou à bout de bras c'est à dire sans force dans une position inconfortable avec le risque de perdre la clé. Non, pas bête, la clé est attachée à une ficelle. Enfin toutes les pièces sont démontées, examinées, nettoyées.
L'arbre de manœuvre 604 de la bielle du tiroir du régulateur a du jeu. Pas de problème on va la démonter. Mais là c'est plus délicat, d'ailleurs quand on a démonté celle de la 030T-6, on a cassé le support en fonte 600 qui assure l'étanchéité et supporte le manche, alors délicatesse, chalumeau, dégrippant. Vincent fabrique un outil genre arrache moyeu. Le tout vient, semble bouger, mais on n'a pas de certitude. Il est tard j'en ai marre. On inonde de dégrippant et on verra demain. Et le lendemain tout vient en douceur. Avec le chalumeau, je fais un trou dans l'arrière de la cabine et je sors la tige du régulateur. Gaston fait une pièce au tour et Vincent la brase sur la tige. A travers le trou d'où sort l'arbre de manœuvre du régulateur, on a le loisir de voir l'intérieur de la chaudière et nous sommes surpris par l'état de propreté pour une bouille de 1913. Je remonte la tige, mais il y a toujours cette putain de douille au fond. Vincent essaie de la rattraper à l'aveuglette, mais si elle est coincée entre la virole et le faisceau... Alors il utilise une glace et paf, la glace tombe elle aussi au fond. Enfin il ressort la douille, mais la glace elle restera. On remonte le tout le samedi. On remplit d'eau et cela fuit toujours par les purgeurs, mais moins. Toujours est-il qu'avec la pression du réseau d'eau, le mano n'arrive pas à décoller.
Dimanche 13 mai 2001
Elle vaporise bien la Bouillote et en plus elle est douce à conduire. |
L'eau dans la chaudière a
gardé son niveau de la veille. Papier, carton petit bois, j'allume la Bouillote,
lentement le mano décolle. Une heure plus tard, un petit jet de vapeur s'échappe par un
purgeur. Les purgeurs ne semblent plus fuir. La pression colle la glace du régulateur. A
ce moment je me rends compte que le robinet du souffleur est hors service et que le
sifflet ne fonctionne pas non plus. Il faudra réviser tout ça. Un peu moins d'un bar,
j'enclenche le levier de marche, en arrière, et j'ouvre le régulateur, la machine bouge
doucement. Quatre bars, j'ouvre à nouveau le régulateur et elle s'ébranle sur la
voie 9. Passé l'aiguille, je fais plusieurs aller-retour sur la V1, entre l'aiguille
d'accès au dépôt et le heurtoir. Un des purgeurs ne ferme pas bien. C'est confirmé, le
roulement est doux. C'est génial !
Les purgeurs sont coincés ouverts. J'attends encore un peu jusqu'à 4 bars. J'appelle
Vincent. On met le cran de marche en arrière, on ouvre le régulateur et la machine roule
doucement sur la voie d'accès au dépôt. Essai des injecteurs. Celui de droite
fonctionne bien. Celui de gauche voudrait y aller. On roule sur voie 1, on remet du bois 5
bars, je fais fonctionner l'injecteur de gauche et on redescend à 4 bars pression à
laquelle on restera pour faire des aller et retour sur la voie 1, d'abord haut le pied
puis avec des wagonnets. On en profite pour faire des manuvres. La machine est
douce. Vincent a confectionné des attelages à clavettes, attelage dont le modèle nous
servira pour équiper la 030T-6 car ils gardent le bénéfice du ressort de tamponnement
et de traction.
Pendant une demi-heure je m'amuse à faire des aller-retour, puis on accroche le Campagne et des wagons et on roule encore. La bonne odeur du bois se fait sentir. Je vérifie les injecteurs, un fonctionne normalement, l'autre voudrait amorcer, mais ce n'est pas franc. Je pousse la pression à 6 bars et là, les deux injecteurs fonctionnent bien. Je laisse tomber le feu et range la machine. un moment de bonheur !
Vendredi 2 juin 2001
J'informe l'APPAVE de ma volonté de
remettre en service la Bouillote.
Les journées Portes-Ouvertes des 09 et 10 juin
La Bouillote ne peut être allumée. Elle est exposée froide au milieu de ses congénères sur le grill du dépôt. Hormis la cabine, son état de présentation est satisfaisant. Il faut attendre encore ...
Sur le grill du dépôt, en exposition pendant les journées portes-Ouvertes des 09 et 10 juin 2001. |
Samedi 6 Octobre 2001
J'ai avancé avec le dossier, je décide de
rallumer la Bouillote avec Jean Pierre, Vincent et Freddy, une fois encore avant sa grande
révision qui prendra au moins deux ans. La pression monte, le joint du régulateur cède
et un jet de vapeur envahit la cabine, on arrive tant bien que mal à colmater la fuite
avec des chiffons... enfin pas très bien, et on fait des aller-retour entre la dépôt et
la Ferme. Vincent filme les évolutions de la machine et cela donnera de belles prises de
vue. Samedi prochain j'attaque le démontage de la machine.
Samedi 8 Décembre 2001
Après avoir retourné la machine pour la positionner, cabine côté dépôt, c'est avec beaucoup de facilité, que j'ai pu retirer les boulons de fixation de la cabine. Mais au moment de la prendre avec le palan, elle s'est cassée en deux à cause des tôles de toit complètement rouillées. Il faut dire qu'elles tenaient uniquement par les deux cornières latérales. De toute façon à part les montants et diverses cornières, rien n'est à conserver.
Samedi 15 Décembre 2001
Aujourd'hui, je m'attaque au démontage des caisses
à eaux. Pas toujours faciles de défaire les écrous sous les caisses et empêcher les
têtes de boulons de tourner au dessus, mais avec de l'ingéniosité, on y arrive.
La journée se terminera avec les caisses déposées et le commencement du démontage des
crinolines.
Samedi 21 Décembre 2001
Une fois les crinolines déposées, la
chaudière est à nue. Bon état général même si la peinture du corps cylindrique
laisse apparaître des particules ressemblant à de la rouille.
Lundi 24 Décembre 2001
Demain c'est Noël. Enfin il faut qu'elle
soit propre cette chaudière. Karcher, brosse métallique sur tout l'extérieur du corps
cylindrique. Ah ! Enfin, elle a de l'allure !
La chaudière a été posée sur une paire de wagonnets à châssis ouvert afin de
permettre l'accès à l'intérieur du foyer.
La chaudière 5325 de 1913 est à nue. | Nettoyage, grattage, asticage... |
A part la dizaine de boulons qui fixent la
chaudière au berceau, je n'ai pas eu recours au chalumeau. Le dimanche suivant, j'ai
passé un bon coup de brosse rotative sur l'ensemble de la chaudière et déjà elle avait
meilleure allure. C'est là que je me suis aperçu que les entretoises étaient en cuivre
ce qui laissait supposer sur le foyer l'était également et non en acier comme l'avait
laissé entendre les informations au sujet de cette machine. Elle possède donc bien son
foyer d'origine, mais il a fallu attendre de la mettre sur la fosse pour bien s'en rendre
compte. Une fois positionnée, j'ai brossé l'intérieur du foyer dont les parois et le
ciel ne présentaient pas de déformations notables.
Les entretoises et supports de grille sont en bon état bien que ces derniers soient
encombrés par des scories. Cette opération de brossage à l'intérieur n'est pas
agréable. Malgré le masque filtrant et les lunettes, on en prend plein la figure et
plein les poumons ce qui oblige à de fréquentes esquives après chaque bouffée d'air.
Voilà, maintenant que la toilette est faite, il faut s'attaquer à l'étanchéité. Ce sera pour la semaine prochaine.
Mercredi 2 Janvier 2002
Tout d'abord, le démontage du petit dôme
632. Trois des écrous viennent après usage du dégrippant, le quatrième goujon lui se
casse à la base du corps de la chaudière. Il a fallu le percer et bien sûr, même si le
trou de perçage était au centre dans sa partie supérieure, à la partie inférieure ce
n'était pas le même cas. Il a fallu meuler la base du goujon pour l'extraire. Nous y
avons passé une matinée avec Gilbert. Après ce petit, divertissement j'attaque
l'étanchéité avec Vincent. On remonte le petit dôme, on retire l'ensemble des
accessoires injecteur, robinet du souffleur, de la prise de mano, etc.. Les pas de vis ne
sont pas compatibles avec le pas métrique, on bouche tant bien que mal et on remplit la
chaudière à la pression de la ville 6 bars. Toutes les prises d'accessoires fuient, mais
le foyer lui reste sec, pas de fuites au entretoises. C'est déjà ça on re-démonte pour
améliorer l'étanchéité et au remontage, on casse la patte de la bride de la tubulure
horizontale du régulateur 608. Merde ! je ne sais pas si vous avez remarqué, dans notre
petit monde cheminot, mais ce mot revient assez souvent dans notre expression de pensée.
Bon, c'est fini pour aujourd'hui. Dégrippant sur les boulons de fixation de la pipe on
démontera ça la semaine prochaine.
Samedi 5 Janvier 2002
Pour extraire la tubulure horizontale du
régulateur 608, il faut démonter la tête du régulateur 607 et pour l'atteindre
démonter le couvercle de dôme 632. Comme nous l'avons déjà démonté lors des premiers
essais en chauffe, rien ne résiste et on en profite même pour refaire un goujon, que
nous avions sauvagement remplacé par un boulon. Règle de l'art oblige ! La prise de
vapeur est sortie cette fois sans laisser tomber de douille, clé de 24 ou autre glace à
l'intérieur de la bouille, puis on ressoude la patte en fonte et on découvre que cette
pièce a déjà été ressoudée. D'autres avant nous s'y sont déjà frottés, mais nous,
on confectionne une bride qui passe au dessus du tuyau avec des tiges filetées qui
passent dans les pattes, qui, du coup, ne subiront plus l'effort du serrage.
A la fin de la journée, on remonte le tout une fois de plus. On refera une épreuve
samedi prochain.
Samedi 12 Janvier 2002
Le samedi arrive, étanchéité du
graisseur du régulateur, étanchéité des prises de niveau, et de la tubulure
horizontale du régulateur 608 côté boîte à fumée. A l'heure du déjeuner tout semble
tout semble prêt pour l'épreuve. 5 bars, 10 bars, 15 bars tout va bien 16 bars le tuyau
de la pompe éclate sous la pression, mais les ouvertures tiennent bons. Je me précipite
dans la fosse pour voir le foyer, il a bien résisté. Une fuite à la vanne d'extraction
nous incite à améliorer l'étanchéité, mais au contraire, notre intervention entraîne
une situation pire et à 5 bars, elle se met à fuir, la fin de la journée arrive. On
verra ça plus tard. Le "on verra ça plus tard", c'est aussi une
expression favorite et récurrente, quand près du but il faut re-démonter, refaire
revenir en arrière et que le temps ne nous en laisse plus le loisir.
Samedi 19 Janvier 2002
J'ai retiré la carotte de la vanne
d'extraction et l'ai bourrée de teflon et de graisse Belleville. Pourtant ça a marché
pour le graisseur. Rien à faire, 5 bars tout s'est mis à fuir. Il faut démonter la
vanne et lui appliquer un bouchon étanche en caoutchouc, c'est ce qu'a fait Vincent avec
succès. On recommence l'épreuve 16 bars tout tient.
Encore une petite fuite au goujon droit de la prise de niveau supérieur, une autre à la
prise de sifflet et un autre au tuyau de raccordement, mais l'aiguille du mano ne descend
que très lentement. Dans le foyer quelques perles d'eau sortent d'une entretoise côté
droit deuxième rangée. Il faudra boucher le trou de cette entretoise, mais on est quand
même à 16 bars, ce n'est pas mal. Il est midi et demi, on va déjeuner. Je vais chercher
les wagons de services, on les accroche à la chaudière et je refoule sur la fosse pour
ranger le matériel et là Horreur !, un des lorries déraille et tombe en travers,
dans l'entre-rail. L'autre, celui qui supporte la partie foyer est resté en place, mais
la chaudière encore pleine d'eau est penchée, désaxée et surtout elle est en
équilibre et risque de tomber dans la fosse. On n'est pas dans la merde. Sang froid,
initiative deux notions importantes dans ce type d'activité. On cale des traverses entre
le deux lorries, puis des blochets et on installe les deux crics de 13 tonnes sur ces
derniers. Sur les crics on met un UPN qui passe sous le corps cylindrique au niveau de la
plaque tubulaire et on lève doucement le tout, ce qui permet de dégager le wagonnet
déraillé. Vite fait, on l'extrait et on positionne un wagon plus lourd en dessous. On en
profite pour remettre la chaudière dans l'axe de la voie à l'aide du tire-fort.
Doucement on repose le tout sur le deuxième wagon. Il suffit de reposer le tout hors de
la fosse. Grosse frayeur ! Aller à table !
Mais que s'est-il passé ? Le wagonnet est tombé dans l'entre-rail à cause d'un
sur-écartement de la voie au dessus de la fosse. Je m'étais déjà fait cette remarque
à l'époque de la réception du dépôt lorsque le matériel était en visite sur la
fosse. Il y avait deux centimètres de trop, mais aujourd'hui c'est 3 centimètres de
trop. Il faut absolument remédier à cela. On laisse tomber la Bouillote et on commence
à déboulonner les rails et à les souder à l'écartement de 60 .
Samedi 23 Février 2002
Daniel m'a donné un jonc de cuivre d'un
centimètre de section, c'est ce qui me faut pour boucher les trous d'entretoises d'où
s'écoulait une légère fuite. Tout d'abord façonner l'extrémité du jonc de manière
à obtenir un cône d'environ un centimètre de hauteur, ensuite recuire son extrémité
à l'aide du chalumeau puis le laisser refroidir. Une fois cette opération terminée,
j'ai coupé le cône à sa base et amorcé un trou avec un forêt de 4 mm, afin de pouvoir
rabattre sa base sur l'entretoise lors du matage. Les cônes en poche sans les avoir fait
tomber une ou deux fois au pied de l'établi ou dans la fosse, j'ai positionné la
chaudière sur la fosse et installé l'escabeau de manière à pouvoir entrer dans le
foyer. Avec un pointeau et un petit marteau, j'ai introduit le cône dans le trou de
l'entretoise. Son diamètre légèrement supérieur fait qu'il force sur les bords
internes de l'entretoise, c'est ce qui assurera l'étanchéité. Ensuite il suffit de
rabattre l'extrémité du cône sur le corps de l'entretoise et le tour est joué. Même
opération pour le deuxième cône, mais il est déjà tard et surtout c'est l'heure du
déjeuner. Maintenant la mise en eau et la pompe.
Remplissage de la chaudière, pas de problème. Bouchage de la soupape et pompage cette
fois, je la monte à 18 bars, le tuyau gonfle, il se tend, pourvu qu'il n'éclate pas. Un
bref coup d'oeil par le gueulard, les entretoises sont étanches, je pousse la chaudière
sur la fosse et monte sur l'escabeau. L'opération a réussi deux ou trois entretoises et
le bouchon fusible perlent très légèrement, ainsi que la rivure arrière gauche du
foyer.
Suintement mais pas d'écoulement. Soulagement. La chaudière perd 3 bars en 5 minutes,
mais c'est normal, le raccord du tuyau est loin d'être parfait et bien que les autoclaves
aient été resserrés, il y a un léger écoulement surtout celui de droite. Cette fois
j'appelle l'inspecteur APPAVE.
Lundi 4 mars 2002
C'est fait, je lui explique ma progression
: deux épreuve à 10 bars, deux à 16, une à 18. Je vais lui transmettre le livret de la
loco celui qui couvre la période de 1948 à 68, celui d'après reste introuvable. Cela
n'a pas d'importance l'essentiel est d'avoir une trace administrative. Il ne sera
peut-être pas la peine de faire une analyse de métal et des mesures d'épaisseur, un
détartrage et un bon nettoyage et ensuite la visite intérieure. On est sur la bonne
voie.
Samedi 9 mars 2002
Aujourd'hui, je nettoie, une fois encore,
l'intérieur du foyer à la brosse métallique et j'en profite pour prendre les mesures de
matelassage 4 à 5 mm de flèche, ce n'est rien, mais il faut le consigner dans le rapport
de visite. Plus difficile, dévisser les boulons des deux supports de grille, car avec la
chaleur, ils semblent soudés sur les goujons. Il faut le chalumeau et une grosse clé à
molette. Sixième de tour par sixième de tour j'y arrive et puis il y a ce goujon qui est
cassé dans le cadre du foyer. Avec le deuxième, il sert à maintenir le foyer sur le
châssis de la locomotive.
Je le perce de millimètre en millimètres jusqu'à 10 et essaie avec le tourne à gauche,
mais rien à faire, il va falloir percer plus gros, jusqu'au file et re-tarauder, mais
j'en ai marre, on verra ça plus tard.
Samedi 16 mars 2002
Je démonte les accessoires qui ont servi
à l'étanchéité afin de nettoyer l'intérieur du corps cylindrique et du foyer, mais
surtout le fond de la virole, c'est là qu'il y a des dépôts de toutes sortes. A priori,
il n'y a pas trop de traces de calcaire, la chaudière a déjà été nettoyée. Par
l'orifice de la boîte à fumée, j'emmanche le Karcher et commence à nettoyer. Des
dépôts sortent par les orifices du cadre du foyer. Je sens que ça résiste, il y a un
amoncellement de dépôt. Je rince à grande eau, elle sort toujours marron foncé. Eh
bien ce n'est pas fini. J'enlève la protection du tube du Karcher et j'atteins la rangée
de rivets qui assemblent le foyer à la virole. Là je sens franchement que les dépôts
font obstacle, un peu comme un coup d'épée dans le sable, je continue inlassablement,
puis je rince. A chaque lavage, j'extrais les dépôts qui sont tombés dans le cadre du
foyer côté plaque tubulaire. Parfois je suis obligé de casser les morceaux avant de les
extraire avec les doigts. Je retrouve un ancien joint d'autoclave à droite et aussi une
des entretoises qui a été changée, elle n'est pas entartrée, c'est plutôt bon signe.
L'eau sort est toujours marron. Je recommence et je rince à nouveau. Je continuerai la
semaine prochaine.
Samedi 23 mars 2002
Même opération. L'eau s'éclaircit, mais
ce n'est pas encore ça. Il faut continuer
Dimanche 24 mars
Même opération. Cette fois j'y arrive, il
n'y a presque plus de dépôt de tartre. À la fin de la journée, la chaudière est
physiquement propre, il faudra ensuite également la rendre "chimiquement"
propre.
Samedi 6 avril 2002
La chaudière est sèche. Vincent a amené
sa caméra, on va pouvoir filmer l'intérieur du moins les parties visibles. Les
entretoises sont en bon état, il y a une légère oxydation mais sans gravité. On arrive
à bien visualiser l'intérieur, rien d'anormal.
Vacances de Pâques, je ne touche pas à la bête.
Samedi 4 mai 2002
Je commence le détartrage, mais avant il
faut reboucher les orifices. Faire, défaire et refaire. Avec Michel, nous remplissons
d'eau à 10 centimètres au dessus des tubes, puis on commence à verser 10 litres d'acide
chlorhydrique. Ca bouillonne un peu, on sent que ça travaille, puis on remplit jusqu'à
la base du dôme, on verse les 10 autres litres et on finit le remplissage à raz bord du
dôme. On bouge la chaudière pour mélanger le tout, et à l'aide du tuyau d'air
comprimé, on fait une circulation dans le générateur. Cette opération durera jusqu'au
lendemain matin.
Dimanche 5 mai 2002
De bonne heure, je tracte la chaudière sur
les voies et libère son contenu. La couleur est jaunâtre, mais pas si sale après tout.
Je la remplis à nouveau et la rince avant de la pacifier avec de la lessive St Marc. Je
dilue les paquets dans des seaux et je répète l'opération de remplissage à 10
centimètres au-dessus de tubes et commence à verser les 10 kg de la soude diluée dans
l'eau chaude, puis je remplis le reste et verse 10 autres kg. Je bouge la chaudière et
introduis le tuyau d'air comprimé. Très vite de la mousse apparaît à la sortie du
dôme et s'écoule lentement. Je laisse l'opération continuer seule et rentre chez moi.
L'après-midi tout continue normalement, c'est la soude et l'air qui font le travail.
Le châssis n°869. | Démontage du cendrier. |
L'après midi, je démonte le cendrier.
Chalumeau pour faire sauter les boulons qui assemblent le tôles et très vite, il est en
pièce. A la masse, je redresse les tôles déformées par la chaleur. Je passe la brosse
métallique sur la face et applique de l'acide phosphorique pour stopper l'oxydation qui
existe en petite quantité entre les tôles et les cornières d'assemblage. Il faudra que
je recharge légèrement certaines tôles dont la porte du cendrier, mais l'ensemble est
récupérable. Il faudra aussi faire un fond de cendrier, l'original ayant disparu. En fin
d'après-midi, je fais sauter les rivets des cornières de la boîte à outils qui se
trouve sous la plate forme. Les tôles sont pourries, les cornières aussi. La prochaine
fois, j'extrairai le reste des rivets coupés au chalumeau.
Je vide la chaudière et la rince. Au deuxième rinçage, l'eau est propre et claire.
L'intérieur est propre. Je la remplis à nouveau et gare le tout en attendant la semaine
prochaine. J'aurai 3 jours, je pourrai avancer.
Lundi 6 mai 2002
Je prends rendez-vous avec l'APPAVE pour la
visite intérieure et extérieure qui aura lieu le samedi 25 mai. En attendant je
m'occuperai du cendrier puis, suivront le châssis et les essieux. Tant qu'on y est autant
faire une Grande Révision une GR pour savoir comment sont les organes de roulement.
Vendredi 10 mai 2002
Je sors la chaudière et commence par la
vider, rien d'anormal. Puis je dégage tous les orifices et passe le Karcher et un liquide
noir se met à couler. Je rince à nouveau et réitère l'opération toute la journée,
Vincent me donne un coup de main et petit à petit, le résultat devient satisfaisant. Le
soir après l'action du Karcher, l'eau reste propre à la sortie des bouchons du cadre de
foyer.
Samedi 11 mai 2002
L'intérieur est propre, mais de l'acide et
de la soude surtout ont coulé sur les flancs de la chaudière alors, je passe du gas-oil
au pinceau et je nettoie les entretoises qui brillent. Le corps cylindrique paraît comme
un sou neuf, bien astiqué, brillant dans le soleil. Il me reste un peu de temps, je
recharge les tôles du cendrier, surtout les parties de raccord aux cornières qui ont
souffert, puis je le remonte, mais au moment de le présenter, il est trop large, il y a
un centimètre de trop et il ne rentre pas dans son logement. Il faut re-démonter,
ajuster les trous d'assemblage et le remonter. Cette opération est fastidieuse et me
prend du temps. Je ne remonte que les vis d'extrémité ensuite je percerai les autres
trous une fois le cendrier à la bonne dimension. Jean Louis et François me donnent un
coup de main indispensable surtout Jean-Louis. Ah! s'il n'était pas là...
Dimanche 12 mai 2002
On finit par mettre le cendrier, il ne
restera que les fers plat à souder lors du remontage définitif et qui empêcheront les
scories de tomber entre le cendrier et les longerons du châssis.
Samedi 18 mai 2002
Je n'ai pas beaucoup de temps, je pars à
Vitry-aux-Loges pour la Pentecôte, je bricole.
Samedi 25 mai 2002 - 8 heures
Je prépare la chaudière pour l'inspection
de l'APPAVE. La chaudière est sur voie 9 près de la fosse pour la visite du foyer.
L'inspecteur n'est pas venu. J'attaque le démontage des plaques d'accès aux soutes à
eau 527 & 528 situées à l'intérieur du châssis. Au préalable, je démonte la pipe
de raccordement des soutes et je dois utiliser le chalumeau pour défaire les écrous qui
sont coincés, le dégrippant n'ayant pas suffit. Je commence à déboulonner l'ensemble
des écrous pas moins de 36 pour chaque plaque. Ils viennent facilement un peu de
dégrippant et la clé à douille, pas de problème, tous les écrous se dévissent
aisément. Le filetage est d'ailleurs en bon état. Ensuite, je passe une lame de
tournevis ente la plaque et la tôle de la soute et fais levier pour décoller la plaque
qui vient sans problème. Pareil pour celle de la soute avant, mais là une difficulté
supplémentaire, le chasse pierre, qui est un peu tordu, vers l'intérieur, empêche
l'accès à une rangée d'écrous et il faut utiliser la clé plate, ce qui est long. En
fin de journée, les plaques sont démontées et une importante quantité de rouille et de
dépôt calcaire sont dans les soutes. C'est spectaculaire. J'en extrairai l'équivalent
d'un bidon de 50 litres. Une fois sommairement la rouille enlevée à l'aide d'une
truelle, je passe un bon coup de karcher pour nettoyer les parois sous pression. Une eau
marron en sort, inutile de dire, que je suis tout mouillé. Un travail à entreprendre en
été.
Dimanche 26 mai 2002
Quand je reviens, les soutes sont sèches
et les parois assez bien nettoyées. Elles sont oxydées, mais pas exagérément. La
semaine prochaine, je les gratterai à l'aide d'une brosse métallique.
Samedi 1er juin 2002
Je commence par la soute arrière. Je monte
sur un blochet et rentre un bras et la tête dans la soute et commence à gratter les
rivures, éclairé à l'aide d'une baladeuse basse tension. J'évalue très vite le
travail à accomplir, ça va être long, mais possible, car aucun endroit est
inaccessible. Toutes les 5 ou 10 minutes, il faut sortir et prendre un bonne bouffée
d'air. Pour me protéger, j'ai la casquette visière à l'envers, des lunettes de
protection et un foulard sur le visage. Malgré cela, je bouffe de la poussière. Ce
travail est dégeulasse, mais il faut le faire J'y passerai la journée, et une autre
encore pour la soute avant.
Samedi 8 juin 2002
Pareil qu'hier, mais soute avant. Une fois
fini, je passe un couche d'acide phosphorique pour stopper l'oxydation. J'y vais avec
précaution car pour l'appliquer sur la partie haute, des gouttelettes tombent du pinceau
et me pique la figure. D'ailleurs, ce week-end j'aurai, la figure toute rouge, mais les
soutes sont nettoyées, l'acide passé dans tous les coins. L'équipe de Cactus 92,
qui fait un reportage au CFC, filme l'intérieur des soutes. Il est vrai que l'on ne voit
pas ça tous les jours.
Pour nettoyer les crépines en cuivre rouge, je les fais tremper dans de l'acide
chlorhydrique dilué. Au bout d'une heure en retirant avec précaution le bidon, toute
trace de calcaire a disparu et les crépines sont comme flambant neuves. A la fin de la
journée, il me restera à bien nettoyer les parties basses des soutes, ce que je ferai la
semaine prochaine. Pour finir la bouteille d'acétylène, avec Vincent, nous entreprenons
de démonter les chasses pierres avant et de redresser les supports qui sont tordus. Puis
c'est au tour de la plaque arrière qui elle aussi a été tordue. Chalumeau, grande clé
à griffes plus rallonge pour avoir plus de force. Une fois chauffé au rouge, le métal
reprend doucement sa forme initiale. Il faudra changer les cornières ou les remettre en
forme.
Samedi 15 juin 2002
Visite de l'APPAVE J'arrive à 8 heures pour
préparer, la chaudière, retirer le matériel qui est sur la fosse et y positionner le
générateur afin d'avoir accès à l'intérieur du foyer. La visite intérieure et
extérieure est positive, l'inspecteur s'étonne de l'excellent état de l'ensemble. Un
rivet peut-être... mais rien de grave. Pour l'établissement du rapport de visite, je lui
donne le dossier de l'APAV Nord de 1948 à 1968. Il me propose une épreuve de à 14 bars
pour remettre le générateur en exploitation après chômage. Un chômage de trente
ans. Sans le livret, il aurait fallu remonter un dossier complet avec mesures
d'épaisseur, analyse de métal relevé dimensionnel, etc. Là, il me faudra seulement une
visite intérieure et extérieure, une épreuve à 14 bars et une visite de mise en
service. Le coût de l'opération s'élève à 6000 Francs.
La journée continue par le nettoyage des soutes à l'acide phosphorique.
Je rentre heureux, les trois petites cases du rapport sont cochées.
Les vacances d'été, je ne touche pas à la chaudière.
Dimanche 1er Septembre 2002
Je me remets au travail. La chaudière est
restée inerte au fond du dépôt tout l'été, rien ne s'est passé depuis la visite de
l'APPAVE du 15 juin. Rien enfin pas tout à fait, car vu le rapport, mon état d'esprit a
changé et l'espoir de revoir cette Bouillote reprendre du service me donne la pêche.
A nouveau je bouche les orifices de la chaudière. Certains le seront définitivement
comme les bouchons du bas de cadre, les bouchons autoclaves et la prise du tube
Crampton.
En revanche le dôme, la chapelle d'introduction et le régulateur seront à nouveau
démontés encore une fois avant remontage définitif. Il ne faudra pas oublier les trous
bouchés comme le niveau d'eau, les jauges. Donc encore du travail, mais à ce moment, la
chaudière aura son timbre.
Je commence par le petit dôme de prise de vapeur quatre boulons, vous pensez c'est
comme si c'était fait ! J'approche les écrous, je serre et je pète le goujon côté
cabine, juste après le filetage. Un bruit sec métallique il n'y a pas d'ambiguïté. Je
ne vois rien, mais c'est sûr il a cédé sous le serrage. Tant pis je continue à
remonter la tête du régulateur 607 qui est fixé à l'intérieur du dôme en prenant
bien soin de ne pas faire tomber les vis de fixation. Puis c'est au tour de la bride qui
assure l'étanchéité entre ce tube vertical et la pipe d'admission. Là c'est plus
délicat, car il faut passer la bride sous la pipe, lui faire pénétrer les trous de
fixation par en dessous, en faisant bien attention qu'elle ne tombe pas sur le faisceau
tubulaires. Le mieux est de positionner la bride un peu de travers, afin qu'elle tienne
par elle-même et lui mettre un écrou pour l'assurer. C'est fait, je serre l'écrou, la
bride se colle contre le tube, alors je peux mettre la rondelle et l'écrou de l'autre
patte de la bride, puis je re-démonte le premier pour passer la rondelle et desserre le
tout tant bien que mal sans faire tomber la clé de 24 au fond de la bouille. Tout se
passe, bien je serre ensuite la pipe contre la plaque tubulaire avant. Le trou d'admission
étant déjà étanchéifié lors des épreuves précédentes. Enfin je remonte de
couvercle du dôme.
Je reviens sur le petit dôme une fois encore démonté pour extraire ce putain de goujon
qui a cassé. Cette fois je ne vais pas le dévisser en force au risque de le casser à la
base comme cela s'est passé pour un autre. Je chauffe au chalumeau, la base du goujon et
surtout la tôle de la chaudière qui au bout d'un moment commence à rougir et à l'aide
de la clé à griffe, je desserre le goujon, qui grince, mais ça vient. Il est sorti, le
pas de vis dans la chaudière est nickel, il me reste à fabriquer un autre goujon. Je
prends une vis de 180*18 scie la tête, et taraude un pas de vis sur la partie lisse acier
80 kg, pas de problème, ça tiendra. Le nouveau goujon est fini. J'applique du joint bleu
pour l'étanchéité et remets le goujon avant de remonter le petit dôme.
Maintenant, il s'agit de fabriquer des joints en plomb pour les les autoclaves de la boîte à feu 583 sur le corps de la bouille. Feuillard, emporte-pièce, blochet, je commence par prendre l'empreinte du trou, trace sur le feuillard la partie à évider et commence à travailler avec l'emporte-pièce. Un bon nettoyage à la brosse mécanique est nécessaire pour atténuer, au maximum, les aspérités du bouchon ovale. Le premier joint est terminé, je commence le second, puis je les mets en place en faisant bien attention de ne pas laisser tomber le bouchon dans la bouille. La technique du fil de fer est indispensable. En revanche le positionnement du bouchon avec son joint en coïncidence avec le trou de visibilité n'est pas toujours aisé.
Le travail est fini, je range le matériel et rentre chez moi. A part le goujon, la journée a plutôt été positive. Dans la voiture, je me rends compte que le bouchon conique côté boîte à fumée n'a pas été remonté.
Samedi 7 septembre 2002
Aujourd'hui, j'attaque l'étanchéité en
vue de l'épreuve. Tout se passe bien à l'exception du bouchon autoclave de droite qui
fuit. Je refais le joint, même problème, à 10 bars l'eau s'écoule. J'y passe
l'après-midi. Tant pis la semaine prochaine, c'est la journée du Patrimoine, je laisse
tomber et refoule la bouille au fond du dépôt, mais ça me contrarie.
Samedi 5 octobre 2002
Dès le matin, je refais le joint, le
remonte, remplis la chaudière, la bouche et avant même de mettre la pression, le
bouchon une fois encore se met à fuir. Décidément ! Vincent, passe le bord du bouchon
au touret, on remonte le joint qui était bien positionné et cette fois ça tient 15
bars, pas de problème. Je passe la bouille sur la fosse. Dans le foyer deux légères
fuites aux entretoises. Il est évident que le détartrage, même léger y est pour
quelque chose. Je les bouche et remet la pression. Seule une perle au fusible, la pression
se maintient à 15 bars. Il me reste un peu de temps, je commence à démonter les bielles
côté droit seule le levier d'avance 462 reste en place, car je n'ai pas pu extraire la
goupille conique de l'axe de bielle de tiroir 462.
Je rentre rassuré.
Dimanche 6 octobre 2002
Je termine le démontage, les boîtes sont
en bon état et les manetons, bien surfacés. J'installe une table sur le grill et passe
la brosse métallique sur toutes les bielles qui retrouvent leur éclat, mais je peux
obtenir mieux encore, on verra plus tard. L'embiellage droit est nettoyé, graissé,
rangé.
Samedi 12 octobre 2002
Je démonte le côté gauche, tout vient
convenablement à l'exception d'une pièce encore une goupille conique de l'axe 458 entre
les bielles de tiroir 455 et la bielle de relevage 470. Les bielles motrices 437 dites
bielles d'avance ont été inversées lors d'un précédent remontage, le numéro se
trouvant à l'intérieur.
Samedi 19 octobre
2002
Je mets la machine sur la fosse et commence
à démonter les taquets d'étrier 512 sous les essieux. La graisse a bien conservé les
parties qui se démontent facilement. Ca y est les essieux sont prêts à être descendus.
Je positionne la châssis sous le palan, passe deux élingues une sous chaque crosse de
changement de marche, plus une autre qui se tient sur l'attelage avant pour conserver une
position horizontale lors du levage. Je lève, les essieux restent sur les rails, la
suspension arrière qui n'est plus maintenue tombe dans l'entre-voie. Une paire de
wagonnets plats feront l'affaire pour accueillir le châssis.
Dimanche 20 Octobre 2002
Nettoyage au Karcher du châssis et des
essieux, une fois, deux fois, trois fois. Il y a de la crasse, mais j'y arrive. L'huile de
vidange s'est mélangée avec la terre et le tout forme un croûte épaisse et dense,
difficile à enlever, mais finalement protectrice. Le soir arrive, je dois arrêter, mais
je m'y remettrai après les vacances de la Toussaint.
Samedi 9 Novembre 2002
Ce matin, je n'ai pas beaucoup de temps
alors j'ai attaqué le ponçage de l'embiellage gauche.
Lundi 11 Novembre 2002
Brocante de Châteauneuf-sur-Loire. Quelle
ne fût pas ma surprise en voyant une lampe SNCF de chef de gare avec deux plaques : l'une
indiquant la gare d'attache Neuville-aux-Bois dans le Loiret ; et une autre avec la
mention SNCF N°24.
Samedi 16, dimanche 17 Novembre 2002
Un week-end complet à consacrer à la
Bouillote. Il ne fait pas très beau, je commence le grattage du dessous du
châssis. La partie située entre les deux soutes à eau n'est très accessible, il faut
travailler les bras en l'air pour accéder à la tôle supérieure du châssis. La
meuleuse ne passe pas, il faut travailler avec la perceuse outillée d'une brosse
circulaire, en prenant bien soin de libérer la poignée afin d'accéder dans les coins.
Lunettes chiffon sur la tête, mouchoir devant le nez, ce n'est pas pratique et puis la
buée dans les lunettes. Il faut arrêter toutes les 5 minutes et les essuyer.
Lorsque les parties atteignables sont brossées, je place une traverse sous la soute
arrière et avec un vérin, je soulève la machine et la cale sur des blochets. Une fois
cette opération faite, je libère le wagonnet et brosse le dessous de la soute avant. Une
fois terminé, je replace le wagonnet.
Je sors la machine et commence le démontage de la coulisse de droite, puis celle de
gauche que je nettoie et ponce. Je termine ce dimanche par le nettoyage des pièces de
mécaniques qui restent et surtout j'extrais les goupilles de l'axe 458 qui joint la
bielle de tiroir 455 et bielle de relevage 470. Puis à la perceuse je détruis la
goupille de l'axe 460 qui unit la bielle de tiroir 455 au manchon de réglage du tiroir
408 droite.
Samedi 23 Novembre 2002
J'enlève les attelages à l'aide du palan
après avoir démontés les parties mobiles, crochet et ressort et je passe la ponceuse
sur les traverses avant et arrière. Leur état est satisfaisant. Ensuite je ponce le
côté droit du châssis.
Vendredi 29 Novembre 2002
Demain l'épreuve, je fonce au CFC
préparer le matériel, sortie du train de service et du châssis de la Bouillote,
rangement du Plymouth et mise sur voie 9 de la chaudière. Je la remplis, un dernier
coup de chiffon pour essuyer l'eau qui a débordé et je rentre chez moi.
Samedi 30 Novembre 2002