Les Mariniers de Vitry au Débord de Loire

Marc André Dubout

Samedi 3 Juin - Nantes > Saint-Sébastien--sur-Loire > Nantes
Le programme des journées : Récap Fluvial
6 h : Départ des bateaux de Loire de Nantes vers l'étier de Saint-Jean-de-Boiseau
11 h : Départ pour les autres bateaux de la flotte fluviale de Nantes vers Le Pellerin
16 h 45 : Regroupement des flottes fluviale et maritime
Parade nautique
Toute la soirée à quai : Festivités à retrouver dans le programme.

Levée cinq heures pour un départ à six des bateaux vers Pellerin. Il est 6h34, nous passons devant le Maillé-Brézé. Cette fois il est dans la lumière naissante du jour et on passe près, on le voit bien. Moi à la place de D627, je lis D635, le Forbin, un autre escorteur d'escadre sur lequel, j'ai fait mon service militaire et où j'ai découvert la Marine.
Bien vite nous nous trouvons dans le port de commerce de Nantes où nous rattrapons quelques fûtreaux sous voiles. Ce sont deux époques et deux activités bien éloignées mais toujours sur le même le fleuve, témoin de la vie de l'homme.
Le balbuzard marche bien, à bonne allure.

 

Nous trématons le fûtreau Vienne. Je ne sais si  c'est avant ou après notre arrêt dans le petit port de Couëron. Une darse discrète, un ponton, un bout autour d'un chaumard, on saute hors du bateau et on cherche un bistrot dans le village. Ah ! le bon café bien chaud. On regagne le Balbuzard et on reprend notre route.
Nous passons devant la Maison échouée qui nous pose bien des questions Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

 

 

La maison échouée
Mais qui donc a pu construire cette maison dans l'eau. Etait-elle sur la rive et l'eau a monté, l'inondant, sans jamais redescendre ? Est-elle tombée subrepticement du ciel, envoyée par un messager mystérieux ? Non, c'est une œuvre d'art insolite, comme une épave échouée à une petite distance de la rive. Rassurez-vous elle n'est pas habitée, pourtant on le croirait, les esprits l'ont quittée. Elle penche mais à Nantes les maisons qui penchent sont légion et pourtant, elles vivent, s'animent mais ne tombent pas.
Il s'agit d'une reproduction de la "Maison du Port", une ancienne auberge de Lavau-sur-Loire, petite commune de 729 âmes, connue localement pour son port très actif à l'époque où transitaient le bois et le granit bleu pour construire les chantiers navals de Saint-Nazaire. Cette bâtisse de deux étages qui semble échouée est l'œuvre de Jean-Luc Courcoult, le fondateur de la célèbre compagnie de théâtre de rue nantaise Royal de Luxe.
Ah ! Elle nous a intrigués cette bâtisse née d'un imaginaire tellement réel. 

Nous arrivons à Pellerin," le pays de celui qui voyage", un lieu qui remonte au Moyen-âge époque à laquelle les voyageurs pour Saint Jacques de Compostelle traversaient la Loire. Cette traversée a de tous temps été la préoccupation des habitants de la région qui se sont ingéniés à trouver des moyens idoines pour satisfaire les voyageurs. Les barques alors utilisées étaient déjà à l'époque des barques à fond plat et à rames : les toues. Puis sont arrivées les "charrières", tirées par des bateaux à vapeur : les "roquios" et en 1914, le premier bac à chaîne. Aujourd'hui c'est le bac moderne qui transporte en un temps record : piétons, cyclistes, voitures et camions, tout ceci en trois minutes. C'est le Conseil Général de Loire atlantique qui gère ce transport, devenu gratuit en 2005.

Comme nous avons perdu un peu de temps, l'entrée du cours d'eau de la Petite Rivière n'est plus possible à cause de la marée qui est trop descendue. Entre l'eau et les rives, la vase nous interdit tout débarquement. Il ne reste que les cales du bac où nous pouvons amarrer le Balbuzard, ce que nous faisons.
Au débarquement, nous nous dirigeons vers le hameau de La Télindière où se trouve le chantier naval Marlo. Une exposition sur la Loire y est présentée sur des panneaux en paravent, ainsi qu'une vidéo abordant les techniques de constructions anciennes.

Le chantier naval Marlo
Dans l’atelier de Laurent Ménard, ce sont les vieux bateaux en bois qui recouvrent une seconde vie. Charpentier de marine, Laurent s'est installé à Saint-Jean-de-Boiseau. Formé aux Ateliers de l’enfer de Douarnenez, son travail s'attache aux bateaux en bois dont les courbures élégantes sont d'une autre époque.
La rareté de ces compétences lui assure un carnet de commandes douillet, le travail ne manque pas.
La notion de patrimoine maritime et fluvial qui a émergé dans les années 1980, alors que beaucoup de bateaux en bois ont été déchirés, a contribué à l'engouement pour le renouveau de ces vieilles embarcations
https://charpentierdemarine.com/

Nous allons ensuite sur la guinguette de "La Déhale" installée sur une péniche, aujourd'hui sur la vase. Un café-guinguette associatif a pris place sur une péniche. Pour ceux qui aiment la musique, dans les hauts-parleurs on entend du rock, du blues, de la country, la musique de l'autre coté de l'océan. Comme les bateaux, les guitares sont en bois, comme les bateaux, elles ont des courbures, comme les bateaux, elles donnent du plaisir. Concerts, spectacles, expo-photos, videos, y sont proposés toutes les semaines et la piste de danse est suffisamment large pour y accueillir le public au gré des marées.

 

Vers 11 heures, Patrick Leclève de l’association Paysans mariniers de Loire basée à Saint-Jean de Boiseau nous propose de visiter son chantier en contrebas du hameau dans un site verdoyant, baigné d'ombre et de lumière. Le site est un ancien chantier tenu par huit générations de charpentiers ligériens, huit générations qui se sont transmises les techniques de construction ancestrales dont l'attachement se perpétue encore de nos jours avec force vitalité.
Patrick est un passionné. Il pêche au carrelet mais aussi en utilisant d'autres techniques comme l'aveneau ou la nasse...
Ici une réplique d'une barque de pêche avec un carrelet.

 

 

 

Le différentes pêches ligériennes :

Trémail
Filet tendu verticalement et composé de trois nappes dont deux extérieures à larges mailles et une intérieure à mailles plus serrées. Les poissons viennent butter dans la toile centrale qui forme des poches à l'aide des toiles extérieures.

Épervier
Filet en forme de cône évasé et lesté sur son pourtour. De petits fils répartis sur le tour permettent la formation de poches lors du relevage du filet.

Aveneau
Filet tendu sur deux perches en triangle formant une poche. Engin de pêche à la crevette à partir d'une barque au mouillage

Senne
Filet encerclant mis à l'eau à partir d'un bateau et manœuvré depuis la rive.

Nasse
Grosse bourriche en osier formée d'un entonnoir pour la pêche des lamproies posé sur le fond de la rivière.

Exemples de types de filets.
Les Mariniers de Vitry sont attentifs aux explications de Patrick.

Mais Patrick n'est pas que pêcheur et marinier, il est aussi constructeur de bateaux. Ici sous l'auvent, il s'agit d'une toue cabanée à coque en alu. Elle fait 12 mètres de longueur pour un poids d'environ 3 tonnes. L'aménagement de la cabane est déjà bien avancée, il sera possible de la voir naviguer sur la Loire dans peu de temps.
C'est la simple marée qui lui fera prendre le fleuve naturellement via le cours de la Petite Rivière.

 

 

Vers midi, nous retournons au Balbuzard pour déjeuner à bord et quelle ne fut pas notre surprise de le trouver, perché sur les rochers qui font office de brise-lame à environ deux mètres au-dessus du niveau des eaux. Heureusement Jacques et Jean-Claude étaient restés à bord par sécurité, assurant la stabilité du bateau sur les rochers.
L'après-midi des activités artistiques, chants de mariniers, danses, concerts, arts de la rue étaient proposés au public sous un soleil de printemps. Pas moins de cinq mille personnes s'étaient réunies pour voir la parade.
Vers 17 heures, la flotte arrive de l'estuaire pour remonter sur Nantes. En tête de ligne le bateau pompe ?? suivi du Bélem, et des autres unités, à voiles, de plaisance, des bateaux de travail, etc.
Arrivés à Nantes, c'est sur le ponton flottant situé entre le Pont Anne de Bretagne et la passerelle Victor Schoelcher. que nous accostons au terme de cette journée bien fatigante. Le soir nous nous retrouvons au restaurant pour un repas bien mérité et apprécié de tous.

Après déjeuner, avec Jacques nous prenons le bac pour traverser vers la rive droite, au Paradis. Grand séducteur sitôt le pied à terre il sympathise avec des adhérents du Club de Aviron Loire océan à la cale du Paradis.

 

 

 

Les bacs en aval de Nantes
Il existe deux bacs en aval de Nantes, un premier de Basse-Indre (RD) à Indret (RG) et Du Pellerin à Couëron
. La flotte se compose de trois unités : L'Ile Dumet, Lola, Anne de Bretagne. Ils peuvent transporter 300 passagers et pour les deux premiers une quarantaine de voitures. Leur vitesse est de huit nœuds, pardon de14,8 Km/h (nous sommes en eau intérieure) soit environ trois minutes pour traverser le fleuve.
Ils fonctionnent à une fréquence de 15 à 20 minutes de 6h20 à 20h30 tous les jours et sont gratuits pour les piétons et les véhicules.

De loin nous photographions notre Balbuzard perché sur les rochers. Pas de doute, il faut attendre la marée pour partir. 

 

 

La Parade
La parade est de loin le moment fort de la journée. La flottille rejoint la flotte maritime au Pellerin pour la grande parade nautique à laquelle plus de 200 bateaux participent dont les trois grands voiliers qui se sont élancés depuis Saint-Nazaire.
L'ouverture se fait avec le ?? un bateau équipé de pompes.

 

 

 

Puis le suit le Bélem, toutes voiles offertes au vent.

Puis l'Oosterschelde

Nous quittons Pellerin, une foule importante se presse sur le quai.

 

 

 

Le Français au moteur.

Le Groix de Noirmoutier

Le Corentin, construit aux CN de Saint-Guénolé (Penmarc'h), classé Bateau d'intérêt patrimonial en 2007, propriétaire Association Le Lougre de l'Odet

    et les autres. 

Le Nautilus, non ce n'est pas un bateau mais un restaurant sur l'Ile de Nantes.

19h50, nous arrivons au ponton flottant, il ne reste plus qu'à venir nous chercher pour aller sur le quai. Ce soir là nous sommes allés au restaurant, la flemme de faire à manger.

 

 

 

Et notre Balbuzard à l'honneur

 

Page 5