Le Chemin de fer de l'Exposition universelle de 1889

La presse en parle - 2/3

MAD

Les articles de La Nation

La Nation n°1730 du 15 janvier 1889

Le Président Carnot est allé visiter les travaux de l'exposition. Attendu par MM. Alphand et Berger. M. Vigreux, professeur à l'École centrale et Ingénieur en chef du palais des machines lui donne des explications sur le pont roulant6 qui est supporté par deux rangées de poutres et qui sera mû par l'électricité. Il pourra transporter deux cents personnes à chaque voyage. Sa longueur est de trois cents quatre-vingt dix mètres et il est à une hauteur de dix-huit mètres au-dessus du sol.
NdlR
: La date de cette visite est antérieure à celle de l'ouverture officielle de l'Exposition qui a eu lieu le 5 mai.

La Nation n°1916 du 20 juillet 1889
Les délégations ouvrières étrangères et françaises ont visité hier, les usines de la Société Decauville Aîné à Petit-Bourg.
Elles ont trouvé, dans ces usines des institutions philanthropiques d'un ordre absolument nouveau, que MM. Decauville ont installé dans ces dernières années.
La diminution des loyers proportionnellement au nombre des enfants et au nombre d'années de séjour, l'installation des chambres confortables d'ouvriers célibataires à raison de "quinze centimes par jour et de restaurant" à des prix extraordinaires de bon marché ont vivement frappé les dénégations, qui sont tous des ouvriers intelligents et pratiques venus de l'Angleterre, du Danemark, de l'Espagne et du Portugal.

La Nation n°1945 du 18 août 1889
L
es maires venus de Paris pour assister au banquet du 18 août ont été avisés qu'ils seraient transportés gratuitement, après le banquet, sur le chemin de fer Decauville, pour aller de l'esplanade des Invalides à la Tour Eiffel.
 M. Decauville, qui est maire de Petit-Bourg, fait à ses collègues cette gracieuseté.

Suite à un discours du Président Carnot applaudi par les maires.
M. Decauville avait fait organiser de nombreux trains supplémentaires pour le transport au pied de la tour.
Les maires étaient nombreux et il était tard. Aussi tous n'ont-ils pas pu assister au curieux spectacle des fontaines lumineuses qu'on leur avait spécialement réservé.

La Nation n°1949 du 22 août 1889
Le déraillement de Vincennes.
Un déraillement s'est produit hier sur le chemin de fer Decauville établi entre Vincennes et le polygone.
Grâce à l'habileté du mécanicien, les voitures du train n'ont pas versé et il n'y a pas eu d'accident de personnes à déplorer ; mais il est à craindre que des accidents de ce genre ne se reproduisent et soient en cause de quelque catastrophe.
Le mauvais état de la voie sur laquelle on a posé des rails, dans l'espace de vingt-quatre heures, sans aucun travail préparatoire offre un danger permanent.

La Nation n° 1951 du 24 août 1889
Le déraillement de Vincennes.
Nous recevons de la direction du chemin de fer de l'Exposition la lettre suivante que nous nous empressons de reproduire :
"Monsieur le directeur de la Nation, 19 rue du Croissant, Paris.
Monsieur, sous le titre "Le déraillement de Vincennes" vous publiez un article de nature à éloigner le public du chemin de fer Decauville installé entre le donjon et le tir, et ce serait vraiment dommage pour la société qui a organisé le concours et qui perçoit la moitié des bénéfices du chemin de fer.
Je m'empresse donc de vous informer que le déraillement a été occasionné par un morceau de bois placé sur la voie par malveillance ou par maladresse.
Je recommande une plus grande surveillance, mais il est certain que ce déraillement n'a occasionné aucun accident de personnes ni de matériel ; le tout s'est borné à un retard de quinze minutes.
Quant à l'état de la voie posée en vingt-quatre heures sans aucun travail préparatoire, il ne peut être assurément aussi satisfaisant que celui du chemin de fer de l'Exposition, mais c'est le caractère même du chemin de fer Decauville adopté par la guerre, de se poser rapidement et de pouvoir permettre le transport de 8 à 10 000 personnes par jour, comme cela a eu leu dimanche dernier.
Veuillez agréer, etc."
Comme on le voit le déraillement de Vincennes n'a eu aucune suite fâcheuse, les voyageurs n'ont éprouvé qu'un retard de quinze minutes.
Une surveillance exercée par la Compagnie Decauville pour qu'un accident puisse se produire. Le chemin de fer de l'Exposition en est la meilleure preuve.

La Nation n°1975 du 17 sept 1889
Même article que celui du du "Petit journal illustré" n°9862 du 17 septembre 1889

 

 

La Nation n° 2011 du 23 octobre 1889

La Nation n°2033 du 14 novembre 1889
Même article que celui du " Petit journal illustré " n°9820 du 14 novembre 1889

 

 

 

 

 

La Nation n°2036 du 17 novembre 1889


Le Guide illustré de l'Exposition universelle de 1889

Locomotion intérieure de l'Exposition

Les moyens de locomotion dans l'intérieur de l'Exposition sont de trois sortes :
1. le petit chemin de fer Decauville ;
2. les fauteuils roulants ;
3. les ânes égyptiens.

Le chemin de fer Decauville
La ligne ferrée à l'entrée de l'esplanade des Invalides, proche le Palais algérien, suit le quai d'Orsay, s'engage dans l'avenue de Suffren et aboutit à l'extrémité occidentale du Palais des Machines. Elle a pour stations principales ; le palais de Produits alimentaires, sur le quai, la Tour Eiffel et la région du Palais su
d-américains, en face de Arts libéraux, sur l'avenue de Suffren. Son parcours est de 6 kilomètres. Elle est construite à voie de 60 cent., et comporte un tunnel de 26 mètres sous le carrefour de l'Alma, un autre de 106 mètres devant la Tour Eiffel et divers remblais, pentes et travaux d'art.
Ce chemin de fer est desservi par un matériel très varié, représentant tous systèmes : locomotives électriques à air comprimé, à air chaud, à vapeur ; voitures de tous les modèles... etc.
On peut offrir au public jusqu'à 200 trains par jour dans les deux sens.
Le prix des places est 25 centimes par voyage.
NdlR : 6 kilomètres aller-retour. Le chemin de fer était seulement à vapeur, chauffé au coke pour éviter la fumée.


Le Petit Parisien

Le Petit Parisien n° 39 du 3 novembre 1889
Tous ceux que la silhouette du Dôme et de la tour colossale hante comme une obsession perpétrée par la photographie et les chromos ont voulu profiter des derniers jours et le chemin de fer Decauville est pris d'assaut, on s'écrase dans la Galerie des Machines, des rassemblements immobiles pendant des heures, se forment stoïquement autour des Fontaines lumineuses.

 

 

 

Le Petit Parisien n° 58 du 16 mars 1890
Paul Decauville
Le nom de M. Decauville connu de tous : l'Exposition de 1889 l'a rendu populaire dans le monde.
On sait que M. Paul Decauville est l'inventeur du petit chemin de fer qui a été le trait-d'union entre le Champ de Mars et l'esplanade des Invalides.
C'est grâce à ce chemin de fer qui restera un des souvenirs durables de l'Exposition que l'on pouvait, sans fatigue, se transporter d'un point à un autre, à travers toutes les merveilles entassées là et qui, pendant six mois ont fait d'un coin de Paris une réduction de l'univers.
On a calculé que chemin de fer de M. Decauville avait reçu pendant la durée de l'
Exposition, près de 7 millions de voyageurs, parfois jusqu'à 70 000 dans une seule journée.
Voilà de jolis chiffres !
M. Paul Decauville appartient à une vieille famille d'agriculteurs de Seine-et-Oise. Son père 'Armand) a obtenu en 1858, la première prime d'honneur agricole mise au concours dans le département.
C'est sur sa ferme de Petit-Bourg qu'a été fondée le 23 septembre 1867, la Société des agriculteurs de France.
M. Paul Decauville, en moins de douze années, a, avec une volonté et une ardeur qui ne ses sont jamais ralenties, créé de toutes pièces une des industries les plus considérables qui soient. Il n'est pas un pays dans lequel il ne se soit ouvert de vastes débouchés. Et l'on peut dire que les chemins de fer système Decauville sont actuellement employés dans tout l'univers.
M. Paul Decauville, par sa loyauté commerciale hautement reconnue, par sa recherche incessante des progrès, par cette activité et cette intelligence qui ont donné une si grande prospérité à son établissement, est en dehors de tous les partis, un homme dont un pays s'honore.
Ajoutons qu'il ne se contente pas de se préoccuper sans cesse du perfectionnement de ses outillages et qu'il porte à ses ouvriers un intérêt constant, n'épargnant rien pour assurer leur bien-être et donnant un exemple de cet esprit de générosité qui fait l'union entre le capital et le travail.
M. Paul Decauville a été récemment nommé sénateur de Seine-et-Oise, et son élection a été validée la semaine dernière.

Supplément littéraire illustré du "Petit Parisien"  - 1894


La Dépêche


La Dépêche
n°7687 du 18 novembre 1889

La Dépêche n°7691 du 22 novembre 1889


La Nature n° 842 du 20 juillet 1889 - Article de Max de Nansouty

Le chemin de fer Decauville à l'Exposition universelle de 1889

Lorsqu'il fut décidé que l'on construisit au Champ de Mars, l'Exposition universelle de 1889, on reconnut bientôt la nécessité de lui donner une extension latérale, de lui créer des annexes capables de recevoir ce que les grands bâtiments en fer du corps principal ne pouvait contenir ; or cet excédent a été considérable en raison même des progrès accomplis depuis l'Exposition de 1878. Il a fallu loger d'intéressants et vastes panoramas, des machines élévatoires, l'Agriculture avec toutes ses dépendances, pisciculture, ostréiculture, beurrerie, laiterie, alimentation, etc. Les Postes et télégraphes, le Ministère de la guerre, les poudres et salpêtres, l'hygiène, l'Assistance publique, l'économie sociale, et enfin les colonies, Algérie, Tunisie, Annam et Tonkin, Guyane, Gabon, Indo-Chine, Guadeloupe, Martinique, et Cochinchine, c'est-à-dire une des parties les plus intéressantes, à l'heure actuelle, d'une Exposition universelle.
MM. Alphand et Georges Berger ne se trouvèrent pas néanmoins pris au dépourvu. Après avoir reconnu l'impossibilité d'étendre la surface utile du Champ de Mars du coté très encombré de Grenelle, ils pensèrent à annexer le quai d'Orsay et l'esplanade des Invalides. Ils obtinrent ainsi le surface nécessaire de 70 hectares, supérieure de 20 hectares à celle occupée par l'Exposition de 1878.
Clôturer l'espace considérable ainsi conquis et le répartir entre les exposants français et coloniaux, ce fut chose aisée. Mais alors se présenta une sérieuse difficulté. Du Palais des Machines à l'esplanade des Invalides, en passant par la Tour Eiffel et longeant le quai d'Orsay, il y a environ 3 kilomètres de distance. On ne pouvait demander aux visiteurs d'ajouter au parcours accompli dans la visite du Champ de Mars un trajet supplémentaire aussi considérable pour aller admirer toutes les choses curieuses que renferme l'esplanade des Invalides. Il fallut trouver un moyen rapide et peu coûteux de résoudre le problème.
C'est alors que l'on établit le projet d'un petit chemin de fer contournant le Champ de Mars le long de l'avenue de Suffren et allant aboutir à l'esplanade des Invalides avec le nombre de stations nécessaires pour permettre aux visiteurs de satisfaire suivant la règle des Expositions universelles, leur fantaisie et leur curiosité.
Nous passerons sur les difficultés techniques et économiques que présenta la mise au concours de ce projet ; elles sont de peu d'intérêt à l'heure actuelle. La conclusion finale est que le projet élaboré par l'administration fut exécuté par la Société Decauville avec le concours de M. Gaillot, entrepreneur.
Ce chemin de fer minuscule, dont la voie n'a que 0,60 m. d'écartement, contribue, dans une large mesure, à l'amusement des visiteurs ; c'est là un résultat fort avantageux en matière d'Exposition. Mais il faut remarquer qu'il montre en plein Paris, et avec une circulation intensive, un exemple de ce que l'on peut attendre, comme services rendus des chemins de fer à voie étroite. C'est une véritable leçon de choses pour le public.
Les chemins de fer à voie étroite, qui ont de chaleureux partisans, ont rendu de grands services en Algérie comme chemins de fer de pénétration, et ils en rendront encore. Les Anglais, les Russes s'en sont servis couramment dans leurs expéditions ; en France même ils rendent des services non seulement dans les exploitations agricoles et industrielles mais encore comme chemin de fer d'intérêt local sur certains points. Mais tout le monde ne va pas aux colonies ni même dans les départements où ce genre de locomotion fonctionne. Il est intéressant de le voir fonctionner et transporter des centaines de visiteurs dans l'enceinte même de Paris et de se rendre compte des avantages et des inconvénients qu'il peut présenter dans des circonstances d'exploitation courante et intensive.
Nous n'insisterons par sur le point de vue pittoresque de cette installation ; il n'aura pas échappé à nos lecteurs. Rien de plus curieux que de voir ces petits trains remplis d'une foule joyeuse effectuer leur parcours avec tous les dispositifs, nous serions tentés de dire, tout le sérieux que comporte une voie ferrée ordinaire.
Au point de vue technique, la construction n'a pas été sans difficulté. Ce petit chemin de fer est à deux voies de 0,60 m. d'écartement, ainsi que nous l'avons dit ; il a fallu qu'il fût installé sans interrompre la circulation sur les avenues et le ponts donnant accès à l'Exposition. Il comporte, en conséquence plusieurs passages à niveaux et deux tunnels, l'un de 20 mètres de longueur, sous la chaussée qui prolonge le pont de Iéna, l'autre de 106 mètres sous le terre-plein du pont de l'Alma devant la Tour Eiffel. Ajoutons que le terrain à parcourir est fort accidenté et fort contourné : il présente des pentes ou rampes de 25 millimètres par mètre et des courbes de 45 m. de rayon. C'est merveille de voir les petites locomotives monter avec facilité à une vitesse qui atteint 15 kilomètres à l'heure : elles sont de trois types différents, nommés, d'après les noms de leurs inventeurs, type Mallet (compound) type Péchot-Bourdon et type Petit-Bourg et pèsent de 6 à 12 tonnes. Les rails en acier, ne pèsent que 9,5 Kg par mètre.
Les wagons, tous couverts sont également de trois modèles : on y voit un modèle sur bogie de 9,20 m. de longueur à soixante places, des voitures de première classe, sur deux essieux, à douze places, et enfin, des wagons-salons (tout comme dans l'Orient-Express) sur deux essieux de 4,50 m. de longueur et renfermant vingt places.
Que l'on fasse grand ou petit en matière de voie ferrée, que l'on aille très vite ou à une vitesse modérée, les précautions les plus grandes s'imposent pour éviter les accidents. Aussi chaque gare du petit chemin de fer de l'exposition est-elle munie d'un disque manœuvré à distance et qui ne peut s'ouvrir aux passages à niveau que lorsque la barrière est fermée : des cloches électriques annoncent l'arrivée d'un train et chaque gare possède un poste téléphonique. Le fonctionnement et l'exploitation du Decauville de l'Exposition (c'est ainsi que le public s'est accoutumé à le nommer familièrement) sont satisfaisants. Malgré le nombre considérable des trains journaliers et la circulation très active de voyageurs, rien n'est venu troubler, depuis son ouverture, sa marche régulière. Les partisans des chemins de fer économiques sur routes et à voie étroite peuvent le compte comme un succès et comme une confirmation de leurs théories. Des installations de ce genre sont tout indiquées pour les régions dont l'importance, au point de vue de la circulation des voyageurs et du transport des marchandises, ne saurait comporter ni justifier la dépense et le matériel d'une grande voie ferrée.
Il faudrait se garder, cependant, de tomber dans un excès contraire, comme cela est parfois arrivé même à des hommes techniques estimés, et de croire que ce petit matériel puisse, dans tous les cas, remplacer le grand avec avantage. Les voies ferrées étroites doivent, pour donner tous leurs bons résultats, rester limitées au rôle d'affluent des grandes voies larges qui constituent le réseau principal d'un pays. Cette question a une grande importance pour la Ville de Paris même, en ce moment où, à la suite du brillant succès de l'Exposition universelle, les travaux du chemin de fer métropolitain vont être entrepris. Il serait illogique, contraire aux intérêts du commerce et de l'industrie, et nuisible aux intérêts plus sacré de la défense nationale, de vouloir d'utiliser la voie étroite pour ce service spécial. Nécessairement relié à toutes nos grandes voies ferrées dont il doit être la plaque tournant générale, le métropolitain de Paris doit pouvoir recevoir tous leurs trains sans arrêt au besoin, sans transbordement et sans embarras : il faut que le wagon chargé à Calais arrive sans rompre charge à la gare des Halles centrales.
Laissons donc simplement à la voie étroite son rôle d'avant-garde et de pénétration ; elle y sera le puissant auxiliaire de la civilisation.


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Les Merveilles de l'Exposition


Les Merveilles de l'Exposition
- pages 224 & suivantes - Auteur : Exposition universelle - 1889 - Paris


Les Merveilles de l'Exposition - pages 603 & suivantes- Auteur : Exposition universelle - 1889 - Paris

 


 

Notes :
  • 6 Le pont roulant avait été construit pour la manutention des colis lourds à l'intérieure du Palais des machines. Il a ensuite été utilisé pour les visites du public.
    Voir
    Le pont roulant de la galerie des machines Exposition universelle de 1889

 Sources :

  • Déjà citées

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