Baguenaude

Baguenaude sur la ligne Toulon—St Raphaël & Cogolin—St Tropez (Var)

Marc André Dubout

La ligne Toulon—St Raphaël (1/4) 
Toulon—Hyères

La ligne Toulon—St Raphaël dite Ligne du Littoral est une ligne d'intérêt local appartenant à la Compagnie des Chemins de fer du Sud de la France.
Le département du Var a très vite réalisé que le P.L.M. ne construirait jamais le prolongement des Salins-d'Hyères à Fréjus en longeant la côte des Maures, c'est pourquoi le Conseil général a concédé la construction de la ligne d'Hyères à St Raphaël à la "Société des Ponts et Travaux en fer". Le P.L.M. n'y voit d'ailleurs que des avantages, donnant à sa ligne un accroissement de trafic. En 1885 la Compagnie des Chemins de fer du Sud de la France se substitue à la Société des Ponts et Travaux en fer.
L'inauguration eut lieu le 23 mars 1889.
La section de Toulon à Hyères est concédée en 1891 et les antennes Cogolin et St Tropez, une année plus tard en 1892 mais c'est seulement en 1905 que le prolongement d'Hyères à Toulon sera réalisé à cause des difficultés à acquérir les terrains. L'inauguration eut lieu le 6 août 1905.
D'autres projets de lignes ne seront jamais réalisés à cause de la guerre de 14 comme les liaisons Toulon—Brignoles—Salerne ou Fréjus—Draguignan offrant un maillage intéressant dans le département.
En 1925 la Compagnie des Chemins de fer du Sud de la France devient  la Compagnie des Chemins de Provence qui fut très vite inquiétée par la concurrence routière.
En 1932 un raz-de-marée détruit une partie de la ligne ce qui argumenta sa suppression.
Le deuxième conflit mondial donna le coup de grâce à la ligne et les nombreuses destructions entraînèrent l'arrêt de l'exploitation en 1948.
La ligne avait 104 Km de longueur, la voie était à l'écartement d'un mètre, les courbes les plus faibles avaient un rayon de 100 m et les déclivités n'excédaient pas 28 %
o. Les passages à niveau n'étaient pas tous gardés ce qui entraîna des incidents voire accidents qui firent l'objet de nombreuses réclamations.

Ce chemin de fer d'intérêt local avait été baptisé par ses usagers "Le train des pignes" ou encore le "Macaron". Plusieurs hypothèses justifiant cette appellation. Il reste que cette belle ligne a été à l'origine du tourisme dans la région1.

La ligne était parcourue par :

Le matériel roulant se composait de voitures diverses dont des baladeuses appelées "Jardinières" Le Raincy-Montfermeil
En 1921 il n' y avait plus que sept circulations dans chaque sens
En 1938 la traction vapeur avait totalement disparu et en 1947 le premier autobus St Raphaël—St Tropez, fait son apparition, alors qu'il fallait 3h30 à l'autorail pour parcourir la totalité de la ligne.


Toulon
Si la gare du Sud-France de Toulon, ouverte en 1905, n'était pas aussi monumentale que celle de Nice, elle n'était pas moins imposante pour un chemin de fer secondaire. D'ailleurs pas moins de quatre trains quotidiens reliaient Toulon à St Raphaël (directs Toulon—Hyères) et sept navettes Toulon—Hyères.
Du quartier de la gare, plus rien n'est visible suite aux reconstructions massives d'après guerre. 

La Gare du Sud le 21 août 1905 lors de son inauguration. Elle était près du port marchand et parallèle au quai.
La belle gare du Sud-France a malheureusement été détruite pendant la guerre et elle a fait place au lycée Dumont d'Urville.
Gros plan sur l'horloge en coin lisible dans deux directions.
Les voies de service vers le port marchand dont le quai est à proximité, ce qui favorisait les échanges avec les ferries.
Les abord ne sont pas encore livrés.
Côté voies, à gauche la voie vers le port marchand qui sectionnait les voies de la ligne 3 du tramway.
Intérieur de la gare. La marquise abritait 4 voies.
La gare avec sa marquise recouvrant les voie en cul-de-sac et le tramway motrice Desouches & David de la STVG.
L'avenue de Lattre de Tassigny aujourd'hui. La gare et le tramway ont disparu.

À la sortie de Toulon, la voie suit la rive gauche de l'Eygoutier. Il y avait deux embranchements : à gauche vers les ateliers Giraudo (Atelier de la Compagnie Sud-France) et un peu plus loin vers la droite, en direction du port marchand de Toulon.
La voie suivait le chemin de l'Alma, la rue de l'Amiral Nomy, l'avenue Forbin puis le chemin de la Brasserie devenu piste cyclable.
La halte de St Jean-du-Var à voie unique était légèrement en courbe.

St Jean-du-Var, point de rencontre des rails du P.L.M., du Sud-France et des tramways toulonnais.
Au premier plan la ligne des tramways toulonnais qui reliait Toulon à Hyères en suivant  la RN 98
.
Au fond à gauche le P.L.M. ligne Toulon—Nice. Le Sud France est en deçà de la prise de vue.
Cliché pris un peu plus en deçà du précédent à la bifurcation des RN 97 et RN 559. 
En face la RN 97, la route de La Garde, à gauche la RN 559 dont la ligne du Sud-France se rapprochait. 
Ligne Bon-Rencontre—Pont de Saint-Jean-du-Var (arrêtée le 15 avril 1955).

Toutes les haltes étaient identiques avec trois portes donnant sur le quai. Le préposé vendait les billets et faisait souvent office de garde-barrière.

La halte des Ameniers était la première halte du parcours, située entre le cours d'eau des Amoureux et l'avenue de la station.
Lors de mon repérage de la ligne, cette halte m'avait échappé et c'est Fabian, l'actuel propriétaire qui me l'a fait découvrir plusieurs années après.

Vue en direction de Toulon. La plate-forme est devenue une piste cyclable à double sens. On reconnaît bien les courbes de 100 m. de rayon.
Le bâtiment voyageurs assez peu modifié. C'est le même que celui de St Jean du Var qui lui a disparu. En revanche celui-ci n'a jamais fait l'objet de cartes postales.
La plaque avec le nom de la station qui va être rénovée.
Dans le jardin, le puits et le lavoir en pierre comme sur les grands réseaux.
Vue en direction de Hyères. Noter la bordure de l'ancien quai toujours en place sur la droite

La halte de Pont-du-Suve

Pont de Suve l'Eygoutier. L'ancien pont où il y avait la halte.

Entre Toulon et le Pradet, il y avait 7 arrêts.

L'ancienne halte des Gravettes dont on retrouve la bordure de quai à droite de la piste. La gare du Pradet n'est plus loin.

Le Pradet
Cette gare était importante puisqu'elle accueillait le trafic du minerai de cuivre. Elle comportait 4 voies  plus une de garage.
En 1950 la mairie acquiert la gare pour la transformer en école (de filles). 

La gare du Pradet avec ses installations importantes.
Locomotive en tête (peut-être une 121T SACM. Le train se dirige vers Toulon.
Noter la grue hydraulique en bout de quai.
La même vue aujourd'hui défigurée. Seul le B.V. a subsisté, défiguré, dans une zone fortement urbanisée.
Vue en direction de St Raphaël.
Noter la cuve de 50 m3.
Côté place. Sans le cartouche, impossible de savoir qu'il s'agit d'une ancienne gare.

Entre le Pradet et Carqueiranne il y avait 4 haltes

Vue de la plate-forme non loin de la Colle Noire, en direction de St Raphaël.

Il est possible suivre le chemin de la Colle noire qui est l'ancienne voie de la mine de Cap Garonne.

L'embranchement de la ligne vers la mine de cuivre Cap Garonne 2, long de 4 Km, prenait effet entre La Moutonne et La Colle noire. Il permettait l'acheminement du minerai vers Toulon. Avec des rampes de 50%o, il fut dès 1907 équipé du système Hanscotte 3.
Cet embranchement en aiguille en venant du Pradet était en pleine voie. Au niveau de l'aiguille, une cabane en bois abritait l'outillage. Un appareil télégraphique permettait de demander la libération de la voie à la gare du Pradet.
Il disparut en 1928 et la voie déposée en 1930.

La mine de cuivre de Cap Garonne, le pont du chemin de fer industriel. Longueur 4,1 Km..
Vue d'ensemble de la mine et de l'usine transformée aujourd'hui en musée.
La voie industrielle passait juste derrière les bâtiments.

L'embranchement se situait en pleine voie à la "Colle Noire" au niveau du stade de Tassy.

La ligne suivait la N559 en accotement droite.

La plate-forme bien visible en site propre, à droite de la route.

Carqueirane
Éloignée de 12 Km de la ligne P.L.M. qui passe par les Arcs, Carqueiranne est très concernée par la ligne du Sud-France.

La gare a laissé place à un commissariat de police. Le bâtiment est très bien conservé.
En souvenir de la présence du train dans cette belle région.
La locomotive est une 020T Henschel & Sohn - Cassel n°18524 de 1921 en voie normale et non pas une ancienne loco du Sud-France en voie métrique.

Après Carqueirane, la voie suivait la côte. Juste avant d'arriver à San Salvadour, la voie en accotement gauche passait sous une colline et ressortait côté droite de la route.

Le souterrain a été bouché, mais son entrée est bien visible.

San Salvadour-Mont-des-Moineaux
Quelle jolie appellation ! Le train s'y arrête la première fois le 6 août 1905 pour l'inauguration de la ligne.

La gare de Sans Salvadour - Mont des Oiseaux.
Vue en direction de St Raphaël.
Entrée en gare d'un train en direction de Toulon.
Vue prise en sens inverse. La gare méconnaissable a gardé sa petite vitesse.
La voie et l'évitement passaient à droite du B.V. aujourd'hui occupés par une piste cyclable. La route était bien moins large
Vue en direction de Toulon.

L'Almanarre a été évoqué dans la presse en 1927 lors du spectaculaire déraillement au cours duquel la locomotive se coucha le long de la voie.
La halte a été détruite pendant la seconde guerre et jamais reconstruite, elle se situait au croisement de la D559 et D42
.

Plus détendue, la partie de boules sur la voie devant la buvette, en l'absence du train.

Il y avait encore deux arrêts Costebelle et Le Palyvestre.
En arrivant à Hyères la voie longeait celle du P.L.M. puis passait dessous. 

Le passage inférieur du Sud-France. Vue en direction de Toulon.

Suivait le triangle donnant accès à la gare P.L.M.-Échange. 
La ligne suivait l'actuelle avenue Jean Moulin, passait sur le Roubaud et rejoignait la gare du Hyères-Ville du Sud-France.

Le triangle du Sud-France et les deux gares et les autres lignes arrivant à Hyères.

Hyères-ville
Quand le Sud-France allait de St Raphaël à Hyères la gare était dénommée Hyères-ville.
Cette gare étant éloignée de la gare P.L.M. il a fallu construire une voie et créer la station Hyères-Échange contiguë à Hyères-P.L.M. en 1890.
La gare de Hyères-Échange a été détruite après la libération et le  B.V démoli en 1967 pour laisser place à la recette des impôts, la bibliothèque municipale et le Musée.
La voie entre Hyères-ville et Hyères-Échange fut posée en 1890. Dans cette gare, le Sud-France assurait les manœuvres des wagons P.L.M. à l'aide de La Madeleine une locomotive 030T Weidnecht n°78 de 20 tonnes à vide.
Il y avait une navette Hyères-ville—Hyères Sud-France.

Hyères-les-Palmiers. L'avenue de la gare se devait d'arborer le chemin de cette ligne du Sud-France qui désenclavait le littoral.
Sur un cliché de 1949, les rails ont déjà disparu.
Aujourd'hui c'est le centre administratif de la place Th. Lefèvre qui a investi le lieu.
Queue d'un train en direction de Toulon.

Page 2


 

Notes :
  • 1 La Compagnie du Sud-France avait pour cette ligne une haute idée de son aspect touristique, aussi elle édita un "guide du voyageur" et de nombreuses cartes postales des endroits traversés par la ligne.
    C'était déjà l'essor du tourisme.
  • 2 La mine de Cap Garonne existe depuis 1873. Depuis cette date jusqu'à 1884, c'est la période anglaise puisque c'est John Morley Unwin qui en est le propriétaire. Elle est exploitée par une quarantaine d'ouvriers. De 1892 à 1899, c'est Monsieur Roux qui en devient propriétaire en amodiation. À cette époque est construite une petite usine qui fabrique du sulfate de cuivre à partir des "pauvres" pour la viticulture. Il n'y a aucun mineur, puisque c'est le minerai pauvre qui se trouve sur le carreau qui est transformé.
    L'embranchement particulier est construit en 1906, l'usine ferme en 1917.
    Voir le site du musée.
  • 3 L’ingénieur Jules Étienne Hanscotte mit au point un système pour assurer la stabilité du train avec des roues horizontales en pression contre un rail central apparent.
    L'application la plus célèbre en France du système Hanscotte a été le tramway du Puy de Dôme qui circula de 1907 à 1926 sur des rampes de 13%.

Sources :

  • Les petits trains de jadis 06 - Domengie - Éd. du Cabri - 1986
  • Le train du littoral Toulon-St Raphaël-Cogolin-St Tropez - Banaudo, Bernardi - Éd. du Cabri - 1999
  • Guide-album des chemins de fer du sud de la France tome 2 
  • L'épopée du Sud France - Le CF du littoral varois - Borel - Éd. Campanile - 2005
  • Chemins de fer du sud de la France - excursions
  • Guide-album des chemins de fer du sud de la France tome 1 & 2
  • Les conseils précieux de M. Roland Le Corff

Sites :

Si une image de cette page vous paraissait non libre de droits, merci de m'en faire part