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Vigie au Festival de Loire 2023 

La 11ème édition du Festival de Loire s'est tenue du 20 au 24 septembre à Orléans.
Cette année, le festival a été dédié au Saint-Laurent, à sa batellerie, son patrimoine, ses traditions et aux marins du Pays Basque qui allaient dans les eaux salées du Saint-Laurent pour y chasser la baleine et pêcher la morue.
Le Festival de Loire est l'héritage naturel du Fleuve mythique qu'est la Loire, de son histoire, de ses Mariniers, de ses quais.
Vingt ans déjà que des centaines de milliers de visiteurs viennent flâner le long des quais du Châtelet et de Fort Allaume, véritables musée vivant d'une activité aujourd'hui disparue mais ancrée dans la mémoire collective.
Vigie, le seul bateau parisien, portait le N°108. 

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Lundi 18 septembre
Régis Letourneau est venu vers 9 heures chercher
Vigie à SEQUANA pour la transporter et gruter à Orléans. Le lendemain vers 13h30, Joselyne, Yves et moi partions en voiture à Orléans. Nous y retrouverons François venu par le train. Arrivés tôt dans la soirée, nous nous sommes présentés au bureau EVT pour les formalités de participation à l'événement. Remise de la plaque d'identification du bateau, des badges et documents divers. C'est à ce moment que nous avons appris que Vigie ne serait pas amarrée sur le canal comme habituellement, ce dernier n'ayant pas suffisamment d'eau. Effectivement, par rapport aux années précédentes, le niveau était en déficit d'une quarantaine de centimètres. Cela dit, le lendemain nous rendant au ponton, nous avons observé que le niveau était à celui du déversoir. Anyway...

Le mercredi 20 septembre
Vers 10 heures nous allumons Vigie mais déjà à première vue, le bois était vert, sûrement coupé il y a peu de temps, en tout cas inefficace. Et bien oui, il était bien vert car il nous a fallu trois heures pour monter en pression, alors que d'habitude, en une bonne heure le timbre est atteint.

Au bureau EVT, Jeff nous explique qu'il n'y a pas moyen de naviguer sur le canal et nous montre sur un schéma les endroits où la navigation est possible en Loire vu les fonds divers et variés du fleuve, peu propices à un bateau ayant 70 centimètres de tirant d'eau. En théorie cela semble possible, la réalité nous démontrera le contraire.


Schéma des fonds du bleu au rouge où pour nous, ça touche

Nous nous lançons donc à la remonte du fleuve, en direction du pont Thinat en suivant scrupuleusement le schéma indiqué. La pression baisse et le bois ne fournit pas les calories nécessaires à la compensation de la vapeur utilisée. Nous avons du mal à manœuvrer par manque de puissance, il faut s'y reprendre à deux fois pour faire le demi-tour. Nous y arrivons mais c'est chaud. À la descente, c'est le courant qui nous fait avancer plus que l'hélice et ce n'est pas bon parce que arrivé à la bouée blanche de fin de parcours, notre demi-tour se passe mal. Un rétrécissement accélère le courant et lorsque le bateau se trouve en travers, avec peu de vapeur (4 bars) le courant nous emporte et nous ne pouvons plus manœuvrer. Nous nous retrouvons bloqués latéralement contre la chaîne de sécurité, l'étrave à moins d'un mètre de rochers. À l'aide des gaffes, nous avons du mal à lutter contre le courant qui nous pousse vers l'aval. La machine n'en peut plus et ne nous aide pas. En face de nous des rochers et le bateau est perpendiculaire à la rive. Par bonheur, nous arrivons à nous sortir de la situation sans toucher. Il ne reste que 3,5 bars et le bois ne chauffe pas, la pression ne remonte pas (il a fallu trois heures pour atteindre le timbre). Enfin nous nous retrouvons face au courant. La pression a du mal à le vaincre et nous remontons à peine jusqu'au ponton. La décision est prise, nous ne naviguerons pas dans ces conditions, trop dangereuses pour Vigie.
Déjà à un précédent festival nous avons participé à la grande parade nocturne et nous nous étions échoués sur un banc de sable. Il a fallu que le bateau de sécurité vienne nous déloger de notre embarras. Une autre fois, Nosca, le bateau à vapeur de Michel Rapeau (ABV) s'est fracassé un peu en aval de notre position.
Vigie est un bateau de Seine avec un tirant de 70 cm. Naviguer sur la Loire est une erreur. Nous ne recommencerons plus.
Nous sommes par conséquent restés au ponton (en face du n° 52) pendant tout la durée du Festival et ce n'est pas plus mal parce qu'un grand nombre de visiteurs est passé devant Vigie et s'est intéressé au bateau et à son histoire.
Pour nous remettre de nos émotions, avec François, nous avons fait un tour sur le Balbuzard des Mariniers de Vitry (LMV) et à certains endroits, par deux fois, l'hélice a touché les cailloux alors que son tirant d'eau n'excède pas vingt centimètres.
Voilà. Les trois jours qui ont suivi ont été plus sereins. Vigie a eu un énorme succès auprès du public qui, s'il n'a pas pu naviguer comme auparavant sur le canal, a vue la machine tourner au ponton. En effet chaque jour nous avons allumé la chaudière déjà pour jouer avec le sifflet et aussi pour y introduire de l'eau car même si la vapeur n'est pas consommée, le niveau baisse et il faut faire tourner la machine pour le relever.
7 heures de Chauffe 4 kilomètres.

Jeudi 21 septembre
Temps exécrable, il pleut. Avec François, nous allons chercher la batterie de la pompe pour la recharger à l'auberge de jeunesse. Il pleut, une averse nous trempe littéralement. Nous rentrons à l'auberge de jeunesse pour faire sécher nos vêtements mais les chaussures sont mouillées et désagréables à porter. Nous sortons tous les quatre vers midi pour aller déjeuner sous les auvents du marché, puis rentrons. Rien à faire. Si, la sieste.
Vers 17 heures, le soleil pointe ses rayons. Nous allons sur Vigie. Le soir nous mangerons des moules sur les quais avant de rentrer.

Vendredi 22 septembre

Grand beau temps. Le pluie est oubliée et nos affaires sont sèches. Nous allumons Vigie et à tour de rôle, visiterons le festival.

  (Photo François Travade)
Vers midi nous sommes allés chez le "fumeur de harengs" pour le déjeuner. Les harengs sont fumés sur place devant le public. Une simple cabane, des poissons suspendus et alignés au-dessus d'un brûlot de copeaux de hêtre, un peu de temps et c'est bon à déguster. Cela fait vingt ans que je le connais ce personnage unique, il participe à tous les festivals nautiques de France et d'ailleurs, je l'ai vu à Dordrecht en Hollande au festival vapeur, il y a quelques années. Harengs, bière, ça va bien pour nourrir un noble marinier.


Sur le ponton devant le platane n°52. C'est bien pratique. Tous les platanes du quai sont repérés par un numéro. Pas possible de se perdre, il suffit de lire.


Une toue cabanée remonte au moteur vers le pont Thinat. Derrière elle, l'île proche de la digue du duis Saint-Charles. Le petit bras est vraiment mince.


Dès qu'il y a un peu de vent, les voiles sortent. Pour la remonte de la Loire, c'est le vent de galerne qui est le bienvenu.


Animation sur le ponton où sont amarrés les bateaux.

Il y a la voile mais aussi, les avirons. Ici une yole à un rameur à la remonte.


Belle tenue de voile pour cette toue cabanée. Le moteur est relevé.


Vigie vue du Balbuzard, le futreau des Mariniers de Vitry. Derrière le quai, la rangée de platanes et les maisons orléanaises.


La Poule d'eau, la toue cabanée construite tout récemment par Les Mariniers de Vitry (LMV) et qui vient d'être mise à l'eau pour le Festival de Loire.


En Loire vu du Balbuzard dont l'équipage nous a accueillis.


MAD et Vincent à la barre du Balbuzard. (Photo François Travade)


Illnachel, une plate alsacienne qui se propulse, ici, à la bourde comme en Loire, sauf que sa rivière de préférence est l'Ill dans la plaine d'Alsace.


Sur les quais enchevêtrement de mâts, vergues, haubans, bouts, etc.


Les futreaux amarrés en épis sur quai. Une belle homogénéité d'embarcations. On ne s'y trompe pas, c'est bien la Loire.


Vue du quai, Vigie au timbre, difficile à atteindre avec du bois vert.


Ça rame pas mal, sur l'Amériketatik, la trainière basque, surtout vers l'amont.


Le Bayoune, la galupe (en Gascon) de Saubusse, sauvée il y a trois ans par l'Association Adoura. Sa remise en état de Bayoune permettra de nouvelles navigations sur le fleuve basco-landais.
C'est le plus grand bateau du festival : Long (18 mètres) et large (4 mètres)


Et pourquoi pas une voile peinte ? L'opération "Loiret au fil de l''eau" a offert chaque année deux voiles de bateaux peintes par des artistes orléanais et remises à des mariniers.
En tout six embarcations ont reçu chacun une voile décorée.


Hors Festival de Loire, voici la voile du Balbuzard des Mariniers de Vitry peinte par le grapheur Yakes.


Les chants de mariniers. De nombreux groupes participent aux manifestations ligériennes, parmi eux, Les Copains d'Sabord, les C'Nabum, les Fis d'Galarne.
Et sur les quais, le Bonimenteur, lui ne cherche pas entourlouper, non, il raconte des histoires des pays de Loire, des histoires anciennes qui vantent les anecdotes passées sur le fleuve, mais pas que...


Vent gonfle la voile pour faire avancer l'embarcation.


La Bodega Banda de Loury (45) sur le Balbuzard. Une introduction au dîner entre copains.


Le soleil, tourne et va disparaître derrière la cathédrale.


Au fond, sous les platanes, la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, Basilique royale gothique (1601- 1829).


Les géants basques embarqués sur un futreau.

(Photos François Travade)
Le soir nous dînerons à bord du Balbuzard avec nos amis Mariniers de Vitry-aux-Loges puis nous nous rendrons à bord de Vigie pour la parade nocturne.

Aujourd'hui, 7 heures de Chauffe

Samedi 23 septembre
Comme la veille à bord de Vigie. Le public est venu nombreux et nos explications et commentaires ont été appréciés.


Dès le matin les premières voiles évoluent sur le fleuve royal.


En rejoignant le ponton on s'arrête vers nos amis de Vitry qui nous font visiter la Poule d'eau (toue cabanée) et les deux Hérons cendré et pourpré, des plates à l'aviron.


Les quais s'animent peu à peu.


Les activités reprennent comme la veille.

La Vigie au ponton.

(Photos François Travade)
Et déjà des Mariniers (de Vitry) en visite.

(Photo François Travade)
Sans oublier le carton avec la mention "Non Ceci n'est pas un alambic" car à moult reprises, les visiteurs prenait cette belle chaudière pour un distilateur à eau de vie.

Aujourd'hui, 7 heures de Chauffe
Le soir c'était le feu d'artifice mais nous étions crevés et la fatigue a eu raison de nous.

Dimanche 24 septembre
Dernier jour du festival.

(Photo François Travade)
Nous pavoisons Vigie pour la Grande parade finale de ce festival au cours duquel 700 mariniers se sont appliqués à montrer que la Loire est bien vivante, que les traditions sont bien présentes dans les mémoires et que les savoir-faire ancestraux et les gestes du métiers ont traversé les âges.


L'équipage de Vigie, Joselyne, Yves et François. On ne navigue pas mais on est content d'être là.

En fin de matinée, nous apprenons que Vigie ne rentrera que le mercredi donc inutile de rester jusqu'au lundi, vers 18 heures nous reprendrons la route vers Chatou avec Joselyne et François.
6 heures de Chauffe.

L'après-midi vers 15 heures, c'est la La Grande parade du dimanche. Nous n'y participerons pas.

 

Le ponton vu du quai;


L'inexplosible n° 22 construit en 2007 est une reproduction d'un bateau à roues qui naviguait vers 1830 sur la Loire entre Nevers et Nantes.
Dommage qu'il n'ait pas été construit avec une antique machine à vapeur comme ses prédécesseurs.

Ce festival est une marine fluviale vivante, une tradition qui perdure. C'est aussi une culture transversale de la source à l'embouchure. Les mariniers s'appliquent à reconstruire des futreaux, plates, toues, toues cabanées, sablières, chalands, etc. Ils ont leurs rites, leurs chants, leurs pêches, leurs transports et font revivre les gestes d'antan, les gestes qui ont traversé le temps pour atteindre le public d'aujourd'hui.
Le Val de Loire, ce territoire exceptionnel, est entré dans le Patrimoine mondial de l'Humanité aux premières heures de notre deuxième millénaire. Faune, flore, traditions sont désormais une priorité de préservation pour les générations à venir.
Mais le Festival de Loire, c'est aussi un réseau d'amitié entre les mariniers d'autres fleuves, rivières et canaux, au-delà de nos frontières et parfois bien au-delà puisque cette année, c'est le Saint-Laurent et le Pays basque qui étaient à l'honneur. L'année dernière le Portugal et les autres, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, etc. Le point commun qui anime tous ces mariniers et marins, la passion, le croisement des cultures et des traditions, l'amour de l'eau et tout ce qui tourne autour d'elle.


L'évolution du train de bateaux.

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