Actualité 
La Vigie sur le canal de l'Ourcq - 2/4

Dimanche 9 juin - Varreddes—Congis (environ 5 Km)


Équipage
: Jean Blanchard, Marc André Dubout
 

Aujourd'hui, petite journée, seulement 5 Km pour atteindre Congis où la municipalité et le Comité des fêtes ont organisé "Les Balades de Congis". 
Écluse de Varreddes où les éclusiers nous accueillent avec beaucoup de gentillesse. Rosé sec, bois d'allumage, quelques bûches pour le voyage. Nous avons une fois de plus été très touchés par la gentillesse des gens rencontrés lors de notre voyage à l'exception de ces "branleurs à capuches" qui nous ont craché dessus au pont St Lazare à Meaux.

13h26 PK 64,7 Nous quittons Varreddes. Nous évoluons entre les belles rangées de peupliers centenaires qui bordent les rives.
Les peupliers, nous a-t-on dit, ont été plantés pour ombrager le canal afin de ralentir la pousse des herbes aquatiques. 
Il commence à pleuvoir, nous arrivons vers 13 heures.
Déversoir et bonde de régulation du canal. Alors que la Seine et la Marne étaient en crue à cette période, le canal avec un courant de 2 à 4 Km/h avait un niveau qui semblait raisonnable.
14h41, PK 70,7, nous arrivons au pont levant de Congis construit par Baudin-Châteauneuf à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). Le pont se lève horizontalement à l'aide de vérins. Nous passons sous le pont avec prudence, il reste 20 cm entre notre tirant d'air et le tablier. 
Des canoës animent le canal un peu désert pour un jour de fête. Il faut dire que la pluie qui nous a épargnés jusqu'alors était aussi de la fête ce jour-là.
Non ne vous inquiétez pas les gamins à l'eau, ce n'est pas un accident mais une tradition. À l'arrivée ils prennent plaisir à retourner leur canot et barboter dans le canal.
Nous attendrons le retour de Minos le bateau de la Ville de Paris qui fait des navettes pour les visiteurs. Nous nous amarrons à couple. Nous repartirons de Congis (en voiture) sous la pluie.

 

2 heures de navigation

5 Km 

70 Kg de bois

 


Lundi 10 juin - Congis—Mareuil (27 Km) 


Équipage
: Jean Blanchard, Marc André Dubout
Invités : M. Garek, Bernard Gendre, président de l'
Association "Au fil de l'Ourcq" (AFLO) et son épouse.
 

 

9h30 nous appareillons de Congis-sur-Thérouane après avoir exécuté le jeu des voitures pour le soir.
9h32 sur notre gauche la Thérouanne se jette dans le canal.
9h39 PK 71,8 nous passons sous le pont des Carreaux.
9h53 PK 73,1 Villers-les-Rigault.
10h29 PK 77 la gare de Lizy-sur-Ourcq
Sur la rive gauche, des ouvriers travaillent à l'entretien des berges.
10h44, nous quittons Lizy-sur-Ourcq pour May-en-Multien.
De Congis à Crouy-sur-Ourcq nous avons parcouru les 20 kilomètres montants, à une vitesse mesurée de 7 Km/h sans descendre en dessous de 6 bars avec un niveau aux deux-tiers en permanence. Autant dire que la chauffe a été intense pour garder ce rythme. Malheureusement après ça c'est gâté parce que les 10 Km suivants nous avons mis plus du double de temps. Porte d'écluse défaillante, herbes qui ont entravé l'hélice.
11h17, le pont du TGV-Est qui enjambe la vallée.
11h48 PK 83,2 Le Pont de la Marnoue à May-en-Multien.
12h22 La Gergogne 
12h39 Bruno nous a rejoints. Nous avons eu quelques difficultés pour communiquer car le réseau téléphonique n'est pas couvert sur les portions situées entre les villages qui se trouvent sur le canal.
13h04 PK 89,1 pont de Crouy à Crouy-sur-Ourcq.
13h11 nous atteignons Varinfroy. Un ami de Jean nous a rejoints.
14h49 PK 92,6 pont de Neufchelles, commune de Neufchelles.
15h05 le pont réservoir de Neufchelles et le Clignon, le seul affluent qui se jette sur la rive gauche du canal de l'Ourcq. Ce ru a été détourné au prix de la construction d'un pont canal en vue d'alimenter le canal de l'Ourcq.
15h06 La gare de Clignon
15h16, cette belle journée qui avait bien commencé va se gâter, les premières herbes apparaissent à la surface de l'eau et cela va aller en augmentant.
15h17 le pont de la ligne Paris-Reims dont le terminus actuel est la Ferté-Milon.
15h28 pour les amateurs de Chemins de fer secondaires, voici une des culées de l'ancien pont de la ligne des Chemins de fer Départementaux de l'Aisne (C.S.A.) de Mareuil-sur-Ourcq à Château-Thierry.
15h45, l'hélice tourne dans le vide, elle ne propulse plus. La quantité croissante d'herbes l'a entravé. Nous sommes dans une courbe et sommes obligés de haler le bateau, Jean au bout avant, moi à celui d'arrière. Nous nous trouvons à seulement quelques kilomètres de Mareuil, terme de notre étape. Dans la ligne droite qui suit nous essaierons quelques marches arrière offensives pour démêler l'hélice. Au bout de quelques tentatives cette dernière semble se dégager. Nous reprenons notre course mais à vitesse réduite, très réduite, les dernières centaines de mètres nous semblent ne jamais se terminer.

16h03 PK 96,1 pont des Vaches à Mareuil-sur-Ourcq. Nous apercevons l'église de Mareuil, la gare n'est pas loin. Par chance il y a une cale. Nous mettrons la Vigie à cul sur la pente et Jean après avoir glissé et être tombé à l'eau dégagera l'hélice.

L'église Saint-Martin a été classée en 1922. À part la parabole sur le toit de la maison, rien n'a bien changé. 
La vision du clocher nous a rassurés, nous savions que l'étape n'était plus loin
17h08 Nous entrons dans l'enceinte des Canaux de Paris pour amarrer le bateau en sécurité. Devant la Vigie, le bateau à faucarder.
Mareuil vu du ciel. Au premier plan le bras vers le moulin aujourd'hui disparu.

 

7 heures de navigation

27 Km 

250 Kg de bois

 


Mardi 11 juin - Mareuil—Mareuil (0,8 Km) 

Aujourd'hui l'objectif est de remonter jusqu'à Port-aux-Perches et de redescendre à la Ferté-Milon, une étape détendue de seulement 15 km. 
Nous ne ferons qu'à peine 800 m et retour au point de départ.
11h50 départ de Mareuil, nous éclusons manuellement et nous dirigeons vers Queue d'Ham. Au moment de remettre de l'eau dans la chaudière, un des anti-béliers de la pompe alimentaire se met à fuir intempestivement. On s'arrête, je le démonte et constate une crique d'environ 25 mm sur sa partie supérieure. Soudé à l'étain il a tenu jusqu'à aujourd'hui.
Pas grand chose à faire il faut le ressouder. Nous descendons sur la berge et ramenons le bateau à la gare de Mareuil à "la bricole"1 comme au bon vieux temps. Maintenant la journée est perdue pour la navigation, il faut trouver un soudeur pour réparer. Nous en profiterons pour aller chercher du bois à la caisserie de Mitry il nous faut encore 500 Kg pour la suite de la randonnée, soit une pleine remorque, la troisième depuis le début du voyage.
Nous trouvons une entreprise de plomberie, demain la soudure sera faite. Ouf sauvés !

La maison éclusière de Mareuil et la Vigie dans l'écluse.
Encore une fois les ouvriers du canal nous ont réservé un bon accueil.

Mercredi 12 juin - Mareuil—Port-aux-Perches et retour à la Ferté Milon (15 Km) 

L'anti-bélier a été ressoudé. Je le remonte.
Cette fois nous repartons mais au préalable nous faisons un point fixe avec activation des pompes. Ok ça ne fuit pas, nous partons rassurés. Il est 11h01.
Le temps est gris mais il ne pleuvra pas.
11h21, PK 99,7 l'écluse de Queue d'Ham. La deuxième écluse manuelle. Il faut compter une vingtaine de minutes pour les écluses manuelles dont la bassinée est plus importante que les écluses aval.

Comment fonctionne l'écluse manuelle ?
Nous sommes en possession d'une clé A que nous a donnée Catherine au départ de la Villette.
À l'arrivée à l'écluse, soit la porte aval est ouverte dans ce cas, nous entrons, soit elle est fermée et dans ce cas il faut en vider le bassin.
Comme la navigation est peu intense nous avons trouvé pratiquement à chaque fois les portes ouvertes. Nous entrons, nous fermons les portes ensuite avec la clé A. Nous récupérons la clé B qui à la borne permet de fermer les ventelles. L'opération terminée, nous récupérons la clé C puis nous allons en amont. Nous introduisons la clé C pour ouvrir les ventelles lorsque le processus précédent est terminé et récupérons la clé D. Lorsque le bassin est rempli nous retournons aux portes aval et avec la clé D et nous récupérons notre clé A pour la prochaine écluse.

Les serrures avec les clés. On ne peut récupérer la clé de la phase suivante qu'après avoir pris celle de la phase en cours. Il faut manœuvrer la clé A pour récupérer la clé B et ainsi de suite.
Les boules en liège évitent les tracasseries si la clé tombe à l'eau.
L'indicateur de niveau des ventelles de la porte : ouvert ou fermé. Il y a une ventelle par porte.
La manœuvre des portes est automatique pour ce qui concerne les écluses de Sevran à St Lazare et manuelle au-delà.
Dans le premier cas il n'y a que la clé A qui fonctionne, les portes et ventelles sont synchronisées mais il y a deux serrures pour l'aval et l'amont.

Après ces petites explications pour les amateurs qui entreprendront le voyage sur l'Ourcq, nous repartons, il est 13h35 mais pas pour bien longtemps seulement le temps de faire quelques centaines de mètres car la clavette du cardan qui relie l'arbre d'hélice à la machine casse et la machine tourne dans le vide. Pas de panique. Nous halons le bateau jusqu'à l'écluse que nous venons de quitter pour le mettre en sécurité. 
Je démonte la soute à eau pour atteindre le cardan, le boulon a été cisaillé. Ce n'est pas dramatique mais en pleine nature... Nous regagnons à pied l'écluse de Mareuil (3 Km) où nous avons laissé une voiture et allons chez le monsieur qui nous a accompagnés quelques jours avant et qui était mécanicien. Par miracle il a exactement le boulon qu'il nous faut : 10 mm. par 80 mm. classe 100. Quelquefois on a le cul bordé de médailles. 

On retourne au bateau on remet le boulon, bien serré. J'allume pendant ce temps je remonte la soute à eau et à 15h05 on repart. 
15h26 Marolles
15h45 PK 103 écluse de Marolles

La gestion de chaudière avec les écluses
Sur nos frêles esquifs à vapeur, la navigation en rivières ou canaux est bien plus intéressante qu'en mer où les seules alimentations en eau et en feu sont requises.
Les écluses demandent une attention toute particulière. Comme chacun sait, la vapeur implique de l'anticipation. Entre le moment où on met la pelleté de charbon dans le foyer et celui où la vapeur est produite cela demande une bonne connaissance de la locomotive ou du bateau que l'on conduit et cela est vrai pour tous types d'engins à vapeur. Avant d'arriver à l'écluse on a intérêt à remplir au maximum la chaudière d'eau, laisser tomber le feu et fermer le cendrier parce que le temps de la bassinée, le niveau d'eau va descendre (même quand on ne consomme pas de vapeur le niveau diminue) et en laissant tomber le feu on risque moins de lever les soupapes, ce qui n'est pas le cas sur la dernière photo.
Un peu avant la fin de la bassinée on recharge la chaudière pour remonter la pression en vue de repartir et le cas échéant remonter le niveau. 
L'équilibre parfait est difficile à réaliser : soit le niveau d'eau est bas, soit les soupapes se lèvent, soit la pression baisse au moment de repartir. Il faut dire que chaque écluse est différente, par exemple entre celle de Varreddes et celle de Mareuil le volume d'eau et les durées d'éclusage sont bien différents. Une bonne connaissance de l'écluse à franchir permet d'optimiser la chauffe tout comme en chemin de fer, une bonne connaissance de la ligne (pente, rampe, courbe, poids du train) permet d'optimiser la chauffe. 
Décidément la vapeur ne se laisse pas dompter facilement et par expérience si les notions théoriques sont indispensables, la pratique l'est davantage. Conduire, chauffer des engins différents dans des situations différentes voilà bien les gammes du mécanicien.

16h01, on quitte l'écluse de Marolles
16h18 PK 104,2 la Ferté-Milon. Nous attendons que le bateau touristique Le Clignon soit descendu pour le croiser dans le bassin.
Nous allons passer sous le pont étroit. Au fond la porte de l'écluse que nous devons franchir.

En attendant la bassinée quelques photos de la Ferté-Milon pays de naissance de Jean Racine.

17h20 nous allons écluser avec Le Clignon. Mieux valait attendre son retour que d'écluser immédiatement et puis c'est l'occasion de se reposer un peu.

La passerelle Eiffel construite bien avant la célèbre Tour.
17h20, on a encore le temps de pousser jusqu'à Port-aux-Perches but ultime de notre voyage. Aller, on y va !
17h23, c'est parti.
17h47 PK 105,1 nous croisons une dernière fois l'ancienne ligne Paris—Reims par la Ferté-Milon.
Il ne reste plus que trois kilomètres.
18h14 PK 108, c'est la rencontre entre un canal, celui de l'Ourcq (1802) et un bateau la Vigie (1904) celui du Préfet L. Lépine et la première fois qu'un bateau à vapeur remonte de Paris à Port-aux-Perches2.
Un petit clin d'œil à mes amis du Chemin de fer avec la culée du pont de la ligne abandonnée de Silly-la-Poterie à Villers-Cotterêts. 
Au fond l'Ourcq et la Savières.
18h50 arrivée à la Ferté-Milon, c'est tout pour aujourd'hui. Après un dîner au restaurant nous mettrons le taud sur la Vigie qui repartira vendredi vers 10 h.

 

8 heures de navigation

15 Km 

170 Kg de bois

 

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Notes :
  • 1 La bricole était une sorte de harnais qu'enfilait l'homme qui était chargé de haler le bateau.
  • 2 Si le canal de l'Ourcq a connu la vapeur c'était sur la section à grand gabarit où des bateaux à vapeur remontaient en remorque des trains de flûtes jusqu’à la section petit gabarit à Bondy, sur environ 11 Km. Au delà, les flûtes étaient tractées par des chevaux ou à col d’homme.

 

Sources
  • Le Canal de l'Ourcq, hier aujourd'hui, demain, colloque du 14 au 15 décembre 2002 organisé par l'Association "Au fil de l'Ourcq" (AFLO), principalement la conférence de M. Claude Gaudin ingénieur en Chef de la circonscription de l'Ourcq touristique 
  • Le Service des Canaux de Paris et principalement M. Jean Papoul pour ses informations précieuses.
  • Le canal de l'Ourcq, vie et anecdotes - Michel Mérille - 1996 
  • Carte du Service des Canaux de Paris.
  • Media Cartes conception et réalisation www.kawan.biz

 Sites :

  • AFLO Association pour la mise en valeur du Patrimoine naturel, historique et culturel du canal de l'Ourcq et des ses affluents.

Informations :