L'écluse
de Mantelot
Pendant cinquante-huit ans, de 1838 à 1896, les bateaux en provenance du Sud et à destination de Paris ont traversé la Loire à Châtillon-sur-Loire, grâce à l’écluse de
Mantelot.
Les bateaux qui arrivaient par le canal latéral à la Loire empruntaient alors le vieux Canal pour rejoindre la gare d’eau de Mantelot. Il fallait parfois attendre plusieurs jours ou parfois même plusieurs semaines avant que les conditions de navigation ne soient favorables. Quand le fleuve et la météo le permettaient enfin, les bateaux s’engageaient dans l’écluse de Mantelot et se lançaient sur la Loire en suivant un chenal créé par un ensemble de petites digues ou «chevrettes», les chevrettes d’Ousson, de Mantelot et de l’Escargot.
Arrivés devant l’écluse des Combles, un kilomètre plus loin, en rive droite, les bateaux devaient se retourner pour entrer, proue en avant, dans l’écluse. En sens inverse, les bateaux affrontaient le courant. Ils utilisaient pour cela plusieurs ancres lancées alternativement à droite et à gauche. A l’entrée du chenal, ils étaient halés par des cordages. Ces manœuvres pouvaient prendre de deux à quatre heures à la descente et de trois à six heures à la montée. De 1880 à 1896, la mise en service d’un toueur facilita quelque peu la traversée.
Plus de 4.000 bateaux traversaient la Loire chaque année à Châtillon-sur-Loire. Ce chiffre monta à 9.000 durant les années de service du toueur. Les naufrages étaient nombreux, près de dix par an. Les noyades de mariniers étaient monnaie courante car ces hommes de l’eau ne savaient généralement pas nager. En 1896, l’ouverture du nouveau canal et du pont-canal de Briare mit fin à ces périlleuses «traversées en Loire».
Longtemps abandonnée, l’écluse de Mantelot, site classé Monuments Historiques en 1978, connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse. Depuis 2003, les portes de l’écluse s’ouvrent à nouveau pour laisser passer les bateaux de plaisance.
La maison éclusière abrite dorénavant le Relais de Mantelot qui propose chambres d’hôtes, repas et terrasse ensoleillée.
Dimensions
- largeur 5.20 m
- longueur 31 m
Chronologie
- 1821 - 1822 Lois et "plan Becquey".
- 1825 Début de la construction du canal Latéral à la Loire.
- 1833 Début des travaux des ouvrages de la traversée en Loire.
- 1838 Ouverture à la navigation de l'ensemble du canal.
- 1841 Achèvement total des travaux et mise en service du pont suspendu de Châtillon-sur-Loire.
- 1896 Mise en service du pont-canal de Briare et déclin du passage en Loire de Châtillon, trop pénible et dangereux. Cette partie du canal devient les "embranchements de Mantelot (ou de Châtillon) et des Combles."
- ca. 1950 Déclassement des ouvrages.
- 14 juin 1978 Classement Monuments Historique des ouvrages côté Mantelot (rive gauche)
- 1998 Réhabilitation de deux anciennes écluses de l'embranchement de Mantelot (L'Étang 39 et la Folie 40).
- 2000 Réhabilitation de l'écluse de Mantelot 41.
Remarques
Cet ouvrage remarquable par sa qualité de construction n'a pourtant été conçu au départ que comme un pis-aller, pour pallier
l'impossibilité d'alors d'établir à cet endroit un pont-canal aux lignes suffisamment légères pour laisser passer les crues de la Loire. Son franchissement était long et pénible, au terme d'une attente de plusieurs jours, d'où la nécessité d'établir de vastes gares d'eau d'attente. Ce passage a été décrit comme "la plaie la plus profonde de ce canal" par François Aulagnier, marinier et actionnaire des canaux.
Le pont-canal de Briare, aux lignes légères en acier doux, supprimera toutes ces difficultés en 1896, en faisant gagner un temps précieux aux mariniers, en plus de la sécurité. La mise au gabarit Freycinet imposait l'abandon du passage en Loire, dont les performances et caractéristiques n'étaient plus satisfaisantes.
Source : https://structurae.info/ouvrages/ecluse-de-mantelot