Nos auteurs (es)

Jean Paul Villermé

Les mots n’ont ni dieu ni maitre, mais une maitresse : la poésie.

J’ai quitté les bords de Loire, près d’Angers pour venir poser rimes et bagages près des bords de la Seine à Nanterre. La nostalgie des rives ligériennes remplit l’encrier de mes rêves. J’y puise ma poésie. J’y trempe ma plume.
Attention ! J’utilise parfois certains mots qui sont une pure invention de l’auteur. Je ne les ai pas soumis au ministère de la Culture, encore moins à l’Académie. Ils ne sont pas dans le dico, ce cachot dans lequel les mots dépérissent.
Comme un oiseau en cage, les mots prisonniers du dictionnaire manquent d’air. Le poète a pour fonction de les laisser respirer, d’ouvrir la cage qui opprime la langue française.
J’ai délibérément féminisé des mots, car il me semble que l’égalité passe aussi par cela, n’en déplaise aux normalisateurs du quai Conti et autres misonéistes.
Jusqu’au XVIIème siècle, les règles les plus suivies en français en matière d’accord sont celles de la majorité (ex. : « trois femmes et un homme sont arrivées », « trois hommes et une femme sont arrivés ») et de la proximité (ex. : « des hommes et des femmes sont arrivées », « des femmes et des hommes sont arrivés »), qu’utilisaient notamment les écrivains Ronsard ou Racine.
Je dis merde aux puristes, à ceux qui traquent le hiatus, la faute.
La langue appartient au peuple et la poésie est dans les rues, dans les usines bien plus que dans les cénacles. Regardez les maisons de la poésie, elles ressemblent à des maisons closes où le vers se prostitue aux désirs des thuriféraires du moment.
À la langue académique vêtue d’uniformes, je préfère la langue de Molière et ses haillons en guise d’habits.
Si les dictionnaires sont nécessaires, j’aimerais que la place des mots soit libre et qu’ils puissent se déplacer où ils veulent quand bon leur semble. Le livre des mots deviendrait un jardin extraordinaire où, cherchant un mot, tu en trouves un autre comme une porte ouverte vers le rêve.
Je récuse certaines règles imposées par les dictateurs de l’orthographe par exemple :
Le PH imposé pour plaire à la mode hellénique. Nos amis italiens et espagnols se soignent aussi bien que nous dans les farmacies ! Et notre fameuse orthographe serait aussi belle en s’écrivant : ortografe !
Autre aberration :
Un nombre de policiers courent sus aux voleurs. D’après la règle le verbe doit être au singulier, car c’est le nombre qui galope ! Avez-vous déjà vu un nombre courir sus aux voleurs ?
Pauvres normalisateurs qui frisent le ridicule. Ne les suivons pas.

Villermé Jean-Paul


Page precedente