Quelques copies de lettres de la gare

La lecture du registre des copies de lettres m'a été donné par Jean Luc et Marie-Odile étant certains qu'à travers moi le patrimoine serait conscencieusement gardé. Or le patrimoine, c'est la propriété de tous, aussi ne résisterai-je plus longtemps à livrer dans cette page quelques lettres représentatives des préoccupations d'un petit chef de gare d'une ligne secondaire perdue en forêt d'Orléans, entre Beauce et et Sologne, dans une clairière constituée par notre bon village de Vitry-aux-Loges

D'abord il faut parler du registre lui-même constitué de feuilles légères, fines et translucides, marquées au bleu du carbone ou à la plume du stylo. 
Ces lettres qui s'étendent de 1940 à 1958 nous révèlent par exemple en 1942, le 24 janvier que les volets de la salle à manger de la gare sont disloqués. Peut-être le chef de gare ne les attachaient-il pas et que le vent les faisant claquer les ont mis hors service. Mais il n'y a pas que les volets. La porte de la salle d'attente ne ferme plus non plus et la petite vitesse est en très mauvais état, si bien que les marchandises, qui y sont déposées, mouillent. 
La lettre est adressée au chef de district de Bellegarde-Quiers, centre de la ligne et étoile à 4 branches : la ligne Orléans-Montargis y coupant celle des Bordes-Beaune-la-Rolande.

Une autre lettre non datée est adressée à  Monsieur De Bodinat S/I Ex à Orléans afin que monsieur Petit, l'électricien du village procède, comme l'ingénieur en chef départemental en a donné l'ordre, au branchement électrique de la gare.
Cette demande est issue du service électrique de la SNCF d'Orléans.

Cette autre lettre réclame à la lampisterie d'Orléans un drapeau jaune remis à l'occasion d'un train supplémentaire le 18 Avril 1943 et ce drapeau n'a pas été retourné par l'administration, bien qu'il soit marqué Vitry-aux-Loges.

La  destination des lettres sort des frontières du département avec cette lettre adressée à Juvisy qui atteste que le 13 Mai 1944 à l'occasion des bombardements, les marchandises se trouvant en gare de Juvisy ont fait l'objet d'une réclamation.

 lettre 05

Le 10 septembre 1945, c'est une demande de carnet d'expédition de wagons complets qui est adressée au Chef de la Subdivision des recettes marchandises. Le trafic augmente, le chef de gare s'est laissé dépasser.

Le 28 Décembre 1945, c'est une lanterne à acétylène qui quitte la gare de Vitry-aux-Loges pour réparation et ne revient pas. La lettre est adressée à Monsieur le chef lampiste principal de la gare d'Auzterlitz qui est prié de donner rapidement une réponse.

Le 27 juillet 1946, un livraison destinée aux Établissements Forvil, 4 rue Becquet à Nanterre a été refusée ou détruite. Par lettre n°61 le chef de gare de Vitry-aux-Loges s'enquiert de la suite donnée à son courrier en vue de régler cette affaire.

Les Batignolles ne répondant pas, c'est au chef de gare de Rueil-Malmaison que cette requête est adressée. En effet, Nanterre ne possédant pas de gare de marchandises, c'est celle de Rueil-Malmaison qui offre ce service, bien qu'à cette époque, les voies de la zone industrielle débordaient largement sur la commune de Nanterre.

Le 14 Novembre 1947,le chef de gare de Vitry-aux-Loges écrit aux Établissements Pied-Selle à Fumay dans les Ardennes au sujet d'un wagon chargé de soixante cuisinières en provenance de Paris et expédié de Puiseaux (Loiret) pour le compte de Monsieur Hurisse. Or dix d'entre elles ont été cassées pendant l'acheminement et le chef de gare désire connaître le montant de l'avarie.

Le 23 Août 1958, la gare de Vitry-aux-Loges expédie, à Folligny, un wagon contenant 16 veaux attachés. Semble-t-il il y a litige sur le sexe des bovins, qui tous de petite taille n'a pu être déterminé avec exactitude par l'agent SNCF, préposé à l'embarquement. D'ailleurs il est précisé que le chef de gare lui même n'a pu en déterminer que le nombre. Cette lettre fait réponse à une réclamation du destinataire.

Bien d'autres lettres retracent les faits et événements de la petite vitesse de Vitry-aux-Loges. Aujourd'hui, la gare de marchandises a été démolie et les voies déferrées pour laisser place à une ZAC.

 

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