La voiture salon V11
En
1986 nous étions allés visiter le réseau des Kaolins d'Échassières dans
l'Allier avec Jean Claude et Jean Michel. Nous avions le dessein de récupérer
des essieux de wagons pour les Chanteraines en vue de construire de nouvelles
unités. Ce fut chose faite après une journée bien remplie : nous repartions
avec une vingtaine d'essieux patiemment désolidarisés de leur châssis.
Cette journée nous permis de remarquer un wagon garé sur le bord de la route :
la Bétaillère et dans la carrière des wagons tombereau destinés à
l'acheminement des produits finis de la carrière à la gare SNCF de la Loge
près de Lapeyrouse à une dizaine de kilomètres
de l'usine.
Sur la route du retour, j'avais bien l'intention de retourner à Échassières
pour ramener ce témoin du passé qui un jour ou l'autre serait ferraillé.
Le 06/12/1986 nous y retournions avec Jean Michel après avoir loué un camion porte-voiture. Le responsable du site nous attendait comme il avait été convenu. À l'aller nous retrouvions la bétaillère sur le bord de la route Juste un arrêt pour voir comment nous pourrions la charger au retour et nous arrivâmes à l'entrée de l'usine. J'avais déjà repéré les wagons stockés sur des voies de garage, bien alignés en attente de ferraillage. J'en repérais un dépourvu de caisse, un de préférence dont les essieux n'étaient pas trop usés.
Les deux wagons ramenés je les garais au fond du dépôt car à cette époque nous construisions du matériel roulant et ma charge ne me laissait pas trop le temps de m'occuper de mon matériel.
En 1996, je commençais à m'occuper de cette voiture salon pour laquelle, à l'occasion de la construction des voitures fermées j'avais commandé les éléments du chaudron ainsi que les fenêtres. C'était en effet une opportunité d'avoir ces éléments déjà disponibles pour mon projet.
Mon
premier travail fut de faire sauter les rivets qui maintenaient les berceaux de
la benne sur le châssis. Ce ne fût pas une mince affaire tant les rivets
étaient solides. Cela dit ce n'est pas pour autant qu'ils ont résisté au
chalumeau.
Tout de suite après, je m'occupais des attelages pour en faciliter les manœuvres.
Puis ce fut au tour des boîtes d'essieux que je démontais pour en
vérifier l'état.
À propos de boîtes d'essieux la conception du wagon prenait en compte le poids
de la benne réparti sur le deux essieux, laissant pour la plate-forme
serre-frein un porte à faux à la fois inesthétique et non justifiée pour
l'usage future de ce wagon transformé en voiture.
Ce fut donc l'occasion de déplacer vers la plate-forme l'essieu et pourquoi pas
ne pas le changer pour obtenir un meilleur roulement.
Ce fut chose faite à partir d'essieux récupérés aux ardoisières de
Trélazé qui nous avait fait don de plusieurs boîtes à rouleaux avec leurs rouleaux
bien rangés dans du papier et enduit de graisse.
Il a fallu découpé le L
du longeron pour adapter la fixation des boîtes d'autant que j'ai profité de
cette opération pour mettre des ressorts d'ascenseur entre le châssis et les
boîtes, une voiture salon devant être confortable.
Bien entendu pour cet essieu j'ai du déplacer également le système de frein et
sa timonerie devenue insuffisante en longueur. Souvent une petite transformation
en entraîne d'autres en aval.
Le châssis n'a pas encore été recouvert. Ce sera fait avec une tôle striée de 8 mm ainsi que la plate-forme qui a reçu une tôle ridelle des wagons Péchot de la Chapelle St Ursin. Nous sommes maintenant sur une base saine, la construction de la superstructure va pouvoir commencée.
Je
tenais absolument à réaliser ce projet dans un délai qui n'allait pas
s'étendre sur des années comme cela souvent se passe, aussi je décidais de
travailler le soir après le travail pour ne pas prendre sur les samedis qui
étaient consacré au CFC, engagement oblige.
J'ai commencé par souder les trois montants qui allaient supporter l'ensemble
du chaudron. Ils ont été fabriqués par le Lycée Charles Petiet de
Villeneuve-la-Garenne avec ceux de la voiture fermée V15 que construisait Jean
Pierre puis après les extrémités. Aussitôt le volume était donné et les
proportions apparentes. Il était encore temps de les changer mais ce ne fut pas
nécessaire. Des dessins exécutés sur l'ordinateur m'avait renseigné et la
réalité était proche du dessin.
Je pouvais continuer d'abord par le soudage des tôles du chaudron, d'abord les
deux du bas, puis celle du haut dont les ouvertures étaient préparées. Pointage d'abord à l'arc pour vérifier que tout allait bien car une fois
soudé, il est difficile d'intervenir. Ensuite le toit constitué de deux tôles
se chevauchant et abritant également la plate-forme.
septembre 96 pose d'un
strapontin sur la plate-forme et peinture.
Octobre 96, pose du lambris au plafond, Pose de la ceinture, frisette, encadrement des
fenêtres pose de l'échelle, estrade, vernis pose des fenêtres, support de
sièges.
Pose de la ceinture en chêne vernis. | |
Fixation d'un strapontin récupéré à l'usine des eaux de Nanterre à l'occasion du démontage du réseau Chauvineau de 1906. |
1997
peinture de la caisse, octobre pose des tasseaux, décembre fabrication
des supports de siège.
1998 peinture des supports de siège, pose des tasseaux pour fixer le
frisette, ainsi que celle du pavillon. Pose des sièges, ponçage de la table, pose du
plancher sur la plate-forme, séparation de la caisse et du châssis, démontage de la traverse,
adaptation des freins, peinture châssis pose de la caisse, Pose des prises électriques
pour le signal d'alarme.
Trois vues de la voiture salon, terminée en mai 98 pour les journées Portes-Ouvertes et remise en circulation. |
1998.
Une des premières sorties. Remise en queue obligatoire à cause de l'absence de conduite blanche. |
Depuis, peu de modifications lui ont été apportée, à l'exception de barres en volutes sur le garde-fou avant ce qui lui donne un petit air ancien.
Depuis cette voiture a participé et participe encore à plusieurs manifestations notamment avec la Bouillote qu'elle accompagne lors des sorties.
C'est ainsi qu'on la retrouve