Son histoire


Document Decauville, archives communales de Corbeil-Essonnes

Le locotracteur N°643 de 1933 fait partie d’une série de 89 unités construites de 1926 à 1939 par l’entreprise Decauville à Corbeil. Les recherches n’ont pas permis de savoir à qui et à quelle date il a été livré. On le retrouve dans la parc d’animation de Monsieur Henri Gaumont de Risle Vallée à Thévray-sur-Ferrière dans l’Eure. Monsieur Gaumont, collectionneur l’a acquis auprès d’une briqueterie ainsi que le n°686. Acheté par un membre de notre association, il arrive sur le Chemin de fer des Chanteraines le 29 novembre 1986. Il était complet et en état de marche. Il reste au fond du dépôt jusqu’à ce que je l’acquiers en 2005, date à partir de laquelle, je le restaure dans ses moindres détails et dans les règles de l’art. Terminé au printemps 2007, il est présenté pour la première fois au public à l’occasion de nos journées Portes-Ouvertes des 12 & 13 mai et remporte un franc succès lors de ses évolutions sur notre réseau.

Tout a commencé le dimanche 23 novembre 1986. Ce jour-là avec Jean Chapotel et Jean Bernard Mervaux, nous étions allés à Thévray-sur-Ferrières dans le parc de Monsieur Gaumont avec l'avouable intention d'acheter quelques matériels sans plus de précision. Après avoir fait le tour de la collection assez importante nous finalisions ce qui suit : Jean prenait le Decauville n°643 de 1933, Jean Bernard le Gmeinder et moi le Campagne n°4075 de 1952.
La Bouillote, qu'il avait récupérée auprès d'un entrepreneur de travaux publics à Agen, avait déjà quitté Thevray pour Noisy-sous-Ecole dans la propriété de Jean Bernard Mervaux .
Toujours est-il qu'avant midi les négociations étaient terminées et nous étions sur le chemin du retour. Il ne nous restait plus qu'à contacter M. Panizzi pour le transport. Le Gmeinder irait à Noisy, le Decauville et le Campagne viendraient au CFC.
Le 29 au matin le camion arrivait aux Chanteraines.

Le 29 novembre 1986, le Decauville et le Campagne arrivaient au Chemin de fer des Chanteraines sur la plate-forme du camion. Il n'est pas reluisant, mais il est complet et on a pris la précaution de boucher la cheminée. Il est dans son jus.

Très vite Gilbert qui connaît bien les moteurs CLM s'est intéressé à le remettre en marche et il y réussit très rapidement. Le locotracteur fut alors affecté aux manœuvres. À cette époque, nous étions très occupés à la restauration de la 020T n°3 et vu l'état du Campagne, j'avais entrepris sa restauration complète avant sa remise en service, donc le petit Decauville, qui somme toute roulait, restait en plan, mais nous en profitions largement pour effectuer les manœuvres et les courses en ligne.
Malheureusement, à l'époque on n'avait pas trop le réflexe de photographier et le Decauville a peu fait l'objet de clichés.

Là on le voit à la manœuvre des bennes ex. Montebourg après ou avant la livraison de charbon. En cette année 87, les voies n'étaient pas encore encastrées dans le béton et le charbon était acheté à la tonne et directement livré du camion dans les bennes.
Une autre photo prise en 87. Alors que la Decauville fume et est prête à partir pour un essai en ligne, le Decauville est tous capots ouverts. À cette époque Jean Michel B. qui travaillait, entre autres, pour Chausson avait pu faire réparer le radiateur, la seule pièce légèrement abîmée.
On le voit sur cette photo en 1990, un dimanche d'exploitation, Il manœuvre sa grande sœur. Noter le tuyau pour surélever l'échappement qui crachait de l'huile plus que n'en demande les vêtements des visiteurs.
Toujours un dimanche de 1990 devant le dépôt à l'occasion des journées Portes-Ouvertes.

Pendant toutes ces années, il servait aux trains de travaux. Je me souviens des mercredis soirs de printemps après le travail, je l'utilisais pour aller graisser les appareils de voie. Le réseau s'étendait à l'époque du Pont d'Epinay au Passage de Verdure. Je commençais par le côté Pont d'Epinay et au retour je le suivais à pied le long de la Seine. Il tirait bravement son train à côté de mes pas.
Malheureusement ce locotracteur discret n'a jamais été sous le feu des lumières et des objectifs et en rédigeant ces souvenirs, je me rends compte que des années ont passé sans qu'un cliché ne soit sorti de la boite magique.

En 1990 avec le train de travaux sur la voie 1. Les voies ne sont pas encore cimentées. La société Drouard a amené son matériel pour l'entretien de la voie. Sur la voie 5, les deux Decauville sont sorties. 
Toujours en 90, c'est l'hiver, on revient de balade. Il continue à assurer les trains de travaux sans défaillance. Sur cette photo, on le voit sur la voie d'accès au dépôt un jour d'hiver 1991.
En 1991. Vue arrière. On voit bien le moteur CLM. À gauche le levier de frein, à droite le changement de marche et l'embrayage. Au centre le cercle blanc est le manomètre. Au premier plan le coffre à outils qui sert de banquette pour le mécanicien.
Toujours en 91, vue en élévation. À l'arrière le toit est prolongé par une tôle froissée que nous avons gardée inutilement pendant longtemps. Derrière, la construction du bâtiment Marcel Villette. Les voies viennent d'être encastrées.

À l'origine son toit dépassait généreusement à l'arrière et avait été déformé. Photographié en 1991. 

En 1994 le jour où nous avons réceptionné la scie mécanique, c'est encore lui qui assure la manœuvre.

Le Decauville a toujours été le "vilain petit canard" du CFC à cause de l'huile abondante qu'il laissait s'échapper de son tuyau malfaisant et qui faisait fuir les visiteurs. C'est la raison pour laquelle il a souvent été relégué au fond du dépôt même à l'occasion des journées Portes-Ouvertes.

Photographié par David Mummery à l'occasion du 20ème anniversaire du CFC. Une fois de plus il n'a pas été sorti du dépôt.

Le samedi 5 mars 1994, il part à Noisy-sous-École où il rejoint la Decauville de Beugin. Il restera là-bas jusqu'à la "vente du siècle". Il profite du rapatriement du matériel que nous avons acquis pour retrouver les rails du CFC le lundi 12 mars 2001.
Il n'a pas changé, toujours la même allure rouillé, dans son jus.
Un jour que je suis seul au CFC je vais dans le dépôt, et je le démarre. Toujours ce son incomparable et cette fumée bien caractéristique. Mais il reste au fond du dépôt et ne tourne que rarement.

Le samedi 2 juillet 2005 Jean Chapotel me le cède. Je pars en vacances mais dans ma tête le Decauville virevolte. Le petit Decauville allait alors sortir de sa léthargie.
À mon retour j'ai des travaux à faire sur la Bouillote par conséquent pas trop le temps de m'occuper de lui.

Juste avant sa grande révision sur la voie 1.
La plaque Decauville N°643 de 1933.
et même en vidéo. Noter comme il fume.

Ce fut sa dernière sortie avant sa grande révision qui nous occupa pendant toute l'année 2006.

Fin novembre 2005, nous le sortions une dernière fois dans un paysage de neige. Jacques en a gardé des traces sur ses vêtements.

Le 7 mai 2007 j'entreprends la démarche de classement "Monument historique". Les imbroglios de l'administration retarderont considérablement ma démarche. Toujours est-il que c'est seulement en 2009 que le dossier reprendra vie pour être finalement classé le 16 décembre 2010.

Le 29 janvier 2006 je commence à le démonter en vue d'une grande révision.
c'est l'histoire de sa restauration.

Voir aussi La plateforme ouverte du patrimoine du Ministère de la culture