CanaLoire

Marc André Dubout

 

Du 7 au 9 juin 2024, Les Mariniers de Vitry, Libres et Motivés, se sont embarqués sur le Canal de Briare pour une randonnée de trois bonnes journées de Châtillon-Coligny à Briare avec une traversée du Pont Canal au-dessus du fleuve.

La veille, le jeudi 8, nous avions emporté le Saint-Ronan à la cale de Châtillon pour le mettre à l'eau.


Sur le canal de Briare, les cales de mise à l'eau ne sont pas très fréquentes. Parmi elles, celle de Châtillon-Coligny est très confortable.

Sur le Canal de Briare 

Long de 54 kilomètres le Canal de Briare ou encore « canal de Loyre en Seyne » compte 38 écluses en suivant globalement la vallée du Loing, côté Seine et celui de la Trézeé, sur le versant Loire. C'est un canal dit à "bief de partage" (PK 19), alimenté par l'Étang de la Gazonne (écluse n°12) qu'il traverse. Il relie le canal du Loing depuis le hameau de Buges (Loiret) à Briare. Une bifurcation au PK 1 le met en relation avec le canal latéral à la Loire. Il est géré par Voies Navigables de France, l’opérateur national de l’ambition fluviale.
Il fut construit sous Sully de 1605 à 1642 pour mettre en relation les deux grands fleuves que sont la Loire et la Seine. L'ingénieur hydraulicien en fut Hugues Cosnier (1573-1629), inventeur de " l'échelle d'écluses ".

Le lendemain vendredi 7 juin 2024, nous nous retrouvions à 9h30 à l'atelier des Mariniers, point de départ de notre randonnée. Une petite heure de route pour atteindre Châtillon-Coligny et cette fois ce furent La Poule d'eau et la Milibo qui furent mis à l'eau. L'Armada était prête.
Mais avant le départ comme la tradition l'exige (un marin doit être " propre et bien nourri "), nous avons rompu le jeûne sous les frondaisons de la Capitainerie.

La Machine à vapeur de Châtillon

On ne peut pas quitter la Capitainerie sans dire un mot sur la Machine à vapeur de l'ancienne distillerie de Sainte-Geneviève-des-Bois. Construite en 1942, la distillerie s'équipe d'une machine à vapeur de 250 chevaux capable de faire fonctionner toute l'usine. En 1989, l'usine ferme et la machine de 25 tonnes (seulement) est sauvegardée au titre du Patrimoine industriel et après une remise en état de présentation ( la chaudière a disparu) elle est inaugurée en 1997 à la Capitainerie.
Cette machine a été construite par Dujardin à Lille. C'est une machine fixe à simple expansion, double effet dont la distribution se fait par piston-valve (système Dujardin). Le volant a un diamètre de 4,5 m, une largeur de 800 mm et son poids est de 10 tonnes.
Cette machine est caractérisée par sa distribution par piston-valves "Dujardin".
Utilisée dans une ancienne distillerie, elle n'était pas équipée de condenseur, la vapeur d'échappement était envoyée directement dans la colonne de distillation et servait à entraîner les différents outils, par un arbre commun, tels que la chaîne à godets, le coupe-racine, etc., et bien sûr l'alternateur qui servait à l'alimentation électrique de l'usine. Il faut savoir que l'activité des distilleries étaient de courte durée, seulement 60-70 jours par an et il était plus économique de produire, soit même, son propre courant.
Dujardin & Cie est une société fondée en 1867 par Albert Dujardin, ingénieur-constructeur de machines à vapeur moteurs pour laminoirs, moteurs électrogènes, etc.


Vue sur le cylindre dans lequel, la vapeur agit alternativement sur chacune des faces du piston (double effet).


La distribution de la vapeur dans le cylindre se fait par
piston-valve (système Dujardin).


Vue sur le volant d'inertie pesant une dizaine de tonnes qui permet de passer les points morts des pistons et de la bielle manivelle qui transforme le mouvement alternatif de translation en mouvement de rotation.

Donc après " le repas sorti du panier " (expression bien connue des Mariniers), les embarcations prennent la direction de la Loire très vite interrompue par la première écluse, celle de Châtillon n°24.

Et c'est la Poule d'eau qui déjà est dans l'axe du canal.


L'écluse n° 24 de Châtillon. Nous sommes sur le versant Seine et jusqu'au bief de partage, les éclusées sont montantes. Une fois les bateaux entrés, on lance une amarre en haut du quai et l'éclusier en fait le tour d'un bollard et la renvoie à bord pour que le marinier tienne l'embarcation, le temps de la montée. Dans ce sens l'éclusée est plus délicate, surtout lorsque l'eau du bief amont passe sous un tunnel dont la sortie se fait par un des deux bajoyers. Si le bateau n'est pas du bon côté, il est propulsé sur le bajoyer opposé et il devient difficile de le retenir.
Cela me rappelle de mauvais souvenirs sur la remonte des écluses du canal Saint-Denis l'écluse de la Briche à celle de Flandre où étant du mauvais côté j'ai dû lâcher l'amarre pour ne pas tomber dans le bassin.


Chaque écluse porte un nom et un numéro d'ordre du PK zéro au PK final. Sur cette partie du canal la date de 1886 rappelle l'époque de l'augmentation du gabarit du canal et des écluses conformément à la loi de Charles-Louis Saulce de Freycinet (1828-1923), suite à l'achat du canal par l'État. C'est à cette époque que les " 7 écluses " de Rogny furent abandonnées, ainsi que d'autres tronçons du canal, parfois encore visibles.
Gabarit dit "Freycinet" : écluse de 5.20 m de largeur pour une longueur de 39 mètres et un enfoncement de 2,20 m.


Sur le premier bief, entre les écluses n°24 et n°23.


14:49, peu de temps avant d'arrivée à notre deuxième écluse, la Poule d'eau avec à bord, Gérard, Jean-Claude, Jacques et Dominique.
Sur le flanc du bateau, le canal d'Orléans est dessiné avec tous les villages traversés par la voie d'eau.


Milibo le canot de Daniel avec Daniel et Martine à la rame s'il vous plaît !


L'écluse du Gazon, n°23.


De temps à autre, il y a des zones de retournement, comme ici signalée par une pancarte retournement du Gazon. Un élargissement demi-circulaire permet aux péniches de se retourner.


L'écluse de Briquemault n°21. Bassinée en montée.


Dans le bief suivant, petit exercice physique sur le Saint-Ronan, Dominique, Bertrand et Vincent aux rames, MAD à la barre.


Sortie d'écluse avec le pont levis métallique à balancier. On monte toujours.


16h23, écluse du Moulin brûlé n°21. Bertrand à la barre du Saint-Ronan.


16h38, écluse de la Picardie n°20.


16h57, Écluse de Dammarie n°19. On approche de la fin de journée.


On installe le camp au camping des Lancières à Rogny-les-sept-écluses.


La voiture de Jacques suit le convoi. Elle contient la cuisine et tout le nécessaire pour nous rendre heureux. Après les bateaux, la gamelle et elle est bonne !


Le chef a installé son matériel, attention ça ne rigole plus.

 
Bon appétit !
Nous passons la nuit au camping des Lancière à Rogny au bord d'un bras du canal près des bateaux. La nuit est étoilée et fraîche. Certains dorment dans un mobil-home, d'autres sous la tente, un à bord de la Poule d'eau.
Le lendemain matin petit déjeuner au camping. Départ vers 10 heures direction Ouzouer-sur-Trézée. aujourd'hui on dit " Ouzoir ".

Samedi  8 juin 2024

Rogny-les-Sept-Écluses

Petite incursion de l'Yonne dans le Loiret, c'est là où se trouve la commune de Rogny-les-Sept-Écluses, en pleine Puisais. Historique par le nombre de ses médailles retrouvées, Rogny est le lieu où naquit l'idée de joindre la Méditerranée à l'océan Atlantique et à la Manche qui se traduisit plus raisonnablement par une voie fluviale reliant la Loire, alors navigable, à la Seine. Nous sommes en 1597.
Mis en adjudication, c'est l'hydraulicien Hugues Cosnier qui remporte le marché de cette entreprise à la fois hardie, à cause des dénivelés à franchir et des écluses multiples à construire. L'idée des écluses accolées économise le nombre de portes puisque chaque porte est commune à deux écluses. Le chantier est creusé à main d'hommes, pelles et pioches, mines et chevaux de trait sont les seuls outils employés. Le dénivelé est de 24 mètres.
Le canal est partiellement mis en service avant d'être terminé. L'ingénieur meurt avant la finition des travaux qui eurent lieu en 1642 sous Louis XIII qui finalise le chantier. En 1666, le canal de "Loyre en Seyne " prend le nom de canal de Briare.
Dans les années 1880 un chantier d'élargissement fut entrepris pour mettre le canal au gabarit Freycinet et les sept écluses furent remplacées par les six actuelles qui contournent la colline.

 
L'arrivée sur Rogny. Le canal est bordé de platanes majestueux et sur la rive droite des bateaux logement sont amarrés le long de la rive.

Quelques vues de Rogny sans jamais s'éloigner du canal.

 

   
La première écluse, écluse Sainte-Barbe Rogny n° 18. Vincent et Gérard en attente de remontée.


Bertrand sur le plan d'eau face aux Sept écluses.


Les Sept écluses et la colline de 24 mètres de hauteur.


10h48, l'écluse de Rogny n°17.


11h02, écluse de Chantepinot n°16


Dominique nous a rejoints, ça rame dur sur le Saint-Ronan !


Nous continuerons ainsi jusqu'à l'écluse de la Javacière n°13, où nous avons rendez-vous avec l'heure intelligente, celle de l'apéro.


Les bateaux se reposent en amont sur la rive du canal.


14h57 arrivée à l'écluse de la Gazonne n°12.  C'est le bief du partage des eaux entre les versants Seine, d'où nous venons et Loire où nous allons
.


À cet endroit le canal traverse les étangs de la Gazonne et celui des Baudinières, eux-mêmes reliés aux étangs du Chesnoy et de la Grande Rue. Tous ces étangs participent à l'alimentation du canal sur ses deux versants.


Nous croisons un bateau de touristes, le " C'est la Vie ". Sept hommes d'équipage pour huit passagers. Tout va bien !


Nous, c'est plus modeste.


17h08, nous approchons de l'écluse d'Ouzouer-sur-Trézée, n°7 terme de notre journée.


Nous garons nos bateaux sur la rive en face du camping et commençons à installer la cuisine de campagne.


Vue sur le camping municipal d'Ouzouer-sur-Trézée.


Ce soir c'est confit de canard avec flageolets. À gauche le Président, à droite le cuistot, mot dérivé de cuisine dans l'argot militaire.


Nous terminerons la soirée au " Trèz-café ", le seul qui reste dans le village.

Dimanche 9 juin 2024.

Troisième et dernière journée avec pour objectif rejoindre Briare mais pas sans avoir passé le Pont-Canal éponyme, construit entre 1890 et 1896 et long de 662 mètres.


9h05 départ de la flottille sous un soleil radieux. Nous longeons le déversoir.


Milibo et La Poule d'eau ont repris une marche paisible en ce début de journée.


Nos trois embarcations en contre-jour sur le canal.


9h22, approche de l'écluse de Courenvaux n°6.


Cette fois, les écluses sont avalantes donc plus facile à franchir car le niveau de la bassinée baisse sans remous. En revanche il faut faire attention que les bouts ne se coincent pas dans les pierres lors de la descente.


Nous continuons notre route, tout est silencieux, le seul chant des oiseaux nous accompagne.


9h52 écluse de Venon n°5. Cette zone entre les écluses n°12 et n°5 a été notée situation hydrologique fragile en 2023, limitant les bassinées dans les deux sens de circulation.
Noter le pont levis.


Dom sur Milibo.


10h12 nous passons sous le nouveau pont de la déviation de Briare. Au fond se profile la bifurcation avec à droite l'ancien canal qui rejoint le port de Briare au niveau de la Loire et à gauche, la branche qui mène au Pont-canal de la Loire et au canal latéral en direction de Châtillon-sur-Loire.


PK la bifurcation


Les deux branches du canal.


La maison éclusière.


Le Pont-rail de Briare, ligne de chemin de fer Paris—Nevers.


Voilà l'entrée du Pont-canal de Briare.

Le Pont-canal de Briare 

Le pont-canal, en acier doux fut construit à partir de 1890 et ouvert en 1896 Il permet au canal latéral à la Loire (réalisé entre 1822 et 1838) de traverser la Loire sans passer dans le lit du fleuve comme c'était le cas auparavant à Mantelot.
Il est l'ouvrage de l'ingénieur-en-chef Léonce-Abel Mazoyer (1846-1910) et est établi sur quatorze piles en maçonnerie, construites par G. Eiffel et sur lesquelles est posée une poutre métallique unique qui supporte une cuvette en U qui contient plus de 13 000 tonnes d'eau (2,20 mètres de profondeur). La largeur du pont, chemins de halage compris, est de 11,50 mètres ; sa longueur de 662,70 mètres.


Détail d'une des piles d'entrée.


La Loire.


Notre flottille sur le Pont-canal.


Nous regagnons le port pour partager un dernier repas avant de penser à rejoindre Vitry-aux-Loges.


La Poule d'eau a regagné le canal d'Orléans. Le Saint-Ronan, ce sera pour demain (une remorque, deux bateaux).

Et pour finir quelques photos en vrac (Toutes photos LMV)


 

Si une image de cette page vous paraissait non libre de droits, merci de m'en faire part

Page précédente