La remontée du Saumon - Decize—Saint-Aubin-sur-Loire

Marc André Dubout

Du 26 au 29 mai 2022

La migration des saumons atlantiques est lancée avec le passage de trois individus à la station de comptage de Decize sur la Loire. Le premier est passé le 28 mars, le second et le troisième le 5 avril. Ces individus ont séjourné 2 ans en mer et ont des tailles respectives de 82 cm, 79 cm et 71 cm. 
Ces saumons ont parcouru 570 km depuis leur entrée dans l’estuaire de la Loire. Ils vont continuer leur migration pour atteindre leur site de reproduction. Sur leur chemin, ils pourront être de nouveau observés à la station de comptage de Gueugnon sur l’Arroux ou à celle de Roanne, située plus en amont sur la Loire.
Et nous, Les Mariniers de Vitry, combien de kilomètres allons-nous parcourir ? C'est ce que nous allons essayer de voir à travers ces quelques lignes.

"La Remontée du saumon" est une manifestation qui a lieu tous les deux ans, en alternance avec le "Festival de Loire".

Initialement partie de Meung-sur-Loire en 2012, cette année elle concernait la section Decize—Saint-Aubin-sur-Loire mais nous n'avons pas pu parvenir au terme de notre randonnée à cause de l'étiage trop important de la Loire qui nous a retardé considérablement. À peine avons-nous atteint Vitry-sur-Loire. Tiens un autre Vitry !

Jeudi 26 mai 2022, rendez-vous chez Vincent à 6h30, tous prêts à partir. Trois voitures, deux bateaux Balbuzard et Carpe Diem, huit mariniers : Vincent, Pablo, Clara, Martine et Gérard, Jacques et MAD et Bertrand qui nous a rejoints.
RN 60, puis A77 vers Cosne-sur-Loire, arrivée à Decize, vers 10 heures. Quelques bateaux sont déjà sur place et certains sont mis à l'eau. La cale est confortable, c'est notre tour tout se passe bien. On voit que Jean Marchal, l'organisateur a l'habitude.

 

 

Photo LMV
Arrivée à Decize dans le chantier de Jean Marchal. À la file nous attendons notre tour pour la mise à l'eau sur la Vieille Loire.1
Ça se précise, la remorque de Balbuzard est avancée, le bateau est sous contrôle des mariniers dans cinq minutes, la remorque ressort libre.
Puis c'est au tour de Carpe Diem sous les yeux attentifs de Clara et Martine.
Carpe Diem et Balbuzard sont prêts pour le départ. Il faut attendre que la flottille complète soit à l'eau soit seize embarcations venues de plusieurs sites ligériens.
Enfin, c'est le départ, il est 11h05
Nous passons devant le club de canoë de Decize.
et arrivons au confluent de la Loire, la vraie, la belle Loire.
Configuration des cours d'eau au niveau de Decize : du Sud vers le Nord, la Loire, la Vielle Loire, l'Aron et le Canal du Nivernais.
Le canal latéral à la Loire ne passe pas par Decize, il se situe à quelques kilomètres plus au Sud.
Nous arrivons au Pont du 152ème R.I. sur lequel passe la départementale D978A. C'est un pont en béton armé, construit en arc de 1956 à 1960. Son nom est en souvenir de la résistance face à l’allemand, d’un détachement du 152e Régiment d’Infanterie
Nous passons devant la porte de l'écluse du canal latéral à la Loire.
Vers 13 heures, la flottille jette l'ancre sur la rive droite de la Loire pour le déjeuner. La grève est accueillante
Les bateaux amarrés, nous nous installons à bord pour déjeuner. Rangement des sacs et glacières et dressage de la table.
Jacques prépare la cuisine. Ce midi ce sont des tomates cuites accompagnées de saucisses.
Puis c'est au tour de Bertrand de faire cuire les saucisses

Martine, Clara et Vincent (un verre à la main) sont prêts à déguster.
La flottille se remet en route, à la remonte du fleuve. Le ciel semble vouloir s'éclaircir. Par bonheur, la pluie nous a épargnés pendant ces quatre jours.
Cette fois, c'est Jacques qui est au moteur. Nous rencontrons quantité de bancs de sable et de galets, ce qui ralentit notre course, le temps de se dégager parfois au moteur, souvent, les pieds dans l'eau.
Et oui, à l'école nous avons appris que la Loire n'était pas un fleuve navigable... 50 ans après on le vérifie.
Bertrand à la bourde, Vincent les pieds dans l'eau, on n'avance plus.
Vers 19 heures, Carpe Diem avec à bord, Gérard et Martine arrive au terme de notre journée.
Escale à Thareau, un  lieu-dit en bord du fleuve.
Photo LMV

Nous avons dormi là.

Les bateaux tous présents s'amarrent sur la rive gauche en face du lieu-dit et bien vite les tentes se montent sur la grève notre dortoir, la Loire sera notre salle de bain.
Nous abattons les mâts car demain il nous faudra franchir le Pont de Gannay-sur-Loire, un passage difficile paraît-il à cause d'un arbre tombé en travers du lit de la rivière.
Le soir repas à bord du Balbuzard.
Martine, Géra
rd, Bertrand, Vincent, Clara et Pablo. Jacques se lave et je prends la photo.
Les jeunes ont allumé un feu à partir des bois flottés, rejetés par la rivière.
Après le dîner nous ne tardons pas à rejoindre nos tentes.

 Vendredi 27 mai 2022

Lever tôt enfin pas tout le monde et petit déjeuner sur le Balbuzard.
nous démontons notre campement comme les quinze autres équipages et rangeons nos bords. Le départ est prévu pour 10 heures (heure de cheminot ou heure de marinier ?).

Nous allons traverser une deuxième zone protégée d'une dizaine de kilomètres, donc une zone où tout arrêt sur les rives est interdit.

Le mât est posé sur sa chèvre sur le pont avant, le guirouet démonté. Nous commençons notre remonte.
Les passages deviennent plus difficiles, notre vitesse s'amenuise. Nous enchaînons les méandres du fleuve qui se suivent laissant la grève un coup à droite, un coup à gauche; il faut choisir sa route le rôle de la vigie juchée sur la proue devient essentiel, ce sont les yeux du bateau. Banc de sable, amoncellement de gamets, arbre en travers au fond, il faut tout voir pour ne pas être interrompu. chaque frémissement de l'eau nous informe sur la navigation à tenir
10h54, le pont de Gannay-sur-Loire apparaît à l'horizon. Trois arches mais une seule navigable : celle de droite. Celle du centre est envahie d'arbres, de branches, celle de gauche, pas assez de fond. Le premier bateau s'est enlisé, le marinier descend pour guider les suivants, le passage est scabreux, il faut contourner un arbre couché au fond et passer avec de l'autre côté un banc de sable.
Tous les bateaux sont passés et se sont regroupés en amont du pont pour se rassembler. Difficile de naviguer en restant groupés, il y a toujours un bateau en difficulté, arrêté par un obstacle.
Cependant, nous continuons notre course.

À propos, nous n'avons pas encore vu un seul saumon à croire qu'il y a que nous qui remontons la Loire.

Arrêt déjeuner sur la rive droite. Une grève accueillante est propice au garage des bateaux.
Après le repas, on a droit à une petite sieste tout en restant vigilant sur l'essentiel.
Photo LMV
13h24, nous reprenons notre route. Cette fois, c'est Pablo, notre plus jeune marinier qui est à la barre Jacques l'assiste au cas où... mais il n'aura pas à intervenir.

De temps à autre les bateaux en avance se rassemblent et jettent l'ancre pour attendre les retardataires.

Sur les rives effondrées, les hirondelles ont creusé leur nid dans le sable sous la bande de terre.
Depuis notre départ, hormis les deux ou trois maisons vues à Thareau, aucune trace de vie humaine n'a été perçue. Fleuve sauvage, indomptable, la Loire est un refuge de nature.
16h18. Nous n'atteindrons pas Saint-Aubin-sur-Loire. Nous sommes arrivés tout au plus aux environs de Vitry-sur-Loire. Jean, le chef de l'escadre décide alors de rebrousser chemin et retourner à Thareau où nous avons campé pour passer la nuit dernière.
En effet plus avant la Loire est trop basse pour continuer. Déjà jusqu'ici, depuis cette sainte journée nous avons rencontré de vraies difficultés pour naviguer.
Nous reprenons le chemin de l'aval. Cette fois nous bénéficions du courant mais attention à ne pas aller trop vite !
Nous arriverons assez tard à Thareau pour le campement.

Samedi 28 mai 2022

Petit déjeuner à bord du Balbuzard, il fait beau, la journée commence bien.
Photo LMV
11 heures. C'est l'heure du départ en vue de rejoindre Decize. Ce soir toute la flottille est attendue pour le repas des mariniers. Nous serons une tablée entre 60 et 70, tous de Loire.
Nous sommes avalants et la route est bien meilleure.
La météo est excellente, il va faire chaud, d'ailleurs nous avons tous pris de sérieuses couleurs.
Toujours les mêmes paysages  : sur la rive extérieure au méandre, de la végétation arborée avec, pour le lit de la rivière,  plus de fond. Sur la rive intérieure, la grève de sable ou de galets et le fleuve d'élargi.

Mais attention aux bancs de sable qui peuvent survenir à tout instant. La vigilance doit être maintenue et la bourde toujours accessible.

Des tapis de renoncules jonchent la surface de l'eau à certains endroits, c'est paraît-il exceptionnel cette année.
La pause méridienne arrive, nous nous garons sur le sable.
À 16h17, nous repassons sous le Pont du 152ème R.I., nous avons regagné Decize.
Carpe Diem navigue à nos côtés. C'est Clara qui est à la barre. Pablo et Gérard se reposent.
Nous accostons à la pointe aval de la confluence, coté Vielle Loire. Ce sera notre lieu de campement pour la nuit.

Virus, la toue cabanée nous a rejoints en voisin.
Il fait chaud et soif, nous allons boire une bière bien fraîche et nous reposer avant le dîner des équipages. Vers 19 heures nous montons le campement pour la nuit.

Notre campement
Photo LMV
Le repas des équipages.
Photo LMV

Dimanche 29 mai 2022

Aujourd'hui, petite journée de détente : le matin promenade sur l'Aron une rivière bien agréable qui se jette dans la Loire à Decize, puis sortie des bateaux, repas et route de retour sur Vitry-aux-Loges.

9h15, départ pour la cale de mise à l'eau sur la Vieille Loire. Nous y garons Balbuzard et Carpe Diem et c'est sur une embarcation locale que nous nous engageons sur l'Aron.
Cette rivière affluent de la Loire en rive droite mesure plus de 100 km. elle prend sa source à l'Est de la forêt de Tronçay et a 36 affluents.

Le pont-rail de la ligne Nevers—Dijon (1860) qui passe par Decize et suit en partie l'Aron.

Pont de l'avenue du 14 juillet, route départementale 981.
Retour à la cale de mise à l'eau pour le dernier repas.
Les bateaux sont chargés et rangés, un dernier repas sur la berge et nous reprenons la route.
Arrivée à Vitry-aux-Loges, devant l'atelier. L'équipage au complet : Clara, Gérard, Pablo, Martine, jacques, MAD et Vincent.

 

Notes

  • 1 la Vieille Loire. Au XIXème siècle, le lit principal de la Loire passe entre « l’île de Decize » et le « faubourg Saint-Privé ». C’est suite à l’aménagement des canaux et du barrage que ce bras du fleuve s’est ensablé, devenant la « Vieille-Loire ».
    La « Vieille-Loire ».prend naissance à Bernadette-Lemaître à environ 6 kilomètres en amont de Decize et se jette dans l'Aron

Sources :

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