Images de la ligne
Les Tramways à Malakoff
Marc André Dubout
Dès la fin du
XIXème Siècle Malakoff a vu rouler les premiers tramways à
traction hippomobile. Les toutes premières lignes furent celles de Fontenay-aux-Roses—St
Germain-des-Prés et Clamart—St
Germain-des-Prés respectivement lignes n°1 & 5 des Tramways Sud1
et qui firent partie du premier réseau extra muros en 1874 & 1878. À cette
époque la C.G.O2
avait le monopole des lignes parisiennes intra muros et le déficit des lignes
de banlieue incita les nouvelles compagnies à exploiter leurs propres lignes de
bout en bout. Deux compagnies se développèrent les Tramways Nord et les
Tramways Sud. Les premières voitures à traction hippomobile avaient des roues
munies de boudins que d'un seul côté ce qui permettait de les
dérailler pour doubler la précédente. On imagine combien la concurrence devait
être rude entre les compagnies. Toujours à cette époque l'arrêt fixe
n'existait pas et un simple signe au cocher suffisait à stopper le
tramway. Héritant des anciens usages des voitures à chevaux, il n'y avait pas
de billets. Le frein se résumait en une simple corde enroulée autour de
l'essieu et dans les côtes des cales retenaient les voitures. Les premiers
dépôts, dont celui de Malakoff, faisaient office d'écurie. Leur surface
tenait compte de l'alimentation chevaline et c'est l'infirmerie qui organisait
pour chaque bête sa journée de travail en fonction de sont état de santé.
Deux lignes au moins qui passèrent par Malakoff connurent ces rythmes issus de
la cavalerie.
La traction hippomobile coûtait cher en fourrage, soins donnés aux chevaux,
épidémies et c'est la raison pour laquelle on essaya d'exploiter par traction
mécanique d'autant que ce mode existait déjà et avait fait ses preuves
notamment dans les chemins de fer dont le tramway était proche.
La traction
hippomobile impliquait des cochers, palefreniers, bourreliers, astiqueurs de
harnais, piqueurs aux écuries et piqueurs de route, maréchal ferrant,
vétérinaire, cantonniers, conducteurs, etc.
C'est la
compagnie des Tramways Sud qui fut la première à exploiter en traction
mécanique dès 1875 mais pas sur les lignes desservant Malakoff. Ce changement de mode de traction ne fut pas sans
conséquences. En effet le cahier des charges pour la circulation des machines
dans les rues était strict.
La machine devait :
et tout ceci n'entraîna pas une
réduction des coûts d'exploitation bien au contraire. Entre 1878 et 1889, année de
l'Exposition Universelle les réseaux stagnèrent financièrement, la compagnie des Tramways Sud
disparut et c'est la C.G.P.T.3
qui s'y substitua en 1884. À l'approche de l'Exposition Universelle de 1889, de nouvelles lignes virent le
jour, les besoins en transport se faisant sentir.
Les lignes n°1 & 5 de la C.G.P.T.
furent directement exploitées en traction électrique4.
Cette compagnie fut en avance sur ses concurrentes après avoir été une des
dernières à avoir abandonné ses chevaux5.
À propos
des Compagnies Historiquement La Compagnie Générale des Omnibus C.G.O. héritière de la concession Loubat6 obtint en 1875 le monopole des tramways intra muros et créa plusieurs lignes sur rails qui reçurent un vif succès d'abord pour le confort des voyageurs qui ne subissaient plus les secousses des omnibus antérieurs et puis le travail à fournir par les chevaux diminuait considérablement, le roulement sur rails offrant bien mois de résistance que sur les pavés. Bien trop soucieuse d'occuper le terrain dans la capitale la C.G.O laissa le terrain libre à deux compagnies qui se spécialisèrent dans les lignes de banlieue : la Compagnie des Tramways Nord et la Compagnie des Tramway du Sud qui exploitèrent respectivement l'arrondissement de St Denis et celui de Sceaux. Ces deux compagnies firent faillite en 1884 et furent reprise par les Tramways de Paris et du Département de la Seine ( T.P.D.S.) au nord et la Compagnie Générale Parisienne de Tramways au sud. En 1899, la C.G.O. exploitait 36 lignes de tramway totalisant 244 km. |
En 1901 la ligne
13 Malakoff—Les Halles fut mise en service par la C.G.P.T.
Après 1900 et jusqu'en 1910 le tramway régnait en maître dans les rues de la
capitale et de sa banlieue dans une douce anarchie de lignes, de matériels, de
modes de traction, de compagnies. Mais c'était sans compter avec le
métropolitain qui se développait rapidement et efficacement. Les résultats
des compagnies étaient très disparates, certaines déficitaires et des
regroupements se profilaient à l'horizon. Les inondations de 1910 mirent le
coup d'arrêts à la décennie de ce début de siècle, la C.G.P.T. interrompant
son service en janvier à cause des dégâts sur son matériel et son usine de
Vitry à l'arrêt.
En 1910 une réorganisation complète vit le jour avec une douzaine de
compagnies en service. Les indices des lignes changèrent à cette
occasion.
Pour Malakoff, on pouvait voir à cette époque les indices suivants :
Compagnie |
Lignes |
Dates ouverture & prolongement |
Indices | |
<1910 | >1910 | |||
C.G.P.T. | Fontenay-aux-Roses—St Germain-des-Prés | 1875 1876 -> Montrouge & Châtillon 1877 -> Fontenay |
1 | 6 |
Vanves—St Germain-des-Prés | 1877 1878 -> Clamart |
5 | 9 | |
Malakoff—Les Halles Malakoff—Châtelet |
1901 1903 -> Clos Montholon |
13 | 7 | |
Malakoff (Clos Montholon) —Malakoff (rue des Closeaux) | 1905 | sans | 7bis | |
Clamart-gare—Clamart-mairie | 1903 | 15 | 89 | |
RG | Porte de St Cloud—Porte d'Orléans | 1921 | - | 4 |
La tarification
fut, elle aussi unifiée avec le sectionnement (15 centimes première classe et
10 en seconde). Toute l'organisation des réseaux changea, certaines compagnies
cédant ou acquérant des lignes d'une compagnie voisine. Des lignes au mauvais
tracé furent abandonnées d'autres au contraire créées. C'est le temps des
rétrocessions, acquisitions, fusions. Les horaires n'étaient pas en reste dans
ce grand ballet de la réorganisation avec affichage de graphiques
d'exploitation précis. La Guerre de 14-18 vint ralentir, voire interrompre cette réorganisation
méthodique et les années d'après guerre connurent des matériels usés des
voies défectueuses, certaines compagnies agonisaient6.
En 1921 la C.G.P.T. comme toutes les autres fut absorbée par la S.T.C.R.P.7.
et ses lignes remaniées comme la ligne n°6 Fontenay-aux-Roses St Germain des
Prés qui passait par la Gare Montparnasse et Denfert-Rochereau qui fur ramenée
à un itinéraire plus direct.
Les lignes de la S.T.C.R.P. à partir de 1921
Indices |
Lignes |
km |
Compagnies |
Motrices | Suppression |
86 | Fontenay-aux-Roses—Châtillon—Châtelet | 9,3 km | C.G.P.T. | 400-500 | 1936 |
87 | Malakoff (rue des Closeaux)—Les Halles | 7,2 km | C.G.P.T. | 200 | 1931 |
89 | Clamart—Hôtel de Ville | 11,5 km | C.G.P.T. | 200 | 1935 |
94 | Malakoff (Clos Montholon)—Malakoff (rue des Closeaux) | 1,8 km | C.G.P.T. | 500 | 1934 |
127 | Fontenay-aux-Roses—St Germain des Prés | 9 km | C.G.P.T. | 400-600 | 1935 |
126 |
Porte de St Cloud—Porte d'Orléans | 6,8 km | R.G. | R.G. | 1935 |
Et le
cheval dans tout ça ? Le cheval est au centre de cette évolution des modes de transport et le fait de passer de la route au rail n'entacha nullement son utilité bien au contraire. Ce changement fut une révolution qui peut aujourd'hui nous paraître désuète mais qui eut son importance à cette époque. L'effort moindre, de traction sur rails, eut comme effet d'augmenter la capacité des véhicules qui passa de 26 places dans les omnibus sur route à 42 puis 51 places en 1875. De plus l'usage traditionnel des chevaux était non seulement maintenu mais augmenté, de nouvelles perspectives d'utilisation des chevaux s'ouvrait, le besoin de transport dans la ville grandissante en faisant sentir le besoin. Par ailleurs le cheval à usage principalement agricole, figure traditionnelle du monde rural, conquit cette fois les villes en réconciliant le monde rural avec le monde industriel. Il devenait le trait d'union entre ville et campagne. Une activité nouvelle s'offrait aux 17323 chevaux que possédaient les compagnies, et qui sillonnaient l'ensemble du réseau. Leur vitesse commerciale (arrêts compris) était de 8 km/h. et un système dynamométrique fixé sur le brancard calculait le travail de la journée qui était, en 1878, de 82 kgm par seconde pour les tramways et de 95 pour les omnibus soit les 11/10 et 13/10 du cheval vapeur9. Le coût journalier d'un cheval était de quatre Francs et il assurait la traction sur une vingtaine de kilomètres selon les lignes. En général sa carrière était de cinq ans. Bien évidemment pour entretenir le cheptel il fallait des dépôts étudiés non seulement pour le remisage des voitures mais aussi pour l'abri et l'alimentation des chevaux. C'est la raison pour laquelle la surface au sol du dépôt de Malakoff était si importante. Bien que nous n'ayons pas d'informations précises sur l'utilisation du cheval sur les voies de tramway de Malakoff on peut, en s'inspirant des autres réseaux contemporains, laisser à penser que chaque convoi était mené par deux hommes, un cocher et un conducteur et/ou receveur (qui deviendra plus tard chef de train). Le conducteur se tient à l'arrière du train, il surveille les mouvements de voyageurs, perçoit le prix du voyage et délivre les billets. Quant au cocher il mène ses chevaux qu'il connaît bien, assure les démarrages en douceur car c'est à ce moment que l'effort est le plus dur. C'est lui qui freine le véhicule lorsque des voyageurs font signe au bord de le voie aux arrêts facultatifs. |
Les matériels
L'évolution continuant, la machine mécanique se substitua aux chevaux abandonnés peu à peu par les compagnies exploitantes. Machines à vapeur, à eau chaude, à air comprimé, divers systèmes de traction mécanique10 apparurent améliorant encore les performances des tramways, sans compter les motrices électriques, à accumulateurs ou alimentées par trolley ou par caniveau. En ce qui concerne la C.G.P.T., cette dernière fut la dernière à garder son cheptel de chevaux jusqu'en 1898 date à laquelle les tramways électriques prirent le relais, sans passer par la phase traction mécanique. C'est la seule compagnie de la région parisienne à être passée directement du cheval au tramway électrique.
Motrice 401 de la ligne Fontenay-aux-Roses—St Germain-des-Prés, route de Châtillon à Malakoff. Vue en direction de Fontenay |
Les lignes à Malakoff au fil des cartes postales
Document S.T.C.R.P. de 1921
montrant les lignes passant par Malakoff. Source Wikipédia |
|
Le tracé des lignes
reconstitué dans les rues de Malakoff. Source Google Map |
Les ligne 86 (Châtelet—Châtillon—Fontenay-aux-Roses) & 127 (St Germain-des-Prés—Fontenay-aux-Roses)
Cette partie de ligne desservait l'Est de Malakoff en suivant l'avenue Pierre Brossolette. Sur cette partie de ligne qui desservait l'Est de Malakoff en suivant l'avenue Pierre Brossolette. Sur cette limite entre Malakoff et Montrouge, les lignes 86 & 127 se partageaient la double voie située au milieu de la chaussée dans la partie Nord-Ouest et puis en accotement en se dirigeant vers Châtillon (direction Fontenay-aux-Roses)
Route de Châtillon (aujourd'hui Avenue Pierre Brossolette)
Avenue de Châtillon vers la barrière. S'agit-il de la barrière de Paris (fortification Thiers) ? | |
Idem | |
Route de Châtillon au niveau de la Route de Montrouge à gauche où l'on voit les rails de la ligne 126 (Porte de St Cloud—Porte d'Orléans), du temps où cette dernière était à voie unique. Photo à rapprocher de la photo malakoff20.jpg sur laquelle il y a la double voie. Au premier plan une motrice 500 et derrière une motrice 400 reconnaissable à son galbe. Avant1910. | |
Route de Châtillon, la
station des tramways. Pas
moins de trois voies occupent la chaussée, la circulation automobile est
inexistante et les enfants en profitent pour poser devant l'objectif. Derrière
le deuxième immeuble de gauche, on distingue la cheminée du dépôt. Même prise de vue que la malakoff26.jpg |
|
Au premier plan une motrice 400 à la caisse galbée et derrière une motrice 200, route de Châtillon. | |
Motrice 500 état S.T.C.R.P. Indice 127 ou 86 peu importe, ce sont les mêmes voies pour ces deux lignes en limite de Malakoff. Vue en direction de ??? Même prise de vue que la précédente. malakoff01.jpg | |
Les voies quittent le milieu de la chaussée pour retrouver l'accotement de la route de Châtillon. | |
Les voies du tramway sont en accotement de part et d'autre de la chaussée. Motrice type 584 (1907) dissymétrique à bogies en direction de Fontenay. | |
Carrefour de l'avenue Verdier (en face de la rue Augustin Dumont). La motrice 200 se dirige vers Paris. | |
La Maison Blanche et les deux ponts du chemin de fer (bifurcation), à la limite Sud de Malakoff. Au delà c'est Châtillon. | |
La motrice 586 au terminus de
Fontenay-aux-Roses. Collection Jacques Hamon |
Le dépôt de Malakoff
Le dépôt de Malakoff se trouvait Route de Châtillon juste après la rue Pierre Larousse (aujourd'hui avenue du 12 février 1934). Ce dépôt qui existe toujours était un des quatre dépôts de la C.G.P.T. situé route de Montrouge et destiné au remisage du matériel. Le dépôt chargé des grandes révisions étant celui de Ivry-sur-Seine. La C.G.P.T. était une des rares compagnies à avoir gardé sa cavalerie jusqu'à la fin du XIXème Siècle. Il est probable que l'implantation de ce dépôt ait été conditionnée d'une part par sa région géographique pour l'exploitation des lignes sud de la C.G.P.T. et aussi pour sa vocation maraîchère importante capable de fournir l'alimentation à ses nombreux chevaux de travail. Au dépôt outre le remisage et le petit entretien des voitures, il y avait les écuries et les divers ateliers. Dans le dépôt on trouvait des mécaniciens, des palefreniers, des bourreliers. On s'accorde à penser qu'un cheval de traction consommait quotidiennement huit kilos d'avoine, un kilo de maïs une botte de foin et une botte de paille.
La ligne 126 Porte de St Cloud—Porte d'Orléans
La ligne 126 (Rive Gauche) traversait Malakoff d'Est en Ouest en suivant la Route de Montrouge (aujourd'hui boulevard Gabriel Péri). Elle coupait les lignes 86 & 127.
Route de Châtillon. Sur la
gauche les voies se dirigeant vers dans la route de Montrouge où se trouvait le terminus.
Vue en direction de Paris. Photo à rapprocher de la photo malakoff102.jpg. |
|
Ligne 126 à l'entrée de la Route de Montrouge et l'avenue de Châtillon, actuellement croisement Gabriel Péri et Pierre Brosselette. | |
Route de Montrouge au niveau de la rue Benjamin Raspail. À gauche direction Route de Châtillon à droite direction Vanves. | |
Route de Montrouge au carrefour avec la rue Augustin Dumont au temps de la voie unique de la ligne 126. À gauche la voie se dirigeant vers la rue des Closeaux aujourd'hui rue André Coin, terminus des lignes 87 Malakoff (rue des Closeaux)—Les Halles et 94 Malakoff (Clos Montholon)—Malakoff (rue des Closeaux) | |
Une motrice 500 C.G.P.T. de la ligne 126 se dirige vers la Porte de St Cloud. Vue en direction de Paris. Sur ce cliché il y a la double voie. Vue en direction de Paris Porte d'Orléans. | |
Vue en direction opposée Porte de St Cloud. Au premier plan sur la droite la bretelle d'accès au terminus de la ligne 94 de la rue des Closeaux. | |
Motrice Rive Gauche avant 1914 en direction de la Porte d'Orléans. | |
Route de Montrouge, le pont du chemin de fer. Vue en direction de Vanves, de l'autre côté du pont. |
Le terminus de la rue des Closeaux
Le terminus de la rue des Closeaux était commun aux lignes opposées :
87 vers Les Halles créée en 1901
94 en direction du Clos Montholon créée en 1905.
Nombre de cartes postales semblent avoir inspiré les photographes ce qui nous permet de voir aujourd'hui des matériels de différentes époques.
La ligne 94 Malakoff (Clos Montholon)—Malakoff (rue des Closeaux)
Cette ligne, la plus courte de toute celles qui passaient par Malakoff avec seulement 1,8 km., avait sa tête de ligne rue des Closeaux longeait la route de Montrouge tournait à gauche dans la rue Paul Bert, passait sous les voies de Montparnasse pour rejoindre le boulevard Camélinat et arrivait à son terminus du Clos Montholon, le long de la voie de chemin de fer.
Le terminus des Closeaux avec ici des motrices 200 de la ligne 87. | |
Route de Montrouge. Vue en direction de ??? |
La ligne 87 Malakoff (rue des Closeaux)—Les Halles
Cette ligne entrait dans Malakoff par la porte Didot. Juste après les fortifications, elle se divisait en deux pour parcourir les rues Victor Hugo, dans un sens et Chauvelot dans l'autre, ces rues étant trop étroites pour la double voie. Elles se rejoignaient ensuite rue Béranger à voie unique.
A identifier
Les Compagnies
|
Les lignes
|
Voyageurs transportés
|
Retour - Index Articles de chemins de fer
Notes
:
Sources :
Sites : |
Si une image de cette page vous paraissait non libre de droits, merci de m'en faire part