Mémoire de la ligne

Ligne Val d'Or—Rueil-Docks (Hauts-de-Seine)

Marc André Dubout

La courte ligne d'environ 2 Km Val d'Or—Rueil-Docks 1 a été créée en 1914 lorsque l'atelier de construction de l'Artillerie 2 de Puteaux trop à l'étroit a acquis les terrains sur le plateau du Mont Valérien au sud-est du fort.
Situé en bord de Seine l'atelier de construction de l'Artillerie de Puteaux fabriquait un modèle de mitrailleuse depuis 1903.

L'atelier de construction de l'Artillerie de Puteaux était situé en bord de Seine, quai National. Sur ce cliché on voit l'embranchement particulier vers l'Arsenal.
À l'intérieur de l'usine il y avait tout un réseau en voie de 60 qui desservait les différents ateliers.
Tout le long de la Seine c'était une succession d'usines et leurs cheminées se dressaient vers le ciel. C'était la grande époque de l'industrie.

 


Au sujet de l'Arsenal de Puteaux
L'Arsenal de Puteaux a été créé en 1866 sur des terrains loués au 4 Quai Impérial (devenu quais National) pour installer toute une usine dans laquelle on fabrique le fusil Chasselot. Après la guerre de 1870, l'usine s'installera définitivement à Puteaux sur un terrain d'un hectare où l'on fabrique le fusil Gras et les canons de Bange (80, 120, 150 mm.).
Le terrain de Puteaux est trop limité et les cartouches sont fabriquées au Mont Valérien où malheureusement le 18 décembre 1882 une explosion se produit et tue sept jeunes travailleuses.
La production continue à se développer avec le canon de 75. En 1910, elle compte 700 ouvriers et lors de la Guerre de 14-18, elle s'étend alors sur trois hectares. Après la guerre on compte 300 ouvriers et les activités se répartissent sur deux autres lieux : le Mont Valérien et le Docks de Rueil. C'est après la guerre que l'idée de relier le site de Puteaux et de Rueil apparaît sans doute du à l'existence de deux lignes de tramways : St Cloud—Pierrefitte et Porte Maillot—Le Val d'Or qu'il suffisait de raccorder par une simple bretelle en amont du pont de Suresnes.
En 1935 Les Docks de Rueil deviennent l'Arsenal et partage l'atelier de fabrication des chars de combat AMX avec le site d'Issy-les-Moulineaux.
Pendant la seconde Guerre Mondiale, l'Arsenal se replie sur l'Ile de Ré et Puteaux devient l'Atelier de Mécanique de la Seine et continue l'entretien des chars français et américains.

En 1964, c'est la fermeture définitive, les bâtiments sont rasés.
Plan de situation de l'Arsenal quai National le long de la Seine.
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rueil-dock092.jpg (50336 octets)Sur cette carte postale on distingue très nettement les voies de 60 derrière la grille de l'atelier de l'Artillerie.

 

 

 

La ligne des Docks au gré des archives
L'histoire de cette courte ligne commence à la fin de la Guerre de 14-18.

Le 9 octobre 1918, le Maire de Suresnes, soussigné, en conformité d'une délibération du Conseil municipal du 4 octobre courant, donne avis favorable à la demande d'une modification de tracé du Tramway du Bois de Boulogne suivant le plan ci-joint, modification sollicitée par la compagnie concessionnaire, mais sous les réserves expresses énoncées ci-après :
- les rails et leurs traverses actuellement placés sur le quai de la rue Willaumez* seront enlevés par les soins de la Compagnie qui devra remettre ces voies dans leur état primitif ; 
- l'emplacement du bureau-abri, de grandeur suffisante, ne sera pas fixé, ainsi que l'indique le plan à la fourche du boulevard et de la rue Willaumez, mais sur le trottoir du côté gauche à une distance de 20 m. environ du point indiqué par la lettre F à gauche de la rue Willaumez en venant du quai.
*
où il constituerait une gêne préjudiciable à l'entrée charretière d'un garage et offrirait de grands dangers pour les voyageurs. 
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suresnes039.jpg (61937 octets)Sur cette carte postale on distingue bien l'abri-voyageurs dont il est question, juste à droite de l'octroi.
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Le 14 août 1919, le Préfet écrit au Président de la Compagnie qui lui a soumis le 3 septembre 1918 un projet comportant l'établissement d'un croisement et d'un élément de voie à la sortie du pont de Suresnes (côté rive gauche) en vue de relier la ligne Porte-Maillot—Suresnes à la voie établie boulevard de Versailles par les Ateliers de construction de Puteaux pour le transport de ses marchandises
Le 18 janvier suivant il lui a demandé d'autoriser provisoirement l'exécution de ce projet à titre d'essai, en attendant l'achèvement des formalités d'instruction auxquelles il doit être soumis.
Après avoir pris l'avis des service intéressés, le Préfet approuve à titre essentiellement provisoire les dispositions  présentées le 3 septembre 1918 par la Compagnie pour l'établissement et l'équipement des deux raccordements de voie indiqués en rouge sur le plan annexé en vue du passage, à titre d'essai de la ligne Porte-Maillot—Suresnes (Val d'Or) par le boulevard de Versailles entre le quai de Suresnes et la rue Willaumez.
Cette approbation n'est donnée en outre que sous les réserves et conditions suivantes :
1. - La compagnie se conformera pour l'exécution, l'entretien et l'exploitation de ses installations aux conditions des cahiers des charges et conventions régissant sa concession ainsi qu'aux règlements ou arrêtés pris en exécution de la loi du 15 juin 1906 sur les distributions d'énergie électrique.
2. - La Compagnie conservera intacte et maintiendra en bon état d'exploitation toutes les installations actuelles du quai de Suresnes et de la rue Willaumez de façon à pouvoir reprendre à tout moment, à la première injonction de l'Administration, le service par l'ancien itinéraire, soit d'une façon permanente, soit aux jours et heures qui lui seront prescrites.
3. - Le bureau-abri existant actuellement sur le quai de Suresnes sera provisoirement maintenu à son emplacement. Toutefois, si l'expérience montre que ce maintien présente des inconvénients graves, la Compagnie sera tenue de le reporter à l'endroit qui lui sera prescrit.
4. - La Compagnie est autorisée à établir à la traversée des voies des Tramways de Paris et du Département de la Seine (T.P.D.S.) un appareil de croisement en rails assemblés reposant sur assises bétonnées : toutes dispositions seront prises pour que les voies des deux lignes acier isolées électriquement, de manière qu'il n'y ait dans aucun cas passage ou dérivation dans les voies de la Compagnie des T.P.D.S. du courant de retour du Chemin de fer du Bois de Boulogne (C.F.B.B.).
Les détails des dispositifs proposés à cet effet seront soumis au Service du Contrôle avant toute exécution.
5. - Les fils de trolley du Chemin de fer du Bois de Boulogne seront isolés de ceux de la Compagnie des Tramways de Paris et du Département de la Seine ; les dispositions à adopter à cet effet devront être établies d'accord avec cette dernière Compagnie.
6. - La Compagnie devra se conformer aux indications qui lui seront données par le Service des Ponts & Chaussées pour l'emplacement et le nivellement exacts à adopter pour les voies à construire.
7. - La Compagnie devra se mettre d'accord avec M. le Directeur de l'Arsenal de Puteaux pour l'exécution des travaux de raccordements sur les voies de l'Administration militaire et pour l'emprunt de la voie du boulevard de Versailles. Elle se conformera à toutes les prescriptions su Service du contrôle.
8. - La Compagnie devra se mettre d'accord avec celle des T.P.D.S. pour l'exécution et l'entretien des installations à effectuer sur les points communs aux deux Compagnies.
9.- La mise du courant dans les conducteurs sera subordonnée à l'obtention d'une autorisation de circulation du courant délivrée dans les formes prescrites par l'article 42 du décret du 3 avril 1908.
10. - La Compagnie devra procéder sans délai et sans indemnité à l'enlèvement des installations faisant l'objet de la présente autorisation provisoire et à la remise des lieux en état aussitôt que son Administration l'y invitera, notamment si le résultat de l'enquête à laquelle le projet doit être soumis l'exige.
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Dossier de demande de modification de tracé, daté du 9 octobre 1918.
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suresnes087a.jpg (45939 octets) Croisement des lignes Courbevoie—Suresnes et Porte  Maillot—Le Val d'Or.
Vue en direction de St Cloud. La Seine est sur la gauche. Sur ce cliché le raccordement n'est pas encore établi.
Le raccordement projeté. L'arsenal se trouvait au pont de Puteaux sur la ligne St Cloud—Pierrefitte. 
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Autre variante de raccordement par l'entrée du boulevard de Versailles.
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Photo contradictoire sur laquelle on voit que la bretelle est inversée. 
Peut-être s'agit-il d'un bretelle de raccordement datant de la S.T.C.R.P. qui a intégré la ligne du C.F.B.B. lors de la  réorganisation de 1921.

Le 5 juin 1920, le Président de la République, sur le rapport du Ministre de la Guerre, 
vu la loi du 3 mai 1841, sur l'expropriation pour cause d'utilité publique,
vu la loi du 6 novembre 1916, portant modification de la précédente : décrète :
Article 1er. - Est déclaré d'utilité publique pour le service militaire en vue de l'extension de l'atelier de construction de Puteaux, l'acquisition de parcelles de terrains sur le territoire des communes de Rueil (Seine & Oise) et Suresnes (Seine).
Lesdites parcelles sont figurées par une teinte rosée sur les plans annexés et sont désignés par quatre états parcellaires ci-annexés.
Ces documents ont été dressés le 23 janvier par le Directeur de l'Atelier de construction de Puteaux.
Art. 2. - Sont déclarés d'urgence la prise de possession desdites parcelles et l'exécution des travaux .
Art. 3. - Le Ministre de la Guerre est chargé de l'exécution du présent décret.
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Le 20 juillet 1920, affiche d'enquête d'utilité publique du décret du 5 juin 1920 concernant l'acquisition des parcelles de terrains sur le territoire des communes de Rueil (Seine & Oise) et Suresnes (Seine) pour le service militaire en vue de l'extension de l'atelier de construction de Puteaux.
Le dossier est déposé en mairie pendant huit jours du 22 eu 30 juillet. Les intéressés pourront y déposer leur observations. 
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Le 21 juillet 1920, chemin de fer de l'Arsenal de Puteaux aux Docks de Rueil.
Le Maire de Suresnes fait connaître qu'à la suite d'un décret en date du 5 juin 1920, déclarant d'utilité publique, avec prise de possession d'urgence des parcelles de terrains situées sur le territoire de la commune de Suresnes pour occupation par la voie ferrée du chemin de fer reliant l'Arsenal de Puteaux aux Docks de Rueil, il est déposé à la mairie de Suresnes :
- un registre pour enregistrement des réclamations qui pourraient être faites,
- Un plan parcellaire et un état parcellaire des terrains à exproprier.
L'enquête sera close  à la date du 31 juillet 1920
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Le 19 février 1921, Capitaine, chef de service au nom du Colonel adresse au Maire de Suresnes, à titre de notification individuelle, un exemplaire du journal "Les Petites Affiches" dans lequel a été publié le jugement prononçant, pour cause d'utilité publique, l'expropriation des parcelles sises sur le territoire de Suresnes.
Les parcelles dont la municipalité est propriétaire, sont marquées dans le journal par un trait rouge. La présente notification étant une simple formalité, conformément à l'article 23 de la loi du 3 mai 1841, la notification des offres auxquelles le Ministère de la Guerre serait disposer à régler cette expropriation à l'amiable lui sera envoyée.
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Extrait du journal "Les Petites Affiches" du 6-7 février 1920 concernant les expropriations signées du Procureur de la République.
Détail des numéros de parcelles, lieux dits, sections, noms, prénoms et domiciles des propriétaires inscrits à la matrice cadastrale, des propriétaires actuels ou présumés, contenances des emprises, etc.
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Le plan parcellaire.
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Le 27 juillet 1920 recensement des propriétaires concernés avec leur adresse. 
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Le 30 juin 1927, le bulletin municipal officiel mentionne la séance du Conseil municipal du 29 juin tendant  à la création d'une variante de la ligne de tramway 44 vers la Cité-Jardins de Suresnes.
Après examen de cette proposition, la Commission demande de la renvoyer à l'Administration pour avis 
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Le 4 novembre 1931, plan joint à l'acte constitutif relatif à la servitude d'occupation dans la traversée de la commune de Suresnes de la voie ferrée reliant les Docks de Rueil à la gare du Val d'Or.
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Le 16 décembre 1931, le Maire de Suresnes écrit au Chef du Génie de Paris-Nord pour lui demander de faire les diligences nécessaires en vue de permettre à la Commune d'occuper au droit de M. Valette la totalité du sol cédé par l'État à la voie publique.
Il lui demande de mettre les pièces ou copies de pièces ou références susceptibles d'établir avec les droits autrefois détenus par l'État et cédés par lui à la Commune, la consistance de l'emprise faite pour l'assiette de la voie ferrée des Docks de Rueil sur le terrain cadastré G.779 qui appartient à ce propriétaire.
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Le Génie
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L'état parcellaire du chemin de fer de l'Arsenal, Commune de Suresnes, terrain cédé par l'autorité militaire.
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rueil-dock055.jpg (1131763 octets) 
Détail des parcelles à acquérir sur la commune de Suresnes.
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Le 25 octobre 1932 cette lettre adressée à l'Ingénieur en chef selon laquelle une conférence a été tenue, le 17 juin 1930, entre le services du Génie, des Domaines et du Timbre et un représentant de la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (S.T.C.R.P.), en vue de la reprise par le réseau départemental, du tronçon de voie ferrée compris entre la rue de la Tuilerie et à Suresnes et le boulevard de Versailles (raccordement de la ligne 44, tronçon qui constitue une partie de l'embranchement industriel créé par l'Arsenal de Puteaux.
Le Maire de Suresnes rappelle que la partie dudit embranchement entre la rue de la Tuilerie et les Docks de Rueil a fait l'objet d'actes juridiques antérieurs qui ont transféré à la Commune de Suresnes l'assiette de la voie.
Depuis la conférence précitée aucune mesure n'a été prise dans le sens de l'application des décisions qui avaient été arrêtées. Or, le développement de la Cité-Jardins de Suresnes donne une urgence toute particulière à l'exploitation d'une variante de la ligne 44 qui emprunterait le tronçon dont il s'agit.
Cette innovation est subordonnée à la régularisation des accords envisagés à la conférence du17 juin 1930.
Le Maire de Suresnes prie l'Ingénieur en chef de saisir le Conseil général pour ce qui le concerne des mesures à prendre en ce sens.
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rueil-dock043.jpg (582982 octets)rueil-dock044.jpg (55818 octets)Le 29 décembre 1932, le Maire de Suresnes écrit à l'Ingénieur du Service vicinal.
Depuis ces derniers temps, il a relevé, avec la plus grande surprise que des pourparlers ébauchés en 1920, entre les administrations des Domaines et le Ministère de la Guerre d'une part, le Département et la Commune d'autre part en vue de la régularisation de la situation domaniale de la voie ferrée de l'Arsenal en bordure de l'ancienne rue Rossel, comme l'utilisation de cette voie par la T.C.R.P., n'ont reçu depuis aucune suite.
Il souhaite faire reprendre l'affaire par la Commune et de la poursuivre sous la responsabilité de la Municipalité.
Il demande à l'Ingénieur de lui fournir officiellement les renseignements et documents suivants, nécessaires à l'exécution du procès-verbal de la conférence de 1930.
1. - Quels sont le classement et la dénomination de l'ancienne rue Rossel ?
    - Qui a qualité pour introduire éventuellement un projet de modification d'alignement, soit un projet de modification dans la répartition de ses éléments : chaussée et trottoirs.
Si c'est le Département, la Commune ne pourrait-elle pas se substituer à lui et attendre sans difficulté, sauf contingentement extérieur, le remboursement des dépenses qu'elle aurait assurées pour la rapidité de la procédure et de l'exécution en ses lieux et places ?
2. - Comment est placée par rapport aux alignements de la rue Rossel la voie ferrée de l'arsenal de Rueil, notamment la situation est-elle même pour les deux tronçons déterminés par la rue de Garches, entre le boulevard de Versailles et le carrefour de la Croix du Roi ?
La plate-fome de la voie est-elle constituée par le domaine privé de l'État ou par une occupation plus ou moins régulière de la voie publique.
3. - Existe-t-il sur l'un ou l'autre des deux tronçons, ou sur les deux, un projet d'élargissement de la voie découlant notamment du plan d'aménagement de la Commune ?
4. - La Municipalité est-elle compétente pour concéder la servitude d'occupation nécessaire à l'établissement (à la régularisation) de la voie ferrée de l'arsenal, soit dans l'état actuel, soit dans l'hypothèse des alignements élargis de manière à comprendre cette voie ?
Comme d'autre part la procédure envisagée comporte :
   a) sur le tronçon compris entre le boulevard de Versailles et la rue de Garches un élargissement de la voie ;
   b) sur le tronçon compris entre le rue de Garches et le carrefour de la Croix du Roi la restitution dans la voie régulière de la voie ferrée destinée à des transports publics.
Il lui demande de bien vouloir faire préparer, au soutien de la procédure, les plans d'alignement, plans et états parcellaires, plans actuels et futurs, nécessaires à la justification de ces deux projets.
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Détail du plan.
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Le 9 février 1933, des renseignements sur la qualification domaniale de l'ancienne rue Rossel et sur les modalités de la procédure envisagée pour la régularisation de la voie ferrée de l'arsenal de Rueil sont demandés à l'ingénieur vicinal 
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Le 10 février 1933, un Conseiller général écrit au Directeur général des Transports de l'Extension et de l'Inspection générale de la Seine à la Préfecture de la Seine pour qu'il examine la proposition précédente qu'il est indispensable de régler dans les plus brefs délais.
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Le 14 février 1933, Le Directeur général des Transports de l'Extension et de l'Inspection générale écrit au Conseiller au sujet de la question de la ligne de tramway 44 à Suresnes pour l'emprunt des voies de l'Arsenal  de Puteaux.
Il a reçu communication de sa lettre du 25 octobre 1932 adressée à l'Inspecteur en Chef du Contrôle.
Ce dernier suit effectivement cette affaire et dès que l'état d'avancement de l'instruction lui sera communiquée il ne manquera pas de le tenir informé.

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Les rails de cette courte ligne sont restés en place après la guerre dans les années cinquante, puis cachés sous le voitures en stationnement avant d'être définitivement enlevés à l'occasion de la réfection des rues.

Le 19 Octobre 1945, à 12h12, un accident du train de l'Arsenal est survenu au Carrefour de la Croix du Roy.
Le bus 44 venait de la rue de la Tuilerie, direction Place de la Paix, et le train venait de la gare du Val d'Or.
Machine 030 C 590, et autobus Renault n° 2460.


 

Photos collection Jean-Paul Machuré

 

 

 

 

 


La ligne des Docks au fil des cartes postales

La ligne prenait naissance au niveau de la gare du Val d'Or sur la commune de St Cloud. 

La passerelle de la gare du Val d'Or enjambait les voies militaires.
Elle a perdu de son charme et l'hôtel-café-restaurant a laissé place à un immeuble minable.
Travaux de mise en accessibilité.

Une voie d'évitement permettait de faire des manœuvres et les trains pouvaient se diriger soit en direction de St Lazare soit vers St Cloud et Versailles ou St Nom-la Bretèche.

La gare du Val d'Or avec une rame Standard en direction de St Cloud. À gauche l'embranchement de la voie militaire côté St Lazare avec son tiroir. Elle se raccordait à une troisième voie à quai en gare de Val d'Or.
Au fond le Mont Valérien.
La même vue. La voie des Docks et son tiroir ont disparu, elle se trouvait à gauche à la place des Algéco. La troisième voie se raccorde à celle qui se dirige sur St Lazare.
Le Mont Valérien est caché par le grand immeuble construit dans les années 60.
Le B.V. endormi... peut-être même oublié.
Vue en direction de St Cloud à l'extrême droite, l'ancienne plate-forme de la voie des Docks aujourd'hui déposée.

La ligne suivait le chemin d'accès à la SNCF sur la commune de St Cloud puis traversait le boulevard Henri Sellier, passait sur le territoire de Suresnes.

La voie des Docks passait derrière ces immeubles en forme de S allongé qui épousent le tracé de la plate-forme ferroviaire.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Vue de l'autre côté, on voit la croix de St André au droit du boulevard de la République qui est à la limite de St Cloud et Suresnes.
On voit bien les courbes des immeubles entre lesquels se faufile la voie militaire.
Sur le boulevard Henri Sellier le tram 44 (Porte Maillot–Val d’Or) a déjà disparu.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Vue presque identique un demi-siècle plus tard. On reconnaît bien la courbe de l'ancienne plate-forme se dirigeant vers le Val d'Or en passant entre les deux immeubles.

Le tracé sur la commune de Suresnes.

La voie traversait le boulevard de la République et s'engageait en rampe dans le boulevard Louis Loucheur qu'elle suivait en accotement droite.

Le raccordement de la ligne des Docks et de la ligne 44 de la S.T.C.R.P.
Archives municipales de Suresnes.

 

La ligne des docks croisait à niveau le tramway Porte Maillot—St Cloud Montretout qui passait Boulevard Henri Sellier à Suresnes et boulevard de la République sur St Cloud.
À gauche vers les docks, à droite vers le Val d'Or.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Elle s'engageait ensuite dans le boulevard Louis Loucheur. Vue en direction du Val d'Or. Elle passait devant l'ancien magasin central des troupes coloniales (disparu).
© Cliché Société Historique de Suresnes.

Après avoir coupé la rue de la Tuilerie, la ligne suivait des jardins et terrains vagues en direction du Mont Valérien. Rue de la Poterie
Noter l'alimentation aérienne, type tramway.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
La rue de la Poterie aujourd'hui. La voie était sur l'accotement droit.

La voie quittait la voirie municipale pour passer en site propre aujourd'hui rue Albert Caron cette fois en accotement gauche. À cette époque le plateau était encore occupé par des cultures maraîchères.

La ligne quitte la rue de la poterie et s'engage dans la rue Albert Caron qu'elle suit en accotement droite.
Vue en direction du Val d'Or.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Aujourd'hui.
Vue en direction des Docks.
Rue Édouard Vaillant, (aujourd'hui rue Albert Caron), entrée de la rue de la Procession.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Aujourd'hui rue de la Procession.
Elle continuait le long du Fort du mont Valérien à travers les jardins et terrains vagues. Au fond le Mont Valérien.
© Cliché Société Historique de Suresnes.
Rare cliché du passage du train militaire à Suresnes pris sans doute d'un pavillon de la rue Albert Caron.
Difficile d'identifier la locomotive dont on ne voit que la cabine.
© Cliché Société Historique de Suresnes.

Le tracé sur la commune de Rueil
La voie quittait ensuite Suresnes pour entrer sur la commune de Rueil rue des Houtraits toujours en site propre accotement gauche. Juste avant la place du 8 Mai 1945 il y avait un évitement qui permettait les manœuvres pour les trois embranchements particuliers rue des Houtraits : Degrémont, les Moteurs Bernard et la Thermolite, une usine de traitement chimique.

 

L'embranchement particulier de l'usine des Moteurs Bernard rue des Houtraits.
L'embranchement des moteurs Bernard, les vestiges de l'embranchement particulier (E.P.) toujours visible.

Après avoir traversé la place du 8 Mai 1945, la voie atteignait les Docks.

La place du 8 Mai 1945, la voie s'engage dans les Docks.
© Cliché Société Historique de Rueil-Malmaison.
Place du 8 mai 1945, juste avant l'entrée dans les Docks.
L'entrée actuelle a disparu. Elle se trouvait au niveau du mur recouvert de lierre. Les terrains à droite ont été vendus et construits. Le château d'eau a été démoli. La voie restante avec son évitement longe de mur. On distingue encore les toitures des ateliers.

Le tracé dans l'arsenal
À l'intérieur de l'établissement il y avait deux voies. Celle du nord desservait des ateliers. Un évitement précédait cette desserte. L'autre longeait une série de bâtiments et se terminait en impasse après un évitement.

Plan des Docks en 1952 où l'implantation des voies est encore bien visible. Les évitements permettaient d'exécuter les manœuvres.
La piste ovale en bas à droite était la piste d'essai des chars.
© Document Société Historique de Rueil-Malmaison.
La voie (très peu visible de la porte) longe le mur, elle existe toujours. L'autre passait juste derrière la barrière au premier plan, mais elle a disparu.
En août 2017, les travaux d'aménagement du "Grand Paris" ont remanié complètement le site et les rails furent enlevés. Les deux voies se situaient le long du mur à gauche de la photo, elles se terminaient en impasse qui pénétrait dans le hangar caché par l'arbre.
Vue aérienne des Docks dans les années 1970.
Représentation approximative de l'implantation des voies ferrées.

En vert l'embranchement de l'usine des moteurs Bernard et son tiroir.
© Cliché Société Historique de Rueil-Malmaison.

L'arsenal de Rueil construisait des chars ARL 44 fabriqués en petite série.
Ici photographié sur les Champs Élysée le 14 juillet 1951.
© Cliché Société Historique de Rueil-Malmaison.

Par ailleurs, il existait la ligne 44 de l'ancienne Compagnie du Chemin de fer du Bois de Boulogne (C.F.B.B.) fondée le 25 mars 1898 et qui met en service un tramway électrique en janvier 1900 entre la Porte Maillot à Paris et Suresnes (Val d'Or) 4 prolongée jusqu'à Montretout en 1911. 
En 1926 l'armée cède la ligne du chemin de fer des docks. C'est à cette époque qu'elle fut électrifiée et raccordée à la ligne 44 Porte Maillot—St Cloud. 
Un train ouvrier empruntait deux fois par jour la ligne du 44 entre le Val d'Or et le Mont Valérien. 
La ligne des Docks fut exploitée jusqu'à la guerre avec deux motrices G et une remorque A de la S.T.C.R.P. Ce service a été remplacé par un autobus en 1936 lors de la suppression des tramways parisiens 5.

La voie en site propre s'est retrouvée au fil du temps au milieu d'un chemin créé par l'usage puis les habitations se sont développées emprisonnant la voie ferrée dans un tissus urbain.
Il y eut un projet de tramway entre Suresnes et la place du 8 Mai 1945 à Rueil, projet jamais réalisé.
En octobre 1945, un accident a été déploré entre les deux guerres. Le train a percuté un autobus, lui arrachant sa plate-forme arrière et faisant des blessés.
Un autre accident eut lieu après la Libération. Un homme eut la jambe sectionnée par le train et le docteur Marc Bombiger (1909-1953) qui en a été témoin a porté secours à l'infortuné en l'amputant sur place. Depuis 1953 une rue porte son nom en souvenir de son intervention.
La ligne a continué à desservir les embranchements particuliers puis a été supprimée et déferrée dans les années 1970.

Témoignage d'un ancien

Ce sont des souvenirs d'enfance, j'essaie d'être le plus vrai et le plus précis possible, mais je me souviens de cette ligne et du passage des trains. C'étaient des locomotives à vapeur. C'était dans les années 40-45 .
Les Cités jardins ont été longtemps le terminus des autobus et il y a eu des projets de tramways, projets communs entre les villes de Rueil et de Suresnes et ça ne s'est pas fait. Cela aurait fait une desserte du plateau de Rueil parce que la gare est très excentrée.

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Notes :
  • 1 Lors de leur création en 1914, les Docks de Rueil étaient une simple extension de l'atelier de construction de l'Artillerie de Puteaux qui ne pouvait plus s'étendre. Au début leur vocation était le stockage de matériel, puis la voie ferrée a permis leur transformation en arsenal.
  • 2 L'atelier de construction de l'Artillerie construisait la mitrailleuse depuis 1903. C'est une arme automatique, à tir automatique, fonctionnant par détente des gaz à la bouche. Sa cadence de tir est variable, de 30 à environ 600 coups/minute. Calibre : 8 mm. Alimentation par bandes rigides de 25 cartouches.
    De 1940 à 1944
    . L'atelier cesse ses activités et ne les reprend qu'en 1945, d'abord avec l'armée américaine.
  • 3 Bernard reprend la construction de son BT 2 dès 1947 et le fait rapidement évoluer en BT 14, équipé du nouveau moteur W14 de 14 ch. On lui adjoint une version Diesel, le BTD 14. Environ 200 BT 14 sortiront de l'usine de Suresnes au cours de la première année de construction, alors que l'on estime à moins d'un millier le nombre de BT 2. 
  • 4 Porte Maillot – boulevard Maillot – boulevard Richard-Wallace – rue de Verdun – Suresnes – boulevard de la République – Saint-Cloud (Val d’Or).
    Cette ligne était initialement exploitée par le C.F.B.B. et intégrée à la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (S.T.C.R.P.) en 1921.
    En 1911, un prolongement est mis en service entre le Val d'Or et Saint-Cloud (quartier de Montretout) et même jusqu'à Garches (Porte Jaune) d'avril 1912 à 1916 . 
  • 5 le 28 décembre,  la ligne est supprimée et remplacée par des autobus
  • 6 Le matériel roulant est constitué de 
    • motrices à essieux, puis de motrices à bogies
    • de remorques à essieux fermées, de remorques à essieux ouvertes, de remorques à bogies.  

Sources :

  • Société Historique de Rueil-Malmaison
  • Société Historique de Suresnes
  • Archives municipales de Suresnes
  • AMTUIR
  • Wikipediae
  • M. Jean-Paul Machuréorique de la Défense - Centre des archives de l'Armement et du personnel de Châtellerault

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