Baguenaude
Le chemin de fer de circonvallation en Seine-et-Oise 2/2
Marc André Dubout
Année 1872
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy
Le 12 janvier 1872, Le Vice-Président de l'Anglo-Austrian-Bank écrit
au Préfet de Seine-et-Oise pour l'informer que M. Passedoit, Ingénieur civil
de la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation a fait connaître son projet
de soumission en même temps que le désir exprimé par lui (le Préfet et par
le Conseil général de Seine-et-Oise pour faciliter la concession définitive
s'appuyant sur le crédit de maisons de banque considérables ; c'est à ce
titre que la Compagnie vient déclarer que l'Anglo-Austrian-Bank et la Maison
Max Springer de Vienne et de Paris se proposent de donner leur plein concours
financier à M. Passedoit s'il obtient la concession, de manière à donner au
Conseil général et au Préfet, toutes les sécurités possibles quant à la
confection de chemin.
La banque Anglo-Austrian au capital de soixante dix millions de francs a mené
à bonne fin toutes les affaires de chemin de fer qu'elle a entreprises, elles
sont nombreuses et importantes, sa compétence et son autorité en cette matière
sont reconnues sur toutes les places de l'Europe.
La Maison Springer est l'un des collaborateurs habituels de l'Anglo-Austrian-Bank.
La Compagnie sera heureuse de pouvoir faciliter une entreprise d'utilité
publique en mettant à la disposition de l'administration sa bonne volonté et
ses capitaux.
Signé : Ch. M.
Le 20 janvier 1872, la Compagnie du Chemin de fer de Circonvallation vient
communiquer l'état de situation actuelle de son projet de chemin de fer et
remercier les conseillers généraux et maires des sympathies qui lui ont été
témoignées jusqu'à ce jour ; le moment est proche où une décision définitive
sera prise et votre concours en cette circonstance est plus utile que jamais,
puisque vous êtes les plus intéressés dans la question.
Partie financière. - Nous avons la satisfaction de vous dire que notre
organisation financière est des plus complètes et des plus puissantes. C'était
chose assez difficile à traiter pour un chemin de fer non subventionné. Il
fallait démontrer clairement son avenir pour que les capitaux étrangers s'y
engagent. Nous avons remis samedi 13 courant à M. le Préfet une lettre
d'engagement de deux maisons étrangères ayant succursale à Paris, très
honorablement connues, l'une d'elle disposant d'un capital réalisé de 70
millions de francs et ayant exécuté de nombreux et importants chemins de fer
en Europe à l'entière satisfaction des administrations.
Administration. - Nous avons également fait connaître à M. le Préfet notre
Conseil provisoire d'administration, composé d'hommes de tout repos réservant
deux places, dont les membres seront choisis par votre Conseil général, afin
d'y pouvoir surveiller les intérêts du Département.
Partie technique. - Dans son rapport l'honorable Conseiller M. D., qui est lui-même
Ingénieur très avantageusement connu, a constaté que les études étaient
bien faites et complètes.
Avantages. - Les débats de votre Assemblée départementale ont démontré que
notre projet donnait entière satisfaction au pays, sans lui demander aucun
sacrifice.
Évidemment non : car alors car alors, il faudrait admettre que tous les chemins
de fer français qui n'ont pas été étudiés au point de vue stratégique sont
nuisibles et doivent être détruits. Or il est bien constant qu'ils doivent d'abord
nous servir, et qu'ils ne pourraient nuire que s'ils venaient à être pris par
l'ennemi, aussi bien dans un cas que dans l'autre. Donc si notre tracé ne peut
pas nuire, pourquoi ne pas le laisser tel quel ? Il desservira tout de suite et
tous les jours l'intérêt local, puis l'intérêt général, et lorsque des
forts seront reconnus nécessaires dans la zone militaire, deux ou trois petits
embranchement seront exécutés, raccordés à notre ligne principale, et alors
tous les intérêts seront sauvegardés, tandis que si on faisait la ligne
uniquement au point de vue stratégique, en suivant les désirs de
l'administration des chemins de fer, cette ligne devrait être subventionnées,
car elle perdrait tout le trafic local, et on aurait alors un chemin viable dans
un seul cas, le cas de guerre.
Enfin MM. n'oubliez pas que c'est le 19 février au plus tard que doit avoir lieu
la session extraordinaire de votre Conseil général, relative à ce chemin de fer.
Nous croyons que votre Conseil est unanime à vouloir conserver se droits et
prérogatives, et qu'il nous concédera sans de trop grandes modifications. Nous
pensons aussi que les justifications que nous avons faites à M. le Préfet le
satisferont pleinement. Que nous reste-t-il a faire ? Aborder la question de
front, prier chaque conseiller d'avancer la session autant que possible ;
pétitionner par voie de délibérations à M. le Préfet, à M. le Président du
Conseil général; en affirmant vos droits et vos nécessités.
Les hommes éminents que vous avez choisis ont trop à cœur vos intérêts pour
les abandonner. La belle saison approche, nos études sont faites, notre capital
prêt, nous pouvons nous mettre à l'œuvre immédiatement.
Nous vous remettons ci-joint un résumé du mémoire que notre Ingénieur M.
Passedoit a présenté à M. le Préfet au sujet du projet d'études d'un réseau
départemental qui pourrait se faire en tout ou partie au fur et à mesure des
besoins du pays.
Nous continuerons à vous tenir au courant des événements qui se rattachent à
cette importante question, et nous vos prions...
Archives municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 23 janvier 1872, les soussignés demandeurs en concession écrivent
à M. le Préfet du Département de la Seine-et-Oise.
M. le Préfet, nous avons déjà eu l'honneur de vous écrire pour vous dire que
nous nous proposons tant au nom de l'Anglo-Austrian-Bank, qu'au nom de la maison
Max Spring et Cie de Paris et de Vienne de donner le concours
financier dont elle pouvait avoir besoin à la demande de concession de M. P. et
consorts pour le Chemin de fer de Circonvallation.
Pour marquer encore plus fermement notre bon vouloir et donner à cette
importante affaire un point d'appui financier dont on ne puisse contester ni la
solidité, ni la certitude, nous venons vous prier d'accord avec M. P,
signataire avec nous de la présente lettre de bien vouloir nous comprendre dans
la demande en concession présentée originairement par lui et ses amis.
De cette façon les titulaires définitifs et ostensibles de cette concession
seraient :
- 1. M. P., Ingénieur tant en son nom personnel que comme représentant de la
Compagnie d'études ;
- 2. l'Anglo-Austrian-Bank ;
- 3. M. Max Spring et Cie.
Cette combinaison nous paraît répondre à toutes les appréhensions qui
pourraient s'élever sur le sort de la concession en donnant à l'Administration
toutes la sûreté dont elle a besoin
Veuillez...
Ont signé les personnes mentionnées.
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy
Le 1er février 1872, le "Chemin de fer de
Circonvallation au point de vue de l'intérêt local".
Le chemin de fer proposé est essentiellement local avec une dimension stratégique.
De plus il soulagera le trafic de la Petite-Ceinture et les chemins de fer de
banlieue. Militairement, la possibilité de siège de Paris a démontré, avant
l'invasion le nécessité d'une ligne circulaire fortifiée.
Le Département de Seine-et-Oise est appelé à devenir banlieue de Paris,
nombre d'industrie, entrepôt s'y établissent et ils auront le soin de
communiquer entr'eux, recevoir ou expédier des marchandises. Les distilleries,
féculeries, plâtre, maraîchage, agriculture, les produits sont appelés à
circuler.
Les correspondances seront organisées de telle sorte que les voyageurs n'auront
à peine à se déplacer pour changer de train.
Douze trains dans chaque sens de Versailles parcourront la ligne en cinq heures
et suffiront au transport de tous les voyageurs. Les trains directs la
parcourront en trois heures.
Certains trains ne s'arrêteront qu'aux jonctions, d'autres seront omnibus et
desserviront les haltes.
Le service s'étendra de 7 heures du matin à onze heures du soir.
Chaque train comporterait au moins une voiture de voyageurs ou plusieurs si nécessaire.
Trois classe seront proposées et les impériales seront fermées et les
compartiments chauffés et éclairés au gaz.
Avec un service bien établi, les accidents seront rares.
Des jonctions maritimes avec la seine, l'Oise ou la Marne pu les canaux seront
prévues et des gares maritimes seront ouvertes et en correspondance avec le
cabotage.
Le Département de Seine-et-Oise, un des plus touchés par la guerre de (1870)
sera le premier à se doter d'un ligne d'une grande utilité.
(Lire les vignettes)
Archives
municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 14 février 1872, l'administration du Chemin de fer le Circonvallation
écrit à MM. les Conseillers généraux du Département de Seine-et-Oise en les
informant que M. le Préfet a communiqué hier un rapport du Conseil général
des Ponts et Chaussées, duquel il résulte que la commission mixte composée
d'inspecteurs et d'Officiers généraux, chargés d'étudier, soit notre projet
de chemin de fe de Circonvallation, soit quelques autres projets de tronçons,
soit même une infinité de demandes de concession basées sur notre tracé plus
ou moins tronqué ou transformé.
La conclusion de ce rapport, serait qu'aucun tracé ne donne satisfaction à la
stratégie. On en indiquait un autre, c'est celui représenté par la ligne
rouge du tracé comparatif que nous vous avons remis nous-mêmes.
Le Conseil général des Ponts et Chaussées déclare en outre renoncer au tracé
de la Commission mixte et prêt à recevoir des offres d'une ligne disposée
sous le feu des forts actuels qui entourent Paris.
En présence de cette décision, M. le Préfet a demandé à la Commission
permanente l'ajournement à la session d'avril de la décision sur la concession
que nous avons demandée.
Il résulte :
- 1 . Le Chemin de fer de Circonvallation n'est pas considéré comme stratégique
et reste conséquemment tout entier du domaine départemental ;
- 2. Que la ligne considérée comme stratégique, placée sous les forts
actuels, serait à une distance moyenne de 10 kilomètres de Paris et
presqu'entièrement enclavée dans le Département de la Seine :
- 3. Que l'ajournement demandé ne pourrait avoir d'autre résultat que
d'attirer des nouvelles compétitions dans le sens d'un nouveau tracé qui
serait concédé par l'État
puisqu'il est stratégique et touchant à plusieurs départements, ce qui aurait
pour conséquence fatale à votre département d'empêcher la construction de
notre ligne, car le trafic actuel ne permet pas la construction immédiate des
deux lignes circulaires à une distance aussi rapprochée et nous ne pourrions
pas aventurer nos capitaux dans une entreprise de cette nature sans vous
demander une subvention considérable ou une garantie d'intérêt.
Ces fait et considération nous déterminent à vous confirmer notre demande
primitive de la concession du Chemin de fer de Circonvallation avec ses
embranchements de Pontoise et Méry tels que nous en avons remis les études
complètes avec des plans et profils.
Nous avons justifié de nos moyens financiers, nous sommes prêts à fournir le
cautionnement exigé et nous réitérons l'engagement d'exécuter le tout dans
l'espace de deux ans et demi, sans autre subvention que celle consentie par les
communes avec lesquelles nous nous sommes entendues prêts aussi à nous charger
des embranchements de Montlhéry, Argenteuil et Ermont, qui nous ont été
demandés et ceux de Luzarches et Montlignon que nous étudions, de même que
les embranchements que l'État
pourrait avoir besoin au cas où il ferait construire des forts prêts de la
zone que nous traversons
Nous croyons Messieurs qu'un nouvel ajournement dans le but d'une entente avec
l'État,
n'ayant plus sa raison d'être, vous voterez dans cette session extraordinaire
la concession immédiate, ce qui nous permettait d'utiliser la saison qui
s'ouvre pour la mise à exécution d'un travail appelé à accroître si
notablement la richesse de votre département
Pour les
demandeurs en concession, l'Ingénieur de la Compagnie auteur du projet Signé :
P
Archives
municipales de Carrières-sous-Poissy
Archives municipales de Cergy
Archives municipales de Cergy Année 1873
Archives
municipales de Carrières-sous-Poissy
Le 25 mars 1872, le Sous-Préfet de Pontoise écrit au Maire de Cergy, le priant
de vouloir bien lui adresser un certificat constatant la publication et
l'affichage de l'arrêté de M. le Préfet prescrivant une enquête pour
l'établissement d'un chemin de fer de circonvallation.
Non daté mais à peu près à cette période.
Lettre type à envoyer.
L'enquête est ouverte à Pontoise à la sous- Préfecture et les pièces y sont
déposées. Il est facile de venir voir ces pièces qui ne peuvent être déplacées.
M. le Maire, on s'occupe dans ce moment d'une manière fort active du Chemin de
fer de Circonvallation et l'on fait faire dans toutes les communes intéressées
une enquête officieuse pour bien connaître les désirs et les besoins du Département.
Nous sommes heureux d'être les premiers à vous en donner la nouvelle en vous
remerciant du concours que vous nous avez prêté et des pétitions que vous
avez bien voulu adresser il y a plusieurs mois.
Nous comptons encore sur vous dans ce moment décisif, vous priant de renouveler
à M. le Ministre des Travaux publics l'expression des sentiments de vos
administrés relativement à l'urgence du chemin de fer.
Veuillez...
Signé pour le Secrétaire général
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy & Archives municipales de Cergy
Note spéciale de l'administration du Chemin de fer de circonvallation, non datée
et adressée à M. le Préfet de Seine-et-Oise.
Dans son rapport, M. le Préfet dit :
"L'établissement 'un chemin de fer qui doit mettre en communication entr'elles,
toutes les voies ferrées qui rayonnent vers Paris et qui peut être utilisé pour
la défense de la Capitale, me paraît être comme à M. l'Ingénieur en Chef, tan au
point de vue commercial, une opération d'Intérêt général, et je pense sur la
question est dès lors, du domaine de M. le Ministre des Travaux publics".
D'autres s'appuyant sur la loi du 12 juillet 1865 ; disent en parlant de notre
proposition :
Les demandeurs en concession ne sollicitent aucune subvention, ni du
Département, ni des communes, donc ce chemin de fer sans le concours du
Département, donc il ne sera pas un chemin de fer départemental, donc il sera un
chemin de fer d'intérêt général, donc le département n'a pas le droit de le
concéder.
Les deux objections se confondent dans une seule et constitueraient une fin de
non recevoir contre notre demande en concession adressée au Conseil général et
tendant à l'exécution à titre de chemin de fer départemental de la ligne en
question.
Il convient donc de les examiner ensemble :
Disons d'abord que la loi de décentralisation du 10 août 1871 a créé un droit
nouveau.
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy & de Cergy Loi du 12 juillet 1865 relative aux chemins de fer d'intérêt
local. La loi du 10 août 1871. Le Conseil général statue définitivement sur : Mémoire sur le chemin de fer de circonvallation Les projets de voies ferrées dans le Département de
Seine-et-Oise Historique du Chemin de fer de Circonvallation La Commission mixte et le Conseil général Le Conseil supérieur des Ponts-et-Chaussées Intervention des grandes Compagnies Le Ministre de la Guerre et le Comité des Fortifications Le Conseil général de Seine-et-Oise et la Compagnie
concessionnaire Le Contre-projet Duverger. Nouvel avis de la Commission
mixte Lettre du Ministre des Travaux publics au Conseil général.
Historique du Contre-projet Duverger La Sous-Commission des Chemins de fer de l'Assemblée
nationale Discussion du tracé de Circonvallation Conclusion.
Archives municipales
de Carrières-sous-Poissy & de Cergy
Archives municipales de Cergy
Archives municipales de Cergy
Archives municipales de Cergy
Archives municipales de Cergy
Sources : Si
une image de cette page vous paraissait non libre de droits, merci
de m'en faire part
Elle a voulu que le Conseil général statuant souverainement sur toutes les
affaires du Département.
En matière de chemin de fer départemental & dans l'article 46, elle s'est
exprimée en termes absolus & complexes, embarrassant par leur généralité en même
temps que par leur spécification tout ce qui peut se rattacher à une semblable
matière.
Dans la loi de 1871, le Préfet, l'Ingénieur en Chef et le Conseil d'État
disparaissent.
La gouvernement n'a plus qu'un rôle unique mais important : le décret d'utilité
publique, cela était naturel, cela était juste et logique.
Nous y reviendrons dans quelques instants.
Pour tout le surplus le Conseil général, reste dans sa souveraineté.
À lui de caractériser le nature de la ligne projetée, de déterminer sa
direction, son tracé, de régler les conditions dans lesquelles la ligne doit
être construite et exploitée, de faire les traités qui y sont relatifs.
La chemin de fer est sa chose, il sera sa propriété dans le présent ou dans
l'avenir, suivant les conditions qu'il aura consenti avec la compagnies
constructrice ou la compagnie exploitante.
Le département est ici assimilé à l'individu, il est maître chez lui, il est le
maître de la par la loi de 1871, d'y construire ou d'y faire construire un
chemin de fer.
Lui contester sa souveraineté à cet égard, serait détruire, ce serait fouler aux
pieds la loi de 1871, précisément en ce moment, et dans l'espèce à propos de
celles de ses dispositions qui peut le plus permettre au département de
Seine-et-Oise, de faire quelque chose d'essentiel, de capital, pour fonder chez
lui une œuvre perpétuelle, de grandeur et de prospérité.
Quelques puériles que soient les objections, tirées l'une, à la prospérité
départementale, satisfait aussi des intérêts généraux d'un ordre élevé.
L'autre de ce que le chemin de fer se passant de subvention, le Département se
trouvera affranchi à son égard de tout concours pécuniaire, d'où il perdra son
caractère de chemin de fer départemental.
Plus on les examine, plus on trouve la réfutation facile.
Comment ! parce qu'un grand établissement créé dans un département, et par lui
fécond en résultats utiles pour lui, on le serait en même temps soit à d'autres
départements soit même à la nation entière, on deviendrait pour elle, comme par
exemple : un grand mouvement, un témoignage de sa grandeur, ou de son génie ; le
département, et pour lui le Conseil général seraient immédiatement et par là
même frappé d'impuissance et ne pourraient appliquer ni leur sol, ni leurs
efforts ni les concours généreux et patriotiques qui s'offriraient à eux, à la
création d'une œuvre pareille.
Poser de telles questions c'est les résoudre.
Et nier la solution naturelle et logique, c'est faire injure au législateur de
1871. Quant à l'absence de subvention la discussion sera plus simple encore &
plus courte.
La loi elle-même a réfuté d'avance l'objection.
Par le § 10 de l'article 46, elle donne aux conseils généraux, autorité
souveraine pour statuer définitivement sur les offres faites par des
particuliers, pour concourir à des dépenses quelconques d'intérêt départemental.
Par le § 11, elle leur donne même pouvoir pour concéder à des compagnies ou à
des particuliers des travaux d'intérêt départemental.
Si l'argumentation n'était pas ridicule, elle amènerait à cette conséquence, qui
le deviendrait elle-même au dernier degré.
C'est que pour échapper par le respect de la légalité, à la rigoureuse et
judaïque prescription ou définition de la loi, en supposant qu'on put la
torturer au point de lui infliger cette interprétation, nous pourrions demander
au Conseil général une subvention, par exemple, de dix ou vingt mille francs,
que le Conseil général pour satisfaire ces scrupuleux observateurs de la loi,
seraient forcé de nous accorder cette dérisoire subvention.
Voilà cependant où peut mener l'abus de la logique.
Mais hâtons nous de dire pour rassurer les rigides détracteurs ; que nous sommes
même sous ce rapport, dans les conditions de la loi comme ils l'interprètent,
car nous recevons journellement et spontanément des offres nombreuses, soin de
particuliers.
Dans tous les cas, le Conseil général de se laissera surement pas entraîner à
des subtilités qui ne peuvent être suggérées par des intérêts qui se croient
froissés
Le droit du Conseil général n'est donc subordonné à personne ; dans l'espèce qui
nous occupe, il agira dans le plénitude de son droit et dans sa souveraineté, en
nous accordant la concession que nous demandons.
Cela est tellement vrai, que si le conseil croit devoir accepter nos
propositions, aucun texte de loi ne permettrait au gouvernement de casser sa
délibération, outre que bien certainement il n'y songerait pas.
Car il sait bien que si si nous avons sollicité une commission départementale
pour notre ligne depuis que la loi de 1871 nous l'a permis, ce n'est point pour
nous soustraire, à ses avis, ni aux conditions de l'ordre public, ni aux règles
générales en pareille matière.
Outre que le Conseil général de Seine-et-Oise saura les sauvegarder d'accord en
cela avec nous, c'est que notre demande actuelle est en tout conforme à celle
que nous avions adressée au gouvernement avant la loi de 1871.
Seulement nous préférons être et rester ligne départementale, parce que de cette
façon nous arriverons par des voies plus simples, plus rapides, parce que
surtout nous nous plaçons dès le début sous le patronage des élus du suffrage
universel dans le Département de Seine-et-Oise, et par suite sous le patronage
des populations elles-mêmes, dont les sympathies nous sont nécessaires et
facilitent notre œuvre.
Quand viendra la question du décret d'utilité publique, le gouvernement aura son
tour, nous nous soumettrons à ses exigences légitimes, nous serons heureux de
marcher d'accord avec lui et il félicitera sans doute; soit le Conseil général
de Seine-et-Oise, soit nous-mêmes de lui fournir l'occasion de sanctionner une
entreprise qui réunira de si grandes conditions d'intérêt départemental &
d'intérêt général.
Rien donc ne saurait arrêter et entraver la décision du Conseil général.
Nous le prions surtout de remarquer que nous sommes prêts à agir, si le Conseil
général le veut dans quelques mois la pioche creusera le sol du Département de
Seine-et-Oise, pour y placer des rails dans toutes l'étendue de sa
circonférence.
Si au contraire cette occasion était négligée ou ajournée, nos capitalistes
pourraient se disperser, se dissoudre & donner à leur argent une autre direction
comme ce serait leur droit d'après notre convention avec M. F.
Alors, tout serait à recommencer et ces sortes de questions sont toujours
difficiles à constituer et à organiser.
Cette dernière considération est capitale, elle doit dominer la question et en
déterminer la solution rapide.
Les demandeurs en concession.
(Lire les vignettes)
Les chemins de fer d'intérêt local peuvent être établis :
1. - par les départements ou les communes, avec ou sans le concours des
propriétaires intéressés ;
2. - par les concessionnaires, avec le concours des départements et des
communes .
Article 44 :
Le Conseil généra opère la reconnaissance, détermine la largeur et prescrit
l'ouverture et le redressement des chemins vicinaux de grande communication
et d'intérêt commun.
Les délibérations qu'il prend, produisent les effets spécifiés aux articles
15 & 16 de loi du 21 mai 1836.
6. - le classement et direction des routes départementales, projets,
plans et devis des travaux à exécuter... ;
7. - le classement et direction des chemins vicinaux de grande
communication et d'intérêt commun ... ;
8. - le déclassement des routes départementales, des chemins vicinaux de
grande communication et d'intérêt commun ... ;
9. - les projets, plans et devis des travaux à exécuter sur les fonds
départementaux...;
10. - les offres faites par les communes, les associations, et les
particuliers pour concourir...;
11. - les concessions à des associations, à des compagnies ou à des
particuliers de travaux d'intérêt départemental.
12. - la direction des chemins de fer d'intérêt local
Les délibération par lesquelles les Conseils généraux statuent
définitivement sont exécutoires si après 20 jours à partir de la clôture de
la session, le Préfet n'en a pas demandé l'annulation.
1er avril 1873,
Le Sous-Préfet de Pontoise écrit au Maire de Cergy lui indiquant qu'il a reçu
directement de M. le Préfet l'arrêté prescrivant qu'une enquête d'utilité
publique aurait lieu du 24 mars au 12 avril courant, sur l'avant projet
d'établissement d'un chemin de fer de Grande-Ceinture autour de Paris.
Il doit transmettre immédiatement après le délai d'expiration de l'enquête,
toutes les pièces relatives à cet avant projet.
Le projet proposé traversant la commune de Cergy il y a évidemment intérêt pour
le Conseil municipal, à émettre son avis sur l'ensemble du projet et notamment
sur la direction du tracé dans la Commune.
Il l'autorise en conséquence, à réunir extraordinairement le Conseil municipal
et lui serait obligé de lui transmettre le 10 de ce mois, au plus tard 2 copies
de la délibération à intervenir ainsi qu'un certificat constatant la publication
de l'arrêté de M. le Préfet.
Veuillez agréer, etc.
Le 7 avril 1873,
le Sous-Préfet de Pontoise écrit au Maire de Cergy suite à la consultation de
son Conseil municipal sur un projet de chemin de fer e Circonvallation ; un
nouveau projet de Grande-Ceinture lui est communiqué, l'administration
témoignant en cela comme toujours les égards avec les conseils municipaux et les
avis qu'ils formulent sur sa demande.
Le conseil municipal doit donc être réuni et si il lui convient de formuler une
réponse conforme à celle que vous pressentez, vous jugez avec moi j'en suis
certain que c'est à lui seul qu'il appartient de le faire.
Veuillez, ...
Le 15 avril 1873, Le Maire de Cergy écrit au Sous-Préfet de Pontoise pour
l'informer qu'il a réuni le Conseil municipal hier pour délibérer sur le projet
du tracé de chemin de fer de Grande-Ceinture. Le Conseil n'a pas pris de
décision, exprimant le regret de ne pas avoir sous les yeux les pièces
suffisantes qui pourraient l'éclairer sur le tracé de cette ligne.
Il prie Monsieur le Sous-Préfet de lui indiquer ce qu'il lui reste à faire
aujourd'hui sur cette affaire.
Veuillez agréer...
Le 19 avril 1873,
Sous-Préfecture, Affaires arriérées.
Le Sous-Préfet de l'arrondissement de Pontoise a l'honneur de prier M. le Maire
de Cergy de renvoyer, sans retard, à la Sous-Préfecture, l'affaire indiquée
ci-dessous, ou de mettre ses observations de l'autre part.
Délibération en double sur le projet de chemin de fer de Grande-Ceinture
&certificat de publication d'affiche.
Le 22 avril 1873,
le Sous-Préfet écrit au Maire de Cergy, le priant de remettre demain 23, sans
faute, au facteur le certificat de publication d'affiche concernant le projet de
chemin de fer de Grande-Ceinture.
Toutes les pièces devant être adressées à la Préfecture demain soir 23.
Il y a la plus grande urgence.
Notes
: