Le carnet du CFC
Le réseau de Gégé
MAD
Pour le trouver, il
faut le chercher et quand on l'a trouvé il faut y aller et là ce n'est pas
facile, je dirai même que, plus on y va plus c'est difficile tellement il est
planqué. Ma première visite remonte à il y a 10 ans, c'était l'été, il
faisait chaud et la dernière en août 2018. Cette année la température était
plus clémente et l'accueil tout aussi chaleureux. Vivement l'année prochaine
pour y retourner. Attention voiture de ville s'abstenir. Deux roues motrices,
vous risquez, quatre c'est mieux mais à 10 Km/h. maximum.
Mais quand vous y parvenez alors vous êtes sur le chemin de fer des "Marginaux et des Saltimbanques"
et ce n'est pas peu dire. Et oui Gégé est un poète de la chimère et aussi un
docteur de la voie étroite, un résurecteurs des locotracteurs. Le réseau qui entremêle les voies de 50 et de 60 est niché au fond d'un vallon
encaissé tout au pied des falaises et arboré d'essences méditerranéennes. Les
derniers tours de roues de la voiture se font sur une petite voie enfoncée dans
la terre. Nous descendons de la voiture et Gégé nous propose un café mais
deux locotracteurs dans leur jus sont là, à une brassée et nous invitent à
la visite. Comment résister, nous sommes impatients, le café ce sera pour
après. Nous descendons à pied en suivant la voie de 50, la pente est de 135 %o.
Et oui je n'invente pas, ça ne rigole pas et les trains passent. Ah ! ça peut
patiner mais Gégé est l'homme des sablières d'ailleurs l'œil averti le
remarque tout de suite un simple coup d'œil sur les rails et la blancheur de la
table de roulement confirme le sablage.
Christian monte dans le Hercule et Gégé sur le Jules Weiss, typique de la voie
étroite de chantier.
Au détour d'une courbe une paire d'aiguillages et au fond d'un tiroir deux wagonnets CACL J. Weiss vont nous servir de baladeuses. On n'y croit pas et pourtant c'est à leur bord que nous visiterons le réseau, assis sur des planches confectionnées spécialement.
Le locotracteur Hercule de la carrière de Bollène.
Photos Christian Jouen
On les attèle, c'est rustique mais ça a fait ses preuves pendant près d'un siècle.
Après la manœuvre on a le Hercule en tête, les deux wagonnets et le J. Weiss en queue.
Et hop, démarrage un
peu brutal (il n'y a ni suspension ni attelage à ressort) nous sommes sur du
matériel de chantier) et c'est parti.
Marc, Louis et MAD font office de voyageurs. Des planches adaptées, placée
entre les deux flancs des bennes font de beaux bancs confortables... ça
ballotte un peu...
Marc
filme l'avancée du convoi. Christian est à la manette, Gégé sur le
marche-pied du Hercule.
Premier arrêt au dépôt-atelier. Voies
de 50 & 60 sur fosse, palan pour
le levage et container contenant de l'outillage tout est à poste pour les
réparations d'envergure.
En ce moment Gégé travaille sur un LLD (Locomotives et Locotracteur
Diesel) mais plus gros que ceux que
nous connaissons. Louis est intéressé par le volant d'inertie...
Au passage petit clin d'œil sur la manœuvre des aiguillages talonnables, réversibles ou non. Un levier, un point fixe, deux ressorts et le tour est joué. Ici, c'est la campagne, c'est du rustique, du fonctionnel et ça marche.
On poursuit notre route... Tiens un autre LLD ! On arrive au dépôt-remisage. Arrêt !
Le train s'arrête devant le petit dépôt qui abrite deux voies de 50 & 60 imbriquées.
Sur la plaque tournante stationne le DLL. Gégé le démarre et il libère la plaque assez particulière.
Elle
sert les deux écartements : une voie de 50 et une autre avec les deux files de
rail.
Tout droit voies imbriquées, en diagonaleV50
Dans le dépôt un groupe électrogène industriel, fixé sur un wagonnet, ce qui permet d'effectuer de bonnes soudures sur la voie. Il faut dire que l'électricité dans cette région reculée est précieuse.
Un
peu plus loin un moteur Vandeuvre couplé à une génératrice. Encore une
récupération industrielle intéressante. Ce moteur servira... plus tard à
équiper ce locotracteur Hercule.
Les établissements de constructions mécaniques de Vendeuvre ont été fondés par Jean-Baptiste Protte. Ils fabriquent du matériel agricole (machines à vapeur et locomobiles) puis des batteuses à moteur à pétrole.
Ces deux locotracteurs proviennent de la carrière de Bollène. C'est par eux
que Noël Mailliary, le créateur du Petit Chemin de fer de la Sainte Victoire a
commencé l'aventure de la Barque en ramenant divers matériels en voie de 60
(Coupons, aiguillages, wagonnets, etc.
Locotracteur Hercule en tête, nous repartons sur la ligne en rampe jusqu'à son terminus mais un nouvel arrêt nous permet de découvrir d'autres matériels.
Un wagon transport de mineurs qui vient des mines de Gardanne. Les mineurs en sortaient assourdis et secoués.
Puis des bennes Pétolat de la carrière de Bollène, semblable à celles de La Barque.
Et
d'autres récupérations diverses et variées y compris le stock de coupons de
voies.
Le réseau a débuté en voie de 50 (d'ailleurs les locotracteurs Hercule et J.
Weiss ont été transformés à cet effet) puis du matériel en voie de 60
(coupons de voie et MR) ont complété le réseau qui s'est amplement agrandi.
Nous repartons cette fois jusqu'au terminus dont on aperçoit l'aiguillage qui donne accès à la boucle de retournement. Pas de manœuvre, on s'arrête pour discuter le coup sous les frondaisons.
Photo Christian Jouen
Sur
la boucle du terminus, un ponceau pour laisser passer les ruissellements d'orage.
Photo Christian Jouen
Petite photo amicale au fond du vallon et c'est le retour. En descente, ça va mieux mais attention au frein moteur indispensable.
Photo Christian Jouen
Les locotracteurs sont rangés.
Et enfin une dernière photo pour le souvenir d'une journée agréable passée en copains loin du monde. Louis, Marc, Gégé, et Christian.