L'Association 

Le Chemin de fer des Chanteraines en 1982

Marc André Dubout, photos Noël Mailliary

De retour au Musée Provençal des Transports en juillet 2021, j'ai eu le plaisir de retrouver mes copains sur le Chemin de fer de la Sainte Victoire à La Barque (Bouches-du-Rhône). C'est grâce à Christian Jouen, dépositaire de la mémoire de cette association que j'ai pu obtenir cette série de photos inédites du Chemin de fer des Chanteraines tel qu'il était en 1982, c'est à dire... il y a quarante ans.
Christian a retrouvé dans les archives de Noêl Mailliary ces diapositives qui ont été prises lors d'une visite au CFC en 1982.

Merci Christian de nous faire partager ces photos du début du CFC que beaucoup n'ont pas connues.

La communication était sommaire et se concrétisait par deux affiches l'une avec le plan du réseau et l'autre consignant les tarifs et horaires.

Détail du plan du réseau.
On peut noter le tracé en pointillé tel qu'il avait été prévu dans l'étude de Jean-Yves Guillemont (CF de St Eutrope - 91).
Après Passage de Verdure, le tracé faisait une boucle complète de la 4ème Tranche (aujourd'hui Les Tilliers. Trois stations avaient été prévues Petit Lac (L'Étang), Gennevilliers RER et une station desservant le théâtre de Verdure.
En fait, au moment de la réalisation de l'extension en 1991, seule la partie Petit Lac, Gennevilliers RER a été construite et l'équipe de l'époque a demandé de faire le tour du Belvédère afin d'avoir une raquette de retournement pour le matériel roulant.
Cela dit, la plate-forme avait été créée en partie laissant un espoir de réalisation future.

Voir aussi :

 

Il y avait à l'époque deux sections Pompidou Pont d'Épinay et Pompidou Passage de Verdure, incluant la station Ferme d'enfants. Chaque station portait un numéro mentionné sur le billet.
La station centrale du réseau était Av. Pompidou (nom de l'avenue à proximité).

Les tarifs mis en œuvre par la Direction des Espaces Verts du Département étaient respectivement de 3 francs pour une section, 4 francs pour 2 sections (aller simple) et 8 francs pour un aller-retour complet de Passage de Verdure au Pont d'Épinay (anciennes appellations).
Le demi-tarif était consenti aux familles nombreuses, militaires, retraités, invalides et mutilée, etc. sur présentation de leur carte justifiant leur situation.
La gratuité était, elle, appliquée aux enfants de moins de trois ans.
Inutile de dire que la gestion comptable de cette organisation était fort compliquée et que les machines mécaniques avec rouleau étaient lourdes et peu pratiques... mais on y arrivait.

L'exploitation était assurée par deux trains simultanément en ligne, l'un comportant trois baladeuses, le second deux baladeuses. La sixième baladeuse est arrivée en 1984 et garée sur un tronçon de voie d'une quinzaine de mètres après B7 en direction du dépôt. Elle était un peu différente des autres au niveau des essieux renforcés.
Les trains roulaient les samedis, dimanches et jours fériés. L'exploitation du mercredi est venue un peu après pour le jour de congé des écoles.
Il y avait quatre départs dans les deux sens de 14h30 à 17h30 à partir de la station Pompidou. Un petit local était installé dans le bâtiment proche (qui existe toujours).
Le train (deux baladeuses) à la station Pompidou en direction Pont d'Épinay. Quand la fréquentation est faible, un seul train circulait l'autre attendait à la station.
Le bâtiment destiné à la billetterie était à droite, non visible sur le cliché. 

Noter sur les tôles arrières des baladeuses, le filet blanc qui relève l'esthétique. Il a disparu au fil du temps. C'est dommage !

Même scène, vue en direction Passage de Verdure.
On remarque sur le quai les housses qui abritaient les locotracteurs Socofer lorsqu'ils ne circulaient pas. 
Les deux trains étaient alors stationnés à Pompidou emmaillotés dans leur housse toute la semaine sans qu'aucune dégradation ne fut observée.
Les barrières provisoires ont été par la suite remplacées par du grillage.
Au fond le pylône haute tension pour une ligne de délestage (300 000 volts).
C'était au temps de la centrale électrique de Gennevilliers.
Les housses des locotracteurs Socofer.
L'entretien se faisait sur place par un agent du parc qui amenait sa caisse à outils à poste.

Vue en direction de Pont d'Épinay.

Vue des deux trains à la même station.
Un seul train va prendre le service. Le locotracteur Socofer du deuxième n'est pas encore débâché. Il ne le sera peut-être pas ce jour-là.

À gauche, le bâtiment qui abritait la billetterie.
La voie en rail de 26 kilos  au mètre est posée sur traverses bois affleurant le sol.
Vue en direction Passage de Verdure.

Vue générale de la station Pompidou à partir de la passerelle.
On voit bien le bâtiment qui servait en partie de billetterie à droite de la station.
À cette époque aucun mobilier (bancs, panneaux, poubelles,  etc.) n'existait sur les quais.

À l'extrême droite on distingue les bâtiments et grues des chantiers navals Vandenbosch et Van Praet.
Au fond l'île Saint-Denis et plus loin encore Saint-Denis.
Le Jardin de fleurs n'était pas encore créé.

Quittons la station Pompidou (Les Fiancés) en direction de Passage de Verdure en passant par la passerelle.

Vue de la passerelle en direction du Pont d'Épinay.
Tout est neuf et la peinture reluisante. En revanche la végétation, pratiquement inexistante, permettait de voir au loin.
La courbe d'accès à la passerelle vue en direction du Pont d'Épinay.
Noter le contre-rail, parallèle au rail intérieur et l'alignement parfait des jonctions.
À cette époque, il n'y avait pas encore de "joints pointus" au niveau des éclisses, le roulement était confortable.
Vue sur l'étang réservé à la pêche. Cet étang a déjà été vidé et curé plusieurs fois depuis cette époque.
C'est une ancienne gravière avant la construction du parc.
L'accès à la passerelle en quittant la Ferme d'enfants.
Au fond sous la passerelle, on voit un immeuble situé sur la commune d'Épinay-sur-Seine et un pylône EDF aujourd'hui disparu.

En continuant, la ligne arrive à la station la Ferme d'enfants.

Station Ferme d'enfants et son quai désert.
Les stations ont été très vite clôturées et les jeunes plantations confirment bien le début des années 80. Nous étions au siècle dernier.
On voit à gauche la passerelle et au fond les immeubles.
La sortie à l'extrême droite de la photo a aujourd'hui disparu avec l'emprise de la Ferme.
Gros plan sur l'aiguillage B6, coté dépôt.
Vue en direction
du Pont d'Épinay.
Le croisement se fait à droite (régime des tramways) et non à gauche comme le grand chemin de fer.

Les aiguillages étaient de fabrication Socader. Ils étaient talonnables (renversables ou non) selon la position de la clavette qui permettait cette manœuvre.
Ils coûtaient 50 000 francs.

Le train vient de quitter la station Pompidou en direction du Pont d'Épinay.
Noter la présence des pylônes dont plusieurs ont disparu depuis.
Les locotracteurs étaient retournés à chaque extrémité de la ligne.
Toujours en direction du Pont d'Épinay à l'endroit où, aujourd'hui il y a le CFC -Miniature

Le matériel roulant 

Locotracteur Socofer ex. Établissement Billard au Mans. 

L'intérieur de la cabine tout neuf. Il faut dire que tenir le bouton de "l'homme mort" sur le levier qui commandait à la fois le régime du moteur et la transmission hydraulique n'était pas du tout confortable.
À la fin de la journée, les mécaniciens avaient des crampes à la main droite.
Baladeuse Socofer de 40 places assises.
Gros plan sur les attelages à barre Rockinger et chaînes de sécurité.

La liaison électrique pour l'alarme n'existait pas sur les véhicules. Lors de notre arrivée le 1er avril 84, ce fut notre premier chantier.
Nous n'avions pas encore le dépôt. Tout se faisait sur le quai avec notre boîte à outils personnelle.

 

Noël Mailliary

Noël Mailliary a créé le Musée des Transports à Marseille avec Michel Dupont-Cazon. Ils ont dû chercher un site et s'orientèrent vers la Bouilladisse mais la halle marchandise était trop exiguë, aussi se sont-ils orientés vers Pertuis mais la distance par rapport à Marseille était trop importante et finalement c'est à la gare de La Barque que le musée a vu le jour au début des années 1970.
Le musée a ouvert à la suite du don du trolley toulonnais et l'arrivée des deux tramways grâce à M Martin. Ensuite est arrivé le trolley d'Aix puis le marseillais qui vient du dépôt d'Arenc. Ensuite est arrivée la locomotive à vapeur, la Henschel de 1911 de Bar-le-Duc qui a roulé dans la cour de la gare, etc.
En 1982, lorsque Christian Jouen a connu le site, une opportunité de construire le petit train s'est présentée à Cheval Blanc avec la cession d'une tentative de train touristique à voie de 60 construit dans une carrière. Le matériel était constitué de petites voitures à essieux et le locotracteur Pétolat.
Par la suite, divers matériels comme les bennes de Gardanne en 525 ont rejoint le site. 
Diverses entreprises ayant abandonné leurs matériels en voie de 60, les ont cédés, ce qui a permis de constituer un petit réseau d'environ un kilomètre. Puis la collection s'est enrichie au fur et à mesure des cessions de matériels (voie, locotracteurs, wagonnets, etc.).

Noël Mailliary est décédé le 28 novembre 2002.

 

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