Decauville et l'exposition universelle de 1900
Marc André Dubout
1900, année
mythique pour les millénaristes. Inaugurée, le 14 avril 1900, par le Président Loubet, l’exposition s’est étendue
sur 216 hectares. 112 hectares au Champ-de-Mars et à l’Esplanade des Invalides
incluant les bords de Seine
Une extension de 104 hectares au bois de Vincennes est centrée sur l’agriculture, les maisons ouvrières, les chemins de
fer et les concours sportifs.
Pour y accéder, cent trente-six entrées sont prévues, c'est dire la grandeur
que cette exposition voulait offrir au monde entier.
Paris au temps de la "Belle Époque" ?
La France, deuxième empire colonial après celui des Britanniques, accueille alors près de 50
millions de visiteurs en 9 mois pour un rendez-vous planétaire. C’est une source de prestige pour la France républicaine et industrielle à la veille XXème
S.
Le plan de
l'Exposition universelle de 1900 avec le tracé du chemin de fer électrique
Decauville en bleu,
le trottoir roulant en rouge et le chemin de fer en violet.
Ce tracé est assez proche de celui qui avait été proposé en projet pour
l'Exposition universelle de 1889 mais non validé.
Plan de l'Exposition universelle de Paris, 1900 - Armand Colin et Cie Editeurs - BNF
Au sein de l’exposition, un trottoir roulant1 à 2 vitesses (4,2 km/h ou 8,5 km/h heures) baptisé « Rue de l’Avenir » était une innovation jusqu'alors inconnue en Europe. Composé de plates-formes mobiles de 3 kilomètres de longueur montées sur roues, il tournait en boucle inlassablement. Perché sur un viaduc à une hauteur (7 m.) équivalente au premier étage des immeubles parisiens.
Le chemin de fer
électrique Decauville passait par le quai d’Orsay, où il
y avait une station face à la classe2 Armée de terre et de mer. Il
tournait à gauche, dans l'avenue de La Bourdonnais, passait devant la classe
des Mines, de la métallurgie, des vêtements, fils et tissus. Il y avait une
station devant la classe des chaudières et de la mécanique (c'est à cet
endroit que se tenait le dépôt), puis une autre devant
la celle de l'agriculture et des aliments. Arrivé au carrefour de l’École militaire. il
tournait à gauche, de part et d'autre de l'avenue de la Motte-Piquet, qu'il suivait jusqu'à la rue Fabert
où il y avait une station devant Palais de l'Italie. Il arrivait, à l'esplanade des
Invalides, où il y avait une station devant la rue Latour-Maubourg. Il longeait
ensuite la Seine quai d'Orsay, passait par la station devant la rue Malar, puis
celle des avenues Rapp et Bosquet et la boucle était bouclée.
Le chemin de fer électrique Decauville tournait dans le sens horaire et le trottoir en sens inverse.
Tantôt le deux moyens de transports
étaient côte à côte, tantôt superposés.
Le dépôt du chemin de fer électrique avenue de La Bourdonnais.
Sur un autre plan on voit un embranchement qui se détache un peu avant la station d'Orsay, qui s'engage vers le centre de la boucle et se termine par un faisceau de quatre voies abritées.
Noter
l'embranchement et le faisceau de quatre voies de garage.
Puisque nous sommes dans les chemins de fer, notons qu'une extension de 104 hectares au bois de Vincennes exposait, entre autres, la classe des chemins de fer.
C'est autour de ce
lac que Paul Decauville à l'exposition universelle de 1931 exploitera un petit
train en voie de 60 sur le même espace.
En route pour un voyage en cartes postales.
Le trottoir roulant et le chemin de fer électrique, rue Fabert, devant le pavillon de l'Italie. |
Le trottoir roulant et le chemin de fer électrique Decauville, quittent l'avenue de La Motte-Picquet pour s'engager dans l'avenue de La Bourdonnais, jusqu'à l'Esplanade des Invalides. |
Une petite video de l'INA montre le trottoir roulant et le chemin de fer électrique qui apparaît à 2:50. On voit les trois voitures dans la courbe, au carrefour des avenues de La Motte Picquet et La Bourdonnais.
Au carrefour de l'École militaire et de l'avenue de La Bourdonnais que les deux moyens de transport allaient suivre jusqu'à la Seine. Le trottoir roulant passe devant la galerie de l'agriculture, alors que le chemin de fer électrique Decauville en en courbe au milieu du carrefour.Parallèlement à ce trottoir roulant, en sens inverse, le petit train électrique Decauville parcourait le même chemin, mais sur rail, comme à la précédente Exposition universelle, celle de 1889, à la différence toutefois que l'électricité s'est substituée à la vapeur pour inaugurer le nouveau siècle.
À peu près au
même endroit que la photo précédente mais vue du sol. À gauche le trottoir
roulant et à droite le tablier qui supporte le chemin de fer électrique.
Inlassablement Paul Decauville installait un véritable chemin de fer fonctionnel dès qu'un événement lui en donnait l'occasion. Il avait depuis l'Exposition de 1889 eut l'autorisation officielle de transporter des personnes3.
Mais Paul Decauville, n'était pas présent que pour le seul chemin de fer. "Le Photo-Cinéma-Théâtre de Paul Decauville proposait des projections cinématographiques d’artistes célèbres comme Sarah Bernhardt dans la scène du duel (Hamlet) ou encore la danseuse Cléo de Mérode".
Le trottoir roulant et la station du train électrique devant le pavillon de l'Italie, rue Fabert.
Une rame de trois voitures automotrices. Avec l'électricité il n'y a plus de
locomotives, chaque véhicule est autonome et peut se déplacer par lui-même. C'est le principe du métropolitain.
Détail d'une voiture. Difficile d'évaluer l'écartement des rails.
Habituellement Decauville utilisait la voie de 60 pour les expositions mais
d'après certaines gravures il semblerait que la voie soit métrique.
N'oublions pas que par ailleurs si l'électricité régnait magistralement en
1900, elle devait sa production à des chaudières qui chauffaient 200 000
litres d’eau transformée en vapeur et actionnant des moteurs accouplés à
des dynamos qui produisaient du courant électrique.
Cette exposition était la "vitrine des centraliens". Paul reçu le
renfort de son frère Émile (ECP 1878).
Notes
:
1
Le trottoir roulant « rue de l'Avenir » a été conçu par les ingénieurs américains Schmidt et
Silsbee et présenté lors de l'Exposition universelle de 1893 à Chicago. Cette interdiction fut levée suite à l'exposition de 89. Le projet de métropolitain remon à 1895. En 1932, âgé de 80 ans, Bienvenüe prend sa retraite, laissant derrière lui un réseau de douze lignes et près de 130 km, dont près de 115 km construits sous sa direction |
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