Le Chemin de fer de l'Exposition universelle de 1889
Le Chemin de fer de l'exposition au quotidien
Marc André Dubout
Voilà bien des visiteurs sur le Decauville
Dessin de A. Boileau
Sommaire |
L'entrée de l'Exposition Universelle de 1889 - Jean
Béraud (1849-1935) - huile sur toile, Musée Carnavalet.
Court texte de présentation
Le visiteur qui aura parcouru toute l'enceinte, avec les berges, les diverses
galeries, aura certainement effectué un trajet supérieur à 60 kilomètres.
L'Exposition occupe au total 20 hectares de plus qu'en 1878, soit 70 hectares,
non compris les berges de la Seine.
Il a fallu, pour rendre la circulation commode dans cette enceinte si considérable,
établir un chemin de fer partant de l'entrée la plus voisine de la ville, à
l'esplanade des Invalides, suivant le quai, traversant le Champ de Mars dans
toute sa largeur et se prolongeant jusqu'à l'École militaire, en bordure de
l'avenue de Suffren. Ce chemin de fer, à voie étroite, construit par M.
Decauville, passe en souterrain sous le carrefour de l'avenue Rapp et de
l'avenue Bosquet, puis en tranchée au Champ de Mars. La voie est double et n'a
que 60 centimètres de largeur ; sa longueur, de l'esplanade des Invalides,
station terminus, près de la galerie des machines, est de 3k,5001.
On compte trois stations pour amener le public, aux galeries de l'agriculture,
aux galeries de l'alimentation, à la tour Eiffel. Le rayon minimum des courbes
est de 43 mètres ; la pente maximum de 25 millimètres. Les locomotives
employées sont de trois types : la locomotive compound Mallet, et la locomotive
Péchot-Bourdon et la locomotive ordinaire Decauville2.Leur
poids est compris entre 7 et 12 tonnes. Le poids des rails en acier n'est que de
9k,5 par mètre les voitures sont à claire-voie avec rideaux, sauf
la voiture salon de première classe.
Le trajet s'effectue de l'esplanade des Invalides au Champ de Mars en dix
minutes, arrêts compris.
L'exposition universelle de 1889 - Henri de
Parville - Journal de la société statistique de Paris - Tome 30 - 1889
L'éloge de M. Paul Decauville et de son chemin de fer intérieur
Le Petit Parisien n° 58 du 16 mars 1890
La publicité
La Revue Britannique - Revue internationale - Tome 5 - 1891
La meilleure publicité
du chemin de fer portatif fut sa présence, son succès incontestable et sa
reconnaissance du public et des visiteurs de marque.
Outre le service inestimable qu'il rendit en terme de transport de voyageurs, il
était présent au sein de l'Exposition à chaque opportunité, comme à la 1ère
section "Agriculture et Forêts" où étaient exposés des
wagonnets pour le débardage des betteraves, pour le transport de la canne à
sucre et celui des grumes et du bois.
De même dans la 2ème section "Travaux publics et Mines"
on pouvait voir des matériels divers pour le percement du tunnel sous la
Manche, pour les grands travaux portuaires en Grande-Bretagne ou à Panama.
Concernant le transport des voyageurs (3ème section), la voiture
salon du Président de la République et une voiture à bogies de 52 places trônaient
sous un élégant pavillon.
Sur l'esplanade des Invalides l'ensemble des quatre
trucs Péchot à 4 essieux était exposé supportant un canon de 48 tonnes,
démontrant ainsi les possibilités de transport de lourds colis indivisibles.
Une autre forme de publicité était l'accrochage de panneaux muraux sur le parcours du chemin de fer.
Sur cette photographie, un train sort du tunnel dans la rampe du Champ de Mars et pour entrer dans la halte de la tour Eiffel. Au mur de soutènement, sur plusieurs mètres les panneaux mentionnent les principaux chemins de fer en voie de 0m,60 installés dans le monde par la Société Decauville.
Sur
cette image la collection complète des affiches du chemin de fer
portatif de l'Exposition universelle de Paris 1889.
Publicitaire avant l'heure Decauville avait même prévu d'éditer des affiches
en plus d'une trentaine de langues étrangères à l'intention de visiteurs
internationaux qui sont venus en nombre.
Hauteur : 55.6 cm, Largeur : 71.6 cm - Publicité, Tourisme,
Voyage, Chemin de fer, Train, Édition, Exposition Universelle, 1889, Paris, 2ème
arr.
À droite des affiches en chinois et en japonais apposées, le long du quai d'Orsay montrent bien non seulement le caractère international mais aussi l'éloignement des pays qu'il voulait toucher.
Et les affiches.
Paul Decauville n'hésitait pas à faire connaître ce qu'il produisait dans ses
ateliers de Petit-Bourg. Sa participation à de nombreuses expositions
internationales faisait de lui un homme en avance sur son temps en terme de
marketing et de publicité.
Le chemin de fer Decauville fit l'objet de publicités diverses, comme des assiettes d'un service de table sur lesquelles était représentée, la locomotive Mallet en tête d'une rame, en croisant une autre en sens inverse, le long d'un mur recouvert d'affiches...
...ou ces affiches utilisées comme support avec en fond un magnifique bâtiment de l'exposition et le chemin de fer intérieur ressemblant davantage à ceux du concours de Compiègne en 1877 et du Jardin d'acclimatation en 78 ou encore à celui du parc du casino d'Arcachon (1881) avec ses voitures à deux essieux comme pour montrer que la voie de 60 pouvait être propice aux promenades et au transport de voyageurs.
À gauche pour la maison de
nouveautés Maumont & Barjeaud, à droite pour le
"bouillon" Duval Petit Saint Thomas qui avait une brasserie à
l'Exposition.
NdlR : Alexandre Duval est le fils du boucher des Halles
Pierre-Louis Duval (1811-1870), qui créa sous le Second Empire le concept des
restaurants « bouillons » à Paris à partir des années 1860. Les
"bouillons" Chartier, qui existent toujours, en sont les descendants.
La fée électricité
Lors de l'exposition
universelle de 1867, l'éclairage au gaz pendant la durée nocturne (jusqu'à 23
heures) ne donna pas satisfaction, aussi l'expérience n'en fut pas renouvelée
pour l'Exposition de 1878. En revanche, entre temps et lors de l'Exposition de
89, une révolution profonde s'était produite dans les moyens d'éclairage ;
la lumière électrique avait réalisé d'immenses progrès et pris un développement
considérable ; les faits merveilleux déjà révélés par l'exposition spéciale
du Palais de l'Industrie en 81 avait été le prélude à une série de découvertes
et d'applications remarquables.
L'Exposition de 89 eut été incomplète et le public déçu, si une large place
n'avait pas été réservée à la lumière électrique.
On peut évaluer à 4000 chevaux-vapeur la force motrice transformée en électricité
à l'Exposition et le chemin de fer Decauville profita largement des nombreux éclairages
disséminés sur un vaste espace compris entre l'avenue de Suffren, la Seine, et
l'esplanade des Invalides.
La Chambre syndicale des industries électriques.
Cette chambre syndicale est composée essentiellement de la Société Gramme, la Société Saulter-Lemonnier, la Société Éclairage électrique, la Compagnie continentale Edison, etc. Chacune de ces sociétés ayant leur propre station sur le site de l'Exposition
Guide illustré de l'Exposition de 1889 - Cnum
L'éclairage par l'électricité date d'hier seulement.
C'est elle qui permettra cette innovation de l'ouverture de l'Exposition à la
nuit close, aussi à cette heure nocturne, le carrefour compris entre les palais
et les galeries industrielles, sera le coin le plus pittoresque et le plus
vivant de toute l'Exposition. Le vif éclat des feux électriques.
Les Merveilles de l'exposition universelle - Cnum
Transports
des visiteurs
En terme d'introduction à ce paragraphe, on peut lire dans le livre Decauville
ce nom qui fit le tour du monde de Roger Bailly que MM. Decauville frères
faisaient les honneurs avec une amabilité et une bonne grâce parfaites. Cette
éloge se retrouve fréquemment dans les articles de presse relatant l'accueil
des visiteurs à l'usine de Corbeil.
M. Paul Decauville était un homme du marketing avant l'heure et proposait aux
visiteurs de l'exposition de faire une visite personnalisée des ateliers de
Petit-Bourg. pour cela il avait installée une voie de 60 de la gare de Corbeil
à son usine, ce qui permettait aux visiteurs de se rendre compte des vertus du
chemin de fer à voie étroite dont il était le promoteur.
Les ingénieurs américains au nombre de deux cent ont visité
hier les usines de la Société Decauville Aîné.
Après avoir parcourus les ateliers ils ont lunché au château des Tourelles
chez M. Paul Decauville qui, ne pouvant transporter dans ses voitures une aussi
nombreuse assistance avait installé pour la circonstance un chemin de fer de
deux kilomètres pareil à celui de l'Exposition.
L'article du "Petit journal illustré " n°9684 du 1er
juillet 1889
Les ingénieurs anglais au nombre de deux cents cinquante, iront
visiter aujourd'hui samedi, les usines de la Société Decauville Aîné, à
Petit-Bourg. La Compagnie P.L.M. a organisé des trains spéciaux pour l'aller
à 9h20 et pour le retour à trois heures.
L'article du "Petit journal illustré " n°9690 du 7
juillet 1889
MM.
Decauville ont reçu hier, dans leurs ateliers de Petit-Boug, les ingénieurs
anglais qui sont venus voir l'Exposition.
Après avoir visité minutieusement les ateliers, les invités qui étaient au
nombre de deux cents ont assisté à des manœuvres qui ont paru les intéresser
vivement. On a jeté sous leurs yeux à travers champ, une petite ligne de
chemin de fer sur laquelle on a fait évoluer un canon de fort tonnage.
Les ingénieurs anglais se sont ensuite
rendus au château des Tourelles où MM. Decauville avaient fait dresser un déjeuner
à leur intention.
L'article du "Petit journal illustré " n°9691 du 8
juillet 1889.
Les
ingénieurs belges et hollandais au nombre de deux cents, sont allés visiter
samedi les usines de la Société Decauville à Petit-Bourg
Ce qui les a le plus étonnés, c'est de voir les commandes importantes de
chemins de fer partir pour l'Angleterre. C'est une preuve indiscutable de la supériorité
de la fabrication obtenue avec un outillage spécial très puissant.
Les ingénieurs étrangers ont constaté que le matériel de chemin de fer
construit à Petit-Bourg est réellement le plus économique quand on tient
compte de ses perfectionnements et de son extrême solidité.
L'article du "Petit journal illustré" n°9862
du 17 septembre 1889
Les
ingénieurs étrangers à Paris.
Les excursions officielles des ingénieurs étrangers se sont clôturées hier,
ainsi que nous l'avions annoncé par une visite aux ateliers de M. Decauville.
Le comité de la Société des ingénieurs civils qui en organisant cette
visite tenait à leur montrer une usine modèle en complément de la visite de
celle de M. Eiffel. La Société des ingénieurs civils ne pouvait leur "montrer
rien de plus parfait que les merveilleux ateliers de Petit-Bourg".
À 9h45, avec la presse, c'est 180 personnes qui embarquaient dans le train spécial,
en route pour Corbeil. Arrivés à la gare, ce sont deux trains "pareils
à ceux qui fonctionnent à l'Exposition" qui les attendaient "pour
les conduire aux ateliers de Petit-Bourg".
Pendant deux heures, diverses démonstrations ont étonné les visiteurs émerveillés
qui de retinrent leurs applaudissements.
Ensuite les visiteurs remontèrent en wagon dans le train miniature qui les
emmenait au château des Tourelles ou un lunch était organisé. Au dessert, des
toasts furent portés par MM. Decauville et Eiffel...
À 3 heures tout le monde remontait dans le train qui les ramenait à la gare de
Corbeil où M. Decauville fut à nouveau l'objet d'une "ovation des plus
flatteuses".
L'article du "Petit journal illustré " n°9768
du 23 septembre 1889
Les visites n'étaient pas réservées aux seuls étrangers potentiellement décideurs de commander un chemin de fer "clé en main". M. Decauville voulait aussi faire connaître son action sociale vis à vis de son personnel.
Il y avait aussi les transports de courtoisie et d'accueil des personnalités étrangères.
À dix heures et demie, arrivée à l'esplanade des Invalides. Le cortège entre
par la porte des Affaires étrangères où se tiennent M. Berger et plusieurs
autres fonctionnaires de l'Exposition.
Dans la gare du chemin de fer Decauville un train spécial attend. M. Paul
Decauville conduit le Shah jusqu'à un petit wagon aménagé exprès pour lui ;
un wagon capitonné de soie verte et pavoisé de drapeaux persans et français.
On part pour ne s'arrêter qu'à la gare des machines. Le Shah met le pied à
terre mais, en passant certaines choses ont attiré son attention et il demande
de revenir sur ses pas, le long du chemin qui borde le voie. Il pénètre
successivement dans l'annexe russe et le pavillon de la République de Saint
Marin.
À l'exposition japonaise, il fait de nombreux achats. Il passe passe dans les
galerie de la Serbie, de Siam, de l'Égypte et se trouve dans la section
persane.
L'article du "Petit journal illustré " n°9719
du 5 août 1889
Le
Shah de Perse a si fort apprécié le petit chemin de fer à voie étroite
installé à l'Exposition qu'il a chargé M. Decauville de construire une ligne
importante en Perse.
L'article du "Petit journal illustré " n°9727
du 13 août 1889
et aussi des maires venus visiter l'exposition.
Les
maires venus de Paris pour assister au banquet du 18 août ont été avisés
qu'ils seraient transportés gratuitement, après le banquet, sur le chemin de
fer Decauville, pour aller de l'Esplanade des Invalides à la Tour Eiffel.
M. Decauville, qui est maire de Petit-Bourg, fait à ses collègues cette
gracieuseté.
Au
Champ de Mars.
Un des premiers arrivés au Champ de Mars a été M. Decauville, maire
d'Evry-Petit-Bourg qui avait devancé la plupart de ses collègues pour
organiser les trains spéciaux destinés à amener les maires près de la Tour
Eiffel.
Vers dix heures les écharpes tricolores ont commencé à se montrer nombreuses
autour des fontaines lumineuses, et les acclamations de l'après-midi se sont
renouvelées.
Les maires se sont promenés autour de la Tour Eiffel où quelques-uns d'entre
eux avaient déjeuner le matin, puis sont repartis ensuite dans les jardins du
Champ de Mars vers le dôme central pour mieux jouir du coup d'œil de la tour
embrasée jusqu'au campanile.
Lorsqu'ils ont dû quitter l'exposition à onze heures, quelques-uns
d'entre eux paraissaient tant soit peu fatigués par cette journée si bien
remplie, mais tous se déclaraient émerveillés des aspects auxquels ils
avaient assisté, et ravis de l'accueil qui leur avait été fait pas la
population parisienne.
Inoubliable ! C'est le mot de la journée.
L'article du "Petit journal illustré " n°9734
du 20 août 1889
Suite à un discours du Président Carnot applaudi par les maires.
M. Decauville avait fait organiser de nombreux trains supplémentaires pour le
transport au pied de la tour.
Les maires étaient nombreux et il était tard. Aussi tous n'ont-ils pas pi
assister au curieux spectacle des fontaines lumineuses qu'on leur avait spécialement
réservé.
La Nation n°1945 du 18 août 1889
Les accidents
Ils ont été peu
nombreux eu égard au nombre de voyageurs transportés et dans les cas présents
n'ont pas été du fait du chemin de fer, mais plutôt des malencontreuses
inattentions, malchance ou imprudence.
Il n'y eut en tout et pour tout que trois accidents mortels pendant la durée de
l'Exposition malgré les règles précises de de sécurité et la vigilance
soutenu des agents.
Mise en garde contre les éventuels accidents qui pourraient survenir conséquemment à l'inattention des voyageurs du petit train de l'Exposition. Vue l'exiguïté de la voie, des panneaux ont été placés tout au long de celle-ci de l'Esplanade des Invalides au Palais des Machines. Ces affiches ont été traduites en vingt langues y compris l'argot : "Remisez vos pattes".
Hier
à cinq heures du matin, un chauffeur du chemin de fer Decauville, Simon
Latouve, a été trouvé mort sur la voie du chemin de fer du Champ de Mars, en
face la rue des Usines. Il avait été atteint par la machine du train 1502 et
avait eu les jambes coupées au-dessus du genou. Le cadavre a été envoyé à
la Morgue par les soins de M. Gronfier, commissaire de police.
L'article du "Petit journal illustré "
n° 9649 du 27 mai 1889
Un
employé des chemins de fer Decauville nommé Collignon3
a été avant-hier soir, vers dix heures et demie,
victime d'un bien déplorable accident.
Ce malheureux a été renversé, à la hauteur de l'avenue de La Bourdonnais,
par une machine venant des Invalides, au moment même où il invitait des
personnes présentes à se garer. Le pauvre homme a eu plusieurs cotes enfoncées
et le pied gauche complètement broyé. On l'a relevé aussitôt et transporté
au poste médical de l'Exposition où des premiers soins lui ont été donnés ;
il a ensuite été transporté à l'hôpital Necker
L'état de Collignon était hier des plus graves.
L'article du "Petit journal illustré " n°9693 du 10
juillet 1889
Cette fois c'est une voyageuse en retard, qui craignant les représailles de son mari saute en marche avant l'arrêt du train.
Un
terrible accident est arrivé sur la ligne du chemin de fer Decauville qui fait
le service de l'esplanade des Invalides au Champ de Mars.
Une dame nommée Odile Georget, demeurant 83, avenue de Saint Ouen, âgée de
quarante-trois ans, ayant voulu descendre avant l'arrêt complet du train, au
moment où celui-ci atteignait la station de la Tour Eiffel est tombée si
malheureusement qu'une partie du convoi lui a passé sur la poitrine.
La malheureuse femme a été relevée aussitôt et transportée au poste médical
de l'avenue de La Bourdonnais où on a constaté qu'elle avait été tuée sur
le coup.
Quelques secondes avant de commettre l'imprudence qui devait lui être fatale,
Mme Georget avait dit à une personne qui se trouvait à coté d'elle en wagon :
- Mon mari m'a donné rendez-vous au pied de la Tour Eiffel et je vais être
grondée, car je suis bien en retard.
L'article du "Petit journal illustré "
n°9798 du 23 octobre 1889
Parmi
les accidents, le rapport général en mentionne 59 non mortels, 11 décès dont
un par suite d'écrasement au chemin de fer Decauville.
2 ouvriers tués, un à la tour Eiffel et l'autre au Palais des machines (écrasement).
Exposition universelle internationale à Paris 1889 - Rapport général -
Tome 3 - Picard - Imprimerie nationale Paris
Les banquets
Le
banquet des entrepreneurs.
Les grands entrepreneurs qui ont participé aux travaux de l'exposition ont
offert hier un banquet à M. Alphand4
dans un restaurant du Champ de Mars.
parmi les convives, au nombre de cent cinquante environ, citons MM. G. Berger5
, Grison6,
Bouvard, Dutert, Formigé7,
Laforcade, Popp, Decauville, Poirier, Manoury, Delion, de Mallevoue, Beau,
Monduit, etc.
Au dessert, M. Manoury a pris la parole au nom des entrepreneurs et dans un
discours souvent applaudi a rappelé la belle carrière de M. Alphand, les
service éclatants qu'il a rendus à la Ville de Paris et les magnifiques résultats
qu'il a su obtenir à l'Exposition de 1889.
Le banquet Decauville
L'article du "Petit journal illustré " n°9813
du 9 novembre 1889
Le banquet de Petit-Bourg.
L'article du " Petit journal illustré
" n°9820 du 14 novembre 1889
Les affaires
Le Shah de Perse a si fort apprécié le petit chemin de fer à
voie étroite installé à l'Exposition qu'il a chargé M. Decauville de
construire une ligne importante en Perse.
Avant de partir, Sa Majesté a conféré à M. Decauville le grade de
grand-officier de l'ordre du Lion et Soleil.
L'article du "Petit journal illustré " n°9727 du 13 août
1889
Emission de 40 000 actions de 500 francs entièrement libérées.
Archives départementales de l'Essonne
La Dépêche n°7691 du 22 novembre 1889 et La Nation n°2036 du 17
novembre 1889
Dans
la chronique financière du Petit Journal illustré, on peut lire :
Mardi 19 novembre.
La Société Decauville dont tout le monde à l'exposition a vu fonctionner le
merveilleux petit chemin de fer, qui est appelé à un si grand avenir se
transforme en société anonyme au capital de 500 francs.
L'émission aura lieu au pair le 26 novembre, par l'intermédiaire de la Banque
d'escompte.
L'article du "Petit
journal illustré " n°9827 du 21 novembre 1889
Comme le montre tous
ces articles de journaux, Paul Decauville et son chemin de fer ont remporté un
immense succès à cette Exposition universelle de 1889.
Inventeur, entrepreneur, empreint de curiosité, Decauville a su faire valoir
l'attrait de son chemin de fer, moyen de communication entre les différents pôles
de l'Exposition mais aussi l'aspect ludique du "Decauville" qui est
venu jusqu'à nous, il a en quelque sorte réalisé un rêve qu'il a su partager
au public. Son chemin de fer était à la fois un moyen, une distraction, une
animation voire un loisir. D'ailleurs suie à cette exposition bien des réseaux
balnéaires, de jardins publics, ont vu le jour. C'est grâce à cette
exposition que le transport des voyageurs par la voie de 60 a existé.
Jean-Jacques Marchi dans son ouvrage Paul Decauville et le tourisme ferroviaire
: un « modèle Decauville » a su montrer parfaitement les formes ludiques du
tourisme ferroviaire qui est né dès cette époque. Le voyage dans ces
"Petits train, c'est le plaisir. Et encore maintenant.
Nous
avons dit hier, en annonçant que les établissement Decauville allaient devenir
la propriété d'une société anonyme, que nous examinerons dans quelles
conditions cette société serait appelée à exercer son action. Le capital de
la nouvelle société sera de 20 millions, qui servira à l'achat des établissements
de Petit-Bourg, des brevets, du fonds de commerce et à la création du fonds de
roulement.
Toutes les commandes déjà obtenues et qui atteignent 11 millions passent à la
société. Tous ceux qui ont contribué au succès des
établissements Decauville demeurent à la tête de la société anonyme. Ce
sont MM. Paul, Émile et Pierre Decauville.
Rien ne sera donc changé dans la direction supérieure. Et si cette direction a
pu obtenir les résultats que l'on sait avec des moyens limités, si elle a pu
faire admettre l'excellence de son chemin de fer par les gouvernements russes,
français, italiens, anglais, il est évident qu'une société au capital de 20
millions obtiendra, surtout après l'expérience de l'exposition, des résultats
bien plus considérables, surtout au point de vue de l'application du système
aux communications entre les pays qu'il est impossible de desservir avec les
moyens habituels.
On estime qu'en France seulement 10 000 kilomètres peuvent être concédés
dans ces conditions. C'est assez dire quel avenir s'ouvre devant la société.
L'article du "Petit journal illustré " n°9828 du 22 novembre
1889
Au
Champ de Mars dans la section des métaux précieux, le visiteur assiste au
triomphe de l'orfèvrerie, une des industries les plus glorieuses dont les
machines, qui ont fait des progrès incessants, ont changé les conditions de la
fabrication.
Laminage, estampage dans les ateliers font usage de la voie étroite pour la
manutention des pièces à travailler.
C'est dans l'exposition de MM. Christofle dont le triomphe de la maison a modifié
les conditions de l'orfèvrerie que se sont exprimés les perfectionnements des
machines permettant de reproduire à des milliers d'exemplaires de beaux modèles
d'un parfait travail.
La Revue de l'exposition universelle de 1889 - Tome I - V. Champier
Notes
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Sources :
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