Le carnet du CFC
Le Decauville en Orient
MAD
Le porteur Decauville reconnu dans le monde entier suite à
l'Exposition universelle de 1878 a connu des retombées internationales.
À l'exposition maritime du Havre, la manutention a été considérablement
facilité, grâce à l'établissement des rails Decauville et à l'usage des
wagonnets sur lesquels on a transporté les colis et pièces de machines à
leurs emplacements respectifs.
Le chemin de fer portatif permet de camionner des canons de vingt tonnes. Il a
été utilisé dans toutes les guerres récentes par l'armée française : 70
Km. en Tunisie ; 60 Km. au Tonkin ; 22 Km. à Madagascar. Par l'armée italienne
en Égypte et par l'armée russe au Turkestan (1881) : où le général
Skobeleff eut recours à lui (Decauville) pour l'approvisionnement de vivres,
eau potable et de munitions de ses troupes.
Au
cours de cette dernière campagne, la voie était déplacée au fur et à mesure
que l'armée avançait. Lorsque, tout récemment, les Russes s'approchèrent de
l'Afghanistan, le petit chemin de fer Decauville parut aux avant-postes afghans
et fut signalé à l'armée anglaise par des officiers qui suivaient les opérations
des Asiatiques. Les Anglais voulurent posséder un matériel semblable à celui
des Russes1, et
une forte commande fut envoyée à Petit-Bourg. Pour exécuter cette commande,
une difficulté se présentait : rails, wagons et locomotives devaient voyager
pendant quatre à cinq semaines à dos d'éléphants2
; mais M. Decauville réussit à construire une machine de deux pièces, dont la
plus grosse ne pesait que 1800 Kg. c'est-à-dire un peu moins que la charge
maximum que pouvait porter un éléphant.
Une autre particularité de cette locomotive est d'avoir été baptisée à l'orientale par les Musulmans très attachés à leur religion. Une plaque de cuivre a été ainsi apposée de chaque côté de la locomotive portant son nom de baptême en arabe "Moubarak" qui signifie "La bien bénie".
Ce chemin de fer plus restreint suite aux accords passés entre la Russie et l'Angleterre a été évoqué dans les numéros des 18 avril et 9 mai journal "L'illustration" dans lequel est apparue pour la première fois la gravure devenue célèbre.
Cette locomotive baptisée Madiotka portait le n°9 est du type 1 avec cabine et tender semblable à celle du catalogue Decauville de 1890. Un type dérivé de la locomotive Passe-partout de 1t
1/4 à vide qui circulait sur une voie portative de 0m,50 en rails de 7k,5 et qui a obtenu la Médaille d'or des chemins de fer et des locomotives agricoles à Lille en 1879.Le chemin de fer portatif se plie à toutes les exigences de
transport des voyageurs. La voie des lignes destinées à cet usage à 0m.60 ou
0m.75 d'écartement coûte 19000 fr. le kilomètre. Les voitures sont de 1ère,
2ème, 3ème classe. La locomotives peuvent faire 50 kilomètres
en deux heures et demie sans s'arrêter.
Le
20 novembre, le vice-roi du Petchili inaugura, en Chine un chemin de fer
construit par la maison Decauville et reliant Tien-Tsin à Tsching Yang. C'était
le premier chemin de fer français établi dans le Céleste-Empire. Accompagné
du taotaïs de Sanghaï, de M. Detring et des nouveaux fonctionnaires chinois,
Li-Hung arriva à l'embarcadère où il fut reçu par MM. Ristelhueber, consul
de France à Tien-Tsin, et M. Galy, ingénieur de la maison Decauville. La
locomotive3 était
ornée des drapeaux français, anglais et chinois. Après avoir visité le matériel,
le vice-roi monta dans une des voitures de première classe ; M. Ristelhueber et
le taotaï Lo-FenG-Loh prirent place à ses cotés. La ligne, d'une longueur de
trois kilomètres, comporte de nombreuses courbes : le train les parcourut en
mois de huit minutes, à la stupéfaction des indigènes, qui ne comprenaient
rien à ces machines qui volaient.
Après ce premier voyage, le public se présenta en foule pour
s'embarquer à son tour, et dès le lendemain un service régulier était
organisé. Le tarif a été fixé à 1fr.50 pour la première classe, 1 fr. pour
a deuxième, 50 centimes pour la troisième, 25 centimes pour la quatrième.
L'acceptation de prix aussi élevés prouve une conquête décisive sur les préjugés
de populations jusqu'alors absolument hostiles à l'établissement, dans leur
pays d'un mode de locomotion dans lequel ils n'avaient nulle confiance.
Le Chinese Times disait à ce sujet, au cours d'un article ; "L'inauguration
du chemin de fer Decauville a fait plus que des volumes de discussion pour
donner une forme pratique aux vagues notions que l'on avait sur les chemins de
fer. Le Vice-Roi a été profondément impressionné et la petite ligne a obtenu
dès le début une immense popularité. Si la semence est saine et le sol
convenable, c'est un moyen plus certain de faire pousser une forêt qu'en y
transportant de grands arbres sans leurs racines".
Nous souhaitons de voir se réaliser l'espérance que manifeste
cette dernière phrase, empruntée au vocabulaire des expressions proverbiales
des Chinois. En tout cas, la France a obtenu d'ores et déjà un premier succès
dans le Céleste-Empire, et c'est à M. Decauville qu'en revient l'honneur.
La locomotive type 3 de 5 tonnes à vide
Cette
locomotive à voie de 0m,60 de 5 tonnes à vide, 6 tonnes en ordre de
marche peut grâce aux provisions d'eau et de combustibles portés par son
tender, mener un train de 15 tonnes à 40 kilomètres en moins de deux heures,
sans arrêter.
Cette locomotive, destinée à la voie en rails d'acier de 9k,500;
sert actuellement à Petit-bourg pour des expériences avec un train complet de
voitures de 1ère, 2ème et 3ème classe.
Sur le même type Decauville a construit deux locomotives pour un planteur de
Java et cinq locomotives de 6 tonnes à vide (7t,5 en marche), pour
la Cie anglaise des Sucreries d'Australie. Toutes ces machines, qui
donnent complètement satisfaction aux clients comme on en juge par les
commandes réitérées; sont la miniature des locomotives des grandes Cies.
Elles sont à quatre roues couplées, avec cylindres extérieurs, mouvement de
distribution Walschaerts, munies d'un frein à vis agissant sur les roues d'arrière.
Les dimensions des cylindres, des roues, course des pistons, surface de chauffe,
etc. sont données dans le tableau qui suit :
Les matériaux employés pour la construction de ces machines sont de première
qualité, le montage et l'ajustement sont faits avec le plus grand soin.
Les chaudières sont en tôle de fer de qualité extra, sans aucun défaut ;
elle sont timbrées à 9 atmosphères, les rivures horizontales sont à double
rang de rivets disposés en quinconce. Les tubes sont en laiton et fabriqués
sans soudure ; ils ont 2 millimètres d'épaisseur et sont garnis de viroles en
fer dans le foyer plus grand pour brûler bois ou charbon. La chaudière est
munie des appareils de sûreté habituels : soupapes de sûreté, manomètre métallique,
tube indicateur, robinets de jauge, sifflet. Les tuyaux de vapeur et
d'alimentation sont en cuivre rouge de qualité extra.
Chaque machine est munie d'un injecteur de 4 millimètres de jet, mais on peut,
la munir d'un deuxième injecteur et d'une pompe alimentaire.
La chaudière est revêtue d'une enveloppe en tôle polie de 1 millimètre et
Notes :
Sources :
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