L'Association
Le CFC au 20ème anniversaire du Chemin de fer de la Vallée de l'Aa
MAD
Cette année le CFTVA fêtait son 20ème anniversaire.
En effet le projet de reprise d'une partie de la ligne Arques—Lumbres remonte à
1988, époque à laquelle germe l'idée d'une exploitation touristique de lignes
SNCF peu rentables reprises par des associations de bénévoles. Il est évident
que cette belle Vallée de l'Aa offre pour le visiteur un site touristique
intéressant et la parcourir dans un train ancien devient une activité à la
mode en cette fin de XXème Siècle.
Toujours est-il qu'un projet d'exploitation est ouvert et aboutit dix ans plus
tard à la circulation d'une rame touristique sur cette portion de voie
entre Arques et Lumbres.
La jeune association de bénévoles se donne pour objectif la sauvegarde et la restauration de matériel
roulant historique, la sauvegarde du patrimoine ferroviaire (gares bâtiments et
ouvrages) et circulations touristiques sur l'ancienne ligne Saint-Omer Boulogne sur mer
(via Desvres) entre les gares d'Arques et de Lumbres, soit une distance de 15
Km.
C'est dans ce cadre festif que notre association a été sollicitée pour participer à cette manifestation et représenter la voie de 60 sur une voie de 140 m. dans l'ancienne cour de marchandises de la gare d'Arques, siège social du CFTVA.
Le CFC en route vers le CFTVA
Après les contacts pris, les dates retenues, l'équipage formé, la mise en œuvre
commence le mercredi 11 avril avec le chargement de la 030T-19 O&K et
les trois petites baladeuses du " Père Noël " dont la
capacité est certes limitée mais facilement transportables.
C'est un camion belge de la Société Dick Frères qui est venu chercher le matériel sorti et préparé tôt le matin en vue de son chargement et acheminement vers le Pas-de-Calais.
À notre arrivée vendredi vers 16h30 à la gare d'Arques, l'ambiance était au rendez-vous avec moult manœuvres, mise en place, refoulement, attelage, etc.
Les locomotives invitées
Nous
profitons du spectacle pour approcher les divers matériels et les voir de
près.
Sans hésitation, la machine vers laquelle je me dirige en premier est cette
petite machine industrielle venue du Centre de la vapeur de Maldegem nommée
"Yvonne". Construite en 1893 par Saint-Léonard (Liège). Cette petite locomotive
020T n°947 a été utilisée dans l'industrie locale des charbonnages belges
puis récupérée par un ferrailleur. Elle passe de main en main avant de
rester au Stoomcentrum, où un membre de l'association envisage sérieusement de
la restaurer.
Son poids est de 15 tonnes et sa chaudière timbrée à 10 Kg/cm2.
Incontestablement cette machine a eu un franc succès auprès des visiteurs qui
ont pu lors des animations en gare de Lumbres monter à bord pour une
aller-retour sur les voies de débord.
C'est la plus ancienne locomotive à vapeur de Belgique superbement restaurée
et représentative de la traction industrielle au même titre que les petites
Cockrill de Seraing
À
coté de nous stationnait la "Marc Seguin" de l'ARPPI et c'est
avec plaisir que je retrouvais Jean-Marie Auvray avec qui nous avons partagé
des moments sympathiques lors de notre prestation sur le Ffestiniog
Railway en 1995.
Et les souvenirs et amis communs (Michel Dubuis, Guy Pérève) sont remontés
instantanément dans nos esprits.
Un
peu plus loin sur les voies principales, la 030T Henschel & Sohn n°11128 de
1912 du "Train des Mouettes" faisait des aller-retour.
Affectée aux trains de voyageurs entre Arques et Lumbres elle tirait vaillamment
ses voitures UIC et de la banlieue Est sur les 15 kilomètres de ligne
exploitée.
Cette machine, anciennement propriété de la Société Japy (les machines à
écrire) dans le Doubs jusqu'en 1966, à l'exception d'une courte confiscation
par l'Allemagne pendant le dernière guerre, a fini sa carrière chez un ferrailleur
où elle fut acquise par un collectionneur avant d'arriver dans l'association
Train & Traction en 2008.
En 2015, sur le Train des Mouettes, elle reprit du service. Elle classée MH.
Et la nôtre ?
Notre
brave O&K était en tête de la courte rame, posée sur une voie prêtée
par le Chemin de fer de la Baie de Somme.
Nous commençâmes à la préparer pour le lendemain avant l'allumage, puis
après avoir repérer l'hôtel où nous allions passer trois nuitées, nous
sommes partis à la recherche d'un restaurant en ville.
Samedi 14 avril
Lever 6 heures, allumage à 7 heures après un bon petit déjeuner et
en route pour la gare.
Un cheminot, c'est comme un marin il faut qu'il soit propre (alors là ce n'est
pas toujours le cas) et le ventre plein.
François pose fièrement devant sa machine qui commence à libérer quelques
volutes de fumée.
Pendant que monte la pression nous agrafons le calicot du CFC en queue du train,
l'endroit le plus visible pour le public.
Pendant
ce temps les autres machines se préparent aussi. Plein d'eau, chargement du
charbon, graissage, visite visuelle des pièces en mouvement.
Les premières fumées ne tardent pas à sortir des cheminées.
10
heures le premier train s'ébranle avec un passager (en cabine). Nous testons la
voie posée dans la cour de la gare marchandises. Ça brinquebale pas mal, mais
ça tourne rond.
Nous collons des affiches du CFC sur les soutes à charbon. Ici le CFC n'est pas
très connu, même pas du tout. alors un peu de pub même si les visiteurs ne
viendront pas nous voir dans la région parisienne, c'est toujours ça.
Vers 11 heures, une équipe de relevage de la SNCF vient faire
une démonstration de "relevage suite à déraillement".
La simulation met en œuvre un vieux wagon (comprenez woagon) à essieux.
Tout d'abord l'équipe prépare le chantier en sortant d'une remorque routière
aménagée tout le matériel, cales, vérins de 40 t (il y en a de plus puissants
pour les locomotives), plaques métalliques de ripage, compresseur, etc.
Ils disposent ensuite le matériel approprié sous le châssis du wagon et
commencent à le soulever avant le ripage. L'opération se passe en silence avec
une précision et une maîtrise exemplaire. L'essieu se soulève doucement, les
boudins sortent des rails et le ripage commence latéralement.
Le chef donne des explications au public attroupé devant cette démonstration
rarement visible.
C'est l'équipe de relevage de l’établissement industriel de maintenance du
matériel de Tergnier (atelier wagons) qui fait l'exercice.
Ça
y est, c'est parti, le public commence à arriver plus abondamment et les
rotations de font en continu.
Mais la vedette de la fête, elle est à droite.
Il s'agit de la 150 Ty2 6690 – Locomotive à vapeur Allemande série 52
arrivée en 2016 au CFTVA.
Au départ d'Arques, la plus petite et la plus grosse. Tire, mais pas trop vite ou pousse mais pas trop fort.
Midi nous prenons la pause déjeuner sous le barnum.
L'après-midi,
Jean Baptiste M. nous rejoints pour prêter la main ce qui nous permet de
profiter un peu de la fête (nous devons toujours être deux sur le train. Et ce
sont des inlassables aller-retour en parallèle avec la Marc Seguin
jusqu'au soir.
Nous avons transporté 408 voyageurs et parcouru 10,9 Km.
À
la tombée de la nuit un spectacle son et lumière est donné mettant en scène
les principales machines de la fête. Et nous ne sommes pas en reste bien que la
mèche de la lanterne de gauche se soit coincée dans le bec.
Mais que fait le lampiste ?
Bien que la pluie ait fait son apparition, elle n'endommagea le spectacle.
Dimanche 15 avril
La chaudière allumée la veille nous autorise à une heure supplémentaire de
repos. Lorsque nous rejoignons la gare à 8 h. tout est tranquille, seules
quelques équipes s'affairent.
La pluie de la nuit a mouillé les brindilles qui la veille nous avait servi à
démarrer l'allumage.
Profitant de l'accalmie matinale François reste à la machine pendant que
je visite l'exposition qui se tient dans la halle marchandises qui sert habituellement d'atelier avec tour, fraiseuse et autres machines-outils.
Sur
la loco, avec mon copain Jean-Marie Auvray.
L'après-midi Philippe M. est venu nous rendre visite.
La fête continue à Lumbres
J'ai
profité de la présence de Jean Baptiste pour prendre le train de 11 h;
en direction de Lumbres. Je rejoins la gare d'Arques construite en briques.
La gare est mise en service par la Compagnie des chemins de fer du Nord-Est, le
1er juin 1874 après l'inauguration officielle de la ligne le 25 mai
de la même année. Elle est inaugurée en septembre 1874.
Comme la ligne, la gare est fermée au service des voyageurs le 15 juillet 1959.
C'est
Yvonne et la Henschel qui vont tracter les deux voitures UIC jusqu'à
Lumbres.
La ligne suit le fleuve côtier de l'Aa qui se jette dans la mer à Greveline.
Entre les deux terminus il y a deux stations : Blendecques et Wizernes.
Autrefois
la voie était double jusqu'à Lumbres.
La gare de Blendecques à la belle époque. Depuis la création du CFTVA, elle abrite un petit musée du cheminot fort intéressant. Le train y a stationné quelques minutes. Il suffit de prendre le suivant pour continuer la balade.
La gare de Wizernes. Elle a été vendue et transformée en habitation.
La gare de Lumbres existe toujours, c'est le terminus de la ligne touristique. Aujourd'hui nombre de voies ont disparu mais le BV est bien vivant et transformé en office du tourisme.
Notre
train arrive 45 minutes après le départ d'Arques et arrêt à Blendecques.
Yvonne en tête doit se repositionner pour le retour précédent
la Henschel, ce qui occasionne quelques manœuvres appréciées du public.
Autour de la gare plusieurs animations sont présentées : un réseau en 5 pouces, et des stands d'association.
À partir de Lumbres en direction d'Hesdigneul un vélorail a été créé. La Trotti-Trail relie Lumlbres à l’ancienne gare de Nielles-lès-Bléquin soit 10 Km. de voie ferrée.
13 heures c'est la 150 Ty2 6690 qui vient d'arriver avec les
voitures de banlieue Est qui repartira en direction d'Arques.
La petite Yvonne en fera des aller-retour sur une voie de débord prenant
à son bord quelques passionnés, pendant que la Henschel se ravitaillera en eau
à une borne incendie.
De retour à Arques je reprendrai avec François le service de notre O&K
jusqu'au soir.
Nous avons parcouru 12,8 Km. et transporté 620 voyageurs.
Tout c'est terminer vers 19 heures avec la photo de groupe, après quoi un barbecue fut donné pour les derniers participants présents.
Notre petit chemin de fer éphémère a parcouru 24 Km. sur les 140 m de voie posée et transporté 1028 voyageurs.
Demain nous reprenons la route pour la région parisienne et le matériel ne sera chargé que mardi matin pour arriver au CFC vers 21 heures. Nous allumons les lampes du gril, le camion de la société Dick se positionne et le grutage commence. Quand la manutention sera finie, il ne nous restera plus qu'à ranger le matériel et rentrer chez nous.
Les lignes autour d'Arques
La Commune d'Arques se situe sur l'artère Lille—Boulogne par St Omer à
quelques kilomètres au sud-Est de St Omer où la ligne se détache de l'artère
principale Paris—Calais.
Arques la gare
La gare d'Arques se situe sur les ligne de Saint-Omer à Hesdigneul et d'Armentières à
Arques.
La gare de bifurcation d'Arques est située au point kilométrique (PK) 66,996 de la ligne de Saint-Omer à
Hesdigneul, entre les gares de Saint-Omer et de Blendecques, et l'aboutissement au PK 75,590 de la ligne d'Armentières à Arques (partiellement déclassée).
La ligne de Saint-Omer à Hesdigneul est aujourd'hui à voie unique. Elle relie la gare de Saint-Omer, sur la ligne de Lille aux Fontinettes, à la gare d'Hesdigneul, sur la ligne de Longueau à Boulogne-Ville.
La section de ligne d'Arques à Lumbres est utilisée pour un trafic marchandises
(ciment) entre Arques et Lumbres terminus actuel de la ligne.
Avant que le trafic voyageurs ne cesse, la ligne permettait des relations entre Saint-Omer et
Boulogne-Ville.
La ligne à voie unique, d'Armentières à Arques est uniquement utilisée par le fret. La construction de cette ligne est entreprise par la Compagnie des chemins de fer du Nord-Est en 1875.
La gare de Lumbres est mise en service en 1874 par la Compagnie des chemins de fer du Nord-Est. C'est une gare marchandises
dont le trafic est aujourd'hui utilisé par une cimenterie.
Son ancien bâtiment voyageur est devenu l'office du tourisme de la commune, est desservi en saison par le Chemin de fer touristique de la vallée de l'Aa.
Elle est située au point kilométrique au PK 81,29 de la ligne de Saint-Omer à Hesdigneul
et au point kilométrique (PK) 44 de la ligne de chemin de fer secondaire à voie métrique d'Anvin à Calais, ouverte en 1882 et fermée le 28 octobre 1955.
Vue
générale du quartier de la gare, en direction d'Hesdigneul.
Au premier plan, on distingue la courbe de la voie métrique en direction d'Anvin
et au fond l'imposant dépôt des VFIL et les cheminée de la cimenterie La
Dresvoise.
Trains en direction de St Omer (à droite) et d'Hesdigneul (à gauche) stationnent en gare de Lumbres.
Le
BV vu de la place de la gare et vu des voies.
Au premier plan le voie métrique de la ligne Calais—Anvin.
Le
bâtiment voyageurs et la petite vitesse à gauche.
Noter à gauche un wagon couvert à VM qui stationne sur la voie de la ligne
Calais—Anvin.
Plus
récemment cette carte postale avec un Picasso X3817 du CFTVA. Vue en direction
d'Arques.
La marquise sur quai a disparu, la petite vitesse et les citernes également.
La voie métrique à Lumbres
En 1880,
la station est élargie pour le raccordement de la ligne à voie métrique d'Anvin à
Calais dont elle était le centre d'exploitation (Voies Ferrées d'Intérêt Local)
et où se trouvait le dépôt.
Train de la ligne d'Anvin à Calais stationne en gare de Lumbres en direction d'Anvin.
L'autorail VM de la ligne d'Anvin à Calais, peut-être le C.G.L. 11 ?
Un train quitte la gare de Lumbres.
La cimenterie la Desvroise
Construite
en 1884 et mise en service en 1888 par la société Goidin et Cie (MM
Goidin et V. et F. Friscourt), sur un terrain de 7 hectares, pour exploiter le
calcaire argileux qui est concassé et cuit sur place, cette cimenterie est
devenue société anonyme des ciments Portland de Lumbres, et rachetée par la
société Fourmaintraux, Courquin et Cie.
Elle est rachetée en 1913 par la société anonyme de la Desvroise qui la
modernise et la remet en route en 1914. Des travaux d'agrandissements sont
apportés après la Première Guerre mondiale.
En 1959, elle est rachetée par les Ciments d'Origny qui la rénove. Cette
entreprise, a son siège est à Biache-Saint-Vaast (62), elle exploite 8
usines dont 3 dans la région.
En
1984 la cimenterie se place au 4ème rang des cimentiers français ;
à cette date elle emploie 140 personnes et produit 200000 tonnes de ciment par
an.
En 1901 la production s'élevait à 6000 tonnes par mois. Vers 1920 elle atteint
les 130000 tonnes de ciment par an. En 1916 elle figure sur la liste des établissements
travaillant pour la défense nationale.
Actuellement la cimenterie est toujours en activité. Sur la photo, les wagons
que la 150 Ty2 6690 avait amenés la veille de la fête depuis Vaires,
Somain, St Omer.
* * *
Rappelons que le Département du Pas-de-Calais était fort bien desservi par les chemins de fer en général. Hormis la Compagnie du Nord, il y avait des compagnies départementale (CEN) ou privées comme l'Anvin-Calais (AC), la Compagnie des chemins de fer d'Aire à Fruges et de Rimeux Gournay à Berck (AFRB), la Compagnie des voies ferrées d'intérêt local (C.G.L.), la Société des Tramways du Boulonnais (STB) , la TEB , la Compagnie du Tramway d'Étaples à Paris-Plage (EP), la Compagnie du chemin de fer de Berck-Plage à Paris-Plage (BP), etc.
Sources et sites :
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