Le carnet du CFC
Un chemin de fer en forêt de Retz
MAD
Il ne s'agit pas ici d'un article mais d'une simple fiche de lecture d'un manuscrit rare dont l'intérêt mérite d'être partagé. C'est tout le dessein de ces modestes lignes : faire connaître et partager.
Située
dans le Département de l'Aisne, la forêt domaniale de Retz forme au nord-Est
de Paris un vaste croissant à une distance un peu moindre de 100 kilomètres.
Au centre de cette forêt de 13 000 ha, le bourg de Villers-Cotterêts s'est
dédié en partie à l'activité forestière avec l'exploitation des faux
(hêtraies) dont les bois de tout temps ont été acheminés vers la capitale.
Connue depuis les Gaulois, déjà exploitée sous l'empire romain, cette Forêt
est naturellement devenue royale au cours des siècles et sous Henri II la
canalisation de la rivière Ourcq est déjà prescrite pour entreprendre le
flottage des bois vers la capitale.
Réglementée par l’Ordonnance des Eaux et Forêts de Colbert, elle est
considérée comme la forêt « la plus noble et la mieux plantée du royaume
».
Elle devient domaniale sous la Révolution, en 1848, elle revient à l’État,
après la chute de la monarchie.
C'est en 1839, le 1er mai, que ce chemin de fer industriel fut mis
en service pour acheminer vers la rivière d'Ourcq les grumes de la forêt de
Retz et autres produits de la région de Villers-Cotterêts en vue de leur
transport par flottage vers la capitale. Une souscription de 600 000 Fr. est
aussitôt lancée pour commencer les travaux.
Les frais annuels d'exploitation s'élevaient à 25 00 Fr. pour un bénéfice
estimé à 56 025 Fr. Ils se décomposaient en un receveur : 1200 Fr., deux
conducteurs : 2000 Fr., un concierge, trois manœuvres, à 600 chacun
Ce chemin de fer qui ne comportait pas de locomotives fut créé par
Charles-Esprit François Charpentier (1810-1879), comte Charles Charpentier du
Bayet, originaire d'Oigny-en-Valois.
"Le canal de l’Ourcq, créé pour transporter avec économie les productions importantes du département de l’Aisne, n’a pu jusqu’à ce jour remplir qu'une faible partie des conditions qui lui sont imposées, inachevé qu’il est à son extrémité (le Port-aux-Perches) ... il devenait indispensable de faire aboutir cette voie de communication, déjà si avantageuse, à un centre de population assez considérable pour servir d’entrepôt à une grande partie du commerce du Nord. Villers-Cotterêts, marché de blé important, traversé par la route royale qui réunit Soissons, Reims, Laon, Mézières, Charleville, Sedan, etc... etc... avec Paris, était dans les conditions désirables. Les localités environnantes, seules, présentaient une source inépuisable de produits de tout genre : Grains de toute espèce, blés, avoines, bois, charbons (de bois), pierre dure, pierre tendre, moellons, briques, tuiles, pavés, poteries, chaux, tourbe, tous de première nécessité, mais d’un poids considérable, et dont l’envoi était rendu presque impossible par les prix énormes exigés par le transport aux abords du canal..."
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C'est Louis - Philippe, qui par ordonnance royale du 6 juin 1836, autorisa la
construction du chemin de fer et la création d'un port sur la rive droite
de la rivière Ourcq.
La Société du Chemin de Fer de Villers-Cotterêts au Port-aux-Perches
est enregistrée le 1er Décembre 1838 avec la participation de la
Compagnie du Canal de l’Ourcq.
Ce chemin de fer était mu par la force qu'exerce la gravité et celle des chevaux sans traction mécanique. La ligne construite entre Villers-Cotterêts, et Port-aux-Perches avait une longueur de 8 Km et 591 mètres passant par Oigny, Dampleux, Faverolles à travers la forêt jusqu'à Port-aux-Perches situé entre Silly-la-Poterie et Troësne.
La ligne comportait trois parties :
L'exploitation fonctionne avec vingt wagons et trois chevaux.
Sur cette carte d'époque ont été reportées les
indications
fournies par M. Prosper Piet,
directeur du chemin de fer,
dans sa description du 24 juillet 1854.
Dans une lettre de la même date, Prosper Piet, directeur du chemin de fer en fait la description :
Cette technique du plan incliné automoteur est une transposition au monde ferroviaire d’une technique employée, à l’époque, sur les canaux.
Malheureusement les dépenses d'investissement de ce chemin de fer ne furent jamais honorées par les recettes correspondantes et le comte ruiné dut s'exiler en Italie pour éviter les poursuites judiciaires.
Dans son livre "Un serment mal gardé" publié en 1853, l'Abbé Chollet, curé doyen de Villers-Cotterêts conte un incident dont il aurait été témoin.
Le chemin de fer fut cédé, par adjudication, à M. Bertrand le 22 Juin 1842 puis revendu à la Compagnie du Nord pour 234 000 Fr. le 21 Juin 1857.
Sur cette carte postale du début du XXème S. on distingue la pont de la ligne Villers-Cotterêt
s—Troësne (sur le pont) et au fond, l'ancienne maison de service du chemin de fer de Port-aux-Perches.
Source : Extrait du livre : Le dernier train pour Port-aux-Perches – Y. TARDIEU - Octobre 1991- Réédition Juillet 2011 |