Le carnet du CFC

Le locotracteur Pétolat du Petit Train de la Sainte Victoire

MAD

Le locotracteur Pétolat du PTSV a été construit en 1929 par l'usine Boilot-Pétolat1 Père & Fils de Dijon.
Lorsque je suis arrivé au PTSV cet été Louis avait commencé le démontage du locotracteur suite à la rencontre fructueuse avec des membres de l'APEMVE qui sont venus aux journées Portes-Ouvertes  du CFC en mai 2017.
Il se trouve que les deux associations possèdent ce type de locotracteur (modèle un peu différent) mais de même type et que les uns ont émulé les autres pour entreprendre en profondeur la restauration du loco n°3 du PTSV.
Aussitôt j'ai fait équipe avec Louis pour continuer ce qu'il avait entrepris parce que ce petit locotracteur m'a toujours paru sympathique par sa rusticité et le bon sens de sa construction. Par ailleurs il faut noter qu'il ne reste plus  beaucoup de locotracteurs de cette marque en France (moins d'une dizaine) et que sa rareté en fait un sujet intriguant pour la recherche d'information.
Donc lorsque j'ai rejoint le chantier, le bloc moteur-boîte de vitesse Austro Daimler était désolidarisé du châssis et la chaîne reliant la boîte à l'essieu arrière déposée.
Nous avons continué le démontage des roulements du moteur puis entrepris celui de la boîte pour aboutir à la fonderie du bloc mise à nue. 
Une fois fait, c'est à la spatule puis au karcher que cette fonderie a été nettoyée et dégraissée.

 

carnet2_02.jpg (58990 octets) La plaque en fonte a été cassée à cause de la rouille accumulée entre elle et le châssis.
La re-souder ne posera pas de problème. D'ailleurs, c'est déjà fait.
Démontage des pignons, fourchette, clavettes et autres accessoires en prenant bien soin de photographier en prévision du remontage.
Démontage des roulements de l'axe de la boîte de vitesse et photographie de la structure pour le remontage.
La fonderie du bloc moteur-boîte de vitesse est à nue. Elle est bien moins lourde et se manipule aisément.
Ici elle est sur un diable pour son remisage dans la halle.
Ensuite nous acheminons le châssis et la caisse sur le quai pour dé-souder la caisse qui a été remplacée, à une date inconnue, par la carrière qui l'utilisait.
En effet la caisse à lest était à l'origine en bois, alors ce celle-ci est en fer et soudée.
C'est le Berry n°11 qui se charge du déplacement.
Ça y est Louis et Jean ont meulé les soudures et désolidarisé la caisse dont le fond est bien oxydé. 
Il ne reste plus que deux longerons qui la sur-élevent d'une dizaine de centimètres par rapport au châssis.
Maintenant le châssis est à nu, l'équipe : Louis Christian et Jean (qui vient de rejoindre le PTSV) posent pour la photo souvenir. 
Nous rentrons le châssis du Pétolat sur la voie de garage pour la prochaine séance de travail. 
Aujourd'hui, il s'agit de sortir les essieux, c'est pour cela que nous avons installé la chèvre pour pouvoir le lever et le coucher.
Mais c'était sans compter un déraillement bien antérieur qui a tordu les deux coulisseaux arrière gauche, empêchant l'extraction de la boîte gauche de l'essieu arrière.

Nous avons commencé par déposer la chaîne de transmission de l'essieu arrière à l'essieu avant et avons couché le châssis sur le côté pour avoir accès aux coulisseaux afin de les redresser, ce qui aurait été facile avec un bon chalumeau mais il n'y en avait pas.
De plus la roue nous empêchait un accès franc aux coulisseaux. Louis a été chercher un étau de charpentier et c'est en faisant levier à plusieurs reprises que nous avons pu redresser la pièce tordue.
Nous en avons profité pour réaligner les autres coulisseaux. 
Une fois les boîtes et les essieux tombés nous avons rangé le tout dans l'atelier dédié à cette restauration et positionné le châssis du Pétolat sur un wagonnet... Pétolat bien entendu.
Il s'avère qu'au terme de ces deux journées, certaines pièces sont à remplacer ou à ré-usiner comme par exemple l'ensemble des roulements qui sont bien usés. Il faudrait aussi recharger les roues, les re-tourner et changer le pignon de boîte. Le pignon de l'essieu moteur (rapport 1/3) est lui en état acceptable.

carnet2_17.jpg (64430 octets)Aujourd'hui, nous avons sorti les essieux en vue de les nettoyer et de démonter le pignon moteur (28 dents). Cela nous a posé une difficulté non négligeable à cause de l'agglomération de ciment mêlé à la graisse, à la poussière et durci par le temps. C'est après avoir démonté les deux demi-couronnes (dont une clavetée sur l'axe) que nous avons brossé énergiquement l'ensemble de l'essieu. Les roues "en poulie" ont besoin d'un bon rechargement suivi d'une rectification.
Pendant ce temps Christian a démonté les attelages qui sont en excellent état.

Autre séance de nettoyage des boîtes chargées en graisse protectrice et des ressorts de suspension dont deux sont cassés ne faisant plus leur travail.
Nous en avons profité pour démonter le pignon de transmission de l'essieu avant qui avait ripé sur l'axe à cause de l'usure avancé de la clavette.
Finalement seul le pignon de sortie de boîte est à remplacer.

 

 

Le Pétolat du PTSV
Le locotracteur a été acquis en 1982 par Noël Mailliary2 auprès d'un particulier qui l'utilisait dans son jardin et qui lui-même l'avait récupéré auprès d'une carrière à Cheval Blanc dans le Vaucluse.
Sur le PTSV il prend le numéro 33. C'est le premier locotracteur en voie de 60 qui circule en service voyageurs. Repeint aux couleurs de la Provence jaune et rouge il a été rapidement remis en service et c'est lui qui au début du PTSV assurait avec une courte rame de baladeuses le service touristique de la ligne.

 

Notes :

1L'usine Boilot-Pétolat est créée en 1884 à Dijon par Alfred Pétolat (1849-1916). l'entreprise possède deux sites de construction et fabrication. 
En 1914, le catalogue Pétolat-Dijon S.A. - Matériel pour entrepreneurs et industriels - Matériel pour chemin de fer et tramways présente divers matériels destinés à l'armée (obus, etc.).
L'usine est spécialisée dans les matériels de travaux publics et industriels et restera essentiellement dans le créneau de la voie étroite, 50, 60 et 70 cm.

2 Noël Malliary était le fondateur du Musée Provençal des Transports.

3 Le n° 1 est la locomotive Henschel de 1911 et le n° 2 le Berliet à cabestans tous le deux en VN.

Sources :

 

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