Visite aux Mécaniciens de Giverny 

 Marc André Dubout 

Giverny on pourrait croire : Oh ! oui, la maison de Monet, le musée des impressionnismes et on n'aurait pas tord, c'est mondialement connu d'ailleurs quand nous y sommes allés nous avons croisé des touristes asiatiques. Mais à Giverny, je connais aussi un autre centre d'intérêt, des artistes d'une autre nature qui m'émerveillent autant que le grand Claude. Il s'agit de Jean Pierre, Gilles et les autres. 
Des fleurs, il y en a dans le pré et en septembre, il y a aussi des moteurs et ce sont ces moteurs que nous sommes allés voir.
Notre rendez-vous était sans ambiguïté, au pied de la Cockerill des Aciers Créloi. Il nous fallait bien un point de ralliement reconnaissable, c'est fait personne ne s'est perdu. 



La Cokerill n°3076 de 1924 construite dans les ateliers de Seraing (cela va sans dire)
La chaudière verticale est une Field. Dans cette chaudière, les tubes sont disposés verticalement, ils sont suspendus à la plaque tubulaire et pendent dans le foyer. Le foyer est surmonté d'une cheminée dans l'axe de laquelle on suspend un bloc de terre réfractaire ou un tampon de fonte qui se place entre les tubes pendants, de façon à ce que les gaz de la combustion ne montent pas directement du foyer dans la cheminée, mais enveloppent les tubes. La calandre extérieure laisse entre elle et la paroi verticale de la boîte à feu une lame d'eau qui concours à la vaporisation.
Le plan d'eau se trouve à une certaine distance de la plaque tubulaire, de sorte que la vapeur, qui se forme dans l'espace annulaire, des tubes Field, et se dégage au niveau de la plaque tubulaire, soit obligée de traverser l'eau pour gagner la chambre à vapeur.
La vapeur formée dans les tubes extérieurs est remplacée par l'eau qui descend dans les tubes directeurs intérieurs. Il se forme ainsi, à la tête des tubes, au niveau de la plaque tubulaire un remous pouvant entraver, jusqu'à un certain point, le dégagement de la vapeur.
John Cockerill ( 1790-1840), est un industriel britannique, émigré en 1797 en Belgique avec son père William Cockerill. Ce dernier y vint exploiter les premières machines à carder la laine de façon industrielle sur le continent européen, dans la région de Verviers.
En 1817, il achète avec son frère Charles James le Château de Seraing et développe la sidérurgie dans les environs de Liège.

Trait d'union entre les bateaux et les trains John Cockerill contribue largement au développement du chemin de fer en Belgique en fournissant, rails, wagons, locomotives, ponts et aussi des paquebots.

De là nous sommes aller dans un lieu où l'on n'entre pas tous les jours, dans l'atelier de nos artistes : la salle des machines de l'ancienne usine Singer, les machines à coudre, vous connaissez ?
Accueillis par un café et des croissants nos hôtes nous présenté un petit film sur l'histoire de cette belle salle qui abrite depuis le début du siècle deux magnifiques machines Farcot élégamment restaurées et fonctionnelles.
Il s'agit de deux machines, n° 2233 de 1902 et n° 2256 de 1907, sa jumelle symétrique, d'une puissance théorique de 250 chevaux chacune. Oh ce ne sont pas les plus grosses, mais quand même, elles sont imposantes. Les quatre chaudières de 125 m3 timbrées à 10 bars, quant à elles, ont disparu, c'était des Babock et Wilcox de la même époque.

La société américaine Babcock & Wilcox, créée en 1867, est spécialisée dans la construction de chaudières industrielles. Après avoir créé sa première filiale française, en 1881, à Clichy-la-Garenne, l'entreprise augmente sa capacité de production et déménage alors ses ateliers, en 1898, dans les bâtiments de la Société des fonderies et ateliers, à La Courneuve.

 

La 2256 de 1907

 

asso2_14.jpg (59186 octets) et la 2233 de 1902 avant sa restauration. On voit la différence et on mesure le travail accompli.
et la voilà maintenant et elle tourne à l'air comprimé. Ce sont les tuyauteries de 250 mm. de diamètre qui servent de réservoir d'air.
asso2_08.jpg (59062 octets) Chacune d'elle entraînait un alternateur
asso2_07.jpg (65159 octets) pour produire du courant dont voici le tableau en marbre.
Gros plan sur le volant monté en deux parties. Certaines machines dont celle de Tourly avait une courroie en poil de chameau. Son poids ? Une tonne.
Cette petite machine, c'est un modèle réduit qu'Eugène Farcot faisait fonctionner à la vapeur (la chaudière a disparu). Elle servait de machine de démonstration pour expliquer aux clients. Elle a été retrouvée en Hollande ou Belgique.
Et voilà la raison d'être de cette machine : la distribution Corliss par clenches asservies au mécanisme. C'est Eugène Farcot qui a introduit ce type de distribution en France.
Vue générale de la salle des machines avec la collection de machines à coudre Singer bien évidemment.

Avant le repas l'apéritif nous a été offert au Musée de la Mécanique Naturelle, entre les moteurs. C'est après avoir déjeuner, non pas à la table de Monet mais dans le restaurant où lui-même  s'attablait un siècle plus tôt que nous avons visiter le musée Jean Pierre et Gilles nous ont commenté les moteurs, leur fonctionnement mais aussi leur histoire celui-ci vient d'une chocolaterie, celui-là d'une boulangerie pour pétrir la pâte, etc. Ainsi, nous avons revu la machine à scier de Douville à Villeneuve-la-Garenne qui souvent nous rendait visite au chemin de fer. D'ailleurs pour y être allé plusieurs fois, je me souviens d'une voie de 60 et d'un wagonnet qu'il utilisait pour amener les billes de la rue à l'atelier. Aujourd'hui la scierie été rasée, il y a de beaux immeubles, bien rangés.

Et l'après-midi a passé bien vite, on avait oublié la pluie. Avant de partir un RM a été mis en marche par Christian, nous étions tous autour comme des gamins devant une friandise. 

Amis lecteurs si début septembre, quand les feuilles commencent à rougir, si vous passez par Giverny pensez à vous arrêter quelques heures à cette belle manifestation qui sent bon l'ancien temps : 

Le Moteur est dans le pré 

Le temps ralenti son rythme et se cale à celui des moteurs qui tournent dans tous les sens, lançant des pétales de fumée vers les étoiles.

 

Sur les machines Farcot et l'ingénieur

 

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