Le carnet du CFC

Baguenaude sur les lignes Étampes—Auneau et Auneau—Chartres (EssonneEure-et-Loir)

MAD


Le tracé de la ligne en détail d'Étampes à Chartres.

ÉtampesAuneau 32,8 Km
Cette ligne classée dans le plan Freycinet de juillet 1879 avait pour objectif de relier Auneau à Melun par Étampes et mettre les trois réseaux État
, P.O. et P.L.M. en relation au sud de la capitale. Seule la section Étampes—Auneau a été réalisée.
Les travaux
avaient été approuvés par le ministère des Travaux Publics le 12 décembre 1887. 
Les caractéristiques principales de la ligne sont:

Les travaux sont prévus pour une seule voie mais les terrains sont acquis en prévision d'une seconde voie.
Au début de l'exploitation il y avait trois mouvements quotidiens : mixtes ou omnibus et la vitesse était de 50 km/h. Le trajet durait 55 minutes. À noter que dans les gares "à service restreint", ce sont des femmes qui délivrent les billets et enregistrent les bagages.

L'horaire du Chaix de 1936
La traction était assurée par des machines du dépôt d'Étampes : 

Locomotive 141T, ex série 5616-5661
Voiture de deuxième classe à quatre compartiments, deux guérites, draps bleus avec guipures, éclairage à l'huile, chauffage par bouillottes, puis par la vapeur de la machine.

Le trafic marchandises était essentiellement fourni par des produits agricoles, des céréales, betteraves, engrais, etc.
Toutes les gares n'avaient qu'une seule voie de passage avec une voie de garage et une voie transversale reliée par une plaque tourna
nte. Seule la gare de St Escobille possédait une voie d'évitement.
En 1918 la ligne voit passer des trains de ravitaillement militaires et des locomotives Baldwin 230 série 1771-1780.
À la nationalisation il n'y avait plus que deux trains quotidiens tractés par des 141 TB.
En 1939, c'est la fermeture du service voyageurs. Après la guerre, la section du milieu est neutralisée, les courtes branches sont parcourues par des locotracteurs diesel eux mêmes supprimés en 1969. 
La ligne est déclassée en 1972 et la voie a été déposée entre 1973 et 1977 puis vendue par parties.

Étampes (Seine-et-Oise)
La ligne quitte la gare d'Étampes par le sud et se détache du groupe d'Orléans en obliquant vers l'ouest en suivant la vallée de la Chalouette par une rampe de 7 à 9 %o.

En 1904, la gare d'Étampes construite au pied du château.
La gare côté voies avec le château à gauche.
À droite, un train vient de quitter la marquise de la gare et se dirige vers Orléans.
À peu de chose près, en 1904,  la même vue avec un train de marchandises pour Pithiviers ou Auneau.
Le pont de Chauffour p^rès de la bifurcation en direction d'Auneau.
Carte postale. Collection Lévy & Fils (LL) de 1913.
Peu après la bifurcation de la ligne vers Auneau, le doublement de la ligne Paris—Orléans a impliqué la construction de tabliers rajoutés de part et d'autre du pont primitif. 
Il faut passer sous ce pont de Chauffour pour rejoindre la vallée de la Chalouette.

St Hilaire-Chalo
L'ancienne plate-forme a été transformée en piste cyclable jusqu'à St Hilaire soit environ 7 km.

Vue en direction de St Hilaire-Chalo.
Train en direction d'Étampes. 
Noter la voie de garage, la plaque tournante en bout du bâtiment de la petite vitesse et qui dessert la voie perpendiculaire.
Chaque gare était également équipée d'une bascule et d'un gabarit.
La gare typique de St Hilaire-Chalo avec son bâtiment de la petite vitesse accolé au B.V. desservi par la voie de garage, la voie principale étant plus éloignée des bâtiments.
Vue en direction d'Auneau.
L'intérieur de la gare a gardé tout son charme d'époque, sauf que le guichet ne délivre plus de billets, que le poêle est éteint et que la salle des pas perdus reste éperdument déserte.
Dommage que le bâtiment moderne qui lui a été adjoint rompt cette note de charme (voir photo précédente).

La ligne continue en rampe de 10 %o pour accéder au plateau beauceron non sans traverser un petit pont. Elle quitte la vallée de la Chalouette et remonte vers le village de Boutervilliers qu'elle évite par le sud.
Sur la gare St Hilaire-Chalo

Le P.N. du CG82 passablement transformé avec ses deux chiens-assis.

Plessis-St Benoit
La ligne passe à 1,5 km au sud de cette petite localité où la maisonnette de garde-barrières ser
vait d'arrêt.

St Escobille
Un embranchement particulier desservait un dépôt de gadoue, aujourd'hui occupé par une usine de production de terreau.
La ligne quitte la Seine-et-Oi
se pour entrer dans l'Eure-et-Loir et traverse la Beauce.

La gare de St Escobille, la seule a avoir connu une voie d'évitement séparée de la voie impaire par un quai.
La gare de St Escobille côté place.
C'est aujourd'hui une maison d'habitation. La halle marchandises est utilisée par une entreprise privée.
Puis la voie continue à travers champs. La plate-forme a été réinvestie par une haie d'aubépines.

Sainville
Par un long alignement la voie atteint le village de Sainville au sud duquel, la gare est dans le périmètre de la ville bordée de silos.

La gare de Sainville. À droite direction Étampes, à gauche direction Auneau.
Noter la cloche, la grue et le gabarit.
Une vue aérienne dans les années cinquante qui montre l'environnement de silos qui sont encore présents aujourd'hui. En revanche la halle à marchandises et le bâtiment qui lui est adjoint ont disparu.
Le B.V. entouré des silos encore en activité... mais pour la route.

La voie continue vers l'ouest vers Aunainville.

 

Autre détail (pour les vaporistes), il faut visiter le musée Farcot à Sainville.

Maisons
Simple arrêt au croisement avec le CG24.

Aunainville-Denonville

La gare n'a pas changé.
Elle est à vendre "dans son jus".

Auneau
Il y avait deux gares à Auneau :

  • Une sur la ligne Paris-Austerlitz—Tours via  Dourdan - Voves - Châteaudun et Vendôme appelée Auneau-Orléans ou Auneau-Embranchement ou encore Aunay-sous-Auneau. Aujourd'hui elle s'appelle tout simplement Auneau.
  • Une autre édifiée ultérieurement lors de la construction de la rocade Chartres—Étampes appelée Auneau-ville.

Auneau-Orléans
Aujourd'hui Auneau. Cette gare est toujours en activité.

Vue vers le sud, en direction d'Étampes et de Tours. Voies de la ligne d'Étampes—Chartres. À gauche celle de Paris—Tours.
Vue du P.N. au nord de la gare. À comparer avec le cliché précédent. À droite la ligne vers Auneau-ville Chartres et Gallardon aujourd'hui simple embranchement particulier desservant une petite zone industrielle. Au premier plan la voie de Paris-AusterlitzVendôme. À gauche, les voies de la gare marchandises.
Vue en direction nord. Voies de la ligne Paris—Tours. À gauche celle de d'Étampes—Chartres.
La bifurcation se trouve au delà de la gare après le P.N.
La gare aujourd'hui. Elle est un peu à l'écart de la ville.
Le B.V a été repeint. 
La gare voit passer 7 trains quotidiens
dans chaque sens (Paris Austerlitz et Vendôme avec correspondance vers Tours) assurés par des X 72000 et 73500.
La bifurcation est juste après le P.N. À gauche la voie vers Auneau-Ville et Chartres, à droite, la voie vers Paris-Austerlitz. 
La gare d'Auneau-Orléans vue d'Aunay (est) avec à gauche la halle marchandises.
Vue vers le sud, juste avant le P.N. Le bâtiment à gauche de la citerne a disparu.

L'endroit où était établie la bifurcation vers Étampes aujourd'hui disparue. Plus rien n'est visible d'autant que la nouvelle ligne TGV Paris—Tours traverse à cet endroit un garage pour les trains de ballast. Au fond la gare d'Auneau-Orléans.

La gare vue côté place. C'était un jour de grève, les voitures ont du prendre la route.

Auneau-Ville
Cette gare construite en 1877, année de la jonction du réseau de l'État avec le P.O. 
La gare d'Auneau ville est en relation avec trois réseaux : le P.O., l'État et l'Ouest. L'e
mbranchement vers Maintenon et Dreux
a été déposé en 1943 par l'autorité allemande.
Trois trains de/ou vers Chartres et 4 de/ou vers Dreux via Maintenon.

La gare d'Auneau-ville (Réseau de l'État) avec un train en direction de Chartres ou de Dreux via Maintenon.
La halle à marchandises a disparu.
La cour de marchandises. Vue en direction de Chartres et/ou Dreux via Maintenon.

C'est un ferrailleur qui a investi cet endroit qui a perdu beaucoup de son charme.

Le B.V. côté place.
Et côté cour. Vue en direction de Chartres et/ou Dreux via Maintenon.
Après le PN du CG 7, la portion de voie est encore en place juste avant la bifurcation Chartres, Dreux via Maintenon.

 

Aunay-sous-Auneau
Bien que pas directement sur la ligne l'embranchement militaire d'Aunay-sous-Auneau mérite d'être évoqué. Il a été créé lors la guerre de 1914-1918 pour disposer, non loin de Paris, et à proximité d'une gare, d'un vaste terrain pour servir d'entrepôt de matériel et de centre d'entraînement militaire. Une surface de 33 hectares, longe la ligne de chemin de fer, face à la gare d'Auneau-Embranchement, du passage à niveau de Roinville jusqu'à la route d'Auneau.
Du côté gare, un embranchement particulier fut créé ainsi qu'un réseau de voies ferrées sillonnant les 30 hectares du Camp. En bordure de ces lignes, des hangars ont été montés pour abriter le matériel, à l'époque presque exclusivement de terrassement du Génie. 
En 1940, la Wehrmacht occupe le site. Les allemands améliorent encore les installations. En 1944, l'armée américaine investit la place abandonnée par la déroute allemande. 

 


AuneauChartres 21 Km

La première halte est celle de Roinville qui se trouve en pleine forêt à l'intersection de l'IC 30 à la sortie de Roinville en direction de Béville.

Roinville

Vue en direction d'Auneau.
On ne saura jamais si ce groupe d'enfants pose pour le photographe ou attend réellement le train.
Le même cliché un siècle plus tard. La forêt n'a pas changé, la route a été goudronnée et la voie, elle, a disparu. Une belle haie entoure le jardin.

La ligne quitte la forêt pour retrouver les paysages de la Beauce et atteint Béville-le-Comte.

Béville-le-Comte

Quelques P.N. ont subsisté. Certains ont été transformés en maison d'habitation, d'autres ont disparu sous les ronces.

La ligne arrive à la petite gare toute en hauteur (style État) de Béville-le-Comte.

Houville

Arrivé trop tard, le B.V. a disparu pour laisser place à une aire de jeux désertée par les enfants pour lesquels elle était destinée.

Vue en direction de Chartres.
À gauche la voie de passage, à droite la voie de garage toujours à proximité du B.V.
Il reste cependant l'allée qui menait à la gare.
On peut voir la gare sur le site de velorails28 (sept écrans plus bas).

Nogent-le-Phaye

Pas facile de trouver la gare de Nogent-le-Phaye car elle n'est pas en bordure de la route et en plus son chemin d'accès est maintenant impraticable voire invisible, alors il faut ruser. 

Ah ! si elle est là, bien cachée...
... bien vandalisée aussi.
Autant dire que tout ce qui a pu être volé l'a été. Huisseries, une partie de l'escalier, tuiles, etc.
Il faut dire qu'elle se tient loin du village et que sa fréquentation n'a pas du aider à la survivance de la ligne.
Et puis l'autocar a du y être pour quelque chose dans la suppression de cette voie ferrée beauceronne.

La ligne continue en direction de Chartres et croise à niveau le CG7 que suit le petit chemin de fer départemental de Sours à Chartres (voie métrique de Chartres à Angerville), voie métrique que notre ligne coupe comme le mentionne cette carte. 
Passant au droit de cette intersection j'ai été intrigué par le petit bosquet qui masque l'intersection de la voie normale avec la voie métrique alors je m'y suis engagé pour voir... et j'ai retrouvé assez facilement les culées de la VM qui contrairement à ce que laisse penser la carte était un passage supérieur, le gabarit de la double voie normale ayant été prévu.

Le Coudray
Au Coudray, la ligne rejoint l'artère Chartres
Orléans. Le Coudray est une halte non mentionnée dans le Chaix mais le quai existe encore comme le montre la photo.

Le quai est toujours présent. À droite la voie vers Auneau (aujourd'hui un embranchement particulier desservant un ferrailleur), tout droit la ligne vers Orléans via Patay.

Ensuite la voie contourne la capitale beauceronne par le sud et rentre au centre de la ville par l'ouest en se raccordant à la ligne de Dreux via St Sauveur.

Chartres
Le rail a atteint a ville de Chartres en 1849. Longtemps important carrefour ferroviaire, à la limite des compagnies des chemins de fer de l'Ouest, de l'État et de Paris à Orléans
. La gare est au centre d'une étoile à sept branches durant les années 1930 composée des lignes à destination de :

  • Paris via Rambouillet
  • Gallardon
  • Auneau
  • Orléans via Voves et Patay
  • Brou puis Château-du-Loir
  • Nogent-le-Rotrou puis le Mans
  • Dreux via St Sauveur
La gare en 1908.
Une autre vue avec le long de la rue Jehan de Beauce la voie métrique des Tramways d'Eure-et-Loir (E-L 1899-1937).
Côté voie. Manœuvre dans les années trente. Rien n'a bien changé depuis la guerre.
Noter l'importance des halles marchandises pour cette capitale beauceronne.
Au même endroit, un train de voyageurs vient de quitter la marquise et se dirige vers la province.
Vue prise du pont d'Orléans. La voie s'incline vers le nord. Il s'agit sans doute de la ligne de Dreux via St Sauveur.

 


Et pour finir, pourquoi ne pas lire le livre "D'Étampes à Auneau en chemin de fer" de Maxime Legrand et Émile Huet paru en septembre 1892 et d’abord publié dans le Postillon de Seine-et-Oise.
"Les voyageurs pour St-Hilaire, Ste-Escobille, Sainville, La-Chapelle-d’Aunainville, Auneau et la direction de Chartres en voiture! Traversez les voies s’il vous plait !".

Le tableau est esquissé, mais le buffet sur le quai de Paris, la vaste salle aux bagages ont disparu. La marquise déserte en ce jour de grève (12 oct. 2010) est bien froide presque inhumaine en tout cas pas chaleureuse.
Toujours est-il que ce 15 septembre 1893 les narrateurs montent sur la locomotive Poncelet-Est Ateliers d’Epernay n°371 et se laissent aller à un flamboyant récit pour ce parcours de 33 Km. Antiquités préhistoriques locales, citations des peintres locaux, grands connaisseurs de la région d'Étampes, le récit est, pour le lecteur, un véritable guide touristique. De plus pour les historiens des lignes de chemin de fer on y découvre la liste des acteurs de cette construction, ainsi qu'une bibliographie sur la ligne d'Auneau.
Pour ce qui concerne l'inauguration proprement dite (5 juin 1893), inauguration sans tambours ni trompettes, en tout cas côté Étampes, visiter le lien de la même source historique qui lui aussi propose une bibliographie exhaustive.

 

Le guide touristique de Karl Bædaker "Le nord-ouest de la France de la frontière belge à la Loire excepter Paris" de 1902 évoque également, mais succinctement cette ligne.

 

ÉtampesAuneau, une ligne rurale attachante qui n'aura pas connu son centenaire.

 

Sources

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