Baguenaude

"La ligne du Bord de l'eau" à "la Belle époque"

MAD

La ligne, surnommée affectueusement "ligne du Bord de l'eau", a été construite pour l'Exposition Universelle 1 de 1889 par la Compagnie de l'Ouest et ouverte le 1er mai au public. 
Déjà onze ans auparavant cette compagnie avait ouvert un embranchement temporaire 2 de la Petite Ceinture au Champ de Mars sur la rive gauche de la Seine.
Le succès des expositions universelles lancées par Napoléon III (en 1855) suite à celle de Londres en 1851 et inauguré par la Reine Victoria herself a concouru au développement du chemin de fer dans la région parisienne.
La desserte se fait de St Lazare à Champs de Mars par Puteaux et Issy-Plaine où la ligne se raccorde à celle de Versailles Rive Gauche. Elle sera prolongée à Invalides pour l'exposition de 1900. 
L'exploitation se fera à la vapeur jusqu'au 22 juillet 1928 date à laquelle le réseau de l'État 3 électrifie la ligne en 650 volts continu par troisième rail. En 1936 le service se limitera à Issy-Plaine et dès lors ne connaîtra pas un fort trafic mais survivra à la fermeture de la Petite Ceinture en 1934.
L'électrification amènera avec elle les "Standard" 4 qui seront exploitées jusqu'en 1983 soit un peu plus d'un demi siècle et qui resteront pour ceux qui ont grandi dans l'ouest parisien le train de banlieue d'après guerre.
En 1985, les Standard sont garés à la Folie et remplacés par des Z 5100 de Monpanasse transformés en série pour absorber le 750 volts du troisième rail. Enfin on sentait bien que cette petite ligne n'était pas le fer de lance de la SNCF et puis déjà en 1979 le mot "tramway" avait été lancé et le concept cheminait dans les esprits des décideurs.
En 1991, la volonté d'amélioration des transports en commun débouche sur une déclaration d'utilité publique et la construction d'un tramway, le T2, dont la mise en service était prévue pour 1996. Depuis la ligne ne désemplit pas : 80000 voyageur/jours. À regretter que le chemin de fer n'ait pas été conservé et modernisé. En tout cas la ligne de tramway semble déjà saturée.

La gare St Lazare
La gare Saint-Lazare, ancienne tête de ligne du réseau « Ouest-État », est l'une des six grandes gares terminus du réseau de la SNCF à Paris. La première gare édifiée en 1837  était l'embarcadère pour St Germain-en Laye. Depuis elle s'est spécialisée dans le trafic de banlieue, c'est la deuxième gare de Paris et de France par son trafic, environ 100 millions de voyageurs par an. Elle dessert également la Normandie.

"L'embarcadère de l'Ouest" en 1837. Cette gare provisoire sera remplacée par une seconde en 1841 puis par une troisième qui sera la définitive.
(Victor Hubert - Wikipedia)

 

La troisième gare est construite par l'architecte Alfred Armand et l'ingénieur Eugène Flachat
La gare actuelle avec au premier plan un attelage B+A.

Après avoir traversé la tranchée des Batignolles, le train arrive à la gare des Batignolles qui sera rebaptisée Pont Cardinet.

La gare des Batignolles. À gauche les voies de la ligne d'Auteuil, puis celles de St Cloud, Versailles Rive Droite, enfin celles d'Argenteuil en 1905.
La gare des Batignolles avec un train se dirigeant vers Paris St Lazare.
Vue extérieure de la gare des Batignolles au niveau de la rue Cardinet.
D'autres gares de la ligne seront construites sur un pont enjambant les voies.

La ligne continue vers le Nord-Ouest, traverse la Seine. Sur la rive gauche se trouve la gare de Clichy-Levallois.

Clichy-Levallois. Le B.V. (Bâtiment voyageur) est au rez-de-Seine, et perpendiculaire aux voies qui passent au  niveau du premier étage.
Clichy-Levallois côté voies. Les quais de la gare du groupe St Nom-la-Bretêche, Versailles. À droite l'usine à gaz qui était encore présente après la guerre.
Un omnibus pour St Lazare entre en gare.

La ligne continue et arrive à Asnières où le groupe St Nom-la-Bretêche, Versailles se détache ce celui d'Argenteuil et Mantes. 

Asnières, les ponts du chemin de fer et la rue de Courbevoie.
Au premier plan le groupe de Versailles et St Nom-la-Bretèche au second, celui du groupe Argenteuil, Mantes.
Asnières, le B.V. assez austère.
Côté voies, à gauche, le groupe St Nom-la-Bretêche, Versailles, au milieu celui d'Argenteuil, à droite celui de Mantes.

La ligne s'incline vers l'ouest pour atteindre la gare de Bécon-lès-Bruyères.

Bécon-lès-Bruyères, le B.V. situé côté groupe de St Germain
Les voies. À gauche le groupe de St Germain, à droite celui de St Nom-la-Bretêche, Versailles R.D. Au centre la gare de marchandises, avec pas loin sur la gauche le marchand de charbon qui livrait la houille au CFC dans les années 80.
Une autre vue du groupe St Nom-la-Bretêche, Versailles R.D. au temps des Standard.

À Courbevoie il y avait une halte temporaire pour les courses de lévriers. Elle desservait entre 1936 et 1951 le cynodrome de Courbevoie qui a été inauguré en 1935, puis fermé en 1951. Cette halte située au point kilométrique 6+600 comportait deux quais à voyageurs et des voies de garage. Elle n'était fréquentée que par des trains spéciaux pour les courses ; il y avait une possibilité d'acheter des billets combinés « train et entrée au cynodrome ». Aujourd'hui, le cynodrome a été démoli. La station a été fermée sans doute dès 1951 ; les quais subsistent encore, ainsi que les voies de garage.
En revanche la gare de Courbevoie n'avait pas de voies de garage, c'est la gare de Bécon-lès-Bruyères qui assurait le service marchandises.

La première gare avec son BV dont les quais sont au niveau du remblai.
L'intérieur de la gare avec un train en direction de la banlieue St Nom-la-Bretêche ou peut-être Versailles R.D. avant l'électrification par troisième rail.
Entre les deux guerres, la  nouvelle gare avec l'électrification par troisième rail.

La station suivante à l'époque de la "Ligne du bord de l'eau" était Puteaux. La gare de la Défense a été créée en 1968 à l'occasion du développement du pôle des affaires.

Puteaux, l'ancien BV aujourd'hui disparu avec un train pour Paris. C'est peut-être le B.V. un peu surdimensionné construit pour l'Exposition Universelle de 1900.
Le nouveau B.V. côté place. Noter la frise caractéristique entre autres de ces gares de l'Ouest.
Une autre vue intéressante. À gauche les voies de la ligne Issy-Plaine ici en pente de 10 %o vers la Seine qu'elle rejoint à St Cloud.
Quelques centaines de mètres plus loin, on note déjà la différente de niveau entre la ligne de St Cloud au fond qui reste à flanc de coteaux et celle d'Issy-Plaine qui descend avant d'atteindre le tunnel de Suresnes (315 m) en courbe et contre-courbe.
Cliché pris de la rue de Bas Rogers à Puteaux

Entre Puteaux et le tunnel de Suresnes-Longchamp il y avait jusqu'à la création du tramway une gare de marchandises qui après la guerre récoltait les ordures ménagères et les emmenait la nuit via Bécon-lès-Bruyères et le raccordement de Colombes aujourd'hui disparu.
Les terrains de cette gare ont été vendus et construits. Il n'en reste pas de trace aujourd'hui.

Suresnes-Longchamp, imposant B.V. dû à la différence de niveau entre le côté place et le côté voies. Et puis la notion d'image en cette fin du XIXème doit y être pour quelque chose.
Suresnes-Longchamp côté voies, avec au fond la sortie du tunnel.

La ligne poursuivait en direction de St Cloud où elle rejoignait la Seine qu'elle longeait jusqu'au Pont de Sèvres.

St Cloud-Les Coteaux vue de la route qui borde la Seine.
Vue du côté opposé, c'est à dire du coteau.
Comme le montre ce cliché la gare est sur un pont à cheval sur la ligne. Le rez-de-chaussée est dédié au bâtiment administratif, l'étage est le logement du chef de gare.
Il y a du monde dans l'air 5.

La ligne poursuivait en direction de St Cloud où elle rejoignait la Seine à la gare de St Cloud-Ouest.

La gare de St Cloud-Ouest située en tête du Pont de St Cloud. Située sur la place d'Armes, le B.V. est de style classique avec des grandes baies en plein cintre.
La ligne passe sous l'avenue.

La ligne passe dans un souterrain de 220 mètres et longe la Seine jusqu'à la gare de Sèvres en remontant légèrement.

Le B.V. au niveau du Pont de Sèvres. Au premier plan on distingue les rails de la ligne de tramway Louvres—Versailles créée par Loubat en 1853 et créateur de la ligne n°1 Louvre—SèvresVersailles.
La gare du Pont de Sèvres et la ligne le long de la Seine en direction de St Lazare.
Lors des inondations de janvier 1910, cette partie de la voie était sous les eaux.
Vue en direction d'Issy-Plaine. Train remontant sur St Lazare.

La gare suivante était Bellevue-Funiculaire d'où partait un funiculaire, aujourd'hui disparu, mais dont une maquette fabriquée par notre ami Michel Juishomme est exposée à l'hôtel de ville de Chaville.

La gare de Bellevue-Funiculaire en correspondance avec une courte ligne funiculaire la reliant à la gare de Meudon Bellevue.
Côté voies avec un train se dirigeant sur St Lazare.
 

Le funiculaire de Bellevue 
En 1893, la ligne relie deux gares ferroviaires et le quai des bateaux à vapeur mais si le trafic en été est satisfaisant, en hiver il devient vite déficitaire. Suspendue de 1917 à 1922 l'exploitation reprend seulement les dimanches pour s'arrêter définitivement en 1938.
Depuis 2005, La RATP étudie un projet de liaison entre les stationx Brimborion du T2 avec la gare transilienne de la ligne Montparnasse—Versailles.

Funiculaire Bellevue reliait la gare de Bellevue - Funiculaire sur la ligne des Moulineaux à la gare de Bellevue, sur la ligne Paris - Montparnasse—Versailles.
Long de 183 mètres pour rattraper un dénivelé de 52 mètres, il a fonctionné de 1893 à 1934.
La traction était assurée par une machine à vapeur fixe de 54 CV. Une deuxième machine de réserve servait occasionnellement. Elle entraînait un câble qui tractait une cabine de 59 voyageurs à la vitesse de 2 mètres/seconde.

La ligne continue entre Seine et coteau vers la gare du Bas-Meudon

Comme beaucoup de gares de la ligne, la gare du Bas Meudon (aujourd'hui Meudon-sur-Seine) est construite à cheval sur les voies et au niveau du coteau.

La ligne traverse une zone fortement industrialisée et arrive à la gare des Moulineaux-Billancourt .

Le B.V. des Moulineaux-Billancourt au rez-de-place...
...et côté voies dans un environnement fortement industrialisé. Aujourd'hui c'est le secteur tertiaire qui règne.

 Enfin elle rejoint la ligne InvalidesVersailles à Issy-Plaine.

Issy-Plaine.

Il ne reste qu'une station avant la gare terminus de Champ de Mars, c'est la gare de Javel

Le pont qui précède la gare de Javel lors de la crue de 1910
Le quai de Javel et les usines Citröen qui possédaient un réseau interne important.

La première gare de Champ de Mars qui de date de 1867 a été construite pour desservir l'exposition universelle à partir de la Petite Ceinture. 
En 1878 une deuxième gare est construite par Juste Lisch puis une troisième pour l'Exposition Universelle de 1900 avec 20 voies dont 10 quais. Après l'exposition la gare est destinée au transport du charbon (Gare des Carbonnets) et elle est démontée en 1937. 
Le bâtiment classé a été remonté à Bois-Colombes et est malheureusement dans un triste état de délabrement et d'ignorance.

La gare du Champ de Mars de la ligne des Invalides avec au fond la ligne 6 du métropolitain.
Vue de la Tour Eiffel. Noter l'importance des installations. On voit la ligne St LazareChamp de Mars par Auteuil et la petite ceinture qui se détache vers le nord par un pont en courbe sur la Seine, là où Robert Fulton a fait ses essais de bateau à vapeur.

Jusqu'en 1971 la gare du Champ de Mars sert de dépôt aux automotrices.

Photographiée en 1912 une automotrice de la ligne InvalidesVersailles R.G. qui préfigura les Standard que certains d'entre nous ont pu connaître.

Aujourd'hui cette ligne a laissé place au tramway T2 la Défense—Porte de Versailles déjà saturée. N'aurait-il pas fallu moderniser, pour le chemin de fer, cette ancienne ligne du bord de l'eau que l'administration a laissé agoniser.

Notes :
  • 1 C'est à Londres que la première exposition universelle apparaît en 1851 et patronnée par la Reine
  • 2 Le temps de l'exposition du 1er février à novembre 1877.
  • 3 Le Réseau de l'État résulte de l'incorporation des concessions successives de petites compagnies tombées en déshérence et de la faillite de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest.
  • 4 Standard Matériel automoteur composé d'un motrice et d'une remorque pilote. Construction Blanc-Misseron. Ces rames ont parcouru la banlieue St Lazare pendant 60 ans (voir site à visiter).
  • 5 Entre la gare et la Seine, à peu près où se trouvent les usines Dassault il y avait le parc de l'Aéro Club de France créé par le Comte de la Vaulx.  De nombreux ballons, dirigeables et autres aéronats en décollèrent.

Sites à visiter :

 

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