Le carnet de MAD

Le CFC au FestiVapeur de Digoin

MAD

Le FestiVapeur de Digoin est le plus important rassemblement de machines à vapeur agricoles et industrielles de France. Il est organisé par le Musée Charolais du Machinisme Agricole de Neuvy Grandchamp.

Comme chaque année, le FestiVapeur s'est déroulé 

Les liaisons entre les deux sites étaient assurées par des calèches et routières à vapeur tractant une remorque (type train Renard).

Pour les amateurs de vapeur c'était l'opportunité de voir fonctionner sur quelques hectares des Pecquard, des Breloux, des Brouhot, une Fives- Lille, des Merlin, des Société Française, qu'elles soient sous forme de locomobiles, de routières ou de cylindres, sans compter les pompes à vapeur et machines fixes françaises et étrangères, les calèches et camions à vapeur. Oh ! là là, j'ai la tête qui tourne et le cœur qui accélère.
Le temple de la vapeur en délire en quelque sorte, en tout cas le ravissement. Et pour couronner le tout, il y en avait pour tous les goûts (je parle du "bon goût") collection de voitures anciennes, de véhicules agricoles, de tracteurs, de véhicules militaires, etc. 
Sans oublier le petit train du Chemin de Fer des Chanteraines qui a promené sur les berges du canal quelques 777 voyageurs sur 110 m de voie type brigade prêtée au Chaudron par les associations du Musée de Souvigny et le chemin de fer de la Vallée de l'Ouche. Les 110 m de voie ne nous ont pas empêché de parcourir 18 km donnant ainsi aux rails un aspect brillant qu'ils avaient perdu depuis de nombreuses années.

Jeudi 25 début de matinée, chargement du matériel : La Bouillotte et les deux Feldbahn sur la semi du Chaudron facilement reconnaissable.
Puis déchargement le soir sur les berges du canal latéral à la Loire

À 8h30 Jean-Luc est à pied d'œuvre avec la semi du Chaudron. Nous nous étions donné rendez-vous. L'équipement est idéal : une remorque porte-char avec rampes larges et bras de grue sur le tracteur. La compétence et la précision de Jean-Luc fait qu'en moins de deux heures tout est chargé (à la française) : la Bouillotte en arrière de la remorque sur les essieux, un Feldbahn devant et l'autre sur le col de cygne. À 11h30, nous quittons Villeneuve le périphérique est bouché, il nous faut 1h30 pour atteindre l'A6. Nous arrivons vers 17h. L'équipe des poseurs nous attend et nous déchargeons dans la foulée.

Le matériel sur les rails, c'est la pose photos. Merci les gars.

La journée se termine et n'annonce pas du beau temps pour le lendemain. La logistique du couchage se précise, je dormirai chez Gérard que je remercie au passage pour son accueil. Vendredi 27, six heures du matin (ça ne rigole pas en Saône-et-Loire) petit déjeuner. La journée va encore être dense pas moins de trois voyages entre Neuvy Grandchamp (Musée) et Digoin où se tient le festival. Pendant le premier voyage, je visite les merveilles qui sont déjà arrivées de toute la France. Je pars avec le camion pour le deuxième voyage et je reste au musée pendant l'acheminement des matériels. Jean-Luc me précise que le musée se vide pour le festival mais dès que je passe la grande porte toutes les pièces anciennes me sautent au visage, je ne sais pas par où commencer la visite il y a une Tosi Dujardin avec pompe en bout de tige de piston, alors bien sûr c'est la priorité. Je sens déjà que je ne vais pas avoir assez de mémoire pour les photos...
... bien vu !

La machine fixe Dujardin qui vient d'une sucrerie. Elle actionnait une pompe au temps de sa splendeur. Aujourd'hui, elle a encore un certain charme. Voyez vous-même !
Et puis Dujardin, c'est la distribution par piston-valve. 
Oh ! J'entends déjà... Non ce n'est pas le seul !
Les pistons distributeurs sont indépendants pour l'admission et l'échappement.
La pompe à vide en bout de tige de piston. 

Je me retourne et c'est un Aillot qu'ils sont en train de charger

J.B. Aillot constructeur de cylindres à Montceau-lès-Mines (Saône-et-Loire). Celui-ci porte le numéro 320. 
Celui-là, il ne faudrait pas qu'il vous passe sur les pieds !
Le moteur est sur la virole. Pas d'enveloppe. 
Bien sûr la chaudière est rivetée. Pas de soudure au Chaudron.

Dehors il y a encore une Merlin 

Oui, c'est bien une Merlin & Cie. Elle sert d'accueil aux visiteurs du Musée d'autres diront qu'elle sert de pot de fleur. Moi je trouve qu'elle a toute sa noblesse.
Regarder plutôt les assemblages virole boite à feu et encore on ne voit pas la pince mais il y a un rivet à gauche qui serre trois tôles forgées.

Et je pénètre dans le temple. Au fond encore trois locomobiles dont une à retour de flamme, une petite chaudière marine sur des roues.

La Société Centrale Weyher & Richemond (Pantin, Seine) à  retour de flamme. Tiens, un parisien au milieu des constructeurs plus ruraux comme Vierzon, Nevers, etc.
Noter la cheminée au dessus du Foyer, un petit air de Marc Seguin. 
Au centre la porte du foyer, de chaque côté les portes de boîte à fumée. 
Original Non ?
La Pecquard Ingénieur à Nevers. Ah ! On revient aux racines.
Une belle allure.

Toutes ces machines sont S.G.D.G. ...

... et on s'en fout du "gouvernement". En tout cas, un siècle après leur création, elles fonctionnent encore et leur régularité est impressionnante, fascinante.

Bon ! Passons quand même aux autres témoignages du patrimoine rural qui a fait vivre tant de familles, produit tant d'émotion, de soucis et de satisfactions.
Ah ! Voyons la forge et ses outils. Mais, je me suis égaré inconsciemment vers l'atelier du musée. Cette  pièce ne se visite pas. C'est terrible cette attirance vers tout ce qui vit, tout ce que la main de l'homme fait vibrer pour façonner, pour créer.
Enfin nous sommes au sein d'une association et je suis impressionné par le rangement des outils, l'organisation des lieux, le respects des choses.


Tiens il y  un petit moteur en réparation. Je sors de l'atelier, dans la cour l'arrière cour. Un autre Aillot le numéro 52 plus ancien, plus malade aussi, mais il est entre de bonnes mains.
Revenons vers la partie "public". Battage, tracteurs, motoculteurs, motocyclettes, un corbillard, calèches, divers moteurs outils de sabotier, outils de menuisier, il faut tout voir. une véritable liste à la Prévert archivée dans ce bel espace dont la charpente en bois mérite aussi d'être regardée. 
Alors assez de texte, regardons plutôt.

La calèche. Avant la traction mécanique, il y avait la traction hippomobile sur route et sur rail. Celle-ci est particulièrement bien restaurée.
Moins rigolo ce corbillard. Austérité et sobriété priment. Pas de superflus dans ces régions rurales.
Ah ! Un joli petit modèle, pas accessible à tout le monde. La mécanique est rustique, mais on aimait à lever le capot pour voir le moteur.
Latil n'est pas oublié. Dans les campagnes la force et la robustesse étaient considérées et le constructeur ne s'y est pas trompé (sans jeu de mots)

Latil à Suresnes c'était la fin des années 30, 1939 exactement et la guerre qui se profilait allait participer au développement de la Société.
La société LATIL a été créée par Georges LATIL, ingénieur marseillais en 1897. Le brevet concernait le principe d'une transmission articulée, permettant d'actionner les roues d'un essieu brisé, les rendant ainsi à la fois motrices et directrices. Pas bête ! il fallait y penser à l'époque. D'ailleurs on en a vu un à l'œuvre à l'attaque du talus du canal qu'il n'a pas pu franchir

Aie ! Aie ! Va ti y arriver ? Eh ben non. et pourtant le moteur c'est un ... ?
Regardez bien la fumée ... le moteur c'est bien un ...? c'est un ...?
Oui c'est un CLM. Au CFC on connaît.
Celui-là c'est un tracteur Latil de halage. Noter la "remorque". Comme sur les remorqueurs.
 

Pour les Latil voir :

Bon continuons.

Tiens un alambic. C'est un Vermorel de 1905. Pas d'age pour la goutte. Il a été utilisé jusque dans les années 50. Il fonctionne au bois comme la Bouillote.
Allez à la tienne !
Un tracteur enjambeur Bobard Jeune. Avant de distiller il faut cultiver la vigne.
Moteur à essence 4 cylindres à plat. Refroidissement à air, puissance 25 cv à 2500 t/mn.
Il est dans son jus.
Une mise en scène d'autrefois. Le tracteur est rentré malencontreusement dans le petit bâtiment et le paysan n'a pas eu le temps de remettre les choses en place.
Une batteuse Egeley des années 20. Egeley & Fils était installé en Côte d'Or, un département bien rural aussi.
Elle était autonome, pas de besoin de locomobile ou de tracteur. Une batteuse d'avant garde.
Allumage par magnéto, démarrage avec manivelle.
Le matériel est bien présenté et très varié.
Un moteur Bernard constructeur à Suresnes.
C'est un W13 à essence. Robuste il était utilisé pour des divers travaux.
Créée en 1920, par Auguste Bernard, la société Bernard Moteurs acquit rapidement une forte notoriété grâce à la qualité de ses moteurs.
Durabilité et fiabilité sont les deux caractéristiques des moteurs Bernard.
Oh ! Là là il y a du matériel. Au fond, le coin du sabotier. Sur le festival on verra une démonstration de la fabrication des sabots avec le tour à copier et les gouges. L'ensemble entraîné par une Breloux.
Une Allis Charmer HD 7 construite aux États-Unis. On sent la rusticité et la robustesse au premier coup d'œil.
Ce chenillard de 90 cv date des année 40.
Celui-là, ceux qui ont mon age l'ont connu autrefois. Aujourd'hui il sert pour l'affichage des manifestations.
Mâcon 78 km, Autun 69 km, Roanne 55 km, on est bien dans le Charolais.

Bon ! Le temps passe, on ne peut pas tout voir et puis ce sera l'occasion de vous y rendre au Musée Charolais  du Machinisme Agricole à Neuvy Grandchamp 71130 mais avant de partir vers le FestiVapeur un coup d'œil sur la charpente du musée.

Ah ! Si j'allais oublié la trépigneuse de la Société Bourguignonne de Nuits sous Ravière (Yonne). En 1881, on utilisait encore le cheval dans les fermes. La révolution industrielle n'avait pas encore tout balayé. Alors ce brave canasson prenait place sur le tapis incliné et là il avait le choix entre avancer ou se prendre les pieds dans le tapis. Le paysan, futé, ne manquait pas de lui mettre une botte de foin que ce pauvre bourrin ne pouvait jamais attraper. Ainsi il faisait tourner la petite batteuse.
Une trépigneuse en voie de 60, ça existe ?

Après l'apéro, le repas. Certains se reconnaîtront. La cuisine est "maison", le coup de fourchette franc, le godet bien rempli et tout ça, ça se passe dans la bonne humeur. Le FestiVapeur c'est aussi une ambiance. On ne partage pas qu'une passion, les regards sont complices et les rires illuminent l'assemblée.

L'après-midi, j'éclaire la Bouillote. Pas de briquet, pas d'allumette. Non loin de moi un feu de branchage qui se meurt. La pelle, je prends des cendres et hop dans le foyer. Pas de bois non plus et en plus il pleut à verse. J'ai les pieds mouillés et ça caille ! Je ramasse des copeaux et déchets de coupe tout est humide, ça prend mal, mais ça fini par chauffer. Beaucoup de fumée et puis la flamme, c'est gagné. Le feu est un art. Deux heures plus tard, j'ai 4 bars. Pas terrible, mais ça permet de sécher mes chaussettes sur la nourrice. Je fais quelques aller-retour sur la courte ligne, il pleut sur le canal. Les locomobiles sont muettes, les pompes inactives. Je me réchauffe.
La journée se termine. Demain ce sera le grand jour, la fête de la vapeur commence.

Le lendemain, six heures. Dans la cour de la ferme, les moteurs tournent déjà. Je retrouve la loco. Toujours pas de briquet. Le feu de branchages n'est pas éteint, il reste quelques braises. J'éclaire à nouveau le foyer, vers neuf heures j'ai du gaz, je laisse monter et aide à l'allumage de la pompe à incendie.

C'est une pompe à incendie Merry Weather n° 3787 construite à Londres. Elle est à tubes d'eau et a la propriété de vaporiser en 15 minutes, le temps pour les pompiers de se rendre sur le lieu du sinistre.
À droite la partie aspiration avec son anti-bélier, à gauche la partie refoulement. L'anti-bélier est plus généreux.

Entre temps Jean Marie et Daniel L. arrivent et s'occupent de notre bouille. Le bois aussi est arrivé à pied d'œuvre : de la charbonnette et puis c'est le remplissage des soutes avec une moto pompe. L'eau du canal ira très bien, comme à l'époque et c'est l'occasion pour les injecteurs de digérer quelques algues.

Pratique cette petite moto-pompe. Elle servira à amorcer la grosse pompe à vapeur qui est notre voisine.

Puis les officiels arrivent. Nous sommes triplement honorés car le FestiVapeur est à la croisée de trois départements, l'Allier, La Saône-et-Loire et le Cantal et au carrefour de deux régions la Bourgogne et l'Auvergne. Il y a un truc à faire pour les subventions.  Allons, pas de mauvais esprit.

Le train des Officiels. Ils ont trouvé les banquettes confortables, donc c'est validé. Et après le petit voyage il y eut les discours et le pot de l'amitié.
Puis dans l'après-midi, ce sont les musiciens. Biniou, viole de gambe, bandonéon. L'ambiance est assurée.
Le train a du succès. et le manche a vu se poser nombre de mains, hésitantes, timides, frêles sûres, déterminées, des mains féminines blanches devenues grises. Enfin des mains qui ont 

Les tours commencent. Nous nous relayons. Je ne sais plus très bien si c'est sur la machine ou sur la fête. Enfin le service est assuré et tout le monde est content. Le train fait des aller-retour sans discontinuité du matin au soir.

La vapeur sur les rails et sur l'eau. Un ensemble harmonieux. Aujourd'hui, ce n'est plus le temps du déchirement. Fini le temps où le rail enlevait le travail au canal. C'est la route qui a eu raison des deux.

Une petite video du train...
.. et le son d'une Breloux. Plus régulier... difficile !
La locomobile, c'est la régularité de la rotation du volant. On ne joue pas du régulateur comme sur une locomotive pour augmenter ou réduire la vitesse. On joue sur un petit coulisseau en prise directe sur le régulateur à boules.

Dimanche soir 20 heures, nous démontons quelques coupons de voie pour que la semi puisse s'approcher du matériel. Nous chargeons d'abord les Feldbahn, puis c'est au tour de la loco. Jean Luc sangle le tout. 
Il gare le camion près des stands. Nous allons prendre une douche, la journée a été chaude puis un repas, le dernier avant de saluer nos hôtes. 
La nuit commence à tomber doucement. À 22 heures nous reprenons la route pour Villeneuve-la-Garenne.
Nous arrivons vers trois heures du matin et nous déchargeons sous la lumière des projecteurs (très utiles les projecteurs).
Jean Luc reprend la route, moi je vais me coucher. Impossible de dormir, je suis scotché à mon ordinateur, il faut que j'écrive.

Et côté du Festival

Sites à visiter

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