Rêve d'une nuit d'été
MAD
Et oui vous avez bien lu "l’inauguration en fanfare d’un train à voie étroite sortant des usines Decauville". Il fallait bien pour illustrer cette scène un véritable train Decauville en vrai grandeur, décor dynamique. : c'est ce que nous avons proposé.
C'est
en mai 2008 que Jean Michel Chaillou, le président de l'association Le
Lac
en Fête m'a contacté via notre site internet et sa rubrique "Un
véritable train à vapeur dans votre ville"qui lui a donné l'idée
d'inclure dans le spectacle un train grandeur nature. Nous souhaiterions mettre en valeur le petit train Decauville en interprétant d'une part l'air écrit pour l'inauguration du petit train lors de l'exposition universelle et d'autre part en relatant l'inauguration de ce petit train entre autres aventures .
La présence d'un véritable train de l'époque nous paraît entièrement souhaitable.
Très
rapidement, rendez-vous fut pris pour un repérage des lieux, en vue de faire
une proposition, la plus proche du projet. Vu la nature du terrain et la faible
longueur de la voie dans le décor (80 m) la vapeur et les voitures fermées
étaient malheureusement exclues (à cause du poids de la machine), il restait
le locotracteur Decauville n°4 et les petites baladeuses
du père Noël qui s'accordaient avec l'esprit Decauville. Après
discussion, le metteur en scène souhaitait également voir des wagonnets
(toujours du Decauville) poussés par des ouvriers dans la cour de l'usine,
aussi avons-nous transporté deux wagonnets type Lorraine
de 1925 pour illustrer cette scène.
Le N°4 et une baladeuse "Père Noël" avec en projet la fabrication d'un dais, réalisé par Vincent en un temps record. | |
Les wagonnets type Lorraine de 1925 récupérés à la scierie Barillet (Loiret) |
Pour la circonstance Vincent a fabriqué un dais pour la baladeuse qui accueillera Paul Decauville, Madame et le préfet.
Lyon (Rhône). Tramway électrique Decauville de l'Exposition Universelle de Lyon de 1914 d'après un document Decauville. |
L'installation
Le transport des rails a eu lieu le 16 juin, suivi immédiatement du montage
et du réglage de la voie selon le plan établi avec l'association "Le Lac en
Fête".
Aucune difficulté ne fut rencontrée et le jeudi suivant lors du transport du
matériel roulant, les essais furent concluants.
Les
premiers essais sur la courte ligne eurent lieu sous le regard étonné voire
surpris des personnes présentes qui laissèrent bien vite leur occupation pour
regarder évoluer le train.
Le démontage de
la voie s'est fait après la dernière représentation à la lueur des
projecteurs qui étaient eux aussi démontés. Quatre personnes nous ont aidés,
ce qui a largement contribué à la rapidité et à l'efficacité de
l'opération.
A quatre heures du matin nous étions chez nous.
Le matériel a été rapatrié aux Chanteraines le lundi suivant.
Les répétitions
Le lundi 23 avec Vincent nous avons transporté les deux bennes basculantes. Sitôt arrivées et déchargées, elles furent prises d'assaut par les enfants qui sautèrent dessus et les firent rouler.
Le déchargement des bennes Decauville. | |
Répétition de la scène de la construction de l'usine Decauville. On s'amuse plus qu'on ne répète, mais ça fait aussi partie de la fête. |
Au moment où nous nous apprêtions à partir, le metteur en scène nous a demandé de faire une répétition avec le petit train. Plusieurs petits films ont été enregistrés dont celui du discours d'inauguration que nous retransmettons avec l'autorisation de l'association "Le Lac en Fête"
Mesdames
et Messieurs,
Ce n'est pas
sans une réelle émotion que nous allons inaugurer aujourd'hui le petit
train de l'exposition qui reliera la Concorde au Champs de Mars pour la
plus grande joie de plusieurs millions de visiteurs. |
Aussitôt le discours achevé, Le Préfet, Paul Decauville et sa famille prennent place dans la voiture avec dais, juste derrière la locomotive. L'assemblée monte à son tour et le train démarre lentement. Il n'a pas fait trois mètres que voilà qu'il déraille. En effet entre temps une sévère pluie est tombée et le terrain s'est amolli et un camion a roulé sur la voie, entraînant un tassement. Le premier essieu du loco sort des rails, une dizaine d'acteurs se précipitent, une partie à l'arrière sur le porte à faux pour soulager l'avant et Vincent à l'avant qui soulève le tout pour remettre l'engin sur les rails. Calage de la voie, essai à nouveau et la scène est bien vite rejouée cette fois sans incident.
Quelques photos d'ambiance des répétitions
La scène est installée derrière la maison de maître de la ferme de Bois Briard, dans un parc fort agréable et très arboré, le décor s'avère idéal pour le spectacle. La nuit tombe sur Courcouronnes, les acteurs vont revêtir leur costume, le silence envahit le lieu, le spectacle commence.
Le corps du bâtiment d'habitation. Une très belle maison de maître du XVIIIème |
Le jour de la
générale une classe d'Evry est venue interpréter la
"chansonnette-galop" de l'Exposition universelle de 1889, paroles de
Marcello, musique de F. Durieux.
C'est le p'tit Decauville, qui file, qui file, c'est le p'tit Decauville, qui
file, qui file...
Le spectacle
Le
spectacle a eu lieu les soirs des 26, 27 et 28 juin. Cette fantaisie onirique a
été conçue et mise en scène par Olivier
Besson, la chorégraphie est de Myriam
Le Bail et la direction musicale de Benoît
Noeppel.
Les 15 tableaux présentés retracent l'histoire de Courcouronnes depuis le
Moyen-Âge jusqu'à nos jours. Pas moins de 500 costumes ont été fabriqués
pour les quelques 80 acteurs tous bénévoles et dont le talent s'est ressenti
à travers les applaudissements.
L'Association "Le Lac en fête" a fêté ses 20 ans d'existence l'année dernière. Elle a plus d'une quinzaine de spectacles de qualité à son actif et l'enthousiasme de ses membres laisse présager encore de belles réalisations.
L'exposition de 1889
Rappelons
que l'Exposition Universelle de 1889 permit que soit modifiée la loi excluant le transport des
voyageurs sur les lignes à l'écartement de 0,60 m. De cette exposition deux noms resteront : Eiffel et Decauville |
La
ferme du Bois Briard, domaine des Decauville
C'est en 1750 que David De Cauville devient fermier de Bois Briard, alors
que son frère Martin exploite celle voisine de St Guénault. Vingt-six ans plus
tard les Decauville achètent le domaine qui restera près de deux siècles en
leur possession.
C'est dans cette ferme qu'est né le "porteur Decauville".
Automne 1875,
l'arrière saison est pluvieuse à souhait et la récolte de betteraves
abondante sur les 150 hectares de la ferme de Petit Bourg. Lorsque le sol est
détrempé, le débardage est impraticable, les attelages s'enlisent
infailliblement et neuf mille tonnes de betteraves sont à débarder. En juin de
la même année le porteur Decauville en voie de 40 est déjà inventé "Petit
chemin de fer portatif tout en fer pour culture et industrie", mais il
n'a pas encore reçu d'application. La récolte présente une occasion unique de
voir l'efficacité de sa mise en oeuvre. A la brouette et au tombereau
Decauville ajoute le wagonnet. Ce fut un succès extraordinaire et inattendu.
"Le chemin de fer lilliputien qui transporte les montagnes"
était né. Les carrières, travaux publics, mines et usines étaient demandeurs
de ce nouveau moyen de manutention qui allait faire "le tour du
monde".
Et Paul Decauville d'écrire : "Je suis un vrai cultivateur, dans toute
l'acceptation du mot, mais un cultivateur à la recherche de tous le progrès et
comme je ne pouvais réaliser les progrès à attendre des réformes
économiques, je m'occupais spécialement des progrès à attendre de
l'amélioration des moyens de transport et mes efforts ont été couronnés de
succès, je suis arrivé en 1876, à trouver le petit chemin de fer, dont le
développement a dépassé toutes mes espérances.
Je puis bien dire que j'ai trouvé ce petit chemin de fer pour débarder mes
champs de betteraves, comme un malade trouverait un remède pour se guérir. Je
me suis guéri et me suis fait médecin pour guérir les autres".
En 1876 l'atelier Decauville comptait 35 ouvriers et en 1889 il est
passé à 900.
C'est
Armand Fidèle Constant Decauville (1795-1855) qui habite la ferme de Bois Briard. Il est cultivateur et le nom de
Bois Briard est resté près de
deux siècles attaché à celui de la famille Decauville. Aîné de la fratrie,
il quitte Bois Briard, comme le veut la tradition, et loue les champs voisins de
Petit-Bourg où il fonde en 1854 les premiers ateliers de Petit Bourg plus connus
sous le nom de Decauville Aîné. Agriculteur à gros
capital Armand Decauville était également maire d'Evry-sur-Seine.
Son fils Paul Armand Decauville (1846-1922), développe l'entreprise de son père, non
seulement dans l'esprit de profit, mais aussi dans celui des
saint-simoniens et des idées nouvelles de la philosophie, économique et
sociale. C'est lui le père du "porteur Decauville".
Aujourd'hui la ferme de Bois Briard offre encore quelques secrets aux visiteurs attentifs à la voie étroite du célèbre inventeur. Dans un corps de bâtiment une voie de 50 encastrée dans le pavement de la salle est encore visible pour l'œil averti. Dans le prolongement de cette voie les traces d'une ancienne plaque tournante donnent accès à l'extérieur du bâtiment. Un peu plus loin une estacade d'environ un mètre de haut supporte une autre voie conservée en bon état, mais pas visible parce que recouverte de lierre, lierre qui l'a protégée secrètement depuis 1866 jusqu'à aujourd'hui.
Ce sont
là, les plus anciennes voies Decauville que nous puissions connaître.
Les elfes et trolls qui rôdent la nuit sur l'ancien domaine du Sieur Briardus
ont su préserver quelques secrets pour les passionnés de la voie étroite.
Le
P'tit Decauville |
Le Chemin
de Fer des Chanteraines est heureux d'avoir pu faire évoluer son
matériel Decauville sur les terres de Bois Briard, événement qui depuis plus
d'un siècle et demi ne s'était pas produit. |
Le retour. |
Sources
et informations diverses
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