La Société de Chemins de fer sur Routes à traction de locomotives
MAD
La
Société de Chemins de fer sur Routes à traction de locomotives a pour but de
construire des chemins de fer économiques et d'utilité locale empruntant les routes nationales, départementales et vicinales pour desservir les régions
délaissées par les grandes compagnies qui ont accompli par l'établissement de
leurs différents réseaux, la plus grande partie des jonctions entre les principales villes. Nous sommes en 1877(1) et le réseau
français triple entre 1859 et 1883, passant de 9000 à 27000 kilomètres, mais il reste à construire des liaisons pour les populations
éloignées des principaux axes.
L'idée d'utiliser les routes existantes pour l'établissement des voies ferrées
secondaires vient du fait de leur propre existence et du fait que les ouvrages d'art fort
onéreux sont déjà construits ou presque et que leur entretien
vu le faible trafic apparaît encore assez dispendieux.
(1)
Il est remarquable de constater que le réseau de
1875 couvrait à peu de chose près le réseau des lignes non coordonnées
de 1939 : c'est dire que, dès cette époque, le réseau français avait
atteint sa majorité, eu égard à la faible densité de la population du
pays et à sa faible natalité. |
Ainsi se définit le but que poursuivent, depuis de longues années les fondateurs de la Société de Chemins de fer sur Routes à Traction de locomotives (tramways à vapeur) qui fut constituée le 2 mars 1872.
Depuis sa
constitution cette société défend et préconise toujours d'établir des chemins
de fer sur les routes ordinaires et d'y faire remorquer des trains de
voyageurs et de marchandises par des locomotives, "sans gêner la
circulation des piétons, des chevaux et de voitures". Cette pratique
fut admise très rapidement tant par les populations que par les pouvoirs
publics et les craintes, du début dues à l'ignorances et au danger, se
dissipèrent très vite face au succès remportés par ce nouveau mode de
transport.
A Paris où les tramways circulent au milieu des rues les plus fréquentées,
loin d'être un obstacle et un encombrement des autres voitures, ils sont au
contraire un élément de régulation de la circulation.
Pour faire aboutir son projet, la Société a acquis dès 1869 tous les
éléments, les plus perfectionnés, pour l'établissement de telles voies
ferrées sur les routes dont les inclinaisons et courbes sont loin d'être celles
exigées par les grands réseaux.
Résultats produits par l'établissement de chemins de fer sur routes.
Le but de
l'établissement de chemins de fer sur routes est, d'une part, de pénétrer dans les
régions les plus reculées voire oubliées des grandes compagnies et
d'autre part de pouvoir s'affranchir des inclinaisons de 5 à 5, 5 pour mille,
ainsi que des courbes de très faible rayon. Ce nouveau moyen de transport
apportera le désenclavement, la richesse et la prospérité à ces régions
déshéritées.
Grâce à leur existence, ces voies ferrées apporteront le développement
économique par l'implantation d'usines et permettront d'écouler les
produits agricoles, industriels, miniers par la facilité qu'elles proposeront et
seront de cette manière un prolongement naturel des grandes lignes auxquelles
elles ne manqueront de se connecter.
D'autre part, les chemins de fer sur routes permettront aux grandes Compagnies
de compléter l'acheminement de leurs voyageurs et marchandises en dehors de
la sphère d'action de leur propre réseau.
La Société n'aura pas conséquent d'autre prétention que de jouer un rôle d'affluent,
en s'efforçant de remplacer un service d'omnibus et de camionnage, en
prolongement ou à la rencontre d'autres points de ces grandes Compagnies.
À qui profiteront ces chemins de fer sur route ?
Enfin ces chemins de fer amèneront la décentralisation ouvrière et permettront d'établir loin des villes, où les logements coûtent chers, des manufactures qui auront la garantie de recevoir facilement leurs matières premières et d'expédier leur produits manufacturés.
Description du système breveté appartenant à la société - voie - Locomotive-tender - Trains convergents et voitures
Ce système comprend la voie, les locomotives et le train.
Le
train convergent
L'appellation
de "train convergent" vient du fait que les véhicules devant
s'inscrire dans des courbes de faible rayon, les essieux convergent autour
d'une cheville ouvrière vers un centre commun.
L'avant des véhicules est muni d'un tampon large type tramway formé d'un
secteur circulaire ayant la largeur du véhicule et dont le centre est
précisément la cheville ouvrière autour de laquelle pivotent les essieux
convergents. Ensuite si, pour atteler les véhicules l'un à l'autre, on
fixe des chaînes d'attelage à la cheville ouvrière, on obtient des trains
à la fois rigides et articulés. Rigides car tous les véhicules sont en
contact permanent et articulés parce que les tampons ayant la forme
circulaire et pivotant autour de la cheville ouvrière les trains peuvent se
plier selon la sinuosité de courbes. Ces trains sont disposés pour
recevoir les caisses des véhicules quelque soit leur forme.
Les wagons sont de diverses formes appropriées selon les exigences des
différentes natures de chargement.
Les
voitures voyageurs sont disposées en compartiments de deux classes,
construites avec ou sans impériale. Elles communiquent entre elles par un
passage qui laisse au receveur la possibilité selon les besoins du service.
Ce matériel est complété par des caisses mobiles destinées aux
marchandises appelées à changer de trains sur des longs parcours. Ces
caisses mobiles facilitent largement les transbordements répétés.
Exploitation - Tarifs - Établissement d'un chemin de fer hypothétique sur une route de 32 Km - prix kilométrique moyen des chemins de fer sur route
Voie | |
Travaux divers | |
Matériel fixe | |
Matériel roulant | |
Récapitulation |
Trafic
Voyageurs | |
Marchandises | |
Messageries et divers | |
Récapitulation |
Frais d'exploitation
Administration | |
Personnel de la voie | |
Traction | |
Entretien | |
Résumé |
Avantages divers - Questions financières - Subventions des grandes Compagnies
Les calculs
hypothétiques montrent que le prix du kilomètre ne dépassera pas 45 à 50 000
francs incluant le matériel fixe et roulant soit le dixième de celui des
grandes compagnies proclamé tout récemment à la Chambre des Députés. Ce
prix de revient est évidemment une moyenne et peut varier en fonction des
difficultés d'établissement et suivant le trafic de la région où il sera
implanté.
L'avantage d'un chemin de fer sur route est de pouvoir s'établir aux points le
plus productifs du territoire et entre les localités le plus industrieuses et il ne sera pas obligé de traverser des régions improductives à grands
frais.
Par conséquent le capital ne court aucun risque. Pour les investisseurs il sera
aisé de calculer les produits financiers à attendre, sur un parcours
désigné, les productions, le trafic, les besoins en transport de la région.
D'autre part, l'État, les départements, les communes n'auront qu'à dégager
que des subventions réduites et le budget des travaux publics y trouvera un
dégrèvement considérable; les parties des routes comprises entre les rails et
de part et d'autre de la voie sur une distance déterminée restant à la charge
de la Compagnie.
Le réseau des chemins de fer sur route ne peu se développer que par le
groupement de plusieurs lignes entre les mains d'une même compagnie, chaque
ligne s'administrant séparément pour l'exploitation mais la compagnie
centraliserait dans la capitale le service financier et constituerait une sorte
d'omnium pour les actions et obligations.
En aucun cas les grandes compagnies ne pourront jamais voir dans les chemins de
fer sur route des ennemis et des concurrents, bien au contraire. Ainsi en
est-il pour la Compagnie du nord vis à vis de la ligne de Villiers-le-Bel.
La Société de Chemins de fer sur Routes à traction de locomotives s'est constituée dans le but de construire et d'exploiter dans toutes les localités privées de moyens de communication rapides, son système économique de chemins de fer sur route et d'en faciliter la propagation en France et à l'étranger. Elle se propose d'installer des lignes d'une longueur de 50 à 60 Km dans un espace de six mois après la délivrance des autorisations, ainsi que les embranchements sur les grandes Compagnies et de fournir le matériel roulant nécessaire. De plus, elle présente les garanties sérieuses pour l'exécution la plus prompte par son personnel : ingénieurs, architectes, entrepreneurs, etc.
Le chemin de fer de Villiers-le-Bel dont il est question
Reliant le centre
ville de Villiers-le-Bel à la gare Villiers-le-Bel- Gonesse desservie par la
Compagnie du Nord, il était prévu à traction hippomobile. La concession fut
accordée à MM. Bonaterre & Coquerel qui la rétrocédèrent à M. A.
Pirot-Meissonnier & Cie qui constituèrent la "S. A.
de
Chemins de fer sur Routes à traction de locomotives"
dont les statuts furent élaborés le 29 juin 1877. Son capital était de 300 00
Francs soit 600 actions de 500 F.
La ligne fut ouverte le 1er avril 1878. La vitesse des trains était
limitée à 5 km/h dans les villes et dans les courbes de faible rayon et
à 20 km/h en dehors des agglomérations.
Très vite, les problèmes de trésorerie apparurent et malgré des
augmentations successives de capital, la S. A. de
Chemins de fer sur Routes à traction de locomotives fit faillite et fut mise en
adjudication en 1884.
Repris par M. de Lavigerie la même année, ce dernier constitua la Compagnie du
Chemin de fer de Villiers-le-Bel, constituée pour trente ans au capital de 100
000 Francs.
Ce chemin de fer eut en fait deux époques :
Il fut repris par la RATP en 1949 en prolongement de l'autobus 268.
Sources
:
|