La scierie oubliée
MAD
Au détour d'un
croisement sur une petite route qui sent bon la noisette, je me retrouve plongé
70 ans en arrière avec la découverte de cette scierie
qui n'a pas bougé depuis l'arrêt de son activité. Tout est resté comme
c'était hier. Un matin, le patron n'a plus allumé sa locomobile
et le banc de scie est resté figé comme sur une photo un peu jaunie. Sur les
rails, les wagonnets encore chargés de planches
fraîchement débitées sont restés immobiles sous le toit du chantier en tôle
ondulée. Mais à y bien regarder, on voit que le temps a terni le bois
qui a perdu son bel éclat et est devenu gris, terne. Les locomobiles
affectées aux coupes ou aux chantiers extérieurs sont restées sous la bâche qui
bat au souffle du vent. Il y a une Vierzon et une Rousseau, toutes deux immobiles,
rouillées mais complètes, elles n'attendent que l'allumette pour reprendre du
souffle. Le banc de scie mobile, lui, est resté
exposé aux intempéries, la lame a disparu, mais le volant majestueux témoigne
de l'importance de la scierie. Les voies se sont
dissimulées dans l'herbe et la plaque tournante
qui relie les deux parties du chantier immobile est bien visible.
Le grosse locomobile, une Clayton, celle qui fait
tourner la scierie est bien graissée et ses tôles sont en parfait état de
conservation.
Dans un lieu pareil le temps s'arrête et en avançant dans le chantier, il ne
faut pas être surpris de trouver, garée sous une autre hangar, une quatrième
locomobile, une autre anglaise endormie et un peu plus loin un alambic,
car quand on savait conduire une machine à feu, on savait fabriquer de
l'alcool.