Le carnet de MAD
Melun fête la Seine, le CFC entre en scène
Du 5 au 8 mai 2005, la ville de Melun organisait un rassemblement de yachting à moteurs, "celui
de la Belle Epoque, du vernis, du cuivre, de l'élégance, de l'acajou, de la
ligne pure, et de l'esthétisme".
Plus d'une vingtaine de bateaux ont participé à cette
"exhibition", tous plus beaux et plus soignés les uns que les autres. En
flotille, en manoeuvrabilté, en exposition statique ou en régulatité, ces
merveilles venues des 4 coins d'Europe ont paradé sur le petit bras de la Seine
de l'Ile St Etienne, au coeur de la capitale briarde.
A l'Est de l'île sur la rive du petit bras, deux cent mètres de voie
Decauville renouaient avec la tradition du transport des visiteurs des grandes
expositions de la fin du XIXème siècle.
Tout commença le lundi 2 mai au CFC avec le chargement des voies portatives (de 7,5 kg au mètre, récupérées à l'usine de traitement des eaux de Nanterre en 1997). Le lendemain, c'est le matériel roulant qui faisait le voyage vers la Seine-et-Marne, pendant que l'équipe posait la voie.
Le jeudi matin de bonne heure, nous faisions la première circulation sur les 200 m de voie posée à même le sol sans terrassement préalable.
Ca brinquelait pas
mal, mais le train passait sans difficulté (bien que la charge à l'essieu
indiquée dans le catalogue est de 1500 kg alors que celle de La
Bouillote est de 3000 kg).
Eh oui le rail Chauvineau, c'est du solide !
Après un calage et
un bourrage succinct, la difficulté a été de trouver du charbon en petite
quantité. C'est pourquoi, nous avons opté pour du bois.
Malheureusement, le
bois et l'eau n'étant pas arrivés, nous n'avons pas pu faire les essais le
mercredi comme prévu. Donc ce fût une journée de repos.
En
revanche, le jeudi à la première heure, nous avons pu faire circuler le tacot sur
l'ensemble de la ligne.
Fin de la première journée d'exploitation, l'équipe de conduite pose pour l'événement, alors que les derniers voyageurs sont intéressés par la machine. |
Notre ami Patrick Mourot a trouvé que c'était "un train à la Dubout". Il n'a pas tort, notre petit train est plein de charme et réjouit les voyageurs qui, une fois, n'ont pas manqué de le pousser au démarrage, alors que la pression était tombée.
Dès le début de l'après midi, les visiteurs se sont précipités dans le tacot, le prenant parfois d'assaut. Nous avons imprudemment enregistré une circulation avec 52 voyageurs à bord y compris dans la machine. Mais comment refuser devant un tel enthousiasme ?
Le
lendemain vendredi à la première heure, nous inspections la voie et resserrions
quelques boulons d'éclisses. Opération qui s'est répétée tout au long du
séjour, bien que la voie ait bien tenu le coup.
Le rail, le dimanche soir, était lisse et brillant, agréable à regarder..
La
ville de Melun avait même mis une petite gare à notre disposition, en tête de ligne
face aux pontons, au coeur du village nautique.
Animée par nos épouses, que
nous remercions d'avoir participé à cette aventure, notre petite gare a reçu
la visite d'un public intéressé par notre chemin de fer. Nous avons eu à
répondre à de nombreuses questions, chose qui ne se produit pas aussi
fréquemment sur notre réseau.
Les enfants, aussi, nous ont livré des réflexions savoureuses du style :
Ils ont aussi été très
impressionnés par le feu et les jets de vapeur, que pour la plus part n'avaient
jamais vus.
Une famille est même venue prendre et reprendre le train pendant les quatre
jours.
Merci Mesdames pour votre dévouement et l'accueil chaleureux que vous avez réservé aux visiteurs qui ont posé beaucoup de questions. |
Les plus anciens quant à eux
évoquaient les Tacots, Tramways et Tortillards de Seine-et-Marne aujourd'hui
oubliés. Nous leur offrions en quelque sorte une promenade dans le passé
ferroviaire Seine-et-Marnais et leurs yeux s'illuminaient.
Lagny-Morcerf, le petit Morin de la Ferté-sous-Jouarre à Montmirail,
Verdelot-Chateau-Thierry, Montereau-Chateau-Landon, Barbizon,
Melun-Verneuil-l'Etang, etc. voilà des noms savoureux et pleins de nostalgie que
nous avons entendus pendant ces quatre jours. Sans oublier les nombreux "decau"
qui suivaient le bord des routes apportant leur chargement à l'usine, à la
sucrerie ou à la sablière. "Ah ! ponctuaient-ils, c'était le bon temps". Au lieu de deux clés à molette,
c'est un magnétophone que nous aurions dû emporter avec nous.
Juste après la
gare, le dépôt comme il se doit avec le tas de bois, les scories et les
traverses huilées par les burettes. Le soir la locomotive était bâchée, bien que le site fut gardienné. |
La gare servait aussi de "consigne" où plus d'une vingtaine de poussettes et vélos étaient gardés quotidiennement, pendant que la famille se rendait au bout de l'île en train à vapeur.
A midi la pose repas était de rigueur. Heureusement, les visiteurs, comme nous
affamés, délaissaient le petit train pour aller se restaurer et nous faisions
de même.
A la fin de la première journée nous avions déjà parcouru 8,4 km sur nos 200
mètres de voie soit 21 aller-retour.
Nombre de visiteurs se sont intéressés à la locomotive, à son fonctionnement, à son histoire. Des panneaux explicatifs étaient affichés dans notre stand, reprenant les principales phases de la restauration. Les plus petits, eux ont découvert le feu de bois et sa bonne odeur et une photo sur la plateforme semblait indispensable aux parents.
Au
terminus, les voyageurs allaient se désaltérer ou déjeuner selon le moment de
la journée, ou tout simplement reprenaient le train après avoir fait une photo
de famille.
Nous avons ainsi parcouru 34 km et transporté 2559 voyageurs en 4 jours. Ce
n'est pas l'Exposition Universelle de 1889, mais tout de même !
Certains mécaniciens sont même venus en vélo pour conduire La Bouillote. On les reverra peut-être sur le tour de France 2005. | |
Il faut dire qu'elle est pimpante. |
Côté port, un village de tentes était édifié sur le quai de la Courtille et en face du village, les bateaux étaient arrimés aux pontons.
Ambiance, quai de la Courtille. Les embarcations ont quitté le ponton, les visiteurs en profitent pour s'attarder aux stands. |
A chaque passage de Lakshme sur le petit bras, nous échangions force corne de brume et sifflet strident. Ce très beau bateau faisait le tour de l'île en 20 minutes, laissant aux passagers le temps d'admirer les berges calmes de la Seine. Son capitaine, Jean Daniel, ne manquait pas de donner, avec gentillesse et humour, les explications techniques et les anecdotes historiques de sa belle embarcation.
La fête de la Seine s'est déroulée ainsi pendant quatre belles journées, au rythme des bateaux et du petit train. Bien que le temps n'ait pas été tous les jours ensoleillé, la pluie ne s'est pas manifestée et c'est déjà beaucoup pour la Brie.
Avec Patrick, le metteur en scène de ce rassemblement nautique, qui a fait un aller-retour au manche de La Bouillote. | |
Christian, qui nous a aidé, pose devant La Bouillote avec son chien Max. |
Notre séjour a été agrémenté d'une sortie musicale au Country Club de Samois-sur-Seine et d'une visite aux chandelles du magnifique château de Vaux-le-Vicomte.
Le lundi 9 mai, nous démontions la voie et rendions la rive à sa tranquillité.
Le CFC remercie :
L'arrivée du petit train en gare des Chanteraines
La presse en a parlé
Epilogue
Melun, une des plus modestes préfectures de France a connu en 1900, un tramway en voie métrique qui partait de la gare P.L.M. pour desservir les nouvelles casernes. La longueur de la ligne était de 2340 m et le dépôt était situé le long de la voie P.L.M. En 1914, l'exploitation fut suspendue.
Vers 1905, le tramway quitte la rue St Etienne et passe sur le pont de pierre avant d'arriver sur la place du Châtelet. |
En 2005, non loin de là gauche sur la rive de la Seine, le petit train du CFC stationne devant l'entrée de l'établissement pénitentiaire. |
Prochains événements :
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