Suzanne... un nom de locomotive ? 

MAD

Non celui d'un canot, mais pas n'importe quel canot, un canot à vapeur  ! 

Oh là, là  !  Dans quelle galère il nous emmène ? 

Mais non pas d'inquiétude, il s'agit d'un projet super, celui de la reconstruction d'un bateau de plaisance à vapeur dont un exemplaire construit en 1882 par les ateliers Schindler Frères à Paris a navigué sur notre bonne rivière de Seine. Malheureusement aucun canot fluvial à vapeur n'a pu être conservé en France malgré les actions en vue de la conservation au titre du patrimoine.
Eh bien cette lacune va être comblée grâce à l'Association Sequana installée à la gare d'eau sur l'Ile des Impressionnistes à Chatou (78400) qui s'est donnée pour objectif de reconstruire Suzanne autour d'un moteur à vapeur Schindler unique, retrouvé au fond d'une grange et offert à l'association par un descendant de la prestigieuse famille.

Donc mardi 19 octobre 2004 à 18 heures précises c'était la quille de Suzanne qui a été mise en place dans la plus pure tradition "canotière". 
Mais ça vous pouvez leur faire confiance, les "canotiers" de Sequana, ils savent le faire, je dirai même "ils excellent".

A l'occasion de cette mise en chantier, le moteur Schindler était présenté, ainsi que des plans et documents originaux qui vont servir de base à cette construction.

La mise en place de la quille s'est faite en musique et a été arrosée par le "Bischoff" dont la recette reste un secret des "Canotiers".

Bravo à nos amis Canotiers qui ont remporté le Concours en faveur du patrimoine organisé par La Fondation d'Entreprise du Groupe Banque Populaire ! 

Les membres du Chemin de Fer des Chanteraines souhaitent "Bon vent... et bonne vapeur" à ce canot et qui sait, si un jour, la chaudière d'une de nos locomotives ne fera pas tourner le moteur à vapeur de Suzanne.

Le moteur Schindler

Le moteur Schindler est un moteur original à double expansions dont les cylindres sont co-axiaux. De même les tiroirs HP et BP sont dans le même plan. Les cylindres sont recouverts de lattes de bois pour en assurer le calorifugeage et sont maintenus par un bâti constitué d'une pièce maîtresse faisant office de socle et supportant l'axe et les extrémités du secteur du changement de marche et les cylindres ; et de deux colonnes assurant l'équilibrage de la mécanique.
Dans la partie médiane, on trouve l'ensemble piston, bielle motrice, ainsi que les bielles d'excentrique et de tiroirs, et dans la partie basse, le vilebrequin et l'arbre de sortie d'hélice.
Le tout est boulonné sur un socle en bois.

Toute la mécanique a été démontée et nettoyée par les soins du mécanicien de l'association et remontée à blanc en attendant de faire fonctionner le moteur à l'air comprimé.

Le secteur et le manche de changement de marche avec sa mollette de serrage en laiton.
Groupe, piston, bielle. A droite les bielles de commande des tiroirs HP et BP
Gros plan sur l'ensemble du mouvement.
Les secteurs  de coulisse et coulisseau semblables à ceux de nos Decauville. les secteurs de coulisse, prennent appui à gauche sur les colonnes et à droite sur la pièce maîtresse qui supporte le cylindres.

La chaudière de type Field reste à construire. 

Sequana est la recherche de documentation sur ce type de chaudière adaptée à la marine fluviale.
En attendant, j'ai pu retrouver quelques notes sur le principe de fonctionnement de ce type de chaudière.

La chaudière Field

La chaudière Field est une chaudière verticale à foyer intérieur.
Dans la chaudière Field, les tubes sont disposés verticalement, ils sont suspendus à la plaque tubulaire et pendent dans le foyer. Le foyer est surmonté d'une cheminée dans l'axe de laquelle on suspend un bloc de terre réfractaire ou un tampon de fonte qui se place entre les tubes pendants, de façon à ce que les gaz de la combustion ne montent pas directement du foyer dans la chemine, mais enveloppent les tubes.
La calandre extérieure laisse entre elle et la paroi verticale de la boîte à feu une lame d'eau qui concours à la vaporisation.
Le plan d'eau se trouve à une certaine distance de la plaque tubulaire, de sorte que la vapeur, qui se forme dans l'espace annulaire, des tubes Field, et se dégage au niveau de la plaque tubulaire, soit obligée de traverser l'eau pour gagner la chambre à vapeur.
La vapeur formée dans les tubes extérieurs est remplacée par l'eau qui descend dans les tubes directeurs intérieurs. Il se forme ainsi, à la tête des tubes, au niveau de la plaque tubulaire un remous pouvant entraver, jusqu'à un certain point, le dégagement de la vapeur.

Le principe du tube Field

Le tube Field est constitué d'un tube de gros diamètre, fermé à l'extrémité inférieure (côté flamme) et qui en contient un autre de faible épaisseur, concentrique, ouvert à sa partie inférieure ; ce dernier s'arrête à une certaine distance du fond du premier et vient reposer, à sa partie supérieure, par plusieurs ailettes, sur l'ouverture du tube extérieur.
Une ouverture ménagée dans une plaque tubulaire reçoit la tête du gros tube. Ainsi, l'eau l'eau remplit le système tubulaire envisagé et couvre sur une certaine hauteur la plaque tubulaire. En chauffant, le tube Field, par l'action de la flamme, il se produit des bulles de vapeur dans la partie annulaire, le long de la paroi chauffée. La vapeur se dégage et se rend dans la chambre de vapeur en traversant la couche d'eau. L'eau descend dans le tube central et vient remplacer l'eau vaporisée. Il s'établit donc une circulation à l'intérieur du tube Field.
Dans certaines chaudières, les tubes viennent déboucher dans un collecteur unique pour tous les tubes.

Il existe plusieurs variantes de chaudières Field.

La chaudière Field-Piedboeuf

Dans la chaudière Field de construction Piedboeuf, les tubes Field sont disposés de façon à faire eux-même obstacle au passage direct des gaz de la cheminée. La partie supérieure de la boîte à feu, formant plaque tubulaire présente alors une forme appropriée.


La chaudière Field à tubes Montupet

Dans la chaudière Field ordinaire, la circulation de l'eau se trouve gênée à l'entrée des tubes, parce que l'eau est émulsionnée en cet endroit ; elle contient des bulles de vapeur qui descendent par le tube central. La vapeur produite au fond du tube vient encore en se dégageant s'opposer à la descente de l'eau par le tube central.
Le système Montupet (Leroux et Gatinois constructeurs) cherche à éviter ces inconvénients en canalisant d'une part, le courant descendant formé de l'eau à vaporiser et, d'autre part, le courant ascendant constitué par une mélange d'eau et de bulles de vapeur.
Pour cela, les tubes sont prolongés vers le plan d'eau. Une tubulure ménagée dans le tube intérieur, un peu au-dessus de la paque tubulaire, débouche à travers le tube vaporisateur et vient prendre l'eau alimentant le tube. La vapeur formée dans l'espace annulaire du tube Montupet vient déboucher près du plan d'eau. La circulation de l'eau est ainsi beaucoup plus active et la vaporisation plus intense.

Sources : "Chaudières à vapeur"  J. Dejust et A. Turpin H.Dunot & E. Pinat Editeurs 1919 - Bibliothèque du conducteur de travaux publics

Pour en savoir plus sur Suzanne visitez le site de Sequana

SEQUANA
La Gare d'Eau
Ile des Impressionnistes
78400 CHATOU 
E-mail : secretariat@sequana.org

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